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à peu de diftance des côtes du nouveau Brunfwich
8c de la Nouvelle-Ecofle ; au nord de cette terre
on voit Tîle du Cap-Breton, dont la longueur eft
de 40 lieues 8c la largeur moyenne de 10 } au
milieu de ces îles on en voit lîx autres très^petites,
qui portent le nom d'îles de la Magdelaine.
L e cours du fleuve Saint-Laurent, jufqu à fon
embouchure dans le golfe, eft de 200 lieues communes
de France ; au-deffous de Q uébec, le fleuve
acquiert une très-grande largeur> dans quelques
endroits on l’évalue à près de 10 lieues» Son
cours eft extrêmement rapide, ce qui tient à la
pente du terrain autant qu’ à- la mafle d’eau qu’il
reçoit du lac Ontario & des rivières qui l’alimentent.
Sur la rive gauche, la plus confidérable eft
l’Ottawa (v o y e% ce mot), qui defce'nd du haut Canada
, les autres font : la rivière de Saint-Maurice,
la Seguenai, le Buftard & la rivière Noire. Sur fa
rive droite, le plus confidérable de fes affluens
eft la Chaudière, dont le cours eft de près de 50
lieues. Depuis le lac Ontario jufqu’à Québec, le
lit du fleuve s’élargit en deux endroits & forme
deux efpèces de lacs, dont l’ un eft celui de Saint-
François., 8c l’autre celui de Saint-Pierre} au-
dèflbus de Québ ec , on voit fortir de fes eaux
quatre îles litées à 12 ou 15 lieues de diftance ; au-
tieflus de cëtte ville, on trouve encore quelques
îles , mais peu confidérables.
L’infpe&ion des lieux, ou même la vue d’une
carte exaéte, portent la preuve que le baflin du
Miffiflipi devoit jadis ne faire qu’ un avec celui du
Saint-Laurent.
La navigation du fleuve enrichit Québec &
Montréal, & promet pour l’avenir de donner de
l’importance à quelques petites villes établies fur
fes bords. A Québec, fon large baflin eft bordé
de rochers efcarpés qui contribuent, avec 1 île
d’Orléans & la majeftueufe cafcade de l’île de
Montmorency, à donner à fes rives un afpeét
impofant. Plus haut, une île confidérable a fervi à
la fondation de la ville de Montréal, à l’embouchure
de l’Ottawa.
Quoique le cours du fleuve Saint-Laurent occupe
depuis le lac Ontario jufquà fon embouchure une
étendue de terrain frtuée fous la même latitude que
l ’efpace compris entre les Pyrénées & Paris, la température
du pays qu’il parcourt n’offre d’analogie,
lur l’ ancien continent, qu’avec la Sibérie : le froid
& le chaud y font extrêmes} dans le mois de
juillet & d’août, le mercure monte à 193 degrés
du thermomètre de Fahrenheit ou à 71,56 degrés
de celui de Réaumur; en hiver, le mercure y
gèle, c’ eft-à-dire qu’il marque 40 degtés de Fahrenheit
& 32 de Réaumur. Suivant les voyageurs, la
neige commence avec le mois de novembre, & èn
janvier, nul Européenne peut impunément braver
la rigueur du froid. Il arrive fouvent à Québec,
au commencement de l’hiver, que la neige roule
en grandes maffes dans l ’air, & remplit les rues
jufqu’ à cinq ou lîx pieds de hauteur} ce n’eft qu’en
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décembre que les vents neigeux ceflent & font remplacés
par un froid fec & uniforme. C ’eft vers cette
époque que les glaces s’amoncellent & rempliffent
le baflin du fleuve,.mais la rapidité de fon cours
les force à refter longtemps flottantes; Si la fin
de décembre les voit s^amafîer tout-à-coup , la fin
d’avril & le commencement de mai les voient dif-
paroître avec autant de rapidité > elles fe rompent
en faifant retentir l’ air de leurs explofions; &
elles fe précipitent vers la mer avec une violence
épouvantable. Immédiatement après la fonte des
glaces, la température s’adoucit, car le printemps
fe confond ici avec l’é t é , & les chaleurs fubites
■ font éclore la végétation à vue d’oeil fur les bords
du-fleuve Saint-Laurent ; le mois de feptembre eft
le feul qui offre une température agréable»
Végétation. A. peu de diftance du fleuve,-les
forêts commencent à couvrir les pentes des montagnes
; la culture s’ éloigne peu de fes bords. Ses
produits font :les céréales, le tabac & les légumes*
Plus on remonte vers le lac Ontario, plus les terres
deviennent fertiles. Le blé, femé au commencement
de mai,, mûrit vers la fin d’août} les fruits y arrivent
à une parfaite maturité : les fraifes-& les framboifes
y font exquifes, le raifin y eft d’un goût agréable.,,
mais il elt peu. fucré} les pommes & les poires fe
cultivent avec fuccès, 8c les melons y réuflîflentfi
bien, que plufieurs naturaliftes croient qu’ ils y font
indigènes. Les plantes qui croiflent fans culture
offrent beaucoup d’analogie avec celles de la Laponie.
