
perfide de 25 lieues, c ’eft-à-dire à peu près le j
fixième de tous les glaciers des Alpes. Le voyage
au fommet du Schreckhorn n’eft pas moins périlleux
que le voyage à la cime du Mont-Blanc.
(J H .)
SCIO ou C hio. Ile de l’archipel g re c , fituée
à quatre lieues à I’oueft de U côte-d’ A fie ; elle
s ’étend du fud au nord, depuis le 38e. deg. 10 min.
jnfqu’au 38e. deg. 6 min. de latitude, & de l’eft à
l'oueft,entre le 25e. deg. jomin. Se le 23e. deg. 30
min. de longitude, fa circonférence eft de 57
lieues. Son fol montagneux eft aride depuis que
la chaîne qui la traverfe du nord au fud n’eft plus
couverte de bois. Avant l’infurreétion qui affura
la liberté de la Grèce, cette île , qui ne renferme
pas 10,000 habitans, en contenoit plus de no,c.oo.
Les produits de la culture faifoient fa principale
richeffe : ils confiftoient en vins mufeats, en
oranges, en citrons, en cédrats & en figues ; fes
terres incultes font couvertes de lentifques, & le
maftic que l’on en retire envichifloit fon commerce.
Le climat de Chio eft fain , mais l’air y eft
v if & contraire aux poitrines délicates..
(J. H .)
SCOPELOS. Ile de l ’Archipel g rec, fituée
fous le 21e. deg. 30 min. de longitude , & fous
le 39e. deg. 15 min. de latitude ; elle a 5 lieues de
•ongueur, 2 de largeur & 16 de circonférence.
Son fol eil montagneux nuis fertile; le vin qu’on y
recueille eft l’ un des meilleurs de l’Archipel; fes
côtes occidentales font bordées de petits écueils
que l’on appelle Pachia. . (J. H. )
SCY L LA ou SciGLro. C e rocher, fi célèbre dès
la plus haute antiquité, eft fîtué fur les côtes de
la Calabre, prefque vis-à-vis de Mefline, dont il
eft feparé par le détroit du même nom. Il eft d’une
grande élévation, & fon fommet eft continuellement
couronné de nuages. 11 eft coupé à pic &
tellement rapide, lifte & gliflant, qu’il eft im-
pofiible d'en gravir la cime. A fes pieds la
rature a creufé plufieurs vaftes cavernes, dont
la principale fe nomme Dragara. C ’eft dans ces
cavités que les flots, chaffés avec impétuofité,
font repouffés par le roc , fe replient, fe bri-
fen t, fe mêlent, Se produifent ce bruit réellement
effrayant qui, dans les fièclesreculés , avoit
fait confidérerce trifte lieu comme une des portes
des enfers.
Une remarque qui n’eft point fans importance,
c’ eft que la defeription donnée par Homère eft
encore aujourd’hui de la plus parfaite exactitude,
d’ où l’ on peut conclure que de fon temps la mer
avoit à peu près la même élévation qu’aujour-
d’hui, pnifque, fi elle avoit éprouvé un abaiffe-
ment un peu fenfible, on verroit h caverne &
même le pied du rocher à fec.
L’écueil de Scylla, autrefois fi redouté, n’eft
réellement dangereux que lorfque le vent foufffe
avec violence dans une direction oppofée à
celle du flux. En effet, quoique la maree foit à
peu près infenfible dans la Méditerranée, fes
effets fe font fentir plus vivement dans le détroit
de Mefline à caufe de fon étréciffement, Se lorfque
la violence du courant eft combattue par celle
du v ent, un navire court le plus grand danger
d’aller fe brifer contre le rocher de Scylla. Ses
eaux font alors tellement agitées, que la fonde,
les ancres & les câbles ne font plus d’aucun Recours
, Se qu’ il n’y a d’efpoir que dans l’habilité
des marins du pays, q ui, connoiffant la marche
du courant, favent l’éviter & diriger le navire
dans le feul chemin qui puiffe le fauver d’ une
perte certaine. (J . H. )
SÉCHELLES. C ’eft un archipel compofé de
vingt trois petites île s , Se fitué dans la mer des
Indes par y 2 deg- jomin. de longitude & 3 deg. jo
min. de latitude, entre l’ Ile-de-France & l’entrée
de la mer Rouge, au nord-eft de la pointe fep-
tentrionale de Madagafcar.
