SiaVnois reftent arriérés dans les travaux d’ in-
duftrie & d'agriculture, & même on peut dire
que la culture des terres eft totalement négligée
chez eux.
Les diverfes claffes de la nation font également
appelées à augmenter le college des prêtres de
Somonacondorn, q u i, vivant dans le célibat, contribuent
encore à entretenir dans tous les rangs
la corruption des moeurs.
La population des Siamois eft de 4,ooo,poo
d’ames.
Pégouins. Le royaume de Pégu occupe le baflin
de l’Araouaddhy. Le peuple y eft fobre, doux,
prévenant, affable & généreux mais il eft très
porté aux difcuflions de la chicane & aux procès.
Il n’eft point divifé par caftes comme la plupart
des peuples de l’Afie. La polygamie y eft défendue
par les lois. La nourriture ordinaire du
peuple confifte en légumes .& en poiffon.
Les Pégouins fuivent la religion de Brama.
La population s'élève à 3,000,000 d’ habitans.
Malais. Ce peuple habite toute la prefqu’île
de Malaca, d’où jadis il s’ eft répandu dans les
différens archipels de l'Afie. Le Malais a un caractère
de phyfionomie tout particulier : cruel, hardi,
entreprenant, il fe plaît dans le carnage & pafle
fa vie dans l’inquiétude & l ’agitation^ toujours
armé, toujours prêt à faire la guerre aux peuples
voifins & à porter chez eux le pillage & la def-
truétion. Aimant la navigation, parlant fans ceffe
d ’honneur & de bravoure, il recherche les expéditions
téméraires & aventureufes, & ne craint
poin t, monté dans fes barques légères, de s’ attaquer
à des navires européens, & munis d’armes &
de prôvifions de guerre.
Dans la prefqu’île de Malaca, tout ce qui n’eft
pas foldat, matelot ou noble, vit dans l’efcalavge.
Il n’eft donc point étonnant que ce pays fi riche &
naturellement fi fertile foit à peine cultivé.
Le gouvernement eft monarchique, mais quel
que foit fon rang, le Malais libre n’obéit que
quand il veut.
La population malaife s’é lè v e , fans y comprendre
les îles qu’ils ont peuplées, à environ
1 , ic o ,000 âmes.
Braghmans ou Birmans, ce Quoique les Bragh-
» mans, dit Maltebrun, ne (oient - réparés des
„ Hindous que par une étroite chaîne de mon-
„ tagnes, il y a entre les deux peuples une diffé-
„ rence marquée. Les Braghmans, v ifs , inquiets,
» adtifs, portés à la colère, ne connoifient ni
»j l'indolence ordinaire des Hindous, ni cette
33 fombre jaloufie qui engage la plupart des
33 peuples de l’Orient à renfermer leurs femmes
33 entre les murs d’un harem. Leurs femmes &
33 leurs filles ne font point dérobées aux regards des
30 hommes. Le travail eft la fauve-garde de leur
3. vertu. Pourtant, aux yeux de la lo i , elles font
3» d’une efpèce inférieure. Le témoignage d’une
33 femme ne vaut pas celui d’un homme. Les pau-
» vres vendent ou plutôt livrent leurs chères moi-
« tiés aux étrangers. »
La tribu des Plau n’eft pas la moins intéref-
fante de celles dont ce peuple fe compofe. Ils
diffèrent complètement de toutes les tribus voi-
fines, par leur langue comme par leurs caractères
moraux & phyfiques. Ils font plus petits & moins
robuftes que les Birmans. Peu portés aux habitudes
guerrières , ils font (impies, aCtifs, doux, adonnés
à l ’agriculture & au commerce. Phyfiquement
& moralement, ils ont beaucoup d’analogie avec
les Chinois. Parmi les traits de reffemblanc^
qu’ils ont avec les Birmans, il faut citer leur coutume
de porter leurs cheveux réunis en noeud fur
la tê te , de paffer dans les trous des lobes de
l’oreille, de petits rouleaux de bois ou d’argent,
& celle de fe tatouer.
Soumis aux Birmans & aux Pégouans, lorfqn’iJs
nepeuventplusfupporter leur gouvernement tyrannique
, ils les quittent & fe retirent dans les montagnes
& dans les forêts..
