
granitiques que s’appuient aufli les trachytes. Mais
npus favons aue ces diverfes fuperpofitions n’ indiquent
pas d'une manière claire l’ âge des dépôts
trachy tiques : ce font les roches qui les recouvrent
qui doivent déterminer cet âge.
Ainfi, M. de Humboldt au M^cique, & M. de
Buch à Lancerotte, dans les Canaries, ont remarqué
des grès & des calcaires modernes fur les
roches qui nous occupent; M. Beudant les a vus
en Hongrie recouverts par le macigno molafle
& fes lignites , ainfi que par des calcaires coquil-
her$, qu'il dit analogues à ceux des environs de;
Paris, « recouverts, comme eux de calcaires à
lymnés 8c des plunorbes. Dans le- département
du Puy-de-Dôme, nous n’avons pas vu les trachytes
recouverts par d’autres roches ; mais
M. Daubuiflon de Voifin nous apprend que cette
fuperpofition aurait été obfervée depuis longtemps.
« C ’eft ainfi, dit-il, que MM. Brongniart
& Lecoq ont vu le pied'du Cantal & quelques
autres parties du trachyte de l’Auvergne fous un
calcaire d’eau douce, analogue à celui de Paris «
D ’un autre cô té , nous lifons dans le tableau des
terrains, par M. Brongniart, que c’eft M. Beudant
lui - même qui a fait cette obfervation en
Auvergne. M. Beudant n’indique pas la localité
qui lui a fait voir cette difpofition ; mais fi nous
admettons fon témoignage, fi nous l’appuyons de
celui de MM. de Humboldt & de Buch, il fera
démontré pour nous que l’épanchement de certains
trachytes a devancé l’époque des terrains de
fédiment fupérieur.
L’ obfervation de M. Bertrand-Roux, relativement
à la fuperpofition du trachyte au calcaire
d’eau douce a été confirmée par MrDufrefnoy.
Celui-ci a même remarqué aux environs d’Aurillac
que cette fuperpofition eft accompagnée de déran-
gemens confidérables dans la flratification des
dépôts que recouvre le trachyte. Cette difpofition
e ft, félon lu i, très-remarquable fur la route
d’Aurillac à Murar & de Laroque à Polminac.
« Ils font quelquefois tels , dit-il dans la note
qu’ il a publiée fur ce fujet, que dans î ’efpace
de quelques toifes on voit les couches fe féparer
& plpnger en fens contraire. Dans quelques cas,
le paralléiifme des couches n’ a pas éprouvé de
changement , mais «des failles traverfent le terrain
dans tous les fens , & les couches ne fe
correfpondent plus. Les lits de filex permettent
d’ obferver facilement cette difpofition, même
d’ une affez grande diftance. Outre le défordre
dans la {Ratification du terrain tertiaire, qui nous
apprend feulement que ce terrain a été fournis
à de grandes perturbations depuis fon dépôt, on
en voit fréquemment de grande dimenfion ( de
50 â 60 pieds de diamètre) empâtés de tous côtés
par le •trachyte. Ces fragmens içnt nombreux près
du bourg de Giou; là tranchée ouverte pour la
grande route fournit un moyen d'étudier cette
circonftance remarquable, *
La préfence de ces mafles de calcaire d’eau
douce, au milieu du trachyte, jointe à la fuperpofition
confiante de cette dernière roche fur
les terrains tertiaires & au dérangement fréquent
de leur llratification, nous conduit à conclure :
i° . Que le trachyte qui forme le$ groupes du
Munt-Dor & du Cantal s’elt élevé du fein de
la terre à une époque plus moderne que la formation
des terrains tertiaires ;
2°. Que cette roche, fans pofféder une liquidité
égale à celle du bafalte, étoit dans un
état affez pâteux pour pouvoir s’introduire dans
les fentes du terrain tertiaire, & envelopper les
vaftes fragmens que fon aétion avoit produits.
E p o q u e b a s a l t i q u e . Cette époque comprend,
ainfi qu'on l ’a vu dans les tableaux ci-deffus, le
bafalte, la dolértie & le vakitej comme roches
principales & comme roches fubordonnées,. des
eurites, des fpilites, des leucoftines , des tra«.
chytes; & enfin, comme l’époque précédente, ou
celle des trachytes anciens, elle a fa pépérine ou
fes conglomérats.
