mens fofliles d'oifeaux; cependant les recherches
faites avec foin dans les terrains calcaires de plufieurs
contréesj celles que M. Cuvier a entre-,
prifes avec tant de fuccès dans les. gypfes des environs
de Paris, ont pleinement attefté 1Jantique
préfence d’ un grand nombre de ces animaux , à
une époque où nos continens n'avoient point
encore épuifé la longue férié de révolutions , de
changemens & de modifications phyfiques auxquels
le fouverain maître des Mondes les avoit
deftinés, avant qu'ils arrivaient à cette efpèce
d état de calme qui cara&érife l’époque à laquelle
la préfence de l’homme donne tant d’importance.
S il faut en croire quelques obfervateurs , &
entr’autres le favant Breiflack, des offemens for-
files d’ oifeaux auroient été fignalés dans des terrains
appartenant à des époques évidemment fort
éloignées les unes des autres. Ainfi on auroit à
citer :
i° . Le terrainfecondaire. L’ intéreffante localité
de Pappenheim recèle, dit-on, dans fes fchiftes
calcaires, des débris d’oifeaux nageurs.
M. Buckland a reconnu dans le calcaire fchiftetix
de Stonesfield, des ofîemens qui femblent avoir
appartenu à des oifeaux de l ’ordre des Echaffiers.
Ces o s , difent MM. Conybeare & Phillips, font
ceux de jambes & de cuiiles appartenant à quelques
uns de ces animaux.
Ebel parle d’ une localité fituée près des bords
de l’Orbe dans le pays de Vaud , où l’on trouve,
dit-il, beaucoup d’os & de becs d’oifeaux. N’au^
roit-il pas pris pour des becs d’oifeaux, des fof-
files analogues à ceux qu’a découverts M. Gail-
lardeau aux environs de Lunéville, & qui ont été
reconnus pour des becs de lè ches ?
2°. Le terrain tertiaire. Blumenbach a obfervé
aux environs d’GEningen des ofîemens qu’ il regarde
comme ayant appartenu à des oifeaux de
rivage. On vient d’en découvrir deux efpèces
dans le calcaire lacuftre de Gergovfe én Auvergne.
Mais ce qu’il y a de plus extraordinaire, & ce
qu’ il eft encore permis peut-être de révoquer en
doute, c eft que les fchiftes calcaires du mont
Bolca près Vérone ont offert des reftes ou plutôt
de s ^empreintes de plumes d’oifeaux parfaitement
reconnoifiables. Faujas a même inféré à ce fujet
un Mémoire dans les Annales d’hiftoire naturelle.
Enfin, nous le répétons , les gypfes des environs
de Paris recèlent aufti des débris d’oifeaux.
Mais M. Cuvier n’a pu y reconncître qu’un
nombre allez reftreint de genres.
11 y a découvert le tibia , le bec & l’humérus
d’un oifeau voifin de la C a ille , quoiqu’il en diffère
en ce qu’il eft un peu plus petit ; quelques
reftes d’un autre qui femble fè rapprocher de la
Bécaffe * une efpèce voifine de l’Alouette de mer;
des offemens qui paroiïfent avoir appartenu à une
efpèce d ’ibis i quelques-uns d ’un autre qui rappelle
le genre Cormoran} plufieurs oifeaux de
p roie , dont quelques-uns reffemblant auBufard;
des débris qui par leur taille annoncent un genre
analogue au Balbufard } enfin, des os qui ref-
femblent à ceux d’une Chouette.
M ammifères. Les débris de quadrupèdes fof-
files ne fe trouvent ni dans les roches intermé-
diaires ni dans les roches fecondairesy cependant
on en connoît plufieurs dépôts importans dans les
cavernes des terrains fecondaires, mais leur amon-
cèlement appartenant évidemment à une époque
poftérieure à ces roch e s , ne permet point de
confidérer ceux-ci comme faifant partie de la formation
fecondaire.
Les terrains tertiaires font très-abondans en of-
femens de quadrupèdes. C ’eft furtout dans la formation
gypfeufe de ces terrains, & principalement
aux environs de Paris, que l’ on a découvert
une foule d’animaux fi exaélement décrits & fi
bien déterminés par le favant M. Cuvier, q u i,
par l’ application la plus fcrupuleufe*de l’anatomie,
comparée, eft parvenu à reconnoître leur grandeur,
leurs formes & même leurs habitudes. Nous
allons les énumérer d’après les caractères-zoologiques.
