
que c ’eft en tain que le gouvernement chinois a
tenté jufqu’à prefent de leur infpirer le goût de
l’ agi iculture.
Leur nourriture confiée en laitage 8c en gibier ;
rarement ils tuent leurs animaux domeftiques.
Leur langue, fGnore .& harmonieule, eft la
même que ce lle des Mongols, mais elle diffère
du tartare ; elle a un alph.<bvt compofe de quarante
quatre lignes.
Leur religion ell celle du Datai Lama, pontife
fouverain, aufli refpecté que le Pape chez les
catholiques romains.
Leur population eft eftimée à i,ooo ,o co d'individus.
Ceux qui font reliés en Ruflie habitent la
contrée fituée entre le V o ga & l’Oural; ils font
au nombre .de 50,000.
Mongols. Les Mongols habitent le pays ficué
dans le baftin du Hoyang-Ho, & fur le plateau
fitué entre les monts Hongur & lts monts Siolki.
Les cara&ères de leur figure lont les mêmes que
ceux des Kalmouks, donc ils parlent aufli le langage.
Mais ils font plus adtifs, plus civilités, plus
induftrieux ; ils diffèrent même de leurs yôifins
par leurs connoiftances agricoles. Peut-être la
caufe de cette différence vient-eile de ce que
leur pays, à l'exception du plateau ftéri'.e qui le
domine, eft couvert,d'un fol argileux & fertile,
qui le rend propre aux richeffes de l’agriculture,
8c qui diminue en eux le goût de la vie nomade.
Leur religion eft la même que celle des Kal-
mouks, mais elle eft moins remplie de fuperfti-
tions. La polygamie leur eft permife, mais cependant
chaque Mongol n’ a généralement qu'une
femme. Ils ont des temples, des lois écrites, &
un alphabet compofé de quatre-vingt-dix huit
lignes.
Leur population s’ élève à joo,ooo âmes.
Mantchoux. LaMantchourie occupe le baftin du
fleuve Seghalien. Le peuple qui l’habite eft regarde
par ia plupart des auteurs comme appartenant à la
population tongoufe. Ils ont en effet les mêmes
caractères phyfiques ; mais ils en different complètement
par leur activité , 8c furtout par leur civili-
fation , qui eft très-avancée, fi on la compare feulement
à celle dès Tongoufes. Ils ont une langue
écrite qui parte pour être la plus riche & la plus
favante des langues tartares ; elle fe compofe de
1500groupes de fyllabes. Suivant les détails fournis
par les jéfuites qui ont parcouru l’Empire chinois,
les Mantchoux n’ont ni temples ni images, ils
adorent un être fuprème. Nous ferons encore ob-
ferver ici que la Mantchourie eft un pays très-
riche en végétaux ; que le climat y eft doux & le
fol très-fertile.
On peut évaluer à 600,000 âmes la population
des Mantchoux.
Coréens. La péninfule de Corée e f t , à caufe des
montagnes qu’elle renferme, expofée pendant
l’hiver à toutes les riguènrs des contrées les plus
froides j mais le fol y eft d’une grande fertilité.
Les Coréens, fans être grands, font bien faits;
leur phyfionomie eft agréable, fpirituelle même,
& tout annonce en eux une. difpofition marquée
vers la civilifation ; mais l'état de dépendance &
de mépris dans lequel les tient leur gouvernement
tributaire des ( hinois, a étouffé eh eux tout fen-
timent de dignité, & ils font adonnés à tous les
vices qu’enfantent la tyrannie .&* i’efclàvage. Du'
refte , fous le rapport des arts & de l ’inftru&ion,
ils font fort au defîous des Chinois, leurs conqué-
rnns & leurs maîtres ; cependant leur pays fcrti’e
eft bien cultivé.
Leur langue, quoiqu’ elle renferme des mots
chinois & mantchoux, paroît être un idiome particulier,
refte inconnu d'une antique civilifation.
Leur population eft évaluée à 8,oco,ocO d’ames.
Japonais. L’Empire du Japon fe compofe des
îles Niphon , Kiufiu 8c SikokE Les Japonais-font
robuftes, bien fa its , 8c u’ une taille moyenne.