La zi[ania aquaùca, graminée propre à
l’Amérique feptentrionale, croît abondamment-
fur le bord des rivières, & fert d’aliment aux
Canadiens errans. Les arbres des forêts n’atteignent
jamais une grande hauteur} la plupart font
de la famille des fapins. On y remarque le cèdre
blanc (thuya occidentalis) } on y voit aufli l’érable
& le bouleau, une efpèce de tilleul, un ormeau
propre à ces climats froid s, le gaînier ( cereis
canadénjis)_, le frêne commun & l’érable à fucre.
Les îles du Saint-Laurent font couvertes de fafla'-
fras, de lauriers & de mûriers rouges. L’extraélion
du fucre de l’érable fe fait au moment où la fève
monte, & lorfqu’ il règne encore un froid.vif} les-
habitans le raffinent 8c le rendent propre à fupr
pléer en tout le fucre de cannes. - •>
Animaux. Les montagnes 8c les forêts qui bordent
le fleuve Saint-Laurent font habitées par des
cerfs, des élans, des daims, des ours, des renards,
des martres, des furets,.des belettes, des écureuils,
des lièvres 8c des lapins. Vers le lac
Ontario, on rencontre des bifons, des chevreuils,
des chèvres & une petite efpèce de daim. Les
marais & les lacs abondent en loutres 8c en caftors»
Les eaux du Saint-Laurent font extrêmement poif-
fonneufes. Les bords des rivières font habités par
le caïman, 8c dans les bois, on trouve fouvent le
ferpent à fonnette. Au nombre des oifeaux indigènes,
on doit citer le coq d’ Inde, & , ce qui
paroît plus étonnant, le colibri} mais celui-ci
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patoît n’habiter que pendant l’été ces régions
boréales. V •
Sature des terrains dans le baflin du fleuve. Les
rives du Saint-Laurent .font généralement fchif-
teufes; cependant on y voit auift des roches granitiques,
arénacées & calcaires. Ces trois fortes de
roches fe font remarquer à l’ embouchure du nénve
& fur fa rive droite, Les montagnes d’ou defcendla
rivière de Montmorency font granitiques i le granité
, à l’endroit où la rivière tombe en cafcade
, eft furmonté d’ un calcaire horizontal, de
ftruâure lamellaire & d’une couleur gris noirâtre;
à Québ ec , le - roc qui porte la citadelle eft forme
d’ un granité à grain très-ferré & dune couleur
gris brun; il eft divifé en ftrares .ptefque
perpendiculaires. A l ’embouchure de la rivière de
la Chaudière, ce granité eft coloré de rouge, de
gris & de noir. L’île fur laquelle eft bâtie Montréal
eft calcaire; mais, dit Volney, tout le rivage
qui l'entoure offre des blocs de granité'roulés,
venus fans doute des hauteurs adjacentes; la
chaîne qui s’étend’ fur la droite du fleuve eft en
effet granitique. Aux Mille-Iles, petites îles qui
s’élèvent au milieu du Saint-Laurent , à fa (ortie du
lac Ontario, la roche granitique eft rougâtre & contient
beaucoup de fleldfpath. Sur la rive gauche
du fleuve, on voit des fchiftes argileux depuis le
L e Ontario jufquà Québec; on remarque auffi,
dans le même efpace de terrain, des calcaires qui
feintaient s’appuyer fur des fchiftes. ( J . H. )
SAINT-SIMON (Marais de). Voyeç G ironde.
SAISONS. Les phales périodiques qu’offre la
végétation dans les différentes contrées de la terre,
& qui font ii tranchées dans les régions tempérées
, font dues, comme on le fait, à l’ influence,
des rayons folaires.
