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fervira à compléter ce que nous avons à dire fur I
les découvertes faites dans les couches pierreufes I
régulières.
Poijfons. Les débris de ces animaux font trop
incomplets pour qu'on ait pu reconnoître les I
genres auxquels ils appartiennent > ils confident
en côtes, & en vertèbres.) mais on a trouvé des
dents , parmi lefquelles on en a reconnu plulîe'urs
de Requins, de Squales-neç, de Roujfeties , de
Marteaux & de Grifets ; des palais dentaires de
Raies d'une .efpèce inconnue & de Cefiracion, poiH
fon qui appartient au fous-genre des Squales, &
qui lubice les mers.de la N.ouvelle-Holiande.
M. Bourdet, dans fou Mémoire publié par la
Société Linnéenne de Paris (feptembr.e 1 82 y ) ,
fait obferver que c’eft la première fois que l’on
trouvé fofliles des relies, de Cefiracion.
Reptiles. Parmi ceux-ci on n’a encore reconnu
que des Tortues terreftres.
Oifeaux. Les relies de tibia & de fémur trouvés
jufqu’à ce jour, paroilfent appartenir tous à la
famille dès Gallinacéès ; leur grofîeur indiqueroit
même la Poule ■ordinaire.
Mammifères carnajjiers. Une feule- efpèce appartient
à ceux-ci, c’eli une Hyène inconnue à
l ’état vivant.
Pachydermes. Parmi ceux-ci on a reconnu un
Eléphant qui a beaucoup de reffemblance avec
celui des Indes ; un Rhinocéros voilin de l’efpèce
-unieorne de Java ; un animal relfemblant au Cochon
t mais plus grand que ceux d'aujourd’hui.
Rurninans. On n’ a trouvé' qu’un feul individu
appartenant à cette claffe, & qui parole être un
Antilope.
Conclusions générales. Quelque défiance
que l’on doive mettre à établir des’ fylièmes fur
certaines obfervations géologiques, on ne peut
nier que de l’enfemble de tous les faits que nous
venons de rappotter, il n’y ait à tirer des généralités
qu’on ne peut repôufier,■ des conléquences
qu’on eft obligé dJadmettre.
Poijfons. Ainfi, en fuivant l'ordre dans lequel
nous avons préfenté ce travail, nous voyons , par
c e qui a été dit des Poijfons , que ce font les feuls
animaux vertébrés dont les débris exigent dans les
formations qui appartiennent aux époques géologiques
les plus différentes. On devroit même
s’étonner de ce que tous les terrains marins & la-
euftres n’en contiennent pas des reftes.reconnoil-
fables &r en abondance, lorfque l ’on voit, par l'im-
menfe quantité de débris de mollufques qui fém-
blent conftituer les vaftes dépôts calcaires & fi-
liceux qui forment les dernières enveloppes de
notre planète, quelle profufion la nature mettoit
dans la production des premiers êtres auxquels
elle donna naiffance, fi les poifions n’écoient pas,
par l'enfemble de leur organifation, expofés à fe
corrompre facilement après Je!ur mortj & fouvent
même à fervir de pâturé à d'autres poilfons. Difons
aufli qu’ à cepte grande clafie d'animaux, appar-
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tiennent les plus antiques vertébrés, & qu’ils
prouvent, par leurs débris, que les roches fchil-
teufes & calcaires de diverfes époques, n’ ont pu
être formées que par la coopération d’un liquide
propré à nourrir des poilfons.
Nous ayons vu encore, que la pofition fou-
vent naturelle, quelquefois contournée, qu’affectent
leurs débris au milieu des couches où on
les trouve complets, femblé annoncer partout
une caufe de deftruCtion plus ou moins liibite,
plus ou moins violente. Les poifions des fehiftes
bitumineux de la Heffe, ceux du mont Bolca, en
fourniffent la preuve. Les premiers femblent avoir
éprouvé l’effet d’une chaleur dont l’ intenfité s’eft
fait fentir graduellement dans le liquide, où ils font
îfiorts dons des contorfions pénibles. La matière
bitumineufe dont leurs corps femblent être formés
, n’ e ft, fuivant l’opinion de quelques naturalises,
que l’effet du changement que leurs parties
charnues ont fubi par l’effet delà putréfaction.