Leur teint annonce un (ang mélangé; il varie
entre le brun, le jaunâtre 8c le blanc pâle. Ils
ont la tête large , le cou court, le nez gros, les
yeux petits , fendus, enfoncés ; les fourcils élevés,
les cheveux noirs & épais. Leur nourriture con-
lîfte principalement en poiftons , en végétaux 8c
en fruits. Ces peuples font trës-adonnés à l’agriculture
; dès la plus haute antiquité, la culture de
la terre eft honorée par le gouvernement & préf-
crite par les lois. C ’eft à cette prédile&ion pour
la vie agricole , que le Japonais doit fes moeurs
douces, fon induftrie , fes arts, fes fciences & fa
civili'ation.
l eur langue, favante 8c compliquée, diffère à
la fois du Chinois , du Mantchoux 8c du Kouri-
lien. Leur gouvernement eft monarchique ' La nation
eft partagée en deux croyances religieufes ;
l’une admet l ’immortalité de l’ame, l ’exiftence
d’ un être fuprême, qu’ il n’ eft point permis de re-
préfenter par des images ou des idoles, & l’abf-
tinence nécefiâire de toute nourriture animale ;
l’autre paroit être le boudhifme modifié par quelques
croyances étrangères ; elle admet celles de
la tranimigration des âmes , & celle d’une viè
future.
Outre ces deux principales religions, il exifte
au Japon plufieurs feétes philofophiques qui prennent
la morale de Confucius pour guide, 8c qui
n’admettent ni culte ni temples.
Les Japonais, naturellement doux & tolérans,
n’ ont jamais paru difpofés aux querelles religieuîes.
Ils ont lailfé paifiblement le chviftianifme s’établir
au milieu d eux , jufqu’au moment où les intrigues
des jéfuites leur prouvèrent que la religion qu’ ils
prêchoient étoit dans les mains de ces miflion-
nairesun moyen politique de fonder une puiffance
indépendante & ennemie du gouvernement.
La légiflation ne permet qu’une époufe au Japonais.
La population s’y élève , dit-on, à plus de
25,000,000 d’habitans.
lnfulaires
■ lnfulaires fournis aux Japonais. Les habitans des
îles à'lejfo , de Seghalien & des Kouriles, diffèrent
effentiellement des Japonais. Lés circonftances
phyfiques & Leur afferviffement politique en ont
fait, fous le rapport de l’intelligence, un peuple
bien inférieur au Japonais. Il a reçu de celui-ci le
furnom de Mo-Sin. ou de corps couvert de barbe j
& en effet ils font généralement très-velus. Leur
taille eft plus élevée & plus robufte que celle des
habitans du Japon. IL font habiles nageurs 8c
d’ une agilité remarquable. Leur barbe eft noire,
épailfe & touffue ; leur chevelure, de même couleur,
eft un peu crépue > leur vifage èft tatoué &
barriolé de diverfes peintures. Leur intelligence
paroît être très-bornée. Leur nourriture confifte
principalement en poiffon & en gibier. Etrangers
aux fyftèmes de morale fi répandus chez leurs
voifins, leur religion confifte en quelques libations
qu’ils font en l’honneur de leur divinité ;
le frère peut époufer fa foeur, & il peut avoir
autant de femmes ^u’il veut. Ils ne connoiffent
point l’art d’écrire, 8c leur langue paroît être un
idiome particulier.
On n’a aucune donnée pofitive fur la population
de ces îles.
