pieds au-deffus du bord du cratère : celui-ci avoit
Sj6co pieds de circonférence.
52<î* — 1822. Les convulfîons de cette année,
que l’on peut mettre au rang des plus terribles,
eurent trois phafes diftinétes : elles commencèrent
en février & en mars de la même année,
puis fe calmèrent j mais le 22 octobre, après des
détonnations, des mugi (Terriens & des fecouffes
continuelles, la lave forma un torrent d’un mille
de largeur; des pierres énormes furent lancées en
grande quantité à plus d’ une lieue du cratère, au
village de Bofco-tre-Cafe. (V o y e z />/.■ > 3 1 .) Une
cinquantaine d’arpens de bois litués dans les
environs furent confumés. La lave fortoit par
trois ouvertures. Le 23 l’érupiion ce ffa , mais
elle recommença en novembre d’une manière
épouvantable, ce Le V é fu v e , dit un voyageur
français, lança une fi grande quantité de cendres,
que les rues & les maifons déblayées dePompéia
en furent couvertes. Le jour de la Touffaints,
Naples étoir obfcurci par un nuage fi épais,
qu’on fut obligé de fe fervir de flambeaux. »
H 6.* — 1828, le 14 mars, une nouvelle bouche
d’environ 1 y pieds de circonférence, s’ouvrit dans
dans le fond du cratère, & vomit une giande
quantité de laves ; quelques jours après, cette
ouverture s etoit agrandie de 60 pieds : la lave
étoit plus abondante & les détonuations étoient
plus fortes & plus fréquentes. Les matières lancées
par le volcan formoient déjà une pyramide
de 50 pieds d’élévation. Bientôt le volcan fut
fortement ébranlé ; deux autres’ bouches, plus
confidérables que les premières, s’ ouvrirent.
Le 19 , les trois bouches n’en formoient plus
qu’une qui ne céffoit de lancer des pierres à
une hauteur extraordinaire. Dans la nuit du 21
au 22, il s’ ouvrit encore deux nouvelles bouches,
& le 24 on en comptôit dix-fept petites; mais
après une explofion plus violente, la force de
l'éruption commença à fe ralentir : cependant
le bruit intérieur & les fécondés redoubl oient,
& le volcan continua long-temps encore à lancer
des nuages de cendres & de fumée. Le 17 novembre
il s’ouvrit dans le cratère une nouvelle
bouche qui rejetoit de temps en temps des
matières bitumineufes.
54e. — Au mois d’avril 1830, deux ouvertures
nouvelles fe formèrent dans le cratère du V é -
fuve, & vomirent des feux & des matières bitumineufes
qui s’agglomérèrent autour de l ’orifice
principal. Cette éruption, qui avoit été précédée
pendant plufieurs jours de fortes détonnations,
comme fi elle devoit être des plus terribles , fe
borna aux déjeétions que nous venons de défigner
& au rejet de nombreux débris de pierres volcaniques,
& fe ralentit enfuite graduellement.
Telle e ft, d’après les recherches que nous
avons pu faire, l’énumération des diverfes éruptions
au V éfu ve, depuis cel e de l'année 79.
M. Al. Brongniart n’ en cbmpte que 34, juf-
qu’au commencement de ce fiécle. Nous en li-
gnalons43. M. Girardin porte le nombre d’ éruptions
de ce volcan à 3^, jufqu’ à celle de 1828,
que l’on peut confidérer comme la dernière,
parce que les fymptômes qui s’y manifeftèrent
en 1830 n’ ont été fuivis d'aucun rejet de laves
en fufion. Nous, au contraire, nous préfentons
une férié de 53 éruptions. Notre lifte eft donc la
plus complète de toutes celles qu’ on a données.
