
ce oui porte Kirvan à attribuer dans cette cir-
conitance la formation de la foude carbonatée
à la décompofition du fulfate de foude par le
bitume.
On trouvera à l’article Sources minérales l’énumération
& le gilTement de la plupart de celles
qui contiennent la foude carbonatée» nous allons
nous borner à décrire les autres circonftances
dans lefquelles ce fel fe montre.
Les parois des cavernes fituées au milieu des
montagnes de Schvartzberg, dans le canton de
Berne, en Suilfe, font couve 1 tes de foude carbonatée
, mêlée à la foude fulfatée. Le docteur
JMencke a obfervé que cette fubftance fe préfente
en efflorefcences criftallines ou pulvérulentes
à la furface des murs bâtis avec le grès
bigarré que l’on exploite aux'environs de Pyr-
mont, dans la principauté de Waldeck. A Angers
, les murs des caves conftruits en fchifte
argileux dont les morceaux font liés par un mortier
de chaux jet de fable, fe couvrent, furtout
_quand ils font fe es, d’une efflorefcence allez
abondante de ce fel 5 ces efflorefcences, que l’on
recueille, & qui fe reforment fans celle, ne fe
manifeftent point fur le fchifte qui n’eft pas
recouvert par le mortier calcaire, ou qui l’a
perdu par la dégradation ou la vétufté. Oh a
reconnu aulïi la préfence de la foude carbonatée
dans les caves de Paris; le chimifte Vauquelin
l’a obfervée fous le pont du Cher, près de Tours»
elle fe rencontre dans les caves & d’autres conf-
tru&ions de prefque tous les ports de l’Océan,
depuis Oftende jufqu’au Havres enfin, les murailles
des bains de Vichy, dont les eaux contiennent
de la foude carbonatée, fe couvrent aulfi
d’efflorefcences compofées en grande partie de
cette fubftance minérale.
Plufieurs de ces exemples de la formation
journalière de la foude carbonatée, femblent
confirmer l’ opinion de Berthollet qui l ’attribue
à la décompofition du muriate de foude à
l'aide du carbonate de chaux, puifque les cavernes
dont nous venons de parler peuvent être
placées au-deiïus de quelques formations falines
ou gypfeufes; puifque le grès bigarré appartient
aufli à ces formations, ou du moins en eft très-
voifin ; mais il eft difficile de comprendre comment
les caves d’Angers et celles de Paris peuvent
offrir le même phénomène : tant il eft vrai qu’on
eft loin de connoître les véritables caufes d’un
grand nombre de faits qui fe paffent fous nos
yeux.
Nous avons dit que plufieurs lacs de l’Afie
& de l’ Afrique abondent en foude carbonatée;
bous devons ajouter que l’Europe en poffède
plufieurs, principalement la haute Hongrie,
entre le Danube & la T e ille , dans une plaine
fablonneufe. Ces lacs, dont quelques-uns font
exploités, ont à peine deux ou trois pieds de
profondeur, & .fe deffèchent complètement dans.
les années dépourvues de pluie. Auffitôt après
leur defféchement, leur lit fe couvre d’ efflorefcences
falines. Le fond de ces baffins eft formé
d’ une couche de fable coquiller de quelques
pouces d’ épaifleur, qui repofe fur un couche
d’argile. Lorfqu’on a exploité ces lacs, il ne
faut qu’une pluie abondante & un nouveau defféchement
pour couvrir le fond de nouvelles efflorefcences.
La foude carbonatée des plaines défertes de la
Sibérie, de la Tartarie, de la Crimée, de la
Natolie, de la Perfe, de la Chine et du T ib e t,
eft beaucoup moins abondante qu’en Afrique -,
& furtout en Egypte, où , depuis la plus haute
antiquité", elle eft un objet d’exploitation. Dans
le défert de Tha iat, à l’oueft du Delta, une
vallée féparée du Nil par un grand plateau calcaire
, recouvert de cailloux roulés & de gravier,
renferme fix lacs placés à la fuite les uns des
autres dans la longueur de la vallée; ils occupent
une étendue de lix lieues fur 500 à 400 toifes
de largeur, & font féparés par des efpaces fa»
blonneux couverts, comme une grande partie de
la vallée, d’incruftatians de foude carbonatée &
de fel marin. La foude carbonatée, épaiffe de
près d’ un pied, eft tellement dure, qu’on s’en
eft quelquefois fervi comme pierre de conftruc-
tion. Nous ne ferons point l’énumération de tous
les lieux de l’Egypte qui renferment de fem-
blables dépôts, tous préfentent d'ailleurs des
circonftances femblables : le fable, le calcaire 8e
le fel marin.