Herbivores inconnus. Les offemens de ceux qui
ont été découverts dans les couches gypfeufes
des terrains tertiaires appartenoient tous à l’ordre
des Pachydermes (animaux à peau épaiffe); ils
forment deux genres : les PaUotheriums & les
Anop lot fieriu ms.
Le genre PaUotherium (animal ancien)fe divife
en fept efpèces ; la première reffembloit par fa
taille a un petit cheval , mais elle en différoit par
fes formes lourdes, par fes jambes groffes &
courtes, par fes pieds terminés par trois doigts
enveloppés chacun dans une corne arrondie}
enfin, par fa reffemblance avec le Tapir. En effet,
il avoit comme celui-ci la queue courte, effilée,
le mufeau alongé & recourbé comme une forte
de petite trompe} enfin, il avoit avec celui-ci h
plus grande analogie par la conformation de fa
tê te , & par l’ arrangement & la forme de fes
dents. M. Cuvier l’appelle PaUotherium magnum :
c ’eft la plus grande efpèce du genre} elle avoit
plus de quatre pieds & demi de haut jufqu’au
garrot.
Les autres efpèces différoient plus de celle-ci
par leur taille que par les nuances qui exiftent
dans les principaux caractères fpécifiques déduits
de la largeur ou de la brièveté des pieds, ou de
la longueur des doigts latéraux. Le nombre des
doigts eft toujours ;le même} les dents ne pré-
fentent aucune différence fenfible.
La fécondé efpèce ( PaUotherium medium ) avoit
proportionnellement les os du nez un peu plus
courts que dans l’efpèce précédente. Sa trompe
devoit donc être plus longue & plus mobile. Ses
jambes étoient grêles de hautes} il devoit repré-
fenter un petit Tapir. M. Cuvier le compare au
Babirouffa parmi les Cochons ; la hauteur qu’il
lui donne jufqu’au garrot eft de trente-un à trente-
deux pouces.
On a aufti trouvé des offemens appartenant à
cette efpèce dans les grès mollaffes tertiaires du
département de la Gironde.
La troifi'eme ( PaUotherium crajfum} reffembloit
parfaitement au PaUotherium magnum. C ’eft de
tous les animaux découverts dans les terrains
gypfeux des environs de Paris, celui qui rappelle
le plus, parl’enfemble de fon fquelette, le Tapir
■ d’Amérique} mais il en différoit par la taille, car
il ne devoit pas furpaffer celle d’un Cochon de
médiocre grandeur. Sa hauteur jufqu’au garrot ne
s’élevoit pas à plus de trente pouces.
La quatrième ( PaUotherium latum ) , loin d’avoir
les formes dégagées qui caraClérifoient le
PaUotherium medium, avoit au contraire la tête
groffe, les membres épais, les pieds courts de
larges, & le corps égal à celui du P.medium. C e pendant
fa hauteur ne s’élevoit pas au-delà de
vingt-quatre à vingt-fix pouces. M. Cuvier penfe
qu’il devoit être le plus lourd & peut-être le plus
pareffeux des PaUotheriums.
La cinquième ( PaUotherium curtum ) ne différoit
de la précédente que parce qu’elle écoît beaucoup
plus petite.
La fixieme ( PaUotherium minus ) avoit feize à
dix-huit pouces de hauteur -, fes jambes grêles &
fines lui donnoient l’extérieur d’ un Tapir plus
petit qu’ un Chevreuil.
La feptieme ( PaUotherium minimum ) , quoi-
qu’avec les caractères & les formes des précédens,.
reffembloit au Lièvre par fa petite taille.
