
conféquence tout oppofée. Nous efpérons pouvoir
prouver ailleurs que* les Z a biens, malgré la
conformité qu’ ils paffent pour avoir avec les Ismaéliens
& les Guebres, peuvent être confidérés
comme appartenant à la plus ancienne feéte chrétienne,
& que leurs principes fe- retrouvent dans la
plus antique religion connue.
La population des Perfans indigènes s’élève à
peu près à 8,000,000.'
Afghans. Ces peuples habitent les-' montagnes
& les plaines fituées fur la rive droite de T In dus.
Ils font propriétaires. & indigènes du pays limitrophe
des montagnes de la Tavtarie , de certaines
parties du golfe de Camboye & de Perfe.
Leur contrée fe prolonge depuis l’ Indus jufqu’aux
frontières de la Perfe. Ils font tou t-à-fait dépourvus
de civilifation ; ce qui tient autant à leur
ifolement qu’ à la pauvreté de leur pays, q ui, depuis
l’ Indus jufqu’à-la chaîne q i le ciiconfcrit
a l’occident, produit peu de chofes nécelfaires
à la vie. Le bois, par exemple, y manque entièrement,
en forte que , fuivant G. Forfter, la
baffe ciaffe du peuplé, dans les cantons fepten-
trionaux, fouffre autant d e là difette de bois en
hiver, que dans d’aurres pays elle fouffre de l’ indi
gence. Ils n’ontpoint d’écriture particulière , mais
ils parlent une langue qui leur eft propre. Ils ont
le plus profond mépris pour la vie fédentaire &
civiliféé. G. Forfter prétend qu’ ils n’ont dans leur
phyfionomie , ni dans leurs ufages, ni dans leur
caractère, ni dans leur langue, aucune analogie
avec lesTatars, avec lefquels on les a Couvent
confondus.
Les Afghans font robuftes, braves & adonnés à
la rapine. Ils font gouvernés par un fouverain ou
Çchah. Us font, fuivant quelques-uns d’entr’ eux ,
les defcendans des Ifraélites ; d’autres croient
qu’ ils font Egyptiens d’ origine. Quoi qu’il enffoit,
William Jones, qui a fait un Dictionnaire de leur
langue, y a trouvé beaucoup de rëffemblance avec
le chaldéen.
Ces peuples fe partagent en plufîeurs tribus,
dont les deux plus confidérables font les Afghans
& les Hefareh; & à propos du nom de cettî
fécondé tribu, William Jones fait obfetver qu’il a
beaucoup d’analogie avec celui d’Arzareth , pays
où les dix tribus juives, fuivant Efdnis, fe fixèrent
après avoir erré long temps. Ces différentes tribus
portent le nom général de Patans.
Les Afghans, fournis par les Tatars, reçurent
d’eux la religion muiulmane ; mais ils en fuivent
les rites avec peu d’exaCtitude. Leur nourriture
habituelle fe compofe de froment & d’orge , de
la it, de beurre & de fromage. I s ne mangent pas
de viande,, & cependant ils font remarquables
par leur vigueur, quoique dans leur climat l'homme
foit fréquemment expofé à paffer rapidement en
un jour, du grand froid au grand chaud.’ Les
forces militaires de ce peuple guerrier confiftent
principalement en cavalerie > les chevaux font à
bas prix chez eux ; leurs armes font le fabre & le
piftolet; l’ infanterie ‘ eft armée de fufils. Comme
elle eft méprifée, elle n’eft compcfée que de
mauvais foldats. Leur artillerie n’eft pas mieux
aguerrie. Leur armée s’élève à environ 40,000
hommes : ce qui peut faire évaluer leur population
à f00,000:- .
Arméniens. Ces peuples, depuis • long - temps
dégénérés parle defpotifme , font vils & abrutis,,
quoique naturellement induftrieux- On les trouve
difperfés fur différens points de l’Inde, de la Perfe-
& de la Turquie , où ils vivent de diverfes opérations
mercantiles.
Cependant ceux qui habitent l’Arménie proprement
dite, pays qui forme un plateau très-élevé
que dominent l’Ararat & le Kahi-Seiban , entretiennent
diverfes fabriques & feli vrent à l'agri-
qulture. Ils font d’ une taillé élégante-& d’une
phyfionomie fpirituelle. Chez eux fe retrouve le
gouvernement patriarchal ; le plus âgé de chaque
famille en eft le chef. La religion chrétienne,
qu'ils profeffent, diffère de celle des catholiques
par des points importais.