Lé continent américain n’en eft point dépourvu ;
on en connoîc au Mexique 8c aux environs de
Buénos-Ayres.
La foude hydrochloratée, ou , comme l’appelle
M. Brongniart, le felmarin + dénomination piife
fubftantivement, eft le minéral le plus abon-s
dant; if^donne la falure aux eaux de la mer,
8c forme dans le fein de la terre des dépôts
d’une étendue 8c d’ une épaiffeur immenfe. Le
grand nombre d’ obfervarions faites far le giffe»
ment de cette matière permet d'affigner trois épo->
ques aux dépôts qu’elle forme.
On la trouve dans quelques terrains de fédiment
de la formation antérieure aux êtres organifés.
Dans lés terrains de fédiment inférieur ou
moyen de la formation poflérieure aux êtres
organifés,
Enfin, dans les terrains de fédiment fupérieur,
Cependant, on n’eft pas encore, d'accord .fur
ces differens giffeméns, la plupart des géognoftes
placent le dépôt falifère entre le calcaire juraffique
& le calcaire alpin. On regarde le felmarin
comme foborçlonné à ces roch.s. Voye% Roches.
Le fd marin ou fel gemme fe préfente dans ces
terrains, foit en bancs puiffans, foit en lits , en.
amas ou en veines; fa puiffance yarie, dans les cas
les plus ordinaires, depuis quelques centimètres
jufqu’à 12 8c 15 mètres. Cependant, à Cardon,a,
en
en Efpagne, fon épaiffeur eft d’au moins cent,
mètres, & à Wieliczka, elle eft tellement con-
fidérable, que faute d’avoir pu la traverfer en
e it ie r , fa maffe eft encore inconnue.
Dans quelques marnes argileufes du terrain
falifère, il exifte une fi grande quantité de fel,
quoiqu’ il n’y foit pas toujours vifible, que c ’eft
ordinairement dans ces marnes que l’on place
l’origine des fources d’eau falée, 8c comme ces
marnes précèdent fouvent le grand dépôt falifè
r e , cela explique pourquoi, en creufant les entrailles
de la terre jufqu’à l’origine de ces fources,
or n’a point rencontré la maffe faline.
On a fait deux obfervatîons importantes relativement
aux terrains falifères : la première c’eti
que les plantes qui cro.ffent ordinairement fur
les bords de la mer, et qui font principalement
I; falicornia, le falfola kali, le glaux maritima ,
1 e chritmum maritimum, & c . , végètent fans culture
dans le voifinage des mines & des fources
de fel marin, quel que foit le degré de profondeur
de leur giffement ou de leur origine;
la fécondé, c ’ett que, loifqu’on eft arrivé
dans les mines de fel gemme à une certaine
profondeur au-deffous des marnes argileufes,
on ne remarque point, ou du moins on voit
très'-rarement les fources que l’on rencontre
fi fouvent dans les autres terrains. Elles en
font quelquefois tellement dépourvues, que les
maffes de fel marin étonnent par leur degré
de féchereffe, 8c que la pouffière que leur exploitation
produit eft fouvent même très incommode
pour les ouviiers.
Nous avons déjà cité deux des principales
exploitations de fel gemme que l’on connoifle
en Europe, nous allons y revenir, en donnant
quelques détails fur leur man ère d’ être, & nous
y ajouterons d’autres exploitations qui méritent
de n’être point paffées fous filent e.
