
Nous devons ajouter à ces caractères * que le
grès vofgien e f t , dans beaucoup de locàdtes,
formé de bancs diftinCts par leur texture. Ainfi,
en entrant à Epinal en venânt de Rarriberviller,
le chemin eft creùfé dans le grès vOfgietij nous y
avons remarqué que la partie fupérieure eft formée
de grès décompôfé & de cailloux roulés qui c.à-
raCtérifent ce grès 8c qui- ne font défàgiégés que.
par fuite ae la décbmpofîtion de cette roche. Au-
delfous des bancs compofés de cailloux roulés
alternent des bàncs dé grès à grains fins ; pliis
viennent des lits remplis de cailloux * puis ceux
qui renferment dès nias d'une forte d'argile rouge;
enfin, plus on defeend vers les bancs inférieurs *
plus ce grès eft dépourvu dècailloux. Cès bàncs diminuent
fenfiblêmerit de groffeur, 8c la cô'üche la
plus inférieure eft à grains fins de couleur gris-ar-
doife.. Enfin , il parôît pafferpar différentes nuances
au grès bigarré. Quelques-unes de fes" couchés
renferment des veines feirugineufes.
A la dernière maifon du faubourg d’Epinal, fur la
rive gauche de la Mofèlie, on marche fur Un terrain
de tranfpôrt compofé de gros cailloux de quartz &
de blocs de granité de 2. à 3 pieds de longueur.
C e terrain s'étend jû’fqu'à environ r ;iô b mètres
de l’hôpital, en fuivanc la route de Remirernont,
où la Mofelle coulé entre deux dépôts de granité
gris. Ce terrain de tranfpôrt ne feroit-il pas com-
pofé de cailloux du grès vofgien ? Sur la même
rou te, au moulin du Char-d*Argent, on voit des
fables bc des cailloux roulés provenant évidemment
de la décompolition du grès vofgien. C e terrain
de tranfpôrt repofe fur le granité. Au forrtmet
de la côte qui s’élève' au-deffus du moulin, ce
grès vofgien recouvre complètement le granité,
en couches horizontales, tandis qiie le grànite éft
incliné de 45 degrés de l’ell à l'oueft. D ’énormes
blocs dé grès, dont les côtés femblent avoir été
Aifés & fillonnés.par les eaux, ont été: dérangés
des couches dont ils dépendaient 8ç ont gliffé
du foiiimet fur lés flancs de la montagne. Ce
grès, par l'abondance des cailloux roulés de
quartz bleus, gris 8c noirs, & par la groffeur
de fes grains, appartient évidemment aux couches
fupëiiéures.
Les cailloux roulés qui caraélérifent le grès
vofgien font généralement formés de quartz:
leur coUleUr dominante eft le gris-rougeâtre ou
le blanc-grilâtre ;, lëùr caffure éft inégale , fou-
vent elle eft grenue ; quelquefois même fis renferment
de petites paillettes de mica brùn-rougeâtre,
& odïent des indices d’une ftruéfure-
lchifteüfé,
« Les galets quartzeux que renfèrme le grès
des V o fg e s , prefentehc, comme ce grès lui-même,
dit M. Élie de Beaumont, des caractères" allez
femblablês dans les diverfes parties de là chaîne ,
& lès principales variétés qu'on y ôbferve fe
trouvent toujours à peu prés dans les mêmes
proportions. Ils fout tous pareils à ceux qu’bn
voit en Angletèrre, dans le vieux grès rôUge
8c le nouveau grès rodgé. ,
Ce géologue fait encore une obfervation très-
judicieufe, relativement à l'origine de ces cailloux :
« Les galets quartzeux grifâtres ou rougeâtres du
grès des Vofges étant, dit-il, le plias fouvent un
peu grenus, 8c préfentant tous les pàffages, depuis
le quartz compare à éclat gras , jufqu’ à un
conglomérat quartzeux inconceftablê, & les galets
de quartz noir avec petits filons blancs, préfentant
tous les caradtères du kiefelfchiefer> on peut regarder
comme très-probable que lès cailloux
