dépôts à des eaux courantes, fe montrent encore
dans leur nature animale , confervant & leur tiffu
&r leur organifation (i).
En général , les oflemens enfevelis dans les terrains
d’alluvions confervent encore leur matière
animale, ils ne font nullement pétrifiés, tandis
qu'il en eft le contraire de ceux enfouis dans les
dépôts marins les plus récens, tels, par exemple,
que le font les fables de mer des terrains marins
fuperieurs. L'on a bien découvert quelques ofiew
mens pétrifiés dans les dépôts lac-irftrès } mais ces
offemens, outre qu’ils y font fort rares, femblenf
avoir appartenu aux fables marins & avoir été
faifis poftérieurement par les tufs qui les ont recouvert.
Les principaux mammifères terreftres & marirts
reconnus jufqu’à prëfent dans les formations flu-
viatiles & volcaniques qui nous occupent, fe rapportent
aux pachidermes, aux folipèdes, aux
rurr.inans & aux cétacés.Les premiers y font re-
préfentés par deux genres bien remarquables, les
E lé p h a n s & les H ip p o p o tam e s .
L'éléphant foflile du vallon de Riège fe rapproche
de l’efpècé décrite par M. Nefti, fous le
nom d 'e le p h a s m e r id io n a l i s 3 laquelle fe trouve dans
les terrains d'eau douce du Val d'Arno en Italie.
La nôtre,.comme celle du Val d'Arno, annonce
une efpèce plus grande que Y e le p h a s p r im ig e n i i i s .
Deux fiagmens de fémur, dont l'articulation inférieure
eft confervée, préfentent leur" diamètre
tranTverfe de o m. 28 y , &r de o ni. 310, dimeri-
fions encore plus confidérabîes que celles indiquées
par M. Nefti, puifque, félon lui, ce
même diamètre tranfverfe de l'articulation inférieure
feroit dans l'individu qu'il décrit de o m.
2S0 (z).
La fécondé efpèce dé pachyderme fe rapporte
au grand hippopotame foflile { h ip p o p o tam u s m a j
o r ). Les folipèdes y font fignalés par deux races
diftinftes, l’une analogue à nos chevaux de trait5
l'autre, à formes grêles & élancé!s,;fë rapproche-
roit de nos chevaux de Telle de race arabe & Camargue,
mais avec des dimensions encore plus
petites.
Les ruminans découverts à Riège annoncent
pîufieurs efpèces de cerfs. La première, dont les
débris font les plus nombreux, paroît analogue
au cerf à bois gigantefques 5 la fécondé fembie
voiftne dé l’élan à raifon de i’aplatiffement & fur-
(1) Dans l'époque géologique actuelle, les coquilles le
pétrifient dans le baifiu des mers & s'y transforment en
carbonate de chaux ipathique èc criftallin ; mais jufqu'à
préient nous n’avons point obfervé qu’il en fût de même des
ofTemens.
(2) Lettere fopra alcunt ajfefoffili di V a lcT Am o , pag. 19 8c
3 3 . Nous reviendrons plus tard fur la defeription des mammifères
foffiles du vallon de Riège.
tout de la bifurcation de fes bois ; & la rroifième ,
peu éloignée du cerf-commun, devoit cependant
avoir une ftature un .peu plus grafi.de.
Quant aux débris de cétacés , ils indiquent-à-la
fois des lamantins & des cachalots ; les. cétacés
font du rrefte plus rares dans ces dépôts ‘fluviatiles
que dans les dépôts marins. Les oflemens foffiles
font principalement accumulés dans les lieux les
plus bas du vallon de Riège. Ce - fait iparoît général
dans les localités où il ex de pareils offe-
men's, quelle que foie la diverfité de formation
où on les rencontre.