Les féconds éprouvant tout-à-coup l’aôiion d’ une
éruption volcanique, ont perdu la vie avec une
extrême rapidité, comme le prouvent leôr pofition
non contournée, & furtout l’exemple du
Blochie fur pris par la mort au moment où il avaloit
fa proie. Dans ces deux exemples, la rapidité de
la caufe qui les a faifis a contribué à afiurer leur
entière confervation. A Glaris, à Mansfeld, on
les trouve avec leurs écailles; au mont Bolca,
leurs fquelettes font complets.
! Lorfqu’ ils font morts naturellement, au contraire,
leurs fquelettes fe font ordinairement dé-
compofés, & n’ ont laiffé dans le dépôt calcairè
que leurs empreintes. C ’ efi ce que l’on remarque
dans les marnes , .dans les fchilles & dans les lits
pierreux des.formations calcaires. De ce que la
craie, le calcaire groflier friable, tel que celui de
Grignon & d’autres terrains femblables, ne renferment
point de poitfons, quoiqu’on y trouve
des offelets calcaires, des dents & quelques
autres débris femblables, qui attellent leur, antique
préfence dans le liquide au. fond duquel
ces roches calcaires fe font précipitées , M. De-
france en a conclu que l'acte de la criftallifation
ou de la pétrification avoir dû être néceffaire - à la
confervation des fquelettes que renferment les
couches pétrifiées. L’ ignorance où nous femmes
des agens chimiques & de la marche que la nature
a employés pour la formation des divers
dépôts qui forment la croûte de la te r ré , ne nous
permet point de reconnoître la juftefie de cette
hypothèfe 3 mais jufqu’à prêtent elle nous paroît
probable .& admifiible.
Enfin, nous avons vu qu’ en admettant avec
confiance lé résultat des travaux de quelques zoo-
logiftes diftin'güés, parmi lefquels il fuffit de nommer
M* de Blainville, il eft confiant que dans les
mêmes localités il a exifté des poifions d’eau marine
& d’eau douce. Nous devons conclure de ces
obfervations, que certaines efpèces ont pu vivre
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indifféremment dans l’eau de mer, dans celle des
rivières & des lacs, comme nous en avons la
preuve pour l'Alofe ( CLup** alofo ) , qui paffe de
la mer dans la Seine, pour le Saumon
& l'Efturgeon ( Acipertfer fturio ), qui remontent
fouvent le Rhinjufpie fort avant dans la Molelle.
Les derniers effais faits par M. Mac-Culloch a
Londres, prouvent d’ ailleurs qu’on ne connoit
point encore tous les poifions qui peuvent palier
graduellement des eaux falees dans les eaux douces.
Quant à Lenfemble que préfentent en général
les poijfons fojfiles, on y remarque facilement que
- plus les terrains dans lefquels on les trouve font
récens, plus les genres & les efpèces femblent fe
rapprocher de ceux qui vivent dans nos mers.
Peut-être même ces nuances feroient-elles plus
fènfibles, fi ces animaux étoient fufceptibles de
fe conferver plus facilement.
Reptiles. On a pu voir , dans ce Ré fumé . que
plufieurs zoologiftes ont reconnu dans les poifions
fofliles plufieurs genres voifins de ceux qui vivent
encore dans nos mers > il n’en eft point de même
des reptiles. A l’ exception du Monitor^ qui con-
ferve quelqu’analogie avec certains Lézards qui
fréquentent encore les marais de les bords ^des
rivières ; à l’exception du Crocodile, dont certaines
dépouilles fofliles rappellent les formes & les caractères
de plufieurs Crocodiles ou Gavials vivans,
tous les autres animaux de cette clafie que 1 on
trouve dans les terrains fecondaires différent d’ une
manière plus ou moins marquée de ceux qui vivent
aujourd’hui. Ainfi , le Géofaure, le Mégalo-
fuure , le Ptérodacty le3 le Mofaj'aurede le Téléqfaure3
n’ont plus d’analogues parmi les animaux connus.