Les différens débris de PaUotheriums que l’ on a
découverts dans les terrains fitués hors du b îffin
de Paris, fe rapportent généralement aux efpèces
qui viennent d’être énumérées ; cependant fi on
les examine attentivement on y trouve quelquefois
des différences affez fenfibles. Ainfi M. Cuvier hé-
fite à reconnoître, dans le PaUotherium que recèle
le calcaire d’eau douce des environs du Puy
en V é la y , l’identité d’efpèce avec ceux de nos
gypfes. Ainfi, les offemens que l’on trouve dans
le calcaire des environs d Orléans, appartiennent
a deux efpèces qui diffèrent un peu de celles des
environs de Paris, & dont l’une a paru affez dif-
tincte à M. Cuvier pour qu’elle reçût le nom de
P . aurelianenfe. Elle eft plus petite que le P. craf-
f um• Enfin , il en eft de même du PaUotherium des
environs d lffe l, qui femble devoir former une
efpèce, & que M. Cuvier appelle Ijfelanum.
Tous ces animaux dévoient avoir le poil ras.
Ainfi, à l’exception de leur couleur, nous pouvons
nous faire une idée affez exaCfce de leur
forme par la defeription que nous venons d’en
donner, & qui eft toute entière due aux recherches
de M. Cuvier. -
Le genre Anoplotkerium ( animal fans défenfes )
fe divife en fix efpèces-, mais toutes ont pour
caractères un fyftème dentaire qui les rapproche
des ruminans, & particulièrement du Chameau,
& deux doigts, comme celui-ci, renfermés chacun
dans une corne.
La première efpèce, celle appelée Anoplothe-
rium commune, avoit plus de trois pieds de haut
jufqu’au garrot, & le corps long de cinq pieds &
quelques pouces, fans y comprendre la queue,
dont la longueur de près de trois pieds & demi lui
donnoit quelque reffemblance avec la Loutre %
mais loin d’ être comme elle un animal carnaffier,
l’Anoplothe rium commune vivoit, fuivant l’opinion
de M. C uv ier, comme le Rat d’eau ou l'Hippopotame,
tantôt fur terre, tantôt dans l’eau, où il
alloit chercher les racines & les plantes qui y
croiffoient. Il eft difficile de décider fi , comme la
Loutre , il avoit le poil lifte ,o u s’il avoit la peau
demi-nue, comme nous la voyons dans quelques
Pachydermes} mais ce qui eft vraifemblable, c’eft
qu’il ne devoit point avoir de longues oreilles,
parce qu’elles l ’auroient gêné au fein des eaux.
La fécondé efpèce ( Anoplotherium fecundarium )
reffembloit parfaitement à la précédente, avec
cette feule différence , qu’ au lieu d’avoir la taille
moyenne d’ un A n e , elle avoir celle d’ un Porc.
La troifieme ( Anoplotherium gracile ) , remarquable
par la légèreté de fes formes, par fes
jambes & fes pieds alongés, & par une queue
mince & courte , avoit la taille & l’élégance de la
Gazelle. Sa hauteur ne devoit pas s’élever à plus
de deux pieds; fa tête & fes os étoient moins
gros que.dans le Chamois. M. Cuvier penfe que
timide & craintif, comme tous les animaux auxquels
la nature a donné l'agilité & la légèreté,
l’Anoplotherium gracile devoit porter de longues
oreilles, propres à l’avertir du moindre danger.
La quatrième ( Anoplotherium leporinum') avoit
les habitudes du Lièvre, fa taille & la proportion
de fes membres.
La cinquième ( Anoplotherium murinum) avoit,
ainfi que l’annonce fon nom, la taille d ’un Rat.
La fixieme enfin ( Anoplotherium obliquum) 3 dans
les mêmes dimenfions que la précédente , en dif-
féroic probablement très-peu, puifque 'M. Cuvier
ne les fépare que parce que celle-ci a la branche
montante de la mâchoire inférieure moins large
& difpofée plus obliquement : ce qui lui a valu fon
nom.
Le favant anatomifte auquel nous empruntons
ces détails, a fait de la troifième efpèce ci-deffus
un fous-genre, qu’ il nommeXiphodon3 & des trois
dernières un autre fous-genre qu’il appelle Dicho-
bune. Ces quatre efpèces avoient toutes le poil ras ;
elles n’étoient point aquatiques comme les deux
précédentes; elles vivoient d’ herbes & de plantes
aromatiques, &r, félon toute apparence, elles
habitoient les hauteurs qui dominent le baffin
compris entre les collines de Montmartre, de
Pantin , de Montmorency, d’Argenteuil & du
mont Valérien , dont les carrières ont recélé
les débris qui ont fervi à recompofer leurs •'