Plufieurs de ces îles ne font que des rochers
arides. II y en a quatre cependant qui font fufeep-
tibles de culture & qui ne font pas privées d’eau ;
ce font : l’île Saint-Anne, l ’île Praflin, celle aux
Frégates & celle de Mahé, la plus confidérable
de toutes, & qui peut avoir cinq lieues de circon”
ference. L’île entière eft une feule montagne fur
laquelle s’élèvent plufieurs pics, mais fans aucune
vallée importante. Elle eft granitique Se par con-
féquent de formation primitive, & le granité, pur
& à nu, fe voit fur plufieurs pics dépouillés de
terre végétale.
Une des particularités des îles Séchelles, c ’eft:
qu’elles portent fonde au large, ce qui doit faire
penfer que ces îles fe joignent toutes par la bafe, 6e que les fommités, que leur peu de hauteur
condamne à refter fubmergées, ont formé la barrière
contre laquelle l’Océan eft venu dépofer,
dans une longue fucceflîon de fiècles, les fédimens
& les corps étrangers qui ont fini par former le
banc qui s’étend à une aflex grande diftance.
Cette opinion prend une nouvelle force fi l’on con-
fidère que ce banc eft formé, au fud & à l ’oppo-
lite , des courans venant du nord-oueft, & que
le port des Séchelles diminue fenfiblement de profondeur,
ainfi que celui de l’Ile-de-France.
L’ île de Mahé fert d’appui à trois petites îles
pofées fur fa côte. Entr’ elle & l’île Saint-Anne, fe
trouve une baie fuperbe, d’un excellent mouillage
& qui fert de rade.
Toutes les Séchelles font environnées de corail
qui forme des refeifs très-étendus & s’élèvent juf-
qu’ à la fuperficie de la mer. Vis-à-vis l’île Mahé ,
au fond de la baie, fe trouve un beau canal coupé
à p ic , revêtu des deux côtés de corail & formant
un quai au niveau de l’eau. La mer étant ainfi préfervée
de toute agitation, on pourroit dans cet
endroit former uu port excellent.
Les Séchelles, & furtout l’ île de Mahé, étoient
autrefois couvertes de bois ; on en a détruit une
telle quantité, que le gouvernement a été obligé
de faire des ordonnances pour conferver ce qui
reftoit, Se furtout le bois du tatamaka, qui fournit
des courbes fuperbes pour la conftru&ion des
vaifteaux.
Le fol des.îles Séchelles eft neuf Se par confé-
quent d’une grande fertilité; le :?iz y eft d’une
qualité fupérieure, l'indigo y eft indigène, les can-
nelliers, gérofliei s Se mufeadiers y viennent très-
bien , mais font en petite quantité, toutes les plantations
ayant été incendiéesen 17 78 , dans
crainte de les livrer à l’ennemi. En général toutes
les plantes réufliffent bien aux Séchelles, Se l’on
y trouve plufieurs efpèces de cocotier, entr’autres
le coco de mer ou coco jumeau, très-recherché
dans toute l'Afie à caufede fa grande rareté.
Le bétail à corne eft rare aux Séchelles, & y
languit, tandis que L s cochons Se les cabris font
très-abondans. La tortue de mer Se celle de terre
font une grande refiource pour les habitans & les
vaifteaux qui relâchent dans ces îles. (J. H. )
SEELANDE. Cette î l e , la plus importante du
Danemarck, eft fituée entre le Cattégat Se la mer
Baltique; elle eft réparée de la Suède par le Sund,
& de l'île de Fionie par le détroit appelé le Grand
Belt. Elle a environ 27 lieues du nord au fud, & 1 >
de i’eft à l’oueft. Sa fuperficie eft de 352 lieues carrées,
& fa population dépafle 300,000 âmes. C ’ell
fur la côte orientale de cette île que fe trouve
Copenhague, la capitale du Danemarck. Cette île
préfente des plaines monotones qui, vers le nord-
eft , font coupées par un grand nombre de petits
lacs; fes côtes méridionales font couvertes de
forêts :1e chêne, l’ orme, le frêne\ l’aune & le
bouleau y font très-communs, tandis que le pin &
le fapin y font très-rares. Cette partie de l’île
produit d ’excellens fruits; les céréales y font
abondantes partout : on eftime principalement fon
orge. Les chevaux y font petits, mais vifs &
vigoureux.
