
meux navigateur portugais Magaîahaens , oui
perdit la vie dans une de ces îles. 11 leur donna le
nom d’ archipel de San La^ar, parce qu'il le découvrit
le jour de Saint Lazare. C e fut pour flatter
l ’orgueil du tyran le plus farouche & le plus ftf-
per/litie.;x qu’ on donna depuis a ces îles le nom
de Philippines.
Les principales de ces îles font : Luzou Luzon,
appelée aujourd'hui Lufoti, Mendoro , Paragua.
Samar, Panay> 1 île des Noirs, Leyte & Min-
damo. Les autres, peu importantes, fontîCapoul,
T ic a o , Bourias, M.isbate , Marinduque , Luban,
An.bil, Imaras, Boha), Sogbu, Panamao , X o lo ,
Bafilan., & c . Il feroit trop long de nommer encore
les autres petites îles qui lëparent celles-ci.
Nous allons décrire les plus confidérables.
Lufon. C*eft la principale des lies de cet archipel
; elle s’étend au nord vers le 19e. degré de
latitude, & au fud-eft, au 13*. deg. 30 min. Sa
partie feptentrionale eft beaucoup plus large que
fa partie ôppôfée : dans la première, elle a trente
a quarante lieues de l’eft à l’oû e fi, & dans la fécondé,
fa plus grande largeur eft tout au plus de
la moitié de celle-ci ; fa longueur totale eft ef-
timëe à 160 lieues, 8c fon circuit à environ 350.
Cette île eft haute & montagneufe ; cependant
les montagnes n’y atteignent pas une aflTez grande
élévation pour que leurs fommets ne fo k n tp a s
couverts de forêts; on y compte trois v:lcans,
dont le plus élevé eft le Mayou. 11 eft lïtué entre
Albay & Oornv.rine$,, vers l’extrémité feptentrionale
de l'île. Le fécond, vers la partie centrale,
s’élève au milieu de la lagune de Boug-
bougj on le nomme Tahan. Ses éruptions font à
craindre pour la capitale , dont il n’eft éloigné
que. d’ un journée de marche. Le troifième, fitué
dans la partie feptentrionale, à laquelle on donne
le nom de province d'ilocos t eft quelquefois très-
violent. Il paroît communiquer avec les volcans j
de bitle deMindanao, car au mois de janvier 1641
il eut une violente éruption , en même temps que 1
l ’Io!o& lèSomgu:!, qui occupent la partie méridionale
de C-tte econde île , étaient en feu. Leurs
ravages furent épouvantables, U l’ on allure que
le bruit qu’ils firent lut entendu jufque fur la côte
de la Cochinchine, c’ t f t à d i r e , à une diftance
ae plus de 250 lieues en ligne direéle.
T ou t cet archipel eft volcanique, & fuivant
M. Chamiflo, on ne marche dans l’île de Luçon
que fur un ti.fa volcanique compo-é de cendres,
de pierres ponces 8c de feories; en un mot, eile
ne temb’.e être qu’ un valte amas de cendres & de
laves. Cependant fon fol n’eft point entièrement
formé de déjeâions de volcans, on y remarque
plufieurs terrains granitiques ik fecondaires, dans
lelqtiels on trouve d s mines d’or , de cuivre 8c f
dè fcT. D’autres roches de diverles natures fe font
remarquer fur plufieurs points , & principalement }
Av fe$ cotes, A Manille, à T a a l , à C a v ité , à !
Baîayan, la roche calcaire forme des refeifs dans
la mer, d’oô on la tire pour être employée aux
conftruéiions. Lorfqu’on fe dirige de Cavité vers
T a a l, dans la direction du fud, le pays s’élève
graduellement iufqu’ aux hauteurs les plus efcar--
pées. On remarque dans l’île plufieurs lacs plus ou
moins confidérables ; le plus important eft celui
de Bougboug-, que l’ on défîgne fous le nom de
de Liai fur quelques anciennes cartes. Ce lac ,
qui rentre tout-à-fait dans la ciaffe de ceux que
nous appelons péné/acs, a environ douze lieues
de tour ; il fe décharge dans la mer de Chine , par
un canal auquel on donne improprement le nom
de rivière. Au milieu de ce lac s’élève un vafte
cratère fumant, qui forme une île nue 8c aride;
elle n’eft compofée que de laves , de cendres &
de c o r ie s , dont la réunion a formé le cratère ,
qui refiemble à un vafte cirque, au fond duquel
s’étend une mare d’ eau fulfnreufe qui en occupe
les deux tiers. À l’extrémité méridionale de l ’île
s’élèvent plufieurs monticules fumans. Lés éafix
du la c , quoique généralement faumâtres, font
potables; vers le centre, où elles font très profondes,
on dit qu’elles nourriffent des requins 6c
des crocodiles.
