
Celui du Jura....................................4000 Pîeds-
Celui de la rive gauche du Rhin.... 850
Celui de la rive droite . . . . 1500 à 2000
Enfin , celui de l’Alp....................... 2500
A fept lieues à l’eft de la rive droite
du Rhin., au-delTus de la vallée de
Kinfig . le granité s’élève à ................2400
Il eft recouvert de grès rouge , & près de la
même vallée on trouve un grand nombre de roches
porphyriques.
Entre la rive gauche du Maya & la rive droite
du Rhin, près de ce fleuve, il exifte un terrain
que nous ne devons pas oublier de mentionner. Il
eft furtout très-vifîble fur la gauche du Rhin. Il
confifte en collines peu élevées, de formation
tertiaire. « Elles font compofées , dit M. Bron-
» gniart ( Recherches fur les offemens fojfiles s par
»» M. Cuvier), d’un calcaire qui a toutes les ap-
*> parences extérieures d’un calcaire groflier , &
?» qui renferme comme lui des coquilles marines
» en grand nombre, appartenant la plupart aux
»» mêmes genres , & fouvent foit à des efpèces
» identiques , foit à des efpèces très-voifines de
» celles que nous trouvons aux environs de Pa-
?» ris, dans une pofltion analogue.»» Ces reftes fof-
files fuffifent pour faire rapporter ce terrain à ceux
4 e fédiment fupérieur. On trouve dans quelques
couches de ce terrain des coquilles d’eau douce j
mêlées aux coquilles marines ou formant des lits
féparés. Elles appartiennent aux genres Hélice ,
Paludine & Hérite : ce s dernieres ont même con-
fervé leurs couleurs, & préfentent une grande
analogie avec celles de nos rivières.
En continuant à defcendre le Rhin, on remarque
entre le fleuve & la Lahn des fources falées
bc acidulés ; cette particularité tient à la nature
du terrain quî, à y ou 6 lieues des bords du
Rhin , commence à être volcanique} mais au-delà
du cours de la Lahn , il coule au milieu de terrains
entièrement pyroid.es : ils s’étendent fans interruption
depuis Coblentz jufque tout près de
Cologne. Cependant les environs de cette ville
font formés de vafles dépôts de craie inférieure»
c ’eft au-deffijs de cette roche que repofent l’argile
plaftique fl utilement employée dans les fabriques
de poteries de grès de Cologne , & ce
dépôt de lignite .terreux de Brühl & de Libler. A
N.iedermeinig, la terre végétale repofe fur iy à
2.0 pieds de ponces placées au-deffus des bafaltes.
A une dixaine de lieues de la rive droite du fleuve
s’étend , du fud-eft au nord-oueft 3 une chaîne
connue fous le nom de Siebengebirge 3 qui eft entièrement
volcanique : ces volcans paroiffent re-
pofer fur des terrains primitifs qui fur la rive
droite Ce terminent à la Roer, & fur la rive
gauche plus loin que le cours de l'Erft. Au-delà de
cet affluent du fleuve, c’e ft-à-dire, aux environs
de Bonn > Je Rhin traverfe jufqu'à fon embouchure
une vafte formation tertiaire qui confit
if ue le fol de prefque toute la Hollande} çependant
le calcaire fecondaire qui fupporte la formation
plus récente, fe montre fur un grand nombre
de points dont les plus vifibles font furtout les
environs d’Aix-la-Chapelle & de Maeftricht. La
même formation fe remarque aufli fur les bords de
la Lippe & conftitue dans certains endroits une
roche qui a la plus grande analogie avec la craie
inférieure.
Près d’Aix-la-Chapelle il exifle dans le terrain
fecondaire, des dépôts métallifères qui ont été
examinés avec foin par M. Oeynhaufen que nous
avons déjà cité. Les métaux que l’on en retire
font le zinc, le fer & le plomb. Le dépôt zinci-
fère paroît être limité à un très-petit efpace qui
occupe principalement les deux rives de la Meufe,
entre Huy & Liège. Les minerais de plomb & de
feroccupentun efpace beaucoup plus confidérable,
en remontant la Sambre & la Meufe, mais on les
retrouve encore dans quelques dépôts calcaires
de la rive orientale du Hem} on connoît même
à l’eft de Duffeldorf, à Iferlohn fur la Baaren,
des dépôts de zinc en nids dans le calcaire.