Structure de la montagne & du cône du Véfuve. Ce
que l’on comprend fous le nom de Véfuve eft
la réunion de plufieurs montagnes d’origine volcanique,‘
mais de différentes époques. Ces montagnes
font YOttajanOy la Somma, le Véfuve
proprement dit, & le Cantaroni. Elles forment
un groupe d’environ huit lieues de circonférence,
terminé par un cratère. (V o y e zpi. 31.) Au nord-
eft du cratère, l’Ottajano eft une colline plutôt
qu’une montagne ; elle fe trouve prefque à la
bafe du cône que forme le groupe. Une longue
ceinture, appelée le mont Somma, s’étend de
l’eft à l’oueft au nord du cône. Cette partie du
Véfuve eft d’ une origine tellement ancienne,
qu’ on peut la regarder comme appartenant aux
terrains vulcaniques, ou aux volcans anciens. Ce
qui complète la-ceinture du Véfuve proprement
dit, eft la Pedamentina ou Padamentine, qui, à
l’eft, fe rattache à la Somma, & à l’oueft fe
termine à peu de diftance du mont Cantaroni,
colline qui s’élève au bas de l’extrémité occidentale
de la Somma & qui termine la ceinture
qui entoure le cône au haut duquel fe trouve
le cratère. Il eft inutile de décrire ce cratère,
puifque nous avons vu fa forme & fes dimen-
fions fe modifier ' à chaque éruption impor-
tantë. Nous verrons plus bas que la ceinture
qui l’entoure annonce que le Véfuve fu t , à une
époque très-éloignée, beaucoup plus haut qu’au-
jourd’hdi. Entre la Somma &-le cône du Véfuve
fe trouve une forte de vallée appelée Àtrio del
Cavallo (Veftibule du C h e va l) , parce que les
voyageurs y Iaident leurs montures. La bafe
entière du Véfuve préfente des arêtes et des
vallons plus ou moins confidérables : tels font
la Cofta délia Tofa & la Cofia del Gaudo, le Valions
délia Paliata, le Valloue deW Angelo & le Vallons
di-ConJlantinopolP.
Nous avons donné la. lifte des fubftances minérales
que l’ on trouve dans les maffes volcaniques
de la Somma : elles font bien plus nombreufes que
celles que renferme la lave du Véfuve proprement
dite. La nature feldfpathique & trachytique des
roches delà première indique l’antiquité de fa formation.
Laiffons parler maintenant M. Lyell; l ’examen
qu’il a fait du Véfuve, vers la fin dp l’éruption
de 1828, & fes obfervations intéreflantes fervi-
ront à donner une idée exaéte de la ftruéture
de ce célèbre volcan.
« Entre la fin du dix - huitième fiècle &
l’année 1 8 1 1 , le grand cratère du Véfuve
avoit été graduellement rempli par des laves
bouillonnant au-defîus & par les fcories provenant
de bouches plus, petites^ qui s’ étoient
formées par intervalles fur les côtés & dans le
fond. Au lieu d’ une cavité, il y avoit une plaine
raboteufe & roçailleufe, couverte de blocs de
lave & de fcories, & coupée par-de nombreufes
fiffures d’où s’élançoiênt des nuages de vapeurs.
Mais cet état de chofes fut totalement changé par
l’éruption d’ oétobre 182.2, époque où des exploitons
violentes, pendant l’efpace de plus de vingt
jours, lancèrent dehors toute cette maffe, accumulée,
de manière à former un gouffre immenfe ,
un peu elliptique, d’environ 3 milles de circonférence^
peu près 1 lieue un quart), enlemefurantle
long de la ligne finueufe & irrégulière de fon bord
extrême, mais d’un peu moins de trois quarts de
milles dans fon plus grand diamètre, qui fe trou-
voit dirigé du nord-eft &: fud-oueft. La profondeur
de cet effroyable abîme a çté diverfement eftimée,
parce que depuis le moment de fa formation, elle a
conftamment diminué par la dégradation de fes
bords. Elle étoit primitivement de 2,000 pieds
de profondeur depuis la partie extrême du fommet
exiftant j mais M. -Scrope, .qui le vit très-peu
après l’éruption , ne l’eftima qu’ à peu près à
la moitié de cette quantité. Plus de 800 pieds
du cône furent emportés par les exploitons ,
de forte que la montagne fut réduite de 4,200 à
3,490 pieds.
« Lorfqu’on gravit fes pentes, le volcan femble
être une maffe de matériaux épars ; mais dès qu’arrivé
fur le bord du cratère on découvre l’intérieur,
on eft agréablement furpris en apercevant dans chaque
partie l ’arrangement fymétrique le plus parfait.