La population des Birmans eft de 15,000,000.
Ils profeffent le culte de Bouddha.
Hindous. Ces peuples fe divifent en Hindous
des montagnes & en Hindous des plaines; généralement
ils font doux & fe piquent d’ une certaine
politeffe; mais ceux qui habitent les montagnes,
quoique profefîant la même religion, font rudes
dans leurs manières, & même afferent un profond
mépris pour les moeurs affables qui diltin-
guent leurs compatriotes des plaines. Naturellement
fobres, i! s doivent probablement cette qualité
à la beauté & à la douceur de leur climat,
qui n’exige point que l’homme fe livré à dés travaux
pénibles pour obtenir fa lubfiftance.
Nous ne rappellerons point ici l’antique civili-
fation de l’ Inde, qui paroît avoir précédé celle dé
la vieille Egypte ; c ’eft chez les Hindous qu’ on
trouve établie, dès la plus haute antiquité, l’ idée
d’une Divinité en trois perfonnes; c’ eft chez eux
qu’on retrouve la trace des fciences & des aits,
dont tant de peuples fe font enorgueillis. Malgré
les diftin&ions de leurs caftes,"on fait que leurs
lois étoient empreintes d’ une fageffe admirable.
Ces différentes queftions ont été traitées fi fpu-
vent, qu’ il nous fuffira de dire que ce peuple
fi vieux dans la civilifation, qu’ il fe furvit à lui-
même comme un vieillard tombé dans l’enfance
& la caducité, femble avoir dû fon antique fplen-
deur à fa fituation phyfique, à la douceur & à la
beauté de.fon climat.
Seykes. Peuple qui tire fon origine des Hindous,
dont il n’ eft qu’une portion, & qui compofe une
nation de guerriers formidables. Leurs polîeffions
s’ étendent jufque fur les riVes du Gange. •
Suivant les renfeignemens qu’on a fur les Seykes,
ils font réunis en corps de nation depuis le quinzième
fiècle, époque à laquelle un Hindou de la
fécondé cafte, & nommé Nanek, les fépara des
autres Hindous en réformant leur culte.
Ils font en général bien faits, robuftes, & propres
aux plus grandes fatigues : guérriers intrépides,
ils ne portent dans leurs excurfions ni
tentes, ni bagages. C ’eft dans la couverture dont
ils fe fervent pour couvrir les felles de leurs chevaux
, qu’ils s’enveloppent & qu’ils fe mettent à
l’abri du mauvais temps, lorfqu’ ils fe repofent.
Chaque homme a ordinairement deux ou trois
chevaux.
Les Seykes fe nourriffent de la manière la plus
frugale : leur repas ordinaire confilte en ivraie
grillée & broyée à la hâte; leur régal eft du
pain cuit fous la cendre & trempé dans un bouillon
fait avec divers légumes. Ils ne fument point ,
mais ils font volontiers ufage de liqueurs fpiri-
tueufes.
C e peuple eft entreprenant, fier & indépendant.
Malgré fon humeur guerrière, il fe livre
à l’agriculture & met à profit le territoire vafte &
fertile qu'il poflede. La haine qu’ il porte aux
étrangers, elt le principal obftacle qu’ils auront
long-temps à vaincre pour arriver à un degré de
civilifation auquel leur difpolition & leur intelligence
femblent les porter.
Pour donner une idée de la population des
Seykes, il fuffira de dire que leur armée fe compofe
de 250,000 hommes de cavalerie. C e ne
feroit point exagérer que de porter leur nombre à
2,000,000 d’habitans.
Marates. Nous dirons feulement de ce peuple
guerrier, que c’eft le plus hardi & le plus intrépide
de tous les Indiens. Quoiqu’il loit induf-
trieux & qu’il s’ occupe d’agriculture & de diffe-
rens métiers, il quitte, fans héfiter, fes champs &
fes travaux pour courir aux combats. Leurs armées
ne font compofées que de cavalerie; leur
gouvernement eft ariftocratiqne.
Leur population eft évaluée à 1,500,000 âmes.
Ceylanais. Le peuple de l’île de Ceylan, eft
divifé en plufieurs tribus qui forment deux peuples
diüindb : les Bedas & les Chingalais Les
Bedas refident dans la partie feptentrionale de
l'ile : ils font encore dans un état prefque fauvage.
