
dans les climats glacés on a trouvé dès gou-
verpemens defpotiques, c’étoit un clefpotirme militaire
; les habitans du Nord favent obéir, mais
i's obéiffent comme des foldats, & feulement
quand leur ch e f a fu fe couvrir de gloire.
Les facultés intellectuelles font en général
moins développées que dans le Midi, l’imagination
furtout y eft froide & décolorée, l’efprit
d invention y eft rare, & ce n’eft qu’aux arts
mécaniques que ces peuples s’adonnent avec fuc-
cès. Auft] a-t on remarqué que fi la chaleur faifoit
naître tous les genres de folies, la lottife, l’idio-
tifme, la ftupidité, étoient pr.efqu’endémique.s fous
les zones glaciales.
Croiffant lentement, excités & foutenus par le
froid , peu fatigués par les travaux de l’efprit, par
les écarts de la fi-nfibilité, ces hommes vivent
long-temps & atteignent fouvent une haute taille,
un âge très-avancé. C ’eft dans le Nord que l’on
rencontre les exemples de longévité les plus remarquables,
c’eft du Nord a uft] que font venus
tous ces peuples que l’ on a voulu faire palier pour
des géans.
Les Septentrionaux font en-général d’une haute
ftature, d’une conformation athlëtiqüe, gras,
blancs , frais ; leurs cheveux font blonds & doux,
leurs formes font vigoureufem; nt prononcées. Ils
ont befoin & en grande quantité a alimens fubf-
tantiels, le vin & les liqueurs alcooliques leur
font indifpenfables.
Les maladies les plus communes dans le Nord
font : les inflammations, les fièvres aiguës, & ,
toutes les affeélions qui dépendent d’une excitation
continuelle.
Dans ces généralités je fuis obligé de me borner
aux caractères généraux & tranchés, & je dois
laiffer de côté les cas exceptionnels. Ainfi en
donnant une haute taille comme trait diftinétif
aux peuples du Nord, on pourvoit citer comme
preuve du contraire, les habitans des pôles, dont
la taille excède rarement quatre pieds. Mais ç’ eft
que les excès du froid comme ceux de la chaleur,
«’ oppofent à l’ accroiffement, au dévelop-.
pement des organes ; la caufe eft différente, mais
les effets font les mêmes, cz dans l’ un & l’autre
cas, les individus ne font qu’imparfaitement développés.
Dans les climats tempérés on ne rencontre plus
aucun de ces excès qui exercent une fi énorme
influence : là, la chaleur Sz le froid ne font jamais
infupportables, jamais non plus ils ne régnent
d’une manière longue & continue; là , les fàifons
fe fuccèdent &• amènent des températures variées;
là enfin, les peuples jouiflènt en quelque forte
de tous les avantages des climats fans en reffentir
les inconvéniens. Ils n’ ont ni les formes athléti-
ues des peuples du Nord, ni la fenfibilité exaltée
es habitans du Midi, mais un équilibre favorable
fe remarque entre leur phyfique & leur moral,
&r c’eft chez eux que l’on voit ce terme moyen de
la force, de la ftruéture, de l’intelligence, qui
conftitue le véritable type de. la fan té , & que les
phyfiologiftes ont nommé le temperatum tempera-
mentu-n. Leur taille eft belle •&; bien proportionnée,
leur ftature élégante, leur teint fleuri, leurs
cheveux châtains, leurs facultés intellectuelles
vives & îufceptibles de perfectionnement. Chez
eux . le courage &r l’amour de la gloire peuvent s’ allier
.a la fenfibilité morale; ils fe plieront à toutes
les formes de gouvernement, mais jamais ils n’auront
ni l’obéiffançe fervile des peuples du Midi,
ni 1 efprit d’indépendance des Septentrionaux.
