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graphie, qu’une île appartient néceffairement à
la partie du monde dont elle eft la plus voifine,
nous comprenons l’Iflande paimi les îles américaines.
En conféquence, nous devons trouver
pour l’Europe un nombre de volcans moins confié
érable que celui que donne M. Girardin} mais
notre lifte furpaffe non-feulement cie beaucoup
dans Ton réfultat celle de M. Ara go, mais encore
celle de M. Girardin. En voici le-réfumé ;
Europe............
Sur les Dans 1<
conrinens. îles.
Afrique. ,.. . . . • • . • ÎO 21
Amérique.......
Océanie.......... . . . . » 174
Total.
H
127
n
204
174
Total trouvé par nous. 180 370 Yfo
Ainfi nous trouvons de
plus que M. Arago . 115 274 387
Et de plus que M. Girardin...................
71 ' 176 2,47
Bien que nous trouvions 247 volcans & folfa-
tares de plus que M. Girardin, nous fommes loin
de croire notre nombre de 550 exaCt j non parce
qu'il pourroit être exagéré, puifque nous avons
mis tous nos foins à éviter les doubles emplois
qu il feroit facile de faire, en prenant pour des
volcans - différens les divers noms donnés quelquefois
a un feul volcan, mais parce que nous
lommes convaincu que lorfque des voyageurs
un peu expérimentés examineront avec attention
les volcans qüi paroiflent aujourd’hui en repos,
ils reconnoîtront que plufieurs, que nous n’avons
pas comptés parmi ceux qui appartiennent à 1-é-
poque hiftorique, font partie des volcans de cette
claflTej & parce que nous fommes convaincu
aufl» que beaucoup de volcans actifs ou à l’état
de folfatares, n’ont point été fîgnalés par les
voyageurs & les navigateuts.
C o n f id é ra tio n s g én é ra le s f u r ï à t t i o n v o lc a n iq u e e t f u r
te s th é o r ie s p r ô p o fé e s p o u r C e x p liq u e r .
Les éruptions volcaniques, comme tous les
grands phénomènes phyfiques dont le fiége ou le
f oyer eft loin de la portée de l’obfervation humaine,
ont été depuis des fiècles le fujet d’une foule
d'hypothèfes plus ou moius ha fardées.
Nous n’effaierons pas de groflîr le nombre de
ceux qui ont cru pouvoir lever un coin du voile
que la nature jette fur fes opérations. Fidèle à
notre tâche d’hiftorien, nous expoferons en peu
de mots les opinions des principaux phy.ficiens &
naturallftes fur ce fujet. Nous ferons d’abord remarquer
que dès la plus haute antiquité les favans
ou les philofophes cherchèrent à expliquer les
grands phénomènes de la nature. Les volcans durent
exercer leur fagacité. Le feu & l'eau furent
confidérés par les Anciens comme les principaux
agens de deftruCtion qui ait tourmenté notre
Globe. L’hiftorien J u f t in , qui vivoit au IIe fiècls
de notre ère & qui fut le compilateur de l’hifto-
rien Trogue Pompée, contemporain d’Auguste,
dit, en parlant du détroit de Meftine : « Tout
près de là (ont les feux perpétuels de 1 Etna & des
îl-S Ioniennes, lefquels femblent être alimentés
par l'eau elle-même. Et en vérité, comment dans
un fi petit efpace auroit pu durer pendant tant
de fiècles un fi grand feu, fi l'eau ne concouioit
pas à l’entretenir ? » Nous verrons, par l’expqfé
que nous allons offrir, que jufqu à nos jours les
favans ont regardé .l’eau comme hécefîaire à la
combuftion des feux fouterrains.. Il eft vrai,
ainfi que l’a fait remarquer Fortis, que'Juftin ne
dit pas en propres termes : c’eft le giz oxigène,
c’eft l’hydrogène formé par la décompofition cie
l’eau qui alimentent les volcans} mais an-langage
Scientifique près, les hypothèles des favans fe
font fuccédé jufqu’à ce jour fans qu’on ait dit
autre chofe que ce que les Anciens fe contenaient
de dire.