Habitans des montagnes, ils font .fiers , indépen-
dans, braves & amis de leur liberté; adonnés à
la vie paftorale, ils ont confervé la fimplicité des
moeurs qui caraétéril'e la plupart des peuples montagnards.
'4
Les Chingalais habitant, au contraire, les plaines
méridionales de l’îlej ont tous les dehors de
la' civilifation $ mais couibés fous le joug d’un
gouvernement defpotique, ils font fourbes, in-
téreffés, complimenteurs, comme tous les peuples
corrompus par l ’efclavage. Cependant ils font
braves & ils ont fouvent réfifté avec fuccès aux
Européens, dans les montagnes qui défendent
leurs contrées.
Ces deux peuples paiTent pour n’avoir d’ autre
croyance que le déLme.
Leur population s’élève à 1,500,000 âmes.
Perfans. La Perfe occupe un baffin formé par
les monts Elwend & Bucktiriau fud-oueft, & les
monts Elbours & Paropamifan au nord.
Le peuple qui habite cette contrée eft beau,
quoiqu’ il ait la peau un peu jaunâtre & même
oivâtre; dans les provinces voifines de l’Inde,
le teint de l’homme eft même bafané. Les Perfans
ont le vifage ovale, le front haut, le.nez aquilin &
le menton large. Leurs cheveux font noirs. Ils font
forts & robuftes, & très-adroits dans les différens
exercices du corps. Quant aux femmes, Malte-
brun en fait la peinture fuivante : « Une beauté
« perfane doit avoir une taille moyenne, de longs
»3 cheveux noirs, des yeux grands, les fourcils
»3 arqués, de longues paupières, une belle carna-
» tion, avec un peu de couleur, un petit n e z , une
33 bouche étroite, un menton refferré, les dents
i3 blanches, le cou lo n g , le fein- garni avec une
30 richeffe mqdefte, les pieds & les mains pe-
33 tites, la taille mince & la peau extrêmement
33 douce. >3
Les Perfans font gais, vifs & fpirituels ; ce font
les peuples les plus civilités, les plus polis & les
plus induftrieux de l’Orient. Leur goût pour la
poéfie & pour les arts, l eftime qu’ ils ont pour
ceux qui s’adonnent aux fciences, annoncent chez
eux une tendance marquée pour la civilifation :
& fans doute qu’elle prendroit chez eux un effor
remarquable, s’ils avoient des communications
fréquentes avec les peuples éclairés de l’ Europe.
Les Perfans font généralement mahométans;
cependant il exifte parmi eux des fedtateurs de
différens cultes antiques. Tels font les Zabiens,
q u i, ainfi q.ue l’a fait remarquer Maltebrun, ne
doivent pas être confondus avec les Sabéens,
comme l’ont fait plufieurs auteurs. Les Zabiens
révèrent la croix, pratiquent la cérémonie du
baptême, & prennent le titre de difciples de Johannes.
On prétend que cette feéte a été fondée au
neuvième fiècle, par un certain Naflairi; & comme
le dit Maltebrun, fes livres religieux écrits dans un
idiôme fyriaque qui fe rapproche des Galiléens, indique
le pays d’où elle ejl originaire. Quoique
M. Tychfen, favant orientalifte allemand, ait remarqué
que Johannes fignifie lumière, & que Maltebrun
penfe avec lui que ces difciples de Johannes
i/ont rien de commun avec les chrétiens de faint
Jean établis dans l ’Inde; quoiqu’il penfe auffi
que ]e Johannes dont il eft queftion , puiffe être
le même que le prophète ou le demi-dieu Oannesy
connu dans une ancienne fable chaldéenne , nous
ne voyons pas, comme lui, que ce foit une raifon
de ne pas confidérer les Zabiens comme appartenant
à une feête chrétienne. Il croit devoir fonder
fon opinion fur ce que ces Zabiens paffent
pour avoir des dogmes quife rapprochent de ceux
des Ifnaéliens, & en partie de ceux des anciens
Guèbres. Si c’ étoit ici le lieu de discuter & d’approfondir
ce fujet, nous en pourrions tirer une