quartzeux du grès des Vofges proviennent de la
'dèftruêtion de roches de tranfition qui cohte-
noient, fbit en couches, loit en rognons, du
kiefelfchiefer, dü quartz blanc tranflucide, fou-
vent laiteux , divifé par de petites veines micacées,
8c diverfes variétés de quartz compacte ,
également micacé, paflint par nuances infénfibles
à un conglomérat quartzeux. On retrouve à peu
près ces diverfes variétés de quartz compacté 8c
grenu dans les roches quartzeufes de tranfition
qui fe montrent à S ierk , fur lès bords de la
Mofette, au-dèffous du grès bigarré, roches
q u i, d’après les collections que m’ a, très-obligeamment
montrées M. Seylod> directeur de
l’adminiftrâtiôn pruflienne des mines de Saar-
bruck, fe rèproduîfent fouYeh’t parmi les couches
de tranfition du Hündfruck, 8c qui peut-être
ont jadis formé le fol du Palatinat, avant que
les porphyres , les amÿgdaloïdés 8c les conglomérats
qui les accompagnent en occupaffent la
furface. On voit aufli, parmi lès roches de
tranfition qui fe montrent dans le département
de la Haute-Saône, entré Eftobon, Ohampey
8c Satilnot, un conglomérat quartzeux, dont
les fragmens, roulés par les e a u x , pourroient
produire des galets fort analogues à ceux du grès
des Vofges. Il eft remarquable que, dans le même
canton, on trouve aufli un porphyre feldfpathique
qiiartzifère & des dépôts de fer oligifte qui pour-
roient bien avoir de grands rapports avec la production
du conglomérat, q u i, ainfi que nous le
verrons ci - après, forme la partie inférieure du
grès des V o fg e s , 8c l’autre avec la production de
l’OXydê roiige de fer, qui coloreprefque toutes les
roches de cette formation.
; » Je ne dois pas omettre de remarquer qu’il
n’exifte pas une dégradation continue de groffeur
& de caraCtère qui permette de regarder les grains
quartzeux du grès des Vofges comme étant la
limite èxtrême des galets qu’ il contient. Ces
cailloux eflentiellement arrondis paroiflènt > au
contraire, former une claiîe bien diftinCte de
celle des grains quartieux eflentiellement anguleux
& d’appàrenCe' fouvent criftalline, qui
forment l’élément principal du grès; & ce que
je vîëns de dire fur l’ origine préfumée des
galets, laiffe tout-à-fait intaCte la -quèltion de
l’Origine des petits grains'quartzeux qu’il-féroit
peut-être très hafardé de confiflérer comme provenant
de la trituration des roches quartzeufes.
» Je n’ ai jamais vu dans le grès des Vofges le
moindre débris d’êtres organifés, foit végétaux,
fort animaux ; ce qui eft peut-être un motif
pour penfer que fes élémens ont été beaucoup
moins long-temps en proie à l’agitation des
eaux que ceux du grès bigarré proprement dit,
dans lequel on trouve un affez grand nombre
de débris d’organifation végétale & animale.
Ne pourroit-on pas même en conclure que fes
élémens fe font accumulés beaucoup plus rapidement
qu’ils n’auroient pu le faire s’ ils h’avoient
dû leur origine qu’ à l’aClion deftruCtive des agens
extérieurs fur les roches préexillantes ?
« Les parties inférieures du grès des Vofges
paroiflènt fe lier à des porphyres feldfpathiq;æ,s
rouges quartzifères, 8c à des porphyres noirs,
très-remarquables, notamment aux environs de
Raon-l’Étape, de Ville , de Sainte-Croix, de
Saulnot, & probablement aufli dans le Palatinat;
mais je n’ai pu vifiter qu’un petit nombre de
ces localités, & trop rapidement pour être à
même de décrire en ce moment lqs’ relations J
géologiques qui peuvent s’y obferver.;W . ; .
