foit, ces fe u x , inconnus dans les régions polaires
, font très-fréquen-s dans les pays chauds;
dans les climats tempérés, ils ne fe manifeftent
que pendant l’é té , lorfque l ’atmofphère eft fur-
chargée d’éleélricité.
Feux Saint-Elme. On donne ce nom à ces météores
que les Anciens appeloient feux Hélène
, ou de Cofor & Pol/ux. Entièrement dus
au fluide électrique , ils fe manifeftent fur mer
pendant les tempêtes, & parcourent en voltigeant
les differentes parties des mâts, car on affure que
lès pointes les attirent 8c qu’ils font entendre
les décrépitations de l’étincelle éleCtrique. Leur
flamme eft d’une belle couleur violette. Quelques
phyficiens prétendent que les matières réfineufes
dont les agrès des navires font enduits, déter-
minent ces météores à fe développer. Il paroît
cependant qu’ ils peuvent fe manifefter fans le fe-
cours de ces fubftances éleCtrophores. Lamouroux
d it , en décrivant ce feu : «* C ’eft une aigrette lu-
~ mineufe qui s’échappe de l’extrémité des doigts,
•• des cheveux , & c . , dans le nord de l’ Europe
& de l’Afie. Ces flammes légères s’élançoient
» quelquefois des armes des anciens guerriers, &
» voltigent encore fur la pointe des baïonnettes
*» des foldats, dans les pays froids & pendant
•» nos hivers. *•
Ces faits , rapportés par un favant eftimable,
ne donneroient-ils point occalïon de douter que
le fluide éle&rique, qui a bien moins d’intennté
dans l’hiver dans les contrées feptentrionales que
dans les pays chauds, fût l’ unique caufe de ce
météore ?
Aurore boréale. C e météore eft tellement varié
dans fes formes, qu’ il feroit inutile de chercher
ici à le décrire. Il confifte ordinairement en une
grande lumière rougeâtre , qui s’élève à environ
20 degrés au-deffus «de l’horizon , & s’étend fur
toutes les parties du ciel jufqu'au zénith de I’ob-
fervateur. Ce phénomène, inconnu dans les ré-
gions équinoxiales, très-rare dans les tempérées ,
eft très-fréquent dans les régions polaires. Les
aurores boréales.font d’ autant plus vives que l’on
eft plus près du pôle; elles font d’autant plus
magnifiques que la température eft plus froide.
Tantôt elles répandent une lueur rougeâtre fem-
blable à celle d’un vafte incendie; tantôt elles s’ é lancent
dans les airs en gerbes immenfes, dont
nos brillans feux d’ artifice peuvent à peine donner
une idée ; d’autres fois , elles offrent le fingulier
affemblage de plufieurs arcs lumineux, qui forment
au zénith une couronne enflammée.
On a remarqué que lorfque les rayons de l’aurore
boréale font b as, ils s’élèvent perpendiculairement
au-deflus de l’horizon; ce n’ eft ordinairement
que quand ils partent de vingt degrés
au-deffus de ce cercle, qu’ils vont fe réunir en un
feul point près du zénith; là ils manifeftent différa
is mouvemens, comme s’ils glifloient les uns
fur les autres.Maupertuis femble avoir rendu cette
idée, lorfqu’ il dit, en parlant de ce phénomène,:
qu’il femble que l’air foit fillonné de vaftes bandes
de taffetas nuancées de diverfes couleurs, ou
qu’ il ajoute : que leur mouvement' ordinaire les
fait reffembler à des drapeaux qu’on feroit voltiger
dans l’ air. Le magnifique fpeôacle qü’ il
offre eft tellement fingulier & varié dans fes effets,
qu’il n’eft pas étonnant que les anciens Scandinaves
aient vu dans ce phénomène les images de
leurs héros , figurant encore des combats dans
les régions éthérées , qu’ils regardoient'comme
le féjour des âmes, puifque dans nos contrées
même le peuple y a fOuvent vu l’image d’ armées
céleftes combattant, & préfageant des boulever-
femens politiques.
L’aurore boréale ne fe fait voir que le foir^
quelques heures après le coucher du foleil. L’époque
où elles font le plus fréquentes, eft l’intervalle
entre la fin de feptembre 8c la fin de juin.