Si leur aétion fe faifoit fentir tou t-à -co u p la
température feroit la même au printemps qu’ en
é t é , en autonne qu’en hiver. Mais cette aétion a
befoin d’être prolongée pour faire éprouver fes
effets. C ’ eft ainfi que dans les plus beaux jours
d’ é té , la chaleurJa plus forte fe manifefte plufieurs
heures après que la terre a accompli la moitié de
fa révolution diurne.
L’inclinaifon de l ’axe du globe fur le plan de
1-orbe annuel eft la principale caufe du renouvellement
périodique des faifons. A l‘équinoxe du printemps
, le rayon folaire tombe fur la furface de la
terre à égale diftance des deux pôles, c’eft-à-dire
à-un des points du cercle de l’ équateur. Pendant
que la terre eft dans cette pofition, elle accomplit
une feule révolution diurne, St la nuit eft égale
au jour pour tous les peuples.
En continuant à tourner autour du foleil, le
pôle boréal fe dirige de plus en plus vers cet aftre ;
celui-ci femble alors monter au plus haut point
de fa courfe vers le p ôle, jufqu’ à ce que le pôle
nord coïncide avec l’ un des points du cercle ap-
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pelé tropique du cancer. Le foleil par oit etre à fa
plus grande élévation pour les peuples de l’hémi-
fphère.boréal} les jours font les plus longs de
l’année. La fituation de l’axe terreftre changeant
très-peu pendant plufieurs jours, on a appelé cette
époque de l’année folfiice ; c ’eft le commencement
de l’été pour les régions boréales.
A partir du folfiice d'été, le pôle feptentrional,
dans la courfe terreftre, s’éloigne de l’aftre du
jour jufqu’à ce que le rayon folaire tombe de nouveau
à égale diftance des deux pôles : c’eft la fin de
l’été pour notre hémifphère} c’ eft Véquinoxe d'automne.
Enfin, l’ axe de la terre paroît s’ incliner en
fens inverfe de la direction qu’il fembloit fuivre au
folfiice d'été : le pôle feptentrional fe trouve à fon
plus grand éloignement du foleil} cet aftre paroît
être au plus bas de fa route, & traverfer le tropique
du capricorne : les jours font les plus courts de
l’ année pour Yhémifphére boréal; leur augmentation
eft fi peu fenfible pendant plufieurs révolutions
diurnes, que c’eft alors ce qu’on appelle le folfiice
d'hiver. Cette faifon, qui commence à cette époque
aftronomique, dure jufqu’à ce que la terre arrive
à l ’extrémité de fa courfe , c ’eft-à-dire au point où
elle a accompli fa révolution annuelle.
Il réfulte de cette marche de la terre autour du
foleil plufieurs phénomènes : fous l ’équateur, il
y a deux étés 8c deux hivers ; vers les pôles, il
n’y a plus qu’un été 8c qu’un hiver} entre ces deux
extrêmes, c’ eft-à-dirfc dans les régions tempérées,
c’eft par gradation que la terre paffe du froid au
| chaud & du chaud au froid : on éprouve alors
quatre faifons. (J. H.)
SA LA . Petite rivière qui prend fa fource dans les
montagnes des environs deSalzbourg 8c qui fe jette
dans la S a lz , à peu de diftance de cette ville. Elle
entraîne, des montagnes où elle prend naiflance, un
limon mêlé de gravier qui peut donner une idée
de la manière dont fe font formés certains dépôts
d’alluvions qu’on obferve dans les terrains de fédi-
ment fupérieur. (J. H.)
SALANDR ELLA. Rivière qui prend fa fource
dans les Appennins, 8c qui fe jette dans le golfe
de Tarénte après un cours de 16 lieues. La nature
du terrain qu’elle parcourt doit le faire ranger parmi
ceux de fédiment fupérieur, ainfi que nous l’avons
dit au mot Ofanto. (J. H. )
SALAYËR ou Salayr. Nom que l’on donne à
une chaîne de petites îles fîtuées entre Célèbes &
Mindanao. Elles s’étendent fous le 123e degré de
longitude orientale , & entre le i cr 8c le 5e degré
de latitude feptentrionale. Salayer, l’une des plus
grandes de ces île s , a près de 1 y lieues de long
fur 3 de large} elle eft montagneufe 8c couverte
de végétation.
Sanghir3 la plus importante, occupe le centre de
cet archipel} elle eft couverte de bois 8c traverfee