
femble des faits obferve s jufqu’à préfent, les '
corps organifés foffiles des divers baflins tertiaires
font d'autant plus femblab’es entr'eux,
qu’ils font à une égale diftance des mers a$uelles
&: qu’ i's dépendent des mêmes mers.
Les baflins tertiaires fitués à égale diftance des
mêmes mers feroient donc ceux dont les dépôts
préfenteroient le plus d’analogie} c ’eft du moins
ce que femblent annoncer les baflins de Londres
&.de Paris , ainfi que ceux qui bordant la Méditerranée.
11 paroît également q.-ie plus les baflins
t-.rtiaires font rapprochés des mers actuelles, &
plus ils offrent de nombreufes variations de baffin
a baflin, même dans des localités fort rapprochées.
Ainfi j à mefure que les mers fe retiroient,
traire les corps organifés enfevelis dans les
couches les plus profondes & les plus fuperfi-
cielles des dépôt* tertiaires, l'on reconnoît que
fi les efpèces diffèrent d’un étage à l'autre de ces
dépôts, il n'en est pas de même des genres qui, ne
différant pas beaucoup entr’eux, annoncent que les
formes des corps organifés qui ont péri dans cette
période géologique | n’ont pas changé d'une
manière fenfible.
Quoi qu'il en foit, l’ on ne voit jamais dans les
baflins tertiaires du midi de la France les cinq
formations princip .les qui caraétérifent les baflins
terriaires dé Londres & de Paris, réunis fur un
| même poinr. C'eft peut-être l i un caractère des
baflins tertiaires dépendant des mers intérieures, &
particulièrement des baflins tertiaires littoraux,
d'être moins réguliers & plus variés de baflin à
baflin que ceux qui, dépendant de l'Océan & éloignés
lès dépôts qu’elles laifloient après elles s’opê-
roient de plus en plus d’unë manière'partielle &
locale, les lieux où ils fe produiraient étant en !
quelque forte les embouchures des fleuves ou les
grèves fur lefquelles venoient fe précipiter les
limons & les vafes que les flots rej-;toient fans
ordre & fans régularité fur les rivages que les
mers alloient abandonner. En effet, il n'eft pas
j-are d’obferver dans le midi de la France des
baflins forts rapprochés dans lefquels il n’exifte
dans les uns que des dépôts marins7& dans les
autres que des dépôts fluviatiles s ou des dépôts
q u i, fans fe recouvrir mutuellement, étant comme
adoflès les uns autres , font compolés partie par
des formations fluviatiles, & partie par des formations
marines. Les baflins des environs de
Narbonne, de Pézenas & de Montpellier nous
prefentent de nombreux éxemples d-.s deux dernières
circonfiances, tandis que ceux de Bcziers
& de Perpignan peuvent être confidérés comme
des exemples de l'accumulation des dépôts marins
fur un même point. ^
Une obfervation importante à faire pour nos
dépôts marins, c ’eft que nulle part on n’obferve,
dans les baflins tertiaires du midi de la France,
cette lucceflîon de couches qui font tellement
développées dans les baflins de Paris & de
Londres, qu'elles ont été confidérées comme
conftituant fix formations differentes j car certains
géologues avoient conlidéré la craie comme fai-
fant partie des terrains tertiaires, quoique cette
rü;.he appartienne aux terrains feeondaires, à
raifon de la manière dont elle a été produite &
des corps organifés qu’elle renferme ( i) . La période
géologique qui s'eft écoulée entre la craie
& les couches les plus inférieures des terrains
tertiaires femble avoir été confidérable, puifque
deux genres marins bien remarquables, les B é lem -
nhes & les Ammonites, ont ceffé d’exifter dès que
!a craie a été dépofée. Si l'on examine au con-
/ , ) M . Brongniart a toujours confîdéré la crare cbmme faifànr partie des terrains de fédrmens mo yens. Defcription
géologique des environs de P a - ts , pag. 75 Clarification des
roches, ,pag- 3 4*
de fon lit adt :e l, font plus enfoncés dans
l'intérieur des continens.
Les baflins tertiaires dépendant des mers intérieures,
& particulièrement d e là Méditerranée,
font généralement plus fimples, fous le rapport des
formations qui les compofent, que les baflins océaniques.