I e jéfuite allemand K i r c h e r , dans un ouvrage
publié en 1668 fous le titre fuivant : M u n d u s f u b -
te rran eu s , q a o u n iv e r f e n a tu r e ,. m a je f ia s . & d iy itiA
' fum m a r erum va r ie ta te . e x p o n u n tu r , attribuoit les
volcans au feu central qui confume la terre, &
qui a fait éruption fur différens points de la-croûte
du globe.
L ém e r y (en 1707) ne foutint point une opinion
nouvelle, d’après ce que nous avons vu cirdeflus,
lorsqu’il attribua les phénomènes volcaniques à la
réac tion mutuelle du foufre, du fer & de l’eaujmais
; il donna à fa théorie ün grand poids par une expérience
dans laquelle il croyoit imiter ces phénomènes,
en introduifarit dans un flacon une pâte
molle compofée de foufre & de fer très-divifés &
mélangés avec de .l’eau : mélange qui, expôfé
pendant quelque minutes au contact de l’air, entroit
en incandefçence. Dans cette expérience , le
mélangé en queftion n’eft qu’un hydrôfulfate de
protoxyde de fer qui, refroidi d’abord £ s^mpare
de l’oxigène de l’air, form - de l’eau & du peroxide
de fer, 6c rend libre le foufre en abforbant rapidement
l’oxigène : abfoibtion qui produit la chaleur
& lincandefcence.
B o u rg u e t (en 1729) attribuoit l’origine des volcans
aux lits de bitume, de foufre, de fel & de
fer que recèle l’enveloppe du globe terreftre, &
de plus il croyoit qu’ils étoient plus nombreux
entre les tropiques que dans les autres latitudes.
M a i r a n (en i730j.penfoit que les feux fouterrains
pouvoiént êtrë attribués aux émanations du
f.u qui occupe le centre de la terre.
L d n a r o -M o r o prétendoit que non-feulement
il falloit que les foyers volcaniques renfermaf-
fent des matières propres à exciter la combuf-
tiôn, mais encore à l’entretenir. Il ne fuffit pas, félon
lui, que la décompofition des pyrites ou des
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fiilfures de fer produife chaleur & embrafement, il
faut que des biti'mes 6c furtout des charbons de
tr rre alimentent ce leu. Ainfi, d’après ce phyficien,
le foyer d’un volcan ne (e roit pas placé beaucoup au-
de flous de la formation houillère. Lazzaro-Moro,
dans un ouvrage qu’il publia en 1740, développa
à propos des volcans une hypothèfe fui: la formation
des montagnes qui eft tout-à-fait en rapport
avec ce que les faits'ont offert à M. E.lie de Beaumont
fur la théorie des foulèvemens. Au moment
delà création, dit-il, le globe étoit complètement
environné par les eaux de la mer} le troifième
jour, des feux fouterrains foùlevèrent la croûte qui
formoit le fond de l’Océan : ce fut l’origine des!
chaînes granitiques qui couvrent leglobe. De leurs
flancs'fortirent des torrens de matières en fufion,
qui s’étendirent, les uns fur les autres jufqu’au
fond de la mer. Plus tard, les feux fouterrains
foùlevèrent le fond des eaux, & formèrent les
montagnes à couches, qui ne renferment point de
débris organiques, puifque les animaux marins
n’exiftaient point encore}; ils épanèhèrent une
grande quantité de foufre, de bitume & de fel,.
qui donna à l’Océan (on amertume & fa falure.
Ces feux fouterrains continuèrent & formèrent
des couches alternatives de roches, volcaniques &
de roches calcaires à débris d’animaux. Les-.conié-
quences de ce fyftème ingénieux, qui n’a que le
défaut d’avoir été préfenté à une époque où l’étude
de là compofition de l ecoice terreftre n’étoit pas
encore allez avancée, ne dévoient-elles pas conduire
l’auteur à un réfultat oppofé à celui qu’il
admettoit en prétendant qu’il faiioit aux volcans
non-feulement une caufe de combuftion, mais un
aliment à la combuftion ?