Chinois. Ils habitent le verfant oriental des monts
Alajan. Les caractères phyfiques de ce peuple
font d’avoir la taille moyenne, le vifage rond, le
nez moyen, la barbe'rare, les yeux.noirs, petits
& inclinés vers le nez. Leur teint eft généralement
blafard, mais dans la partie*méridionale de la
Chine ils ont la peau un peu bafanéel
Nous ne dirons rien des arts & des fciences
cultivés chez les Chinois, ni de leurs connojf-
fances en agriculture, ni de leurs moeurs, ni de
leur politeflè exagérée ÔC cérémonieufe, ni de la
douceur de leur caractère, quoiqu’on les dife
très-proceftifs. Tous ces Tu jets, traités tant de
fois avec le ton de la critique la plus févère ou
de la louange la plus exagérée, feroient ici dépourvus
d’interet relativement à la queftion que
nous examinons. Nous ferons feulement obferver
que la Chine eft fi neureufementfituée, qu’ il n’eft
pas étonnant que ce foit le pays dans lequel la
..civilifation remonte aux temps les plus reculés,:
& qu’elle eft fi productive d’objets de première
neceflïté & fi riche en matières premières, qu’ il eft
eh quelque forte naturel qu elle foit l’ une des
plus.anciennes patries des arts, des fciences & de ;
l’induiirie. Il eit vrai que les Européens furpaffent
les Chinois dans la plupart des arts 8c. dans toutes,
les fciences; mais n’oublions pas qu’ il ne faut
point juger les arts qu'exerce ce peuple par leur
comparaifon avec les nôtres, car les réglés 8c
le goût qui préfident aux arts , étant une confé--;
.quénee néeelfaire de certaines idées ou de quelques
préjugés qui .varient félon chaque peuple I 8c
qui le modifient ou s’éclairent par fuite de leurs i
communications entr’eux, fi les Chinois n’ont fait
aucun progrès dans les arts, il faut l’attribuer à
Géogr apkie-Phy fiq te. Tome
leur ifolement des autres nations. Leurs fciences
font aufli peu avancées, ce qui tient en partie
à la même caufe; mais rappelons-nous f;rtout
qu’ils connoifloient l’imprimerie, la poudre à
canon, la bouffole même , 8c d’autres inventions,
quand l’ Europe étoit plongée dans la plus hon-
teufe.barbarie.
La population des Chinois s’élève, dit-on, à
plus de 150,000,000 d’habitans.
Tonquinois. Le royaume de Tonquin eft fitué
fur le verfant oriental d’ une longue chaîne de
montagnes qui defeendent de l ’Himalaya, &
dans le baftin que traverfele Koti Kiau. Limitrophe
avec l’empire de la C hiné, dont il eft tributaire,
le peuple femble y participer des mêmes qualités
intellectuelles, comme le fol y participe de la
même fertilité.
Les Tonquinois font d’une taille médiocre
comme les Chinois, mais plus méridionaux que
ceux-ci, ils font tous bafanés. Leurs cheveux font
noirs, longs & épais; ils font aCtifs, adroits, induftrieux
, amateurs des fciences & polis envers
les étrangers. L’agriculture eft chez eux exercée
avec talent; mais le gouvernement du Tonquin,
moins jufte 8c moins paternel que celui de la
Chine, fait gémir le peuple fous un joug infup-
portable.
La religion des Tonquinois eft un déiftnepur,
fondé fur les dogmes de Confucius.
La population eft évaluée à ƒ,000,000 d’ames.
Cochinchinois. La Cochînchine eft fituée fur le
verfant oriental de-la chaîne des monts Kemoys.
Le peuple de cette contrée reffemble beaucoup
aux Chinois; il èft do -x, franc, agile 8c g a i, 8c
& tellement hofpitalier, que tout voyageur ou
étranger a le droit de partager la nourriture avec
les habitans chez lefquels il lui plaît d’entrer, fans
aucune invitation. Dans chaque homme le C o chinchinois
voit un frère. Les habitans de la
clarté élevée' aiment les arts 8c les fciences. , Ce
peuple eft tellement laborieux qu’on ne rencontre,
difent les voyageurs, ni voleurs, ni mendians.
L’ agriculture & l ’induftrie y font dans un état
très - fl or i fiant. La fertilité de ce pays-, la beauté
de fon climat, ont fans doute, comme à la Chine,
difpofé le peuple à la civilifation.
La religion dominante chez le Cochinchinois eft:
le polythéifme.
La population s’y élève à 10,000,000 d’ames.
Siamois. Les Siamois habitent le verfant occidental
d’une longue, chaîne'& le baftin du Me-
nam. Sans le honteux defootifme fous lequel ils
font alTervis, l’influence d’un beau ciel & du plus
fertile pays du monde développeroit leur induftrie
& leur intelligence ; mais réduits au plus dur ef-
clavage, fous un monarque qui ne connoît d’autre
loi que fa volonté; obligés de confacrer Ira moitié
dé 'leur temps à travailler pour leurs maîtres ou
pour le gouvernement; partagés en trois clafl’es :
les magiftrats, les foldats & les efclaves; les