Dans le Nord, leur durée eft affez longue ; celle
que l’on vit à Lisbonne en 1764, dura, dit-on,
plus de quatre heures. Malgré leur rareté dans
nos régions tempérées, plufieurs s’y font mani- "
ifeftées depuis 1716; la dernière que l’on vit à
Paris eut lieu en 1800. Le dotteur Alley s’eftoc-
I cupé de déterminer leur hauteur perpendiculaire
dans l’atmofphère ; il l’évalue à treize ou
dix-fept lieues ; mais on a calculé que .celle 4s
1709 s’élevoit perpendiculairement à près de
vingt-cinq. C’ eft vers le 60e. degré que ce météore
devient le plus fréquent. A11 Groenland, il
fe fait furtout remarquer par fon intenfité ; c ’eft
toujours du côté du midi qu’ il fe déploie. Les
deux pôles ne jouiffent pas également de la beauté
de ce fpe&acle, les aurores auftrales , c*eft-à-
dire celles qui fe déploient fous le pôle antarctique
, n’ont jamais le même éclat ni la mêmé
grandeur ; il femble, dit Lamouroux, que les
grandes étendues de mer s’oppofent au développement,
de ce brillant météore.
Les récherches & les obfervations relatives à
quelques-uns' des phénomènes atmofphérique*
font fi peu complètes, qu’il n’ eft point étonnant
que les phyficiens ne foient point d’accord fur la
caufe qui produit les aurores boréales; les hy-
pothèfes auxquelles plufieurs fe font livrés à cet
égard, font loin d’être fatisfaifantes. Libes les attribue
à la formation du gaz nitreux dans.Pair;
Euler à l’impulfion des rayons folaires. qui chaffent
vers les pôles une grande quantité de particules
d’air, qu’ils ont rendues lumineufes; Mairan les
confidère comme étant produites par une portion de
l atmofjShèrefolaire, qui fe réunit à celle de notre
planète; Franklin leur donne pour caufe le fluide
éle&rique ; M. Biot , au contraire, foupçonne
qu elles pourroient être dues à une matière phof-
phorique, magnétique, lancée des contrées lès
plusvolcanifées de la terre. Enfin, le général Alix,
dans fa Théorie de l’Univers , s’exprime ainfi en
parlant de ce phénomène : « On fait que la lumière
»• des aurores boréales eft émîfe par des nuages
» légers qui fe forment dans le Nord. Les vapeurs
» d’eau qui forment ces nuages font néceffaire-
» ment très-diiatées, 8c le font tellement, que
a» malgré le froid de l’atmofphère dans laquelle
» les vapeurs exiftent, elles ne peuvent fe con-
» denfer pour tomber enfuite tous la forme de
» p lu ie , comme il arrive lorfque ces vape-urs
*> d’eau ont plus de denfité. En cet état de dftata-
»» tion, *eiles n’ont point autant de calorique
» qu’elles en peuvent contenir, 8c le gaz hydro-
gène, qui entre dans U formation de ces va-
» peurs d’ea u , fc décompofe ; fon calorique fe
99 porte tout entier fur le gaz oxigène de ces
99 vapeurs, 8c l’hvdrogène, ou la lumière, de-
» venu libre, s’élance du nuage dans toutes les di
» reétions , & forme ces flèches lumineufes qui
* conftituent la lumière que l'on appelle aurore
99 boréale. Cette forte de lumière ne peut avoir
lieu que vers les pôles, parce que là feulement
•» l ’air atmofphérique peut être affez froid pour
»> que le gaz hydrogène qui exifte dans les ma-
" tières aqueufes puiffe perdre fon calorique. »
Lumières zodiacales. C e météore femble être
tout différent de l’ aurore boréale, puifque celle-ci
nefe fait jamais voir dans les régions équatoriales,
tandis que la lumière zodiacale, inconnue dans le
No rd , très-rare dans nos régions tempérées, fe
montre communément entre les tropiques. Mairan
affigne cependant a celle-ci la même origine
qu’à l’autre; M. de Laplace, au contraire, prétend
qu’ellè ne peut dépendre de notre atmo-
fphère 3 puifqu’elle s’étend au-delà de l’ orbite du
globe terreftre. On n’ eft donc pas plus d’accord
fur la caufe de ce phénomène que fur celle de
l’ aurore boréale. Quoi qu’il en f o i t , elle confifte
en une lumière blanchâtre affez fo ib le , & qui
reflemble à quelques égards à celle de la voie
laétée. Sa grandeur eft très variable, 8c comme
elle fe manifefte ordinairement au printemps,
après le coucheLdu fole il, le crépu feule la rend
fouvent invifible. Caflini, qui la décrivit le premier,
le 18 mai 1683, calcula qu’ elle pouvoit
avoir cinquante à foixante degrés de longueur,
fur huit ou neuf de largeur, dans fa partie la plus
rapprochée de l'horizo'n.