D’après cet aperçu, les terrains fluviatiles de
P éz en a s, comme ceux du Val d’Arno, préfente-
rotent à peu près les mêmes efpèces de mammifères
terreftres -que l’étage le plus fupérieur du
dépôt marin ; les uns &• les autres font probable-
ment de la même époque géologique. Ainfi, pendant
que des courans fluviatiles entraînoient dans
le baflin de Bézenas des débris de mammifères
terreftres, avec des limons 3c des graviers^ la
mer xejetoit dans celui de Montpellier, fur .les
rivages qu’elle alloit abandonner, partie de ces
mêmes débris, qu’elle mêloit avec les fables qui
s’étoient formés dans fon fein. -Ces dépôts partiels,
les Uns fluviatiles, Jes autres marins, carae-
térifés par des mammifères terreftres 3c marins,
ont les runs -& les autres été-précipités dans- le
bafîin de l’ancienne mer} ils ne diffèrent etjtr’eux
que parce, que l’un des baflins ou on les découvre,
place à l’embouchure de quelque grand
fleuvè, a reçu une plus grande quantité de limons
fluviatiles qui ont été accumules dans les bas-fonds,
que les labiés marins. C’eft probablement à
l’impétuofité des eaux qui fë rénddient dans le
baflin de Pézenas, qu’il "faut attribuer le petit
nombre de coquilles fluviatiles difleminéés dans
les calcaires où exiftent les oflemens. Ces coquilles,
pour la plupart fragiles, n’ayant pas ré-
fifté au choc violent des offémens, des graviers
& des cailloux, entraînés avec elles, n’ont pu
fe pétrifier ni laiffer des traces de leur antique
exiftence.
Les baflins tertiaires de Beaulieu en Provence,
| ainfi que ceux de Montferrier & de Vaimahargu.es,
| près Montpellier , préf. ntent, fi ce n’eft de pareilles
alternances, du moins de nombreuses relations
entre'les dépôts fluviatiles 3c les formations
volcaniques} relationsqui font telles, qu’elles
annoncent que lés calcaires fluviatiles-étoient déjà
dépofés, lorfque les dernières éruptions -volcaniques
ont eu lieu. L’on obfcrve dans ces baflins,
non-feulement les filex, les marnes & les-calcaires
dJeau douce, faifis par les laves & modifiés par
elles, ainfi que les coquilies fluviatiles qui caractérisent
ces roches, mais encore en. partie déplacés
& foulevés par les laves qui les ont
dérangés de leur pofition primitive, 3c les ont
portés à un niveau plus élevé que celui qu’ils occu-
poient d’abord, Dans d’autres cir-conftaneesv. Pimpu'fioii
imprimée par les laves a été fi foilbe,
qu’elle n’a pu foulevcr-qu-’ën partie certaines
maflés calcaires, en forte que ces maffes, qui n’ont
point été percées par les-laves, font reftées dans
leur pofition première-,'& recouvrent encore les
laves qui- n'ont pu fè faire jour à travers leurs
maflès. D'après ces faits, il s’enfuit nécefîaire-
menr que le s dépôts fluviatiles étoient déjà formés
3c confolidés > lorfqu'encore nos volcans n’avoient
pas terminé leurs éruptions.
D’un autre-côté, ces éruptions dévoient avoir
cefle, lorfque les dépôts Iacuftres fe- font produits,
puifque les roches Iacuftres ne fe montrent jamais
comme les fluviatiles faifies par les laves, ni fou-
levées & déplacées par elles. Ces dépôts Iacuftres
font conftamment difpofés en lits réguliers 3c
horizontaux, au-dëfTus- des roches" volcaniques d‘e:
l’origine la plus récente;, on ne les voit jamais
mêlés aux pépérines-ni aux feories voicaniqu. s.
Ainfi, lorfque la mer s-’eff retirée pour toujours
de nos continens, Jes éruptions de nos volcans
ont cefle d’avoir lieu, en même temps que nos
dépôts fluviatiles 8c marins ont çeffé de fe produire
; dès-lors il ne s’eft plus formé que des dépôts
Iacuftres & d’alluvion (i).
L’on fe tromperoit grandement, fî Ton croyoit
que les dépôts fluviatiles: liés aux formation volcaniques
ou qui alternent avec, elles , n’ont qu’un
foible développement. Nos localités prouvent le
contraire, foit en Languedoc, fort en Provence}
partout les calcaires d’eau douce liés à nos volcans
éteints, ou qui fe montrent parfois en fuper-
pofition immédiate fur les' laves, lorfquils n’ont
pas été déplacés, offrent une grande étendue &.
une. grande diverfité dans leur nature. Les calcaires
fluviatiies-qui ont éprouvé l’aétion des feux
foUEerrains, ont quelquefois pafle à l’état de. dolomite
, 3c lès marnes qui onc fubi les mêmes
effets ont perdu leur eau de çompofition, étant
devenus allez, femblables à de la brique cuite.