Les uns & les autres ne diffèrent pas feulement
par la diverfité de leurs formations > ils
offrent également des caradtères particuliers en
raifon des débris de corps organifés qu'ils renferment.
En effet, s’il exifte quelques efpèces communes
aux deux ordres de ces baflins, la maffe
des efpèces organiques qui y font enfevelies n’eft
cependant pas la même dans les uns & dans les
autres, Cette différence dans les efpèces coïncide
fi bien avec celle que l'on obferve adtuellement
entre les efpèces de F Océan & celles des mers
intérieures, qu'il eft difficile de ne pas en conclure
q ue , lorfque les dépôts tertiaires ont eu
lieu, les mers étoient déjà féparées.
Elles dévoient l'être , puifque les dépôts antérieurs
aux formations tertiaires, bien différens
de ceux-ci, fe font remarquer par leur uniformé,
foit relativement aux roches qui en font partie,
foit par rapport aux débris des corps organifés
qu’ils renferment. Les terrains feeondaires, produits
lorfque les mers intérieures n'étoient point
encore féparées de l’Océan, font non-feulement
remarquables par la fimpîicité de leur eompofition,
mais encore par l’univerfalité & l'uniformité de-
leurs dépôts, qui font tels, qu'ils offrent à peu près
partout les mêmes roches & les mêmes efpèces
organiques, quelque grande que foit la diftance
horizontale qui les fépare. C ’eft furtout lorfque
l'on paA® des baflins tertiaires dans les baflins
feeondaires, que la différence eft frappante, & que
l’on fent que Jes dépôts opérés dans les féconds
ont dû l’être par une caufe bien autrement générale
que l’ont été ceux que l’on obferve dans les
premiers. Dans les uns, tout eft partiel, tout
eft local & borné, & dans les autres prefque tout
eft général & par conléquent uniforme. En un
mot, les différences que préfentent les divers
baflins tertiaires femblent tenir à ce que les uns
dépendent de l’Océan & les autres des mers intérieures
, comme l’uniformité & la confiance des
caractères des dépôts fecondairts, à ce que ces
dépôts ont eu lieu lorfque l’Océan, point encore
féparé des mers intérieures & nourriflant les
mêmes êtres, a pu laiffer partout & les mêmes
natures de couches & les mêmes débris.
Les dépôts tertiaires, les derniers r^laiffes
des mers1, font aufli effentiellement c ara été ri les
par un grand nombre de produits marins, produits
dont en ne retrouve plus de traces dans les terrains
les plus récens ou les quaternaires, c eft-
à-dire ceux qui ont été opérés après la retraite
des mers de deflus nos continens. Les débris
des corps organites marins que l’on découvre
dans les terrains terriaires, femblent en général
te rapprocher d’ autant plus de ceux qui exiftent
dans les mers actuelles 1 qu’ils en font m »ins
éloignés j aufli certaines mers. en fe retirant
ont-elles luiffé allez loin de leurs rivages un
grand nombre de corps organifés plus ou moins
altérés & femblables à ceux qui y vivent encore,
& que l’on a défign s fous le nom de de mi fbjfiles,
faute d'expreflîon convenable pour indiquer
1 époque de leurs dépôts.