Près de Brilon fur la Moenne, au nord-eft de Cologne,
le même métal remplit Jes fentes du calcaire.
En général, fur les deux rives du Rhin, on retrouve
les mêmes variétés de roches & la même
diftribution de minerai. Il paroît aufli que le zinc,
le fer & le plomb fe trouvent fréquemment en-
femble, quoique leurs dépôts appartiennent généralement
à des âges différens. Ajoutons encore
que les couches calcaires des deux rives ont ab-
folument les mêmes caractères qu’elles fe prolongent
vers le nord-eft en formant un angle .de
45 degrés.
Nous ne poufferons pas plus loin J a defcription
des terrains qui s'étendent fur les deux rives du
Rhin, depuis Duffeldorf jufqu’à la mer du Nord }
ils préfentent d’ailleurs peu d’intérêt fous le rapport
de leur formation, puifqu’ils appartiennent
tous aux dépôts tertiaires & aux aliuvions. Sous
le feul rapport des efpèces fofîiles qu’on y
trouve, plufieurs localités font dignes d’attention}
mais notre plan n'eft point d’entrer dans
ces détails. Nous terminerons en rappelant que
fur quelques points de fes rives, & principale-
mens dans les terrains tertiaires qu’ il traverfe, les
aliuvions qui conftituent fes bords renferment de
l’or en paillettes} mais elles font maintenant fi
peu abondantes, que les habitans dès îles fituées
entre Bâle & Mayence, qui s’occupent encore de la
recherche de ce métal, n’en recueillent pas, année
commune, pour line fomme totale de plus de
15,000 fr. t^oyei Orpailleur. ( J. H.)
RHODE-ISLAND. Cette î le , fîtuée fur Va
côte orientale de l'Amérique feptentrionale, par
le 41e. degré de latitude nord & le 73e. degré yô
minutés de longitude oueft du méridien de Paris,
a environ 6 lieues de long .du nord du fud , & à
jpeinç
peine une de large de l’eft à l’oueft. Malgré fon
peu d’étendue, elle a été jugée digne de donner
fon nom à l’un des Etats de la république américaine.
La fertilité de fon fol, la douceur & la fa-
lubrité de fon climat, lui ont valu le lurnom de Paradis
terreftre.
Sous le rapport géologique, cette île n’eft point
fans importance. Les roches qui la conftituent pa-
roifîent appartenir à la formation fecondaire. On
y connoît des filons métalliques, parmi lefquels
le fer domine. On y a découvert tout récemment
des criftaux de la variété de fer calcareo-filiceux,
connue fous le nom d’yénite. Mais cette fubftance
ordinairement noirâtre offre à Rhode-lflande des
teintes d’un blanc-grifâtre, mêlées de jaunâtre &
paflant par différentes teintes de brunâtre au noir
parfait. (J. H.)
RHODES. Cette île, une des plus orientales
& des plus confidérables de la Méditerranée,
s’étend en longueur du nord-eft ail fud-oueft, depuis
le 35° 50' jufqu’au 36° 30' de latitude, &
lous une longitude de 2y° 30'. „
Elle a été autrefois connue fous les noms d’ O-
fiouJfe3 d‘AJlé rie 3 d‘Ætrée3 de Trinacrie , de Corym-
bia , d’Atabyria, de Stadia3 de Telchinis, de
Poëjfe, de Maorie 3 d’Olo'èjfe de de Pélagie. Dans
la fuite il ne lui refta que le nom de Rhodes, que
Diodore de Sicile Dit dériver de Rhode , fille.
d'Apollon & de Vénus. Bochart prétend que
ce nom lui vient de Rod3 mot phénicien qui
lignifie un ferpent, & . ajoute que, comme les
Grecs appeloient cette île Ofiouffe, à caufe qu’elle
avoit été infeètée de ferpens, les Phéniciens,
quand ils en furent les maîtres, la^ défîgnèrent
par le nom de Géfirath Rod3 c’eft-a-dire, d‘ile
des ferpens ; les Grecs ajoutèrent au mot de Rod
la terminaifon ordinaire de leur langue, & enfuite
en firent Rkodos. Nous nous conformerons à l’opinion
la plus généralement adoptée, notamment-
par Athénée, qui fait dériver fon nom de rodon ,
mot grec qui fignifie une rofe, cette île produisant
des roliers en grande abondance. Ce qui fortifie
cette idée, c’eft qu’on trouve encore plu-
fleurs pièces de monnoie des Rhodiens, où l’on
voit d'un côté le foleil, & fur le revers une. rofe.
