
cours eft de plus de 80 lieues. Depuis cette rivière
jufqu'à Ton embouchure dans la mer du
Nord, le Rhin fuit fon cours dans la direction
du nord-oueft jufqu'un peu au-defîus de Wefel,
où il reçoit fur fa rive droite les eaux de la Lippe.
Dans tout ce trajet,peu de riûères confidérables
fe réunifient à lui ; fur fa rive droite, la plus forte
eft d'abord la Lahn qui prend fa fource dans les
monts Rothhaar, & dont le cours eft de plus de 3 ƒ
lieues ; vient enfuite la Lippe qui defcend du ver-
fant occidental des monts Eggés, & dont le cours
eft de 40 lieues.
Sur fa rive gauche, la plus confidérable de
toutes les rivières que nous venons de nommer
eft la Mofelle, qui prend fa fource à l'extrémité
méridionale des Vofges, & qui fe réuuit
au fleuve à Coblentz, après un cours d'environ
100 lieues.
Six lieues au-deffus de fon confluent avec la
Lippe, le Rhin changeant de direâion fuit celle
de l'eft à l’oueft ; mais à partir de ce point il de- ;
vient difficile de le fuivre, attendu qu'il fe partage
en divers bras qui, femblables à ceux du Nil, forment
un delta confidérable; nous ne craignons
même pas de dire que Ton a méconnu le cours de
ce beau fleuve, au point de donner à fon bras
principal un nom autre que celui du Rhin , tandis
que le feul bras qui ait confervé ce nom jufqu’à la
mer eft à peine auffi fort que le plus confidérable
de fes aflîuens} ainfi les Hollandais ont donné
le nom de Wahal à la partie du Rhin la plus importante
& qui forme le véritable bras principal
qui va fe jeter dans la mer du Nord. Ce Wahal
parcourt 18 lieues dans fes détours 5 il s'unit à
Woudrichem aux eaux de la Meufe, rivière bien
moins confidérable > & cependant la Meufe eft
confidérée depuis la ville que nous venons de
nommer, comme le cours d'eau principal, en
forte que ce qu’on appelle au-deflous de Woudrichem
, la Meufe & les bouches de la Meufe,
devroit s’appeler le Rhin & les bouches du Rhin.
LaifTons donc la géographie politique altérer,
fuivant le caprice des hommes, ce que la nature
a fait dans fa marche lente & invariable, & donnons
ici , d'après les principes qu'exige la géographie
phyfique, la marche que fuit le Rhin,
depuis l'embranchement que l'cn a appelé Wa-
hal. Il dirige un de fes bras vers le nord-oueft
jufqu’à Huiffen, au-deffus de Harneim, & là,
fous le nom d‘ Yjfel, une partie de fes eaux coule
vers le nord & va fe jeter dans le Zuyderzée,
après un cours de vingt quatre lieues, pendant
ïefquelles il reçoit plufiéurs rivières, telles que
ï'Oude-IJfely le Berkel & le Bolks-Beck. L'autre
branche fe dirige vers l’oueft jufqu'à Wykby-
Durftede.Là elle projette un bras vers Utrecht,
où il fe divife en deux ; l'un, fous le nom de
Kromrr.e, va fe jeter dans le Zuyderzée à Amfter-
dam. 11 eft même à remarquer qu'à peu près entre
cette ville & Utrecht, une autre branche prend la
dire&ion de Muyden, où elle fe jette auffi dans
le Zuyderzée. Le bras qui, fous le nom de Rhin ,
fe dirige depuis Utrecht jufqu’à Leyde, à une
lieue de laquelle il fe jette dans la mer du Nord,
a 15 lieues de longueur. A Wykby-Durftede, un
bras confidérable va fe jeter dans celui auquel on
donne le nom de Meufe, mais à Nieuport ce
bras prend le non» de Leck ; enfin, à l'endroit ou
il reçoit celui de Wahal, c*eft-à-dire où il fe
divife pour la première fois, fa largeur devenue
plus confidérable s’augmente encore des eaux
que lui fournit la Meufe, en forte que 2 lieues
au-deflous de leur réunion, il fe divife en deux bras
principaux qui fe fubdivifent encore en formant
plufiéurs îles, telles que celles de Yflelmonde,
de Rofenbourg, deWo orn, d’Over - Flakkée,
& enfin les nombreufes petites îles du Biez-Bofch
& de Dordrecht, qui furent formées en 14x1 par
une épouvantable inondation du fleuve qui engloutit
.72 villes & villages, & ioo,coo habitans.