B u ffo n (en 1745), à l’exemple de Bourguet, penfe
que dans une montagne, des veines de foufre, de bitume,
de diverfes autres fubftancts minérales, 6c
furtout de pyrites, en fe.décompofant par l'aCtion de
1-air ou de l’humidité, entrent en combuftion, 6c
que fuivant leur abondance elles produifent des effets
volcaniques plus ou moins violens.ill ajoute
que les feux fouteirains acquièrent d’autant plus
d’activité que, plus voifins de la rmr, ils éprouvent
un plus grand choc de la. part d’un plus grand volume
d eau. Delà, dit-il, torrens.que vomiffent
quelques volcans, les fources chaudes qui naiflent
à leur bafe, les lacs qy.e forment leurs cratères,
& la préfence d’un gi^nd nombre de bouches
volcaniques dans des îles ou dans le voifinage de
la mer. 11 ajoute que le foyer des volcans eft plutôt
vers le fommet du cône qu’ils forment que
vers la bafe.
Le favant chimifte & minéralogifte B e rgm a n (en
1774), fans prétendrë donner une théorie des volcans,
a feulement fait remarquer, en examinantleurs
produits & leurs phénomènes, que la caufe en eft
partout la même, & cette caule il l’attribuoit à
l'inflammation du pétrole} il faifoit obferver à ce
fujet que les feories récentes qui couvrent les laves (
préfentent fréquemment des indices non équivoques
de la préfence de cette matière.
B a i l l y (en 1780) foutint une opinion analogue
â celle de Mairan.
H o u e l , qui publia en 1782 un V o y a g e p it to r e fq u e
d e s l ie s d e S i c i l e , M a l l e & L ip a r i , penfe que les
montagnes volcaniques font toutes des productions
des feux centraux} que ce n’eft que fous les
eaux que les volcans prennent de l’accroiflement
& qu’ils ont dû fe former, quoiqu’avec une extrême
lenteur.
Le minéralogifte anglais B o w l e s (en 1782), qui
voyoit dans la dilatation de l’eau par le calorique la
principale caufe des phénomènes volcaniques &
l’origine des volcans dans le feu central du globe,
fai'oit-judicieufement remarquer que tous les volcans
font de hautes montagnes & qu’il n’en exifte
pas dans des plaines.
S p a l la n ^ a n i qui a étudié en obfervateur zélé , autant
qu’en naturalifte habile, les volcans del’ ftalie,
n’a pu fe difpenfer, en examinant leurs effets, de
chercher à en reconnoitre les caufes. «J'ai parlé
mille fois, dit-il (en 1792), des gaz des volcans.
J’ai fait voir comment leur élafticité raréfie les
fubftances pierreufes fondués parle feu & les rend
poreufes} j’en ai montré l’effet dans une multitude
de laves , de ponces, de verres & d’émaux. J’ai
expliqué comment ces gaz, par leur feule énergie,
peuvent foulever du fond d’un cratère lès matières
liquéfiées, les gonfler de manière quelles en occupent
foute la capacité, & les forcer de s’épancher
par (est orles. Enfin, j’ai fait remarquer tous
ces phénomènes, en petit, jufque dans les creufets
où l’adion du gaz devient très-fenfible. Mais
devois-je me borner à prouver leur préfence dans
les laves, quand les phyficiens & les chimiftes
portent aujourd’hui toute leur attention fur l’ana-
lyfe de ces fluides aériformes ? Ne falloit-il pas, au
moins, effayer d’en découvrir la nature, 6c chercher
jufqu’où va leur influence fur les éruptions
des volcans? m.
A la fuite de plufieurs expériences faites fur des
produits volcaniques, pour en opérer la fufion,
Spallanzani reconaoît que les bulles & les tumeurs
plus ou moins grofies, que l’on remarque fi fréquemment
dans, les productions volcaniques , ne
(ont pas l’effet d?un gaz permanent, mais celui
d’un fluide aérifo me, réfultant de l’exceflive
raréfadion de la matière. « Lorfque, dans la
profondeur d’un cratère, dit-il, ce fluide fe trouve
mêlé à une lave liquide violemment tourmentée
par le feu ,.on conçoit,comment elle peut foulever
cette lave jufqu’au fommet du cratère & la forcer
de s’épancher par les borJs. — Il eft encore
probable, ajoute-t-il, que fi cette vapeur élaflique,
ramaffée en grande abondance, trouve fous terre
des obftaçles qui s’oppofent fortement à fon ifliie,
elle occafionnera des feeouffes, elle tonnera, elle
mugira dans le fein de la montagne, elle en déchi