Comme nous l’avons dit, quelques-uns femblent
avoir fervi de pafiage d’un genre à lin autre de
l'ancien Monde, ou avoir été en quelque forte la
fouche de certains genres aujourd’hui vivans. L’opinion
de M. Geoffroy Saint-Hilaire eft une autorité
dans une pareille qtieftion ; c e favant anatô-
mifte croit qu’ il eft pofïible que les Crocodiles ac tuels
defeendent, par une iucceflion non interrompue,
des efpèces ântidiluviennes. Ces change-
mens ont dû fe faire fi graduellement, qu’ il a remarqué
dans le crâne d'une momie de Crocodile
qu'il a recueillie àThèbes, comparé avec celui des
Crocodiles vivans, des différences peu importantes
, il eft vrai, mais fenfibles, & qui ont de
l'analogie avec celles- qu?offrent les Téléofaures.
D ’où .il conclut que ces différences feroient plus
importantes s’il s’étoit écoulé un plus grand laps
de temps entre l’époque où vivott le Crocodile
de Memphis & l’époque actuelle.
D’autres reptiles, tels que l’ Iclityofaure, le Plé-
fiofaure, le Saurocéphale & l 'Iguanofaure, forment
des genres totalement inconnus, bien qu’on les
trouve dans des terrains appartenant à la même
époque que les reptiles précédens. Comme quelques
uns d'entr’eux , véritables amphibies, font
les premiers êtres qui aient foulé de leurs pieds |
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la terre abandonnée par les eaux, de qu ils ont
précédé les Mammifères; leur apparition conf-
titue une époque bien diftinéte dans 1 échelle de
la création. Ce font les plus anciens animaux qui
aiènt rampé fur la te r re , ce font ceux qui diffèrent
le plus de tous les autres, de ceux même
qui appartiennent à leur clafie. La preuve de cette
grande loi émanée de la fageffe de la nature eft
irrécufable. Les Crocodiles des terrains tertiaires,
comparés à ceux de la formation fecondaire, offrent
des nuances bien tranchées; ceux-ci ne préfentent
que quelques analogies avec les C ro co diles
vivans ; les autres en font très-voifins. Les
Tortues des terrains intermédiaires font marines
& ne fe rapportent à aucune efpèce connue ; on
ne cire qu’un feul exemple contraire-, & peut-
être eft-il douteux; celles des formations fecondaires,
quoique différentes de celles qui vivent
encore, s’ en rapprochent un peu; fouvent au milieu
d’une roche marine elles portent les caractères
des Tortues d’eau douce; enfin, ce n’eft:
que dans les terrains tertiaires qu’elles préfentent
de véritables analogies avec celles que nous
connoiffons vivantes.
Batraciens. Le peu de débris connus de ces
animaux ne permet point de tirer à leur fujet aucune
conféquence importante. Nous nous contenterons
de rappeler que le feul exémple de leur
antique exiftence s’accorde parfaitement avec la
loi dont nous développons l’expreffion rigou-
reufe : la Salamandre d'OEnihgen diftere par fes
dimenfions gigantefqûes de toutes celles que
nous connoifions.
Mammifères marins. — Cette grande clafie d’ animaux
n’a point vécu'dans les eaux de i’ Océan
primitif , au fond duquel fe formèrent les terrains
de tranfition & les terrains fecondaires Déjà leur
organifation compliquée, leur fvftème de repro-
duêtiôn vivipare, laiffent entrevoir l’époque à
laquelle les Mammifères terreftres pourront peupler
les parties de la terre que les eaux abandonnent
& qu’ une végétation abondante va rendre
propres à les recevoir, à les nourrir. Les reptiles
fofliles nous préfentent des genres inconnus de
nos jours : les Mammifères marins nous en offrent
aufli. Les Ziphius, divifés en trois efpèces,
diffèrent de tous les Cétacés connus. Quoique
par une méthode artificielle on les rapproche des
Hyperoodons, ils ne font, d’après le témoignage
de M. Cuvier , ni toui-a fait des Baleines, ni tout-
a-fait'des Cachalots, ni tout-a-fait des Hyperoodons.
Aufli les regardons-nous comme les plus anciens
Cétacés. Les Phoques, les Lamantins, les Dauphins}
doivent avoir vécu plus tard , quoique bien
antérieurement aux nôtres, dont ils diffèrent con-
fidérablement, foit par leurs caractères, foit par
leurs dimenfions. Les Baleines feules préfentent
de l’analogie avec celles d’aujourd’ hui; mais aufli
leurs oflèmens recueillis dans des couches moins
anciennes que les roches pierreufes, fi ratifiées &