Leurs pallions mieux réprimées font en général
peu durables, leurs goûts font plus épurés, leurs
moeurs plus douces. Quant à leurs maladies, elles
font nombreufes : s’ils font exempts de celles oc-
cafionnées par une chaleur extrême ou par un froid
exagéré, en revanche ils ont toutes celles que
font naître tous les changemens brufques dé la
température ; c’eft chez, eux que l’ on rencontre le
plus d’ affeClions aiguës, de fièvres de divers caractères,
d’épidémies meurtrières qui dépendent
des influences atmofphériqnes, & de ces maladies
mixtes compliquées , confiifes dans leur marche
& dans leurs fymptômës , & qui rendent l ’exercice
de la médecine fi difficile & fi incertain. Du refte
ic i, comme dans les deux autres grandes divifions
que nous avons^dmifes , il faut confidérer l’en-
femble, la malle, & ne pas chercher une ligne de
démarcation tranchée._On conçoit que plus on
fe rapprochera de l’ un ou de l’autre des climats
extrêmes, plus on retrouvera d’analogie entre les
habitans des zones tempérées & ceux de ces climats.
Certes il exifte une énorme différence entre
les Anglais & les Italiens, & pourtant les uns &
les autres appartiennent aux pays où la chaleur
& le froid fe bala }cent à peu près également.
Il eft évident que la chaleur & le froid ne font
pas les feules caufes qui puiffent modifier la forme,
la ftruéture, la fenfibilité des êtres vivans; il en
eft d'autres dont on doit tenir compte lorfqu’ on
étudie les influences du climat, fin effet, la nature
du fol, fon expofition ,fo n élévation ou fa dépref*
fion, fa fécherefte ou fon humidité , la qualité des
eaux qu’ on y boit, celle de l’air qu’ on y refpire,
impriment aux habitans des modifications particulières.
Par tout où le terrain eft bas & humide, dans les
vallées profondes, à l'embouchure des fleuves,
fur les bords de la mer, comme en Hollande,
dans la baffe Egypte, dans les favanes de l ’Amérique
méridionale, l’organifation eft détendue Hz
débilitée , tous les tiffus font relâchés, l’eftomac
eft affoibli, le tiffu cellulaire eft extrêmement fpon-
gieux , l’eau eft malfaine, les alimens font fans laveur
j c’eft ce qui a fait dire aux Efpagnols , qu’à
Valence, pays fouvent inondé par les eaux du
Guadalquivir : La viande y tft de l'herbe, l ’herbe de
L* eau 3 le s ■ hommes font des femmes , & les femmes
rien. Dans ces contrées il n’y a pas ou prefque
pas de tranfpiration, parce que l’air eft trop
chargé d’humidité} auffi les habitans y font-ils
difpofés à toutes les maladies lymphatiques, aux
engorgemens, aux hydropifies, à quelques affections
de la peau, à la goutte, au fcorbut. Les
habitans y font allez grands, d’un embonpoint
fouvent excellif; mais leur peau molle, pâle,
jaunâtre, leur haleine fétide, leurs mauvaifes
dents, leurs cheveux blonds & flexibles, leur
imagination froide, leur indolence, annoncent
affez l’état de malaife dans lequel ils vivent continuellement.
Les pays humides & bas font fans
contredit les plus malfains de tous, & ils le
font d’autant plus qu’ ils fe rapprochent davantage
des tropiques } l'air plus chaud s’y charge d’une
plus grande quantité d humidité, & c’elt furtout
lorfqu’ en même temps il fouflie un vent d’oueft
ou de fud, chargé de principes aqueux, comme le
firocco de* 1 Italie ou ces raffales fi funeftes à la
Nouvelle-Hollande, que l’on peut obferver le
plus grand abattement chez les individus, que
io n voit fe déclarer les maladies les plus opiniâtres
& lès plus meurtrières. G’eft dans ces
trilles contrées que l’on rencontre les êtres les
plus contrefaits , les plus abrutis} c ’eft là que fe
trouvent ces détins de toute efpèce; c’ eft là enfin
que la civilifation & les lumières ont le plus de
peine à pénetrer.-
Dans les lieux élevés & fecs on eft frappé par
des phénomènes tout-à fait contraires : les hom-
. mes vivant iahs ceffe dans un air agité , v if, pur,
raréfié, y font maigres, agiles, vigoureux} leur
peau eft colorée , leurs fondtions organiques s'exécutent
avec energie, avec plénitude; leur intelligence
eft fine, leur fenfibilité exquiie. Ils aiment
la chaffe, la guerre , l ’indépëndarîce. C ’ eft chez
des montagnards que le gouvernement républicain
a pris d'abord naiffance & qu’ il s’ell le mieux
maintenu ; ce font eux qui fournifiènt les meilleurs
& les plus intrépides foldats; c’eft chez eux que
l’on rencontre encore les moeurs les pluspurcs,
les fentimens moraux les plus perfectionnés* E x po
fé s à une excitation continuelle, leurs maladies
j mais ces influences fe rattachent toutes à i’ ur.e de
J celles que j’ai fignalées.