Cette partie des Pays-Bas qu'arrofe le Rhin a éré
fouvent ravagée par les eau* douces & les eaux
marines. Outre l’événement finiftre que nous venons
de rappeler, on fait que vers l’an 860 la mer
ravagea tellement les côtes de la Hollande, que
c'eft depuis cette époque que le fleuve n'a plus
laiffé d’autre trace importante de fon embouchure
dans la mer du Nord, que le bras qui porte aujour-
d hui le nom de Meujè. Toutefois nous appuye-
rons toujours fur la néceffité de confidérer en
géographie phyfique, les bouches de la Meufe
comme étant réellement celles du Rhin, car il
feroit bien inexaét de regarder comme fon embour
ch ure le médiocre cours d'eau qui fe jette dans la
mer au-deflous de Leyde ; ou en eonfidérant le
Wahal comme une portion du Rhin, d'admettre
que ce fleuve qui a plus de 3C0 lieues de cours,
va fe jeter dans une rivière comme la Meufe. En
effet, en examinant les chofes fous ce point de
vue, la Meufe deviendroit un fleuve & le Rhin une
grande rivière, dont le plus fpible des bras s’uni-
roit feul à la mer du Nord.
Nature des terrains que parcourt le Rhin, La partie
des Alpes d’où defcendent les fources du Rhin ,
eft formée généralement d’un granité fiénjtique,
que M. de Buch appelle granité au porphyre. C ’eft'
une des roches primitives les moins anciennes.
Elle forme des malles qui s'élèvent à une -grande
hauteur entre les monts Albula & Julier, dont les
glaciers fourniflent un grand nombre d’affluens au
bras qui porte le nom de Haut~Rhin,- prefque
toutes ces roches s’inclinent vers le fud-ouelt.
Le Saint- Gothard, dont les glaciers fourniflent
les eaux de l'autre bras appelé Bas-Rhin y eft auffi
formé de roches granitiques; il préfente, dit encore
M. de Buch, la forme d’un éventail, dont le
granité occupe le milieu & le gneifs les bords.
Jufqu'à fon entrée dans le lac de Confiance, le
Rhin traverfe une longue vallée dont les terrains
appartiennent généralement à la formation primi»
tive ; cependant plufiéurs dépôts fecondaires font
appuyés fur lés flancs de roches granitiques ; ils
font furtout très-vifibles dans les environs d’Ap-
penzell; le fleuve les traverfe depuis Krieffern
jufqu'au lac. A ceux-ci fuccèdent des terrains^ tertiaires
y les pentes orientales des hauteurs qui dominent
les bords occidentaux du lac de Confiance,
font formées, comme aux environs de Saint-GaU,
de terrains tertiaires qui comprennent ces dépôts
de grès que l’on défigne fous le nom de mollajfe.
Cette formation .occupe toute la rive gauche du
Rhin, que parcourt leThur jufqu’auprès de 1 embouchure
de l'Aar ; on y retrouve des dépôts
qui, bien qu'ils paroiffent avoir été formes par
des eaux marines, renferment des offemens d'animaux
terreftres & d’eau douce.
Ce que nous venons de dire fur la nature des
terrains que traverfe le Rhin jufcju'au mont 3 en-,
tis, près des pentes duquel s’étendent des terrains
fecondaires, nous difpenfe de décrire ceux que
traverfe i’Ill ; la vallée que parcourt cette rivière,
appartient auffi aux terrains primitifs.
Il eft encore à remarquer que les terrains qui fe
trouvent compris entre le mont Sentis, le lac de
Zurich, le lac de Confiance & l’Aar, qui tous
appartiennent à la formation tertiaire, analogues
& peut-être même plus récens que ceux des environs
de Paris, fe retrouvent également fur toute
la rive droite du lac de Confiance. Ce dernier,
fuivant nos idées, femble être le refte d'une mer
intérieure qui occupoit tout l’efpace compris entre
la Forêt-Noire ; les, dernières pentes des Alpes
de Souabe, que longe aujourd’hui le Danube;
celles de la forêt de la Bohême ; lès montagnes
tertiaires fituées au fud de Munich, & qui vont fe j
terminer à l’extrémité fud-eft du lac de Confiance,
où fe rattachant à celles qui dominent le Rhin
aux environs d’ Appenzell, elles fe commuent-en
fuivant celles qui à l’eft & au fud dominent le lac
des Quatre-Cantons, & vont près de celui de Genève
fe réunir aux dernières pentes du Jura. A !
partir de ce point, le,s montagnes calcaires qui
s étendent à l’oueft-du lac de Neufchatel, & qui
fe terminent près.du Rhin, fur la rive gauche
de l’Aar, complétoient le contour entier de cette
mer, dont l’étendue du- fud-eft au nord-eft n’a-
voit pas moins de 120. lieues de longueur, &
dont la largeur moyenne en avoit à peu près vingt-
cinq.