Pologne autrichienne. Les mines de fel gemme
de Wieliczka qui faifoient autiefois partie de la
Pologne, 8c qui appartiennent aujourd’hui à la Ga-
Jicie, font, ainfi que nous l’avons dit, les plus
importantes fous le rapport de leur puiffance &
de leur étendue.. Leur exploitation remonte à
une époque afièz reculée, puifqu'on prétend
qu’elles étoient déjà ouvertes en n p r . Elles
font recouvertes par un te nain meuble compofé
de fable, de cailloux roulés 8c de marne fableufe
qui préfente des débris de grands mammifères,
8c q ui, fous ce rapport, offre beaucoup d’analogie
avec les terrains d’alluvion qui couvrent,
en Europe, une fi grande étendue de pays.
Au-deffous de ce dépôt, on voit une maffe de
marne argileufe falifère renfermant des blocs de fel.
Dans la partie fupérieure, les maffes lalines font
fouillées d’argile & de fable, et remarquables
par leur teinte brune. Le fécond dépôt renferme
du fel marin plus pur, 8c le troifième en contient
dont la limpidité & la ftrujfture laminaire
Géographie phyfque. Tome V
font remarquables. Les marnes argileufes qui réparent
le premier & le fécond dépôt renferment
des coquilles marines qui reffemblent à des tel~
Unes 8 c des coquilles microfcopiques qui appartiennent
aux genres T o ta lité t rénulite, 8cc.
On n’eft pas certain que la maffe faline de
Wieliczka renferme des débris d’animaux. M. Beudant,
qui a étudié cette localité, n’ a remarqué
aucun de ces débris, 8c n’a acquis la connoif-
fance certaine d’aucun exemple authentique de
ce genre ; mais il eft prouvé qu’on y trouve une
grande quantité-de rragmens de lignites ou de
bois pnffant à l’état de jayet. M. Beudant artribue
à des animaux mollufque dont les vefliges ont
entièrement difparu, l’ odeur nauféabonde que
répandent quelques échantillons de fel, 8c qu’il
compare à l’odeur des truffes.
Le terrain falifère de Wieliczka renf-rme peu
de minéraux étrangers : le gypfe et la chaux
anydro-fulfatée ou la karflenite y font rares; on
n’y trouve point de foufre, mais il paroît qu’il
en exifte à peu de didance.
Les géognofles ne font point d’accord fur
la véritable pofiîion qu'occupe cette formation
falifère dans la férié des tetrains. M. Beudant
a remarqué que les grès des mont gnes voi-
fines, grès qu’il rapporre aux grès houillers,
paroiffent plongés fous le terrain falifère : d’où
il fuivroit que ce terrain repoferoit lur le terrain
houilîcr, & que les grès qui le recouvrent
feroient affimilés aux macignos des terrains de
fédiment fupérieur. Les coquilles bivalves & les
lignites repréfenteroient enfin le calcaire groffier
& l’argile plaftique. M. Brongniart, dans un travail
ffir le felmarin, parojt douter de la pofi»
tion des mines de Wieliczka, telle que la préfente
M. Btudant- Nous penfpns auffi qu’il y a
quelqu’inexa&itude dans l’obfervation de ce fa»
vant ; que la formation falifère dont il s’agit
appartient à celle des terrains de fédiment moyen,
ce qui feroit tout-à-fait conforme à ce qui a
été obfervé dans d'autres pays. Ce qui nous
confirme dans cette opinion, c’eft q ue , d’après
l’examen qu’en a fait M. Lill, ingénieur des
mines autrichien, le grès dont parle M. Beudant
ne plonge pas fous le terrain falifère, mais qu’ au
contraire il repofe deflus : d’où il fuit que ce
grès n’ eft point le grès houiller, mais bien l’analogue
du grès bigarré.
Les puits par fefquels on defeend dans les
mines de Wieliczka ont 64 mètres de profon»
deur, mais les exploitations s’enfoncent jufqu’à
312 mètres : ainfi le fond de la mine eft
à plus de yo mètres au-deffous du niveau de
la mer. C e q u i, dans ces cavités profondes,
frappe le plus les curieux , ce font : une écurie ,
des maifons, des chapelles, des colonnes, des
ftatues 8c autres ornemens en fel; des fources
d’eau douce, des lacs que l ’on traverfe en ba*
teaux 3 mais il eft faux que les ouvriers y de»
F f f