! Maintenant fi des maffes on paffe aux individus
ont toutes le caraétère inflammatoire, toutes le
terminent promptement, Sz lorfque dans l’ âge de
la vigueur ils ont échappé aux phlegmafies, ils
peuvent efpérer une longue vieillefie ; c’eft dans
les montagnes, fuitout du côté du No rd , que '
l’ on rencontre le plus de centenaires.
. Entre ces deux extrêmes les pays de plaines
tiennent un jufte milieu, & peuvent fe rapporter ,
aux climats chauds avec tous les inconvéniens de
la féchereffe, li elles font couvertes de fables & j
brûlées par le foltil comme les déferts de l’Arabie
pécrée ; aux climats froids fi la neige les recouvre !
l'ans ceffé ; tandis qu’elles participent des climats j
tempérés fi elles font fertiles & modérément arro- '
fées. Chacune de ces circonftances topographi-
ques a une influence marquée fur les individus.
, fi des grandes généralités on arrive aux
applications particulières, on trouvera une foule
de modifications, de nuances, d’exceptions aux
lois qui ont été établies par tous les obfervateurs,
mais qui toutes dépendent de la civilifation. C e n'eft
pas l'homme vêtu , lo g é , nourri d’alimens de tou s
les climats qu’il faut prendre pour typ e , c’eft
celui qui fe foumet fans défenfe & fans précautions
à toutes les influences de l'air, de l’eau, des
I lieux , & pourtant, même chez les peuples les
plus civilifes, ces influences fe font encore fentir ;
il n’en eft pas qui puiffe s’y fouftraire entièrement,
mais c’eft à la médecine légale & à l’ hygiène
publique qu’il appartient de s’en occuper.
( D . )
PHÉNOMÈNES ATMOSPHÉRIQUES. Notre
'1 intention n’ eft pas d’expofer dans cet article le
j réfuitat des obfervations & des recherches des
J phyficiens fur là compofition de l’acmofphère de
notre planète : nous renvoyons pour ces détails à
l’article A t m o s p h è r e . Nous nous propofons feu-
I lement d’examiner quelle eft l’influence que cette
I humide enveloppe de la terre a fur les phéno-
I mènes météoriques ou autres , tels que les aéro-
J lites 3 la neige , les pluies , les vents , les brouillards 3
1 la rofée 3 les orages, les ouragans , les trombes , les
aurores boréales , & divers autres météores ; enfin ,
‘ fur tous les phénomènes qui fe développent dans
S fon (ein, & même d'examiner d’abord, dans l’état
j primitif de la terre , fi l'atmofphère ne devoir
! point être toute differente de ce qu’elle eft au-
i jourd’hui , & fi fa compofition n'a pas eu une
: grande influence fur la formation de la croûte de
i notre planète.
! Les phyficiens font d’ accord fur ce point pour
! ainfi dire fondamental, que la mobilité extrême
j des molécules de l’atmofphère, ainfi que la diffé-
I rente denfité des couches qui la compofent, font
les principales caufes de la formation de tous les
! météores. Et comme c’eft au milieu de l’atmo-
! fphère que les divers êtres organifés naiffent,
vivent, prennent leur accroifîlment ; que depuis
l’animalculemicrofc.opique jufqu’à l’éléphant, depuis
le lichen jufqu’ au cèdre majeftueux , depuis
,1e plus humble minéral jufqu’au métal le plus précieux,
tous les corps connus, les plus Amples &
les plus compofés, prennent ou ont pris dans fon
fein les principes conflituans de leur organilation
ou de leur développement, & qu ils y élaborent
en fuite les differens fluides qui fe forment pendant
leur vie ou après leur m or t, pendant leur
formation ou leur décompofition, pour donner
naiffance à d’autres compofés qui, ainfi que l'at-
tefte l’étude de la géologie , ont varié à diverles
époques, & qui varieront peut-être encore dans
la fuite des temps ; on eft donc en quelque forte