La dernière éruption du volcan du T a a l, qui eft
celui qui occupe le centré du lac, eut lieu dans
les premiers jours d’août 17.54 > S K S S terrible,
& l’on du qu’elle fe prolongea jufqu’ au 12 décembre.
Le volcan de Mayon donne naiffance à plufieurs
fources d’eau chaude 8c fulfureufe ; on en cite
une qui, comme celle de Sainte-Aligre en Auvergne,
a la propriété de produire fur les corps
que l’on place au fond de fes eaux, un fédimeng
calcaire qui en moule exactement les formes extérieures.
Cap oui. A l ’entrée du détroit qui fépare l’ île de
Layon de celle de Samar > on trouve celle de Ca~
pvuls ainfi que plufieurs autres plus petites, qui
reflerrant lé canal » difelit les voyageurs, donnent
| allez de violence aux courans pour faire tourner
deux ou trois fois les plus gros navires. Capoul n’a
que trois lieues de tour; fon fol eft fertile, lés
üces font agréables & rians.
Ticao. Située à huit lieues au nord-eft de l’entrée
du détroit, cette île a environ huit lieues de
circonférence 3 elle poflede plufieurs fources d’eau
fraîche 6c des bois affez confidérables ; du rèfte,
elle n’ a rien qui loit digne de l’attention des
voyageurs.
Bourias. Cette î le , plus petite que Ja précédente,^
ne mérite pas d’être décrite. Elle eft
fituée à quatre lieues à l ’oueft de Ticao.
Masbaie. A deux ou trois lieues au fud de Ticao
s’élève l’ile de Masbate, qui a environ huit lieues
de large, 8c vingt cinq de long du fud-eft au nord-
oueft. La cire que foürnHTent fes nombreufes
abeilles, & le lèi que l ’on y recueille, font pour
les indigènes les principales branches de commerce
; ils recueillent aufli fur fes plages l’ambre >
gris que la mer y rejette. Cependant cette île
pourroit offrir au commerce le plus précieux des
rnétaux : fes rivières charient de l’or, 8c tout porte
à croire que quelques-unes de fes montagnes en
renferment.
Marinduque. A quatre liëues environ de Lufon , j
on trouve Hle de Marinduque; fa circonférence ,
eft d’environ dix huit lieues. Son terrain eft élevé,
il abonde en fruits 8c en plantes utiles. Elle eft ,
habitée par un peuple doux 8c tranquille, dont le 1
langage diffère de celui des autres îles.
Mendoro. Cette île, qui eft confidéràble, sJé-
lève à dix lieues au fud de Lufon ; on lui donne
foixante-dix lieues de circonférence; fa forme eft
alongée, 8c fa plus' grande largeur eft dans fa
partie centrale, au milieu de laquelle s’enfonce
un golfe étroit, qui a environ fix lieues de profondeur.
Cette île eft couverte de montagnes;
elle eft très-fertile en palmiers & autres arbres
fruitiers. Les indigènes, au nombre d’environ
1500, recueillent de la cire & Une efpèce de
chanvre noir dont,on fait des cables.
Lu-ban. Cette île n’a que fix à fept lieues de
long, fur deux à trois de large; elle elt peu élevée
& ne mérite point une description particulière.
Elle paroît être due à des éruptions volcaniques.
Ambil. Cette île, fituée à une lieue à l eu de
Luban, qui a à peine quatre lieues de long fur
deux de large , renferme un volcan fort élevé,
dont les flammes ;s’aperçoivent à une grande dif-
tance.
A une trentaine de lieues au fud- oueft de Mendoro,
on découvre une vingtaine d Tes connues
fous le nom de l u s C a lam ia n e s . La plus grande fe
nomme Paraguay c’eft la feule qui mérite de fixer
l’attention du voyageur.. Ces îles font généralement
montagneufes & couvertes d’une belle végétation.