La ftruéture prifmatique dont nous avons vu des
indices très-prononcés dans les roches de l’épor
que trachy tique, fe manifefte aufli dans celles de
l ’époque trachytique, mais eft furtout très-nette
8c très-remarquable dans les bàfaltes ou les balanites.
'
Les mafles debafaltes offrent fouvent une grande
puiffance; on les voit fe divifer en longues tables,
en énormes boules à couches concentriques & en
prifmes variés dans le nombre de leurs angles : on
en voit à 3 , 4 , y & 6 pans, rarement à 9 & à 10,
mais fréquemment à y. Quelquefois leurs pans,
au lieu d’ offrir des furfaces planes, fe montrent concaves,
comme de larges cannelures de colonne.
Ces prifmes varient de grofleur & de hauteur ;
leur diamètre eft ordinairement de 40 centimètres
: cependant, M. de Humboldt cite des colonnes
de bafaltes de 3 pieds d’épaiffeur fur lé
plateau de Quito, dans la vallée de Rio-Pifque.
D'autres obfervateurs ont remarqué en Ecoflè
des prifmes de y , 7 & 9 pieds de diamètre. Dans
quelques localités on en voit qui ont jufqu’à 20
mètres d’élévation. Les prifmes de bafalte font
tantôt droits & tantôt courbés ; ils le difpofent en
élégantes colonnades, comme à la grotte de Fin-
gai , s’inclinent les uns fur les autres,' en formant
un angle très-aigu , comme dans l’île de Staffa, ou
s’amoncèlent horizontalement, comme dans le
cirque bafaltique de l’île deMull. Les bafaltes fe
préfentent aufli en maffes compares fans aucune
itruüure déterminée, & ils ont évidemment
coulé à la manière des torrens de laves modernes.
Des fiffures fans régularité les divifent fouvent,
mais jamais d’ailleurs iis n’offrent une difpofition
{Ratifiée.
Quant à l’âge des bafaltes comparé à celui
des trachytes, il eft difficile d'en fixer la relation,.
car on les obferve rarement réunis. Cependant
lorfqu’ ilsle font,'les bafaltes recouvrent ordinairement
les trachytes. Nous révoquons en doute
les exemples cités de bafaltes intercalés ou alternant
avec les trachytes, parce qu’on a fouvent pris
des aphanites, des trappites, des mélaphyres.,
des trachytes & d’autres roches encore pour dés
bafaltes. Nous avons vu plus haut qü’on ne pou-
voit pas regarder comme un bafalte la roche prife
pour telle à la grande Cafcade du Mont-Dor, par
le favant géologue anglais Poulett Scropp, & depuis
lui par MM. Croifet & Jobert, cités aufli
dans fon Cours élémentaire par M. Rozet.
M. Cordier confidère le bafalte comme une
modification du trachyte, & M. de Humboldt,
comme fe rattachant aux véritables laves : mais ne
poürroit-on pas dire aufli que toutes les roches
en général, & principalement toutes celles qui
font le produit du feu, ne font que de Amples
modifications d’un petit nombre de fubftances? La
profondeur plus ou moins grande du. foyer où ces
fubftances ont été fondues, a dû néceffaire-
ment influer fur les caractères extérieurs des
roches qu’elles ont formées. Au furplus, quoiqu’il
y ait des maffes & des filons bafaltiques qui
ont évidemment été foulevés de quelque Foyer
volcanique, ainfi que nous le ferons voir bientôt,
on ne peut nier que les plus* grandes maffes bafaltiques
ne foient des restes de coulées analogues
à celles des laves modernes.