Dans fa forme irrégulière elle préfente plufieurs
pointes très-avancées, dont les principales font :
au nord, le cap des Moulins} au fud , le cap Tranquille
} à l’eft, le cap de Saint-Jean} à i’oueft,
celui de Caudoura ( Mylantia promomorium)3 &
le cap de Pan au nord-oueft. Le golfe de Lindo,
à l’eft, eft le plus confidérable de l’île , & il eft
protégé par le port Saint-Nicolas. Rhodes peut
avoir 18 lieues de long, depuis le cap des Moulins
jufqu’au cap Tranquille. Sa plus grande largeur
eft de 8 lieues & fa circonférence entière de 45.
Les côtes font poiffonneufes ; la mer qui les baigne
fournit du corail & de belles éponges.
Une chaîne de montagnes boifées de de conf-
Géographie-Phÿfique. Tome V.
titution calcaire traverfe l’île dans fa longueur; les
monts Madone {Atabyris ou Atabyrius) en forment
le centre. Ces montagnes laiflent entr’elles
de nombreux vallons , fertilifés par de foibles
courans d’eau, & qui fe couvrent de moiffons
abondantes & d’excellens pâturages.
L’air de Rhodes eft fi ferein qu’il ne fe pafle
pas de jour qu’ on n’y voie le foleil. De là cette
fiétion poétique de l’amour de Phoebus pour cette
île, laquelle, félon les poètes, fut un marais inhabitable,
jufqu’à ce que Phoebus en devint amoureux
& la tira des eaux par fa puiffante influence,
Laiflant à part cette fiction, il paroît préfumable
que les cours d’eau torrentueux qui déchirent les
côtes de Lycée & de Carie, dont elle n’eft éloignée
que d’environ fept lieues, & les commotions
volcaniques affez fréquentes dans cette partie de
l’ Afie mineure, ne contribuèrent pas peu à la formation
de cette île.
; Le terroir en eft fi fertile, que cela même a donné
lieu à la fable que ce pays a été autrefois inondé
d’une pluie d’or. Il produifoit toutes forces de
fruits.délicieux & des vins fi exquis , que les Romains
ne s’en fervoient ordinairement que dans
leurs facrifices, & les croyoient, au rapport de
Virgile ( Georg. L. II) , trop bons pour les mortels.
Les oranges, les figues & les olives font en-
core aujourd’hui fes principales productions. Des
; coteaux agréables où la vigne fe plaît à ferpenter,
■ des fleurs fans nombre & une verdure riante dévoient
affiirer à cette île le nom de Macaria, mot
grec qui fignifie fortunée, qu’elle a porté d’abord.
Il faut encore joindre à fes productions le tabac,
dont on fait un bon commerce, & qui pafle pour
le meilleur après celui de la Thrace & de la Macédoine.
L’île de Rhodes ne contenoit du temps d’Homère
que trois villes ; favoir : Lindos, Camyros &
Jalijfos. La première étoit fur la côte orientale
& étoit fameufe par un temple confacré à
Minerve, ce qui valut à cette déefle le furnom
de Lindienne. 11 en refte encore quelques veltiges
dans le bourg de Lindo , élevé fur l’emplacement
de la ville. L’ autre , fitué fur la côte oppofée, ne
laiffe plus aucune trace que dans le nom d’un village
bâti fur fes ruines. Jaliflos, qui étoit la plus
ancienne, paroît avoir exifté du côté du nord ;
mais il ne refte aucun indice qui puiffe éclairer
des recherches fur ce point.
Ces trois villes furent, fuivant Diodore de Sicile
, bâties par Tlépolème, fils d’Hercule , avant
la guerre de Troye ; mais Strabon & Cicéron
prétendent qu’elles furent fondées par les Hé-
liades, dont chacun donna fon nom à la ville
qu’il bâtit.
La ville de Rhodes qui, dans la fuite, devint
la capitale de 1 île , étoit fituée fur la côte orientale
, au pied d’une montagne dont la pente étoit
extrêmement douce, & dans une agréable plaine
entourée , à quelque diftance de là , de plufieurs
O o