Les matériaux fontdifpofés en couches régulières
légèrement ondulées, paroiffant, lorfqu’ on les
voit en face, être difpofées en plans inclines,,
mais, à mefure que l'on fait le tour du bord
du cratère & que l’on obferve. les falaiies dont
il eft entouré, s’avançant ou fe retirant dans les
angles faillans rentrans, on voit les feétions
tranfverfales des courans de lave, & les couches
de fable & de fcories s'incliner en dehors de
l’axe du cône, fous des angles variant de 30 à 450.
Le fait eft que le cône entier eft compofé
de. revêtemens concentriques, de lave, de fable
& de fcories qui alternent. Chaque pluie de
cendre qui eft retombée , chaque courant de lave
qui a .coulé,de la bouche du cratère, a dû fe
plier à la forme extérieure de la colline, de
façon qu’on peut dire qu’ une enveloppe co nique
a continuellement été recouverte par une
autre, jufqu’à ce que l’agrégation de toute la
montagne ait été complétée. Les féparations ,
marquées en lits diflincts, réfultent des différentes
couleurs & des degrés de groffièreté des
fables , fcories & la v e s , & de la manière dont
elles ont alterné. La grande _ difficulté, à la
première vu e , eft de concevoir comment tant
de régularité peut être produite, nonobftant
la diftribution inégale du f.ible & des fcories
chaffés par les vents, dans les éruptions particulières
, & la petite largeur de chaque lame
de lave, lor {qu’ elle coule d’abord du cratère;
mais, en y regardant de plus près, nous trouvons
que cette apparence d’uniformité eft trom-
peufe, car lorfque plufieurs lits s’aminciffent graduellement
& fur différens points, l’ oeil ne recon-
noît pas fans difficulté le point ou fe termine
chaque ftrate, mais ordinairement il la fuppofe
continue avec une autre q u i, à peu de diftance,
peut fe trouver fur le même poirt. De plus,
les légères ondulations produites par fes inégalités
des côtés de la. montagne, fur lefquelles les
couches fe font moulées, aident encore à la
déception. Comme des lits de fable & de fcories
fans nombre conftituent la plus grande partie
de toute la maffe, ils peuvent quelquefois entourer
entièrement le cône ; & même les courans
de laves peuvent avoir été affez larges,
lorfqu'ils commençoient à couler, puifque, dans
quelques éruptions, une partie coQfidérable du
cône fut renverfée tout-à-coup.
» Les couches inclinées dont nous venons de
parler, qui plongent eh dehors, dans toutes
les diredtions, eh ‘ partant de l’axe du cône
du Véfuve , font entrecoupées par des veines ou
dikes de lave com p a re , dont la plus grande partie
eft dans une pofition verticale. En 1828, on en
voydit fep t, dont quelques-unes n’ avoient pas
moins de 4 a yoo pieds de haut & s’aminciffoient
avant d’atteindre la partie fupérieure #du cône.
( Voy. fi g. X , pl. fupplémentaire.) Etant plus
dures que les lits à travers lesquels elles paffent,
elles ont réfifté à la décompofition, & fe montrent
en relief.
Lorfque , dit encore M. L y e ll, je vifîtai le
V éfu ve, en novembre 1828, je fus empêché
de defcendre dans le cratère par les^ éjections
confiantes qui en fortoient. Je parvins feulement
à voir trois dikes f mais M. Monticelii
avoit auparavant fait des deffins de la totalité , &
me les montra. .Les veines que j ’aperçus étoienr
du côté du cône qui eft: entouré par la Somma.
Én mars de la même année, une éruption commença
au fond du goufre profond formé en 1822.
Là matière rejetée avoit rempli près d’ un tiers
de l’abîme originaire en novembre, & la même
opération continuoit lentement. On n’ apercevoit
qu’ un feul cqne noir, prefque continuellement
en activité au fond. Il eft clair que ces éjections
peuvent continuer jufqu’ à ce que la gorge du
Véfuve foit remplie de la même manière qu’avant
1 8 2 2 ; & M. Scrope a rapporté la fréquente
rencontre de cônes volcaniques Uns cratères à
cette caufe. Je trouvai, en 1 8 2 8 , que la lave
de 1822 n’étoit pas encore froide au nord du