C e qui fembleroit lui afligner une origine différente
de celle de l’aurore boréale , c’eft que
pendant l’automne on la voit avant le lever du
foleil. Lamouroux la décrit ainfi dans fon Réfumé
de géographie phyfique : « Quelquefois-fa forme eft
» conique, avec la bafe tournée vers le foleil,
»> & le fommet dirigé vers une étoile du zo-
» diaque; d’autres fois elle a la forme d’une len-
» tille aplatie, dont le tranchant eft fitué dans le
•0 plan de l’équateur folaire, & dont les limites
** vifibles s’étendent très-loin. «
Nuages. Ces météores aqueux ne font que des*
brouillards, des vapeurs, q u i, entraînés à une
grande élévation dans l’ atmofphère, planent enfuite
dans les régions de l’air à des hauteurs différentes
, car fur les montagnes bien moins élevées
que la région des neiges, on fé trouve fouvent
au-deffus des nuages; mais fur des pics de
20G0 à 3000 toifes, on aperçoit fouvent à une
hauteur immenfe, que l’on a évaluée à environ
cent lieues, des •> .âges blanchâtres qui femblent
fe maintenir à cette élévation parce qu’ils font
doués de l ’éîe&ricité négative.
Deluc rapporte, comme un effet de l’éleétri-
cité, dans fes Modifications de Vatmofpkère, avoir
vu un nuage fort élevé defeendre rapidement fur
la terre, y produire une forte pluie, & remonter
vers la région d'où il étoit defeendu.
Le même phénomène fe reproduit fouvent au-
deflus des hautes chaînes de montagnes , telles
ue celles de la côte de Guinée & la montagne
e la Table au Cap de Bonne-Efpérance.
Nous ferons remarquer ici que la blancheur ou
l’obfourité des nuages n'indique point qu’ ils foient
d’ une nature différente. Plus ils font élevés, plus
ils font blancs, plus ils font prêts à fondre fur la
terre, c’eft-à-dire, plus ils font près de nous,
plus ils font noirs.
Les nuages fo n t , comme les brouillards, com-
pofés de petits fphéroïdes creux , remplis d’eau
en vapeur ou d’air humide. Leur forme paroît varier
fuivant les faifons, les mois, les lunaifons,
les heures même du jou r, 8c furtout fuivant les
climats. Attirés par les montagnes, ils en fuiverit
ordinairement la dire&ion lorfque les courans de
l’atmofphère ne les entraînent point dans l’efpace
au gré des v en ts , qui règlent la viteffe de leur
marche.
Pluie. Les nuages étant doués d’éleéiricicé, on
conçoit aifément que les montagnes élevées , 8c
furtout tes pics qui s’élancent dans les airs, aient,
comme les pointes des paratonnerres, la faculté de
les attirer, de les dilfoudre 8c de produire les
pluies. Aufli eft-ce dans les pays montagneux que
les pluies font les plus fréquentes. C ’eft aufli dans
les contrées tropicales 8c fous la zone torride
que l’air eft le plus chargé d’éle&ricité , que la
pluie tombe en plus grande abondance, 8c furtout
en larges gouttes, dont celles des régions tempérées
n’atteignent jamais la dimenfion. Peut être
faut-il attribuer à une augmentation d ele&ricité
ces larges gouttes de pluie qui tombent fouvent
chez nous pendant les oragës de l'été. C e qu'il y
a de certain, c ’eft que dans les contrées où l’on ne
connoît point le tonnerre, on ne connoît point
non plus la pluie : les côtes du Pérou en fournif-
fent la preuve.
La pluie eft quelquefois tellement chargée d’é-
! le&ricité, que te favant naturalise Bergman affure
avoir vu tomber des gouttes d’eau qui étinceloient
en touchant le fol.
Nous ne parlerons point ici des prétendues
pluies de fan g qui ont lieu lorfque les vapeurs entraînent
des infeétes rouges.