Paragua. Elle eft de troifième grandeur parmi
les Philippines; longue 8c étroite, elle a environ
quatre-vingts lieues du fud-eft au nord-
oueft, & vingt dans fa moyenne largeur. Sa circonférence
efl, félon quelques voyageurs, de
deux cent cinquante lieues. Elle s’étend du
8e. au 11e. degré io min. de latitude. Plufieurs
hautes montagnes s’élèvent dans fa partie centrale
; elle eft riche en végétaux, en animaux
de différentes efpèces; elle eft féconde en riz,
& produit beaucoup de cire. Les parages de cette
île & de celles qui l'environnent*,, nourriflent un
grand nombre d’avicules perlières ; jadis la pêche
des perles y étoit très-abondante.
Panay, A l’eft de celles appelées Calamianes ,
s’élève l’île de Panay ; ç’eft la plus fertile 8c la plus
peuplée des îles de cét archipel ; fa figure forme
umtriangle, dont le côté oriental a trente-cinq
lieues de long, le côté occidental trente, & le
côté feptentrional ou la bafe vingt-deux. Le milieu
de l’île eft fous le i i e . degré de latitude.
. On attribue la fertilité de Panay aux nombreux
cours d’eau qui la traverfent ; on n’y fait pas une
lieue fans rencontrer un ruifleau, furtoutprès de
la grande rivière qui lui donne fon nom , 8c qui
la parcourt fur une étendue de quarante lieues.
Les anciens voyageurs prétendent que la foudre y
tombe fous la forme de petites pierres de couleur
verdâtre foncé , qui ont la forme de croix, 8c
auxquelles la fnperftition attache beaucoup de
vertus. On a fuppofé que ces pierres étoient dues
à la fupercherie des Efpagnols eux-mêmes, qui
leur donnoient cette forme ; mais il eft plus probable
que ce font des criftaux de Jlaurautide, que
les eaux pluviales entraînent des montagnes, qui
affignent à cette île une formation granitique,
puifque ces pierres fe trouvent ordinairement
dans lës fehiftes argileux
Les infulaires de Panay font robuftes, vigoureux
, adroits à la chafle & habiles en ,agricul-
ture; les indigènes, qui ont été conquis par ces
infilaires, font d’une race nègre, d’ une couleur
moins foncée 8c. d’une taille moins haute que ceux
de la côte de Guinée, mais dont le caractère eft
aufli d’ avpir les cheveux crépus ; ils habitent les
forêts & les montagnes.
Imaras. Cette île eft une de celles qui environnent
Panay ; elle eft longue 8c b affe, & fon
circuit n’a pas plus de dix lieues; mais elle eft
fertile, fes eaux font excellentes, 8c fes montagnes
8c. fes bois font peuplés de cerfs 8c de
fangliers.
Nous ne parlerons point des autres îles, q u i,
telles que Ziougan, Romblon , Batan 8c Tablas,
ne fipnt point affez importantes pour nous occuper.
Samar. Cette île n’eft féparée de la pointe méridionale
de Celle de Luçon que par un détroit de
deux lieues. Sa forme eft à peu près triangulaire,
dont lé plus grand côté'a environ cinquante lieues,
8c les deux autres chacun trente-cinq Ses montagnes
élevées fe piorttrent de loin au navigateur.
Leyzt. Située î^u fud de Samar, dont elle n’eft
féparée que pat un détroit de deux lieues,
cette île eft longue d’envirpn quarante-cinq lieues
du nord-eft au fud-eft, & large de quinze de l’eft
à Poueft. Elle eft généralement fertile ; de hautes
montagnes la divifent en deux parties, & , s’ il
faut en croire certains voyageurs , e!!es y forment
une barrière qui partage l’ïle en deux portions
diltin&es par leur température. L’ile de Leyte
fournit une grande quantité de bois de conftruc-
tion.
Bokol. Elle eft fituée au fud-oueft de la précédente;
elle eft longue de feize lieues & large
de dix ; on la dit riche en mines d’or.
Sogbu. Placée comme la précédente à l ’oueft de
l’île de Le yte, dont fa partie méridionale eft féparée
par celle de B o b o !, cetto île , longue &
étroite , s’étend du nord au fud , fur une longueur
de quarante lieues ; fa largeur eft de huit.