Parmi ces produits marins, il en eft qui carac-
térifent les baflins les plus éloignés, &■ d’autres
au contraire qui paroiffent bornés à des localités
très-circonfcrires.En effet, les Cyprina ifiandicoïdes,
Turritella vermicularis, Peftunculuspulvinatus, Pano-
p&a Faujûfii, & c . , cara&érifent généralement les
baflins tertiaires littoraux, quelle que foit la dit—
tance qui les fépare, tandis que d’autres efpèces,
telles que la Hyal&a aquenfis 3 les divers nautiles
décrits par M. Grateloup ( i ) , YHaliotis Philberti,
la Turritella ratifiera, la Roftellaria dentata , font
reftreintes à quelques localités peu étendues. De
même, une efpèce qui caraéfcérife la couche fem-
blable d’un même dépôt, ne la fignale déjà plus
à quelques mille mètres de diftance. C ’eft ainfi,
par exemple, que l'on voit un moule de vénus,
de la taille de la Venus virginea de Lamarck (une
des efpèces les plus communes de la Méditerrané
e), caraétérifer le calcaire moellon dans une
localité, tandis qu’à peu de diftance elle eft remplacée
efpèces n’ a pas lieu d'une manière fi brufque,
mais feulement de baflin à baflin , foit qu ils foient
contigus, foit-qu'ils foient à une certaine diftance
les uns des autres. Ainfi, pour prendre nos
exemples dans les environs de Montpellier,
tandis que Y Hélix Draparnaldi & Y Auricula myoas
caraéférifent les dépôt-, fluviatiles des baflins de
C e t te , de Frontignan & de Miravals, les hymne us
longifcatus & Planarbis ammonitoïdes font prefque
les feules coquilles que l’ on obferve dans les calcaires
par une Lucirïa, voifine de la LaÜea, ou par
la Pernea maxillata, ou enfin par d'autres efpèces.
C e changement eft d’autant plus fenfible, que
ces coquilles font fouvent tellement abondantes
dans les bancs pierreux qui les recèlent, que ces
bancs en font pour ainfi dire compotes.
Les mêmes différences fe remarquent également
pour les coquilles fluviatiles, avec cette
particularité cependant, que la diverfite des
( i) Bulletin d’hifioire naturelle de la Société linneenne de
Bordeaux, tom. XI, pag. 3.
des badins de Saint- Gely & des Matelles >
& il eft à remarque r que ces dernières s’ y trouvent
dans un nombre immenfe. D’un autre côté, les
mélanopfides, voifines du Melanopfrs Uvigata de
Lamarck, femblent reftreintes au baflin de Cannelles,
comme YAchatina ou Bulimus Hopii, la Féru
fit n a Upicidayà celui de Valmahargues & de Gra-
bels, & la Cyrena Dumafû, aux baflins des environs
de Garrigues (Gard). De même , les potamides de
Vaudufe n ont rien de commun avec les efpèces
que l’on découvre dans les dépôts fluviatiles des
environs de Beaulieu (Bouches du Rhône), ni
dans ceux des environs de Garrigues <k de Mont-
pezat (G ard ). Les Bulimus fufiformis & Jacque-
minii femblent tout aufli propres ail baflin tertiaire
de Villefranche Lauragiis, que le Bulimus
elongatus i ceux des environs de Sommières
(G ard ). Ces exemples & une foulé d’autres que
nous pourrions c iter, prouvent donc qu’ à l ’exception
de certaines efpèces perfiftanres & qui
font généralement répandues, il en eft un grand
nombre-de bornées à des localités fort reftreintes.
Il eft même des e'pèces q u i, parmi les fo.fi-
files comme parmi nos races a ilue lle s , ne fe
montrent jamais ifolées ni folitaires, & qui cependant
font bornées à tel baflin & ne fe trouvent
pas dans un autre, même contigu ; telles
font les huîtres, dont le nombre, prefque toujours
confidérable dans les lieux où on les découvre
, offrent cependant des efpèces différentes
de baflin à baflin. Ainfi, Y Oflreaundata eft non feulement
1‘ efpèce d’huître la plus abondante dans
l'étage fupérieur du dépôt marin tertiaire du
baflin de Montpellier, mais prefque la feule que
l'on y découvre, tandis qu’elle eft remplacée dans
les baflins de Montagnac, de Pézenas, de Béziers
& de Narbonne par l’ Ofirea crajjijftma , qui y eft
en nombre immenfe, & lans que 1 on y obferve
des traces de l’huître ondée qui a complètement
difparu.
Que conclure des faits de ce genre, qu'il nous
feroit facile d'accumuler, fi ce n’eft que l ’influence
des localités a été te lle , qu'en comparant
les couches de deux baflins diftinéts, les
différences entre les efpèces foffiles n’ont pas
i une grande importance géologique , mais qu’il
n'en eft pas dé même des reffemblances. Ne peut-
on pas en conclure également, que les habitations
ont exercé une grande influence fur la diverfité
ou la fimilitude des efpèces foffiles enfevelies
Y y y î