A fa fortie du lac de Confiance, on remarque
fur la rive droite du Rhin,, près d’flEningen, à
un peu plus d’une lieue de la petite ville de
Stein, un terrain célèbre par les débris organiques ;
qu'on y trouve^ C'eft fur la pente qui defcend vers
le fleuve que fe trouvent les lits fi remarquables
par les pétrifications & les fofliles qu’ils renferment.
Nous avons relaté . à l’article Ossemens
fossiles les poiffons & les reptiles de ces couches
; nous- avons donné , d'après M. Bron-
gniart, la coupe 'de. ce terrain ; nous y renvoyons ,
le Ieéleur. Quant aux autres débris organiques,
ce font des cruftacés, généralement affez femblables
aux écreviffes de nos rivières ; ce font
des crabes ; & quoiqu’il paroiffe étonnant que ces
cruftacés fe retrouvent dans ce terrain, qui eft
évidemment d’eau douce, nous ferons remarquer,
avec M. Brongniart, qu’on pêche aux environs de
Sienne un crabe qui appartient au genre Potamo-
phile de M. Latreille, & qui , malgré fa reffem-
blance avec les crabes marins, ne vit que dans les
eaux douces.
Les mollufques dont on trouve les reftes dans
ces terrains , font tous fans exception des mollufques
d’eau douce : ils appartiennent aux genres
Planorbe, Limnée & Anodonte.
Les végétaux, quoique difficiles à déterminer,
paroiflent appartenir ou à des plantes aquatiques
ou à des plantes terreftres dicotylédones.
M. Brongniart confidère le terrain d’flEningen*
comme appartenant à une époque de formation
analogue, & peut-être poftérieure à celle des-
gypfes à offemens des environs de Paris.
A Zurzach. le Rhin quitte la formation tertiaire
pour couler fur le terrain fecondai-re, compofé en
général des calcaires, appelés jurajftque & mufchel-
kalk , & des grès appelés bigarrés & quaderfanftein.
Cette formation fe continue jufqu’à Baie, où le terrain
tertiaire reparoîtencore. M. Mérian,membre
de la Société d’hiftoire naturelle deBâle, a fait un-
travail intéreffant fur les terrains des environs de
cette ville; i! ne fera pas inutile d’en donner ici
une idée. Suivant fes obfervations, eh traverfant
les cailloux qui forment le fol de la ville, on arrive
à un dépôt marneux placé plus ou moins
profondément , fuivant qu’on eft plus pu moins
éloigné du Rhin. C’eft dans cette marne que coulent
les fources qui alimentent Bâle. Une marne
d’une teinte gris-bleu fe montre dans le lit de la
Birfig, qui coule à l’eft de la ville & qui fe jette
dans le Rhin. Cette marne eft argileufe & calcaire
; elle paffe , dit-il, à là marne fchifleufe &
renferme des nids de fer fulfuré blanc ; elle eft
couverte dans un grand nombre d'endroits par des
alluvions ou par des- collines tertiaires de fable,
de grès & d’argile. Elle renferme des coquilles
fofliles, parmi Ïefquelles on remarque plufiéurs
huîtres de différentes efpèces, dont quelques-
unes font couvertes de balanes; avec ces coquilles
fe trouvent encore des cérites : cette argile appartient
donc évidemment à la formation ter^
tiaire. Dans quelques localités des environs de
Bâle, cette marne contient du bois bitumineux
& des feuilles réduites en charbon. Nous n'ofons
point émettre d’opinion fur ce dépôr, mais-nous
ferons remarquer en paffant que les bois bitumineux
dont il- eft queftion, pourroient bien être
une efpèce de lignite : ce qui lui donneroit quelque
reflembla-nce avec l’argile plaftique que l’on
exploite entre Vaugirard & Meudon, aux environs
de Paris.- Suivant- M. Mérian, quoiqu’on