Leur langue , toute par.icuîière, eft d'une prononciation
rude.
Leur , population eft de 1,700,000 âmes.
Nogaïs. Ces Tartares habitent tout le pays fitué
le long du rivage de la m e r , depuis Aftrakan
jufqu’ à l’Yaïk. Les Nogaïs ont beaucoup de reffem-
blance avec les Kalmouks, mais ils font moins
laids & moins fales ; ils n’ont pas non plus les
yeux auffi petits. Ils font rtiufulmans.
Turcomans. Ils errent dans l’ Arménie, dans la
Syrie & dans l'Afie mineure. Originaires des bords
orientaux de ‘la mer Cafpienne, ils ne portent
point, comme d’autres peuplades , la dévaftation
partout où ils paffent. Ils Vivent fous des. tentes
de feutre, du produit de leurs troupeaux. Us
font doux, paifibles & pauvres ; cependant leur
allure eft guerrière ; ils ne marchent qu’armés de
piftolets, d’une lance & d’un fabre. Leur langue
eft celle que parlent les Turcs. Leur religion eft
un mahométilme dégénéré.
Us forment en Syrie & en Arménie une population
de jo ,000 individus; mais dans la Perfe
leur nombre s’élève à plus de 420,000.
Ces hommes font plus trapus que les Ouzbèks ;
ils ont la figure plus large, & tefferiîblent davantage
aux Kalmouks. Us font tous nomades, dit le
colonel G. Meyendorff. Leurs demeures principales
s’étendent fur la rive gauche de l ’Amou-
Deria, depuis Kirki jufqu’aux frontières de la
Khivie. Sur la rive droite du fleuve, ils ne s’étendent
guère au nord du lac Carakoul, parce
qu’au-delà ils ne trouvent plus que des plaines dépourvues
de pâturages. Leurs richeffes confiftent
en troupeaux de chevaux peu nombreux, mais ef-
timés. Leur culture principale eft celle du riz.
Leur population s’élève , en Boukharie, à environ
90,000 individus.
Lefghis, Didosy Koubafches. Les montagnes & les
vallées de la* partie orientale du Caucale, au-dela
des rives duTe rek, jufqu'à celles du K o ïfu , nour-
riffent, ces peuplades tartares, qui diffèrent par
leurs moeurs plus que par leur langage . car elles
parlent plufîeurs dialeétes du même idiome, qui
n’a , dit-on , des rapports qu’avec celui des Finlandais.
Les Lefghis (e diftinguent des autres peuples
de cette contrée par leur bàrbarie & leurs brigandages.
Accoutumés à fupporter la faim & la foif, on
prétend que, dans leurs excuvfions , lorlqu’ils font
réduits, faute de vivrés. à la dernière extrémité ,
î’ un d'entr’eux, défigné par le fo r t , fert de nour- ^
riture à les camarades. Leurs femmes, renommées
par leur beauté , fe font renommer auffi par leur
hardiefte & leur intrépidité. Ce peuple lauvage
eft compofé d’hommes robuftes qui, grâce à leur
vie aètive & à la vivacité de l'air qu’ ils refpirent,
atteignent un haut degré de longévité. Quelques
Lèfghis , font chrétiens ou mahumétans, mais la
plupart adorent les aftres, les arbres & les fleuves.
Didos. C èp eu p le , montagnard & pafteur, diffère
effentiellevnent des Lelghis par fes moeurs
douces & fon indolence.
■ Koubafches. Us prétendent être Européens d’o-
jig in e , & le donnent le nom de Frenks. 11s fe diftinguent
de leurs voifins par leur fobriété & par
leur caraétère-loyal. Induftrieux & aétifs, ils ban-
niffent & méprifent tout individu qui ne vit point
de fon travail, lis fuivent la religion mahométane ;
mais chez eux la polygamie n’eft point en ufage.
Ces trois peuples , & plulieurs autres peu im-
portans qui habitent la même contrée, forment
une population dîenviron 40,000.âmes.