Les coquille elles-mêmes,■ comme les roches qui
les recèlent, ont été plus ou moins altérées, foit
dans leur nature, foit da.us leurs couleurs. En
général elles font réduites à de. Amples moules.
Le bâftin tertiaire de. Béâuliêu en Provence,
fameux depuis long-temps par les deferiptions
qu’en a faite Saufiure, préfente les mêmes faits
& peut-être avec encore plus,de développemens
que les baflins tertiaires 3c volcaniques du Languedoc}
mais, comme..nous les avons déjà fait
connoîtrë, nous n’y reviendrons pas, pour abréger.
Nous obférvèrons feulement que, fi le cal-
( i) Il LparoÎE que les volcans-éteints de l’Auvergne ont
celié leurs érupitions: bien : poftérieurement aux nôtres, puisque,
d’après M. Dtireau. de la Malle, des éruptions y ont
eu lieu pendanc le moyen, âge. ( P'oye^ le G lobe, tome V,
pag. 77 j ^ Mémoires de la Société liniiéenne de Normandie,
lom. III , pag; WM
caire filiceux, ainfi que les filex d’eau douce qui
raccompagnent ordinairement, ne fe montroient
pas dans des baflins tertiaires où il n’exifte aucune
trace volcanique, on pourroic croire que ces
roches font en quelque forte liées à ces dernières
formations, puifqu’elles fe montrent à peu près
conft'amment, foie en Provence, foit en Languedoc,
dans les baflins où des dépôts fluviatiles
recouvrent des formations volcaniques o.u alternent
avec elles, remarque que le célèbre auteur du
Voyage des Alpes avoit déjà faite. Mais comme
les dépôts fluviatiles étoient déjà produits lors
des dernières éruptions de nos volcans, ce rapprochement
entre la préfence du calcaire filiceux
8c des formations volcaniques eft purement fortuit
& accidentel.
D. Des caufes de la diverfité des dépôts tertiaires
d3un b afin a un autre.
\ Les terrains tertiaires étudiés, non dans un
; petit nombre de baflins, mais dans l’univerfaîiré
des baflins où fe montrent les formations qui en
; dépendent, ne font, bien confidérés, qu’une fuite
; de dépôts donc on ne peut déterminer-la date
: qu’en lés comparant de badin à baflin. En effet,
|cés terrains font cpmpofés de deux fortes de
dépôts} les uns, produits après la retraite de la
:mer , des lieüx où ils ont été opérés; les autres,
dans le baflin de l’ancienne mer. Or, il fe peut
■ que les dépôts Iacuftres fe foient précipités dans
!un baflin déjà hors du fein des eaux marines, lorf-
qu'encore la partie d.-s dépôts fluviatiles nommée
terrains d 'e a u douce inférieurs n’étoit pas formée
dans une autre. De même, ces terrains d’eau
douce, confidérés comme les plus anciens des
depots tertiaires, ont bien pu fe former dans un
baflin encore dans le fein des mers, lorfque
ailleurs, & dans un point qui a été plus tard hors
des eaux falées,il exiftoit des couches marines
de. produites. Dès-lors, comment foutenir avec
fondement, que tel fyftème de couche tertiaire
eft plus ancien que tel autre, à moins que l’on
ne compare ces divers fyftèmes dans un feul 3c
meme baflin ?
L’enfemble des faits que nous venons de rapporter
prouve au contraire, que les terrains tertiaires
ne font formés que de deux ordres de
dépôts, qui ont pu avoir lieu en même temps
dans des baflins différens, 8c que, lorfque ces
dépôts font réunis, ils ont bien eu lieu fucceflï-
vement, puifqu’ils le recouvrent les uns & les
autres, mais qu’ils fe font produits d’une manière
prefque fimultanée, fans qu’il fe foit écoulé entre
eux un intervalle réellement confidérable.
Ces faits prouvent encore, que les dépôts fluviatiles
& marins qui ont eu lieu-, contrairement
aux dépôts Iacuftres, dans le baflin de l’ancienne
i mer, ont été précipités en même temps, & que
! les dïftinétions établies poiy les féparer en plu