Nature géologique du terrain. La craie domine
dans l’ île de Seelande : les couches tertiaires
ou qui paroiffent telles , y font peu développées.
Elle ne s’ élève point à plus de 60 pieds au-defliis
du niveau de la mer; elle renferme des malles de
filex formant des couches de fix pouces à un
pied & demi d’épaiffeur, placées horizontalement,
le plus fouventà des intervales de 12 à 14
pouces, & quelquefois à plufieurs pieds de diftance.
L’une de ces couches, à dix pieds au-
deflous de la limite fupérieure de la craie, eft
beaucoup plus épaiffe que les autres. Au-deffous
de cette couche les lits de filex font parfaitement
parallèles 5 mais au-deffus, ils font froiffés & préfentent
diverfes directions. Au-deflous de cette
couche on trouve beaucoup d’alcyons changés en
filex, tandis qu’au-deflus, les fo(files font fort
rares.
Sur ces bancs de craie repofe une couche
mince d’argile fehifteufe : fa plus grande épaiffe
ur eft d’environ 4 pouces; dans d’ autres endroits
, elle n’ a pas plus d’une ligne. Elle fe divife
en feuillets minces, dont les fupérieurs font mêlés
de calcaire, Se dont les inférieurs renferment une
matière charbonneufe qui paroît être un vétitable
lignite, & dont on trouve cependant quelques
parcelles dans les lits fupérieurs. M. Forehham-
mer, qui a publié en 1816 une defeription géo-
gnoftique d’une grande partie de cette île, a
trouvé, dans la couche argileufe, une dent de
requin & une coquille qui paroît appartenir à une
formation plus récente que celle de la craie. A
cette couche fuccède un lit de 2 à 3 pieds d'épaif-
feur, d une roche calcaire qui reflemble au calcaire
à coraliites & qui eft néceflairement plus
ancienne que le calcaire groftier des environs de
Paris. Elle eft parfemée de petits grains verts; le
géognofte danois y a reconnu douze genres de
coquilles, dont une entr’autre lui parut être une
cérithe, les autres font des troques, des natices,
des cyprees, des arches Se des moules, coquilles
qui cara&érifent, dans les environs de Paris, les
, couches inférieures du calcaire groftier.
C e calcaire eft recouvert d'un autre calcaire
dont la couche inférieure renferme des coraux,
des ourfins & des bivalves fracafiees, réunis par
un ciment calcaire & terreux; la couche fuivante
contient des filex; plus haut, les couches de filex,
épaiffes de 6 à 10 pouces, alternent avec des
couches calcaires de 3 à 4 pieds de puiftance.
L’épaifîeur totale de ce calcaire corallke paroît
être de 80 pieds ; il a fubi de violentes convulsions
: les couches de filex, ordinairement parallè
le s , y font fouvent contournées en forme d’el-
lipfoïdes, & forment quelquefois une fuite d’ellip-
foïdes lèmblables. C e calcaire eft recouvert en
quelques endroits par un dernier dépôt, auquel
on peut donner le nom de conglomérat calcaire3
qui remplit les enfoncemens des ellipfoïdes ; il eft
compofé de fragmens aigus de filex & de calcaire
corallite, réunis par un ciment également calcaire.
Des blocs de ce conglomérat font difperfés çà &
là fur le rivage. Dans les endroits où les falaifes
font à nu, le calcaire corallite eft couvert d’une
efflorefcence de foude carbonatée, que l ’on ne
peut attribuer qu’ à l ’a&ion des eaux de la mer
ui battent les flancs de ces falaifes Ôe pénètrent
ans les pores de cette roche.
La craie & le calcaire corallite de l’île de
Seelande occupent la plus grande partie du fol du
Danemarck, duHolftein, du Mecklenbourg, de
la Poméranie, & conftituent les îles de Faxoë,
de M oeen, d’Elfter, de la Land & de Fionie.
( L H . )