Kourdes. Us ont le teint blanc, la taille bien
prife, & la phyfionomie fpirituelle. Pafteurs, va
gabonds & entreprenans, plulieurs de leurs tribus
fe livrent au brigandage. Leur idiome eft le per-
fan , mêlé de mots arabes & chaldéens. Leur religion
eft un mahométifme dégénéré. Ils forment
une nation de 140,000 hommes armés,
Leur population peut être eftimée à yco,ooo
individus.
En Perfe, leur nombre s’élèvera plus de 90,000
qui mènent la vie nomade, & à 20,000 qui fe
livrent à l’agriculture.
A fr iq u e . — Syriens. Les peuples de la Syrie ,
c’eft-à-dire de la contrée comprife entre la mer
Méditerranée & les deferts de l’Arabie , depuis
Gaza jufqu'à Alexandrette, font un compoié de
nations diverfes , mélangées depuis des fiècles.
On y voit des Grecs , des Arabes & desTurcs,
qui y conftitueht la population fédentaire des
villes ou la population agricole des campagnes.
Il faut y ajouter encore trois peuples errans &
pafteurs, les Turcomans, les Kourdes & les
Arabes-Bédouins. L'idiôme le plus ufité eft 1 arabe*
Dans la contrée que nous venons de défigner ,
l’influence des localités fe fait remarquer aifément.
Ainfi, comme le dit V o ln e y , les habitans- des
plaines du midi font plus bafanés que. ceux du
nord ceux-ci le font plus que ceux des montagnes.
Dans la chaîne du Liban , le teint ne diffère
pas de celui des peuples de la France centrale.
Les habitans “de la Syrie font en général d’une
ftature moyenne j ils font moins replets que ceux
du Nord. Cependant, dit encore Volney, on
trouve dans les villes quelques individus dont le
ventre prouve , par fon ampleuri que l'influence du régime
peut y jufqu'à un certain point, balancer celle du
climat.
Les peuples defeendus des Grecs font les Maronites
; ceux qui descendent des Arabes font les
Drupes , les Matoualis & les Anfariés.
La population de la Syrie peut être évaluée à
plus de 1,800,000 individus.
Arabes-Bédouins. Ce peuple parcourt les frontières
de la Perfe , l’Egypte , la Svrie & plufîeurs
autres parties de l’Afrique. Son furnom, fuivant
. Volney, fignifie homme dudéfert. Formant un grand
nombre de hordes & de tribus, tous femblerft
appartenir à la même famille par des caraéteres
qui leur font communs. La taille de ces* peuples
dépaffe rarement cinq pieds deux pouces.
Us font généralement maigres 5c très-bruns de
peau y leurs cheveux noirs font crêpés touffus*
leurs yeux font vifs î leur phyfionomie eft animée
& fpirituelle ; leurs jambes font feches & fans
mollets. Il fembleroit que h chaleur & l’ aridité
du délert fût chez eux la caiife d’un défaut q u i,
chez leurs chevaux, eft une qualité caraétériftique
de leur race.
Rien n'égale la fobriété & l ’abftinence d e l*A-
rabe-Bédouin. Selon Volney, la fomme ordinaire
des alimens de la plupart d’ entr'eux ne dépaffe
pas fix onces par jour. « Six ou fept dattes trem-
» pées dans du beurre fondu, quelque peu de
» lait doux ou caillé, fuffifent, dit-il, à la journée
» d’un homme. Il fe croit heüreux s’ il y joint
» quelques pincées de farine groftière, ou une
» boulette de riz. La chair eft réfervée aux plus
» grands jours de fête; & ce h’eft que.pour un
» mariage ou une mort'que l ’on tue un chevreau ;
« ce n’eft qu’ aux Chaïks riches & généreux qu'il
>3 appartient d’égorger de jeunes chameaux, de
As manger du riz cuit avec de la viande. Dans fa
33 d ifette,le vulgaire toujours affamé ne dédaigne
33 pas les plus vils alimens; de là l’ufage où font
33 les Bédouins de manger des fauterelles, des
»3 rats, des lézards de des ferpen^ grillés fur des
V> brouffailles; de là auffi leur conftitution délicate
33 & leur corps petit & maigre, plutôt agile que
»» vigoureux. »3
Impitoyable envers l’étranger qu’il rencontre ,
l’Arabe s’acquitte fcrupuleufement des devoirs de
l’hofpitalité, lorfqu’ ii eft retiré fous fa tente,
tifïée en poils de chameau.