Dans l’époque bafa’tique, o u , comme le dit
M. Al. Brongniart, dans 1 q groupe trdppéen\ la dolé-
rite eft tantôt fubordonnée au bafalte, tantôt au
fpilite, & tantôt placée à la partie fupérieure du
groupe. Quelquefois cependant elle en eft au contraire
la partie principale. Elle affedte, comme le
bafalte, la difpofition prifmatique ou en mafles
fphéroïdales. Le fpiïite, qui fe montre fouvent
fubordonné1 au trappite, & dans Hi partie inférieure
du groupe, acquiert quelquefois affez de développement
pour paroître former des dépôts in-
dépendans. Le trappite eft fouvent indépendant &
fouvent fubordonné f ie phonolïtey ou fi l’on veut
la leucofiine, eft ordinairement fuperpofé au ba-
falte-
Formes du fol bafaltique. Les roches de l’époque
bafaltique forment à la furface de la terre des
dépôts qui affeôtent une difpofition toute particulière,
8c qu’il eft facile de reconnoîcre de loin,
quelque variée que paroiffe être leur ftruCture. Les
montagnes bafaltiques forment quelquefois des
plateaux morcelés ou des maffes irrégulières;
mais, comme le dit M. Boué, le plus fouvent elles
offrent une fuite de terraffes placées les unes au-
deffus des autres, & furmontées d’une furface légèrement
boffue, ou de petites cimes, ou de
cônes détachés, pointus ou arrondis, ou bien elles
forment de. petites buttes à fommets aplatis. En
Ecoffe, fuivant le même obfervateur, les montagnes
bafaltiques fe terminent en terraffes qui,
par les roches détachées qui les furmontent, &
par leurs formes carrées & pointues, reffemblent
de loin à des châteaux & à des tours. Souvent
leurs flancs offrent des pentes affez. douces ; d’autres
fois ce font des efearpemehs prefqu’à p ie , fur
une hauteur de 460 à yôb pi ds. Il cite toutefois le
diftriét de Gribon, où l’ on voit des feCtions verticales
de 1,000 pie'ds de hauteur. Lés vallées
formées par les éminences bafaltiques obfervées
p’ar M. Boué dans les plus grands dépôts des îles
de Skye & de Midi, font, en général, étroites &
tourbeufes dans lé fond.*
La pofition des nappes bafaltiques, ajoute-t-
i l , a pourcar'aèfcère particulier de repofer pref-
qu horizontalement fur des plans légèrement
inclinés, & affez fouvent ondulés, de differentes
formations. Ces coulées ou grandes nappes
font d’une épaiffeur très-variée;.les plus confî--
dérables préfentent ■ le. balanite feule fur une
iépaifleur de 200 à 3O0 pieds. Leur largeur et leur
longueur atteignent quelquefois? 10 à ly lieues
de diamètre & quelquefois davantage « du moins
dans les îles volcaniques qiii.entourent l’Ecofle.
Dans la Silëfie, le bafalte-forme un grand nombre
de collines & de monts ifoies. Le point le
plus remarquable où il fe montre eft le Schnee-
Grub, fur le faîte du Riefen-Gebirge. L à , dit
M. Manès, on voit à une hauteur de 4,600 pieds
( 1 ,2y6 mètres) au-deffus du niveau de.la mer,
une maffe bafaltique repofer immédiatement fur
du granité ancien, et s’élever d’environ 600 pieds
(188 mètres) au-deffus de. fa bafe.. Près, de
Lefchvritz, le mont Saint-Annaberg, élevé de
’700 à 800 pieds (220 à 2yo mètres), eft une
maffe bafaltique entourée de roches calcaires
d’une grandie élévation. Entre Michelau & Fal-.
kenberg, le Muhlwitzberg eft une colline bafaltique
compofée de prifmes verticaux, qui s’élève
à 200 ou 300 pieds (63 a 94 mètres) au-deffus du
niveau de la Neiffe.
# La Hongrie offre de nombreux exemples de
collines bafaltiques ifolées. Aux environs de
Schemnitz,;le Calvarienberg eft une butte de ce
genre, élevée de 140 mètres au-deffus de fa bafè.
Elle fe termine par un petit plateau. La butte
' Somla, à une demi-lieUe au yiord des bourgs de
Devecfer & V a fa r -H e ly , eft d’une forme c o - ;
nique, & s’élève feule au milieu d’ une plaine à
ï environ 60 mètres1 de fa bafe. Nous pourrions c ite
r , d’après M. Beudant, un grand nombre d’autres
collines de ce genre en Hongrie.
M. Bertrand-Roux, dans fa Description géognof-
tique des environs du Puy, fait, relativement au
bafalte, une remarque qui peut fervir^ compléter
l’idée que nous cherchons à donner des formes
du fol bafaltique : « Lorfqu’il ne demeure d'une
coulée, dit-il, que des fegmens détachés & de
peu d’étendue, il eft rare que leur furface fupé-
■ rieure conferve , comme à Mont-Ré«lon & à