•Dans fes recherches fur la fuperpofition du
grès vofgien à d’autres roches, M. Élie de Beaumont
a reconnu dans le giffement des hpuillère.s
de RouchampSj village à deux lieueis de Lure,
chef-lieu d’ un arrondiffement du département de
la Haute-Saône, une roche compofée de divers
débris d’autres roches qui lui alignent le .ça-
raêlère du grès rouge appelé par les Allemands'
rotke todte-liegende, & au milieu de .laquelle fe
trouvent, avec des argiles fchifteiife^ impréflion-
nées de fougères 8c d’autres plantes , les couches
houillères. Cette roche femble être placée fous le
grès vofgien. Ainfi, les cailloux roulés & défagrégés
que nous avons vus près d’Epinal, repofant fur le
granité, paroîtroient/être analogues à l’une des
couches du rotke-todce-liegende dès Allemands,
puifqu’ ils fupportent aufli, dans cette localité,;
fe grès vofgien. Les nids d’ argile rougeâtre, ou
plutôt amaranthe, que nous avons fignalés à
Epinal même, font favorables à cette çonclu-
fion, puifque, dans le terrain houilier obfervé
ci-dellus par M. Elie de Beaumont, cet habile
géologue fignale des taches amaranthes
dans les couches argiîeufes, q u i, bien que d’un
b!eu-yerdâtre dans la partie fupéri.euxe de la
formation, paflent aufli a la couleur amaranthe
dans la partie inférieure. , ; , > '
D ’autres obfervations faites fur plufieurs points
par M. Élie de JBeaumont, confirment l’opinion
ci-deflus , relatiyeinent à la fuperpofition du grès
vofgien, au terrain houilier, &,particulièrement au
grès rguge.proprement dit. « D’après cela, ajoute-
t-il, le grès des Vofges qui, par ses caractères
minéralogiques, femble : former la tranfition dju
grès rouge, au grès bigarré, paroîtroit le rattachèr
uniquement au grès rou ge, par les circonftances
de l'on giffement. »
Voyo.ns maintenant ce que M. V o ltz dit de ce
grès : « Il eft compofé prefqu*uniquement de
grains de quartz, n’a* pas de ciment fenfible,
renferme fouvent des^ cailloux^ de quartzites
blancs o.u g r is , rougeâtre foncé, 8c pafle par
là à l’ état de poudingue. O11 ne trouve jamais
de veftiges organiques dans ce grès. Il ne renferme
d’autres-couchés fubordonnées que quelques
grès fehifteux à grains fins & a ciment
argileux affez abondant. Sa couleur eft ordinairement
le rouge. Le grès vofgien ^ forme
exdufivement la majeure partie de la chaîne des
V o fg e s , depuis la Bavière rhénane jufque vers
Mutzig. Dans toute cette étendue, on ne voit
d’autres terrains étrangers à fa formation que
les fchifte.s de Weiler, près Wiffembourg, 8c
le granité de Joegerthal, lefquels occupent une
foible étendue. Dans les vallons d’Oberhaflach,
de Lüczelhâufen 8c de V îch e , on, voit paroitre
les argilophyres, lefquelles s’élèvent de plus en
plus} 8c d’autres formations plus anciennes pa-
roiffent par deffous ;: alors ce grès: ne fe trouve
plus que fur les fommités, comme au Katzen*
b e rg , au Langenberg , à Girbaden , au Hei-
denkopf, à Sainte-Odile, au Ungersberg, au Cli-
mont, au haut Konigsbourg, ail Tanicheî, au
Hohenack, 8cc. ; puis il ne fe trouve plus
que rarement fur les fommités , & fa maffe
principale s’ eft jetée fur le flanc oueft de la
chaîne des Vo fge s, où il occupe une, étendue
très-confidérable dans le.département de U Meur-
the & des Vofges. Sur le flanc oriental, il forme
un petit groupé qui longe lès montagnes de
granité, depuis Heiferen jufqu’au-delà de Pfaffen-
heirn 8c de Gebweiller. Plus au fn d , on ne le retrouve
plus qu’au ballon de Roppe, dont il
conftitue une partie. Dans le Kronthal, on trouve,
comme exception à la règle , le .grès vofgien hors
de la chaîne des Vofges.
» Là où ce grès repofe fur le granité, il y a toujours
un paffage infennble du grès au granité, &: la
roche reffemble d’abord au grès rouge, foth-
liegendes, puis c’eft un granité altéré, & puis
un véritable,granité. Dans ce paflagê , qui fe rapproche
du grès rouge , il fe trouve quelquefois des
parties de dolomies, avec des concrétions quartzeufes
paflant au Alex 8c à l’agathe. On voit de ces
dolomies aii Joegerthal ; elles renferment beaucoup
de grains dè quartz 8c de feldfpath. Il y
en a aufli au-deffus d’Ôrfçhwiller & de Kint-
zheim, avec des âgathes groflières ; elles ne
forment point, en Ali'acê, de grandes mafles
comme dans le déoartement des Vofges & dans
la Forêt-Noire, ou elies font exploitées comme
pierre à chaux & fourniflent une bonne chaux
hydraulique. { -
’ »> La ftratification du grès'vofgîe'n eft très-dif-
t in ê lè r s c lë plus fbüYént prefq'ue horifontale.
M ni m -m m