
Les reftes organifés que Ton remarque dans le
lias font extrêmement nombreux. Les Anglais y
comptent, parmi les mollufques, vingt efpèces
<Tammonites figurées par M. Sowerby , trois nautiles
, quelques bélemnites, trois hélicines 3 aurant
de trocnus , quatre modioles , deux unio 3 des teré-
bratules , des gryphées , des plagiojlornes 3 & C .,
des encrines, des madrépores , des ourfins ; parmi
les végétaux, des fougères, des joncs y enfin diverses
plantes monocotylédones & dicotylédones aquatiques
& terrefires.
C ’eft encore dans les diverfes-eouches de lias
que Ton a trouvé plufieurs efpèces de poiffons, f i
ces finguliers reptiles décrits fous le nom de ple-
Jiofaurus & d‘ ichtyofaurus.
Cette formation conftitue en Angleterre une
bande étroite qui s'étend depuis la rivière de le
Te e s dans le Yorkshire jufqu’à la baie de Bridg-
water dans le Somerfetshire. En France on la retrouve
entre Caen & Bayeux. « Les couches du
» calcaire de Vieux-Pont, celles du pays plat corn-
» pris entre Câfewt-an & Valognes , repréfentent
» parfaitement le lias des environs de Briftol, dit
»» M. Confiant Prevoft, & ce que Ton a appelé
» pendant long-temps, en France, le calcaire à
» gryphées arquées, le calcaire de Bourgogne,
» notamment des environs d'Autun & d? Aval on ,
»a fournit un autre exemple authentique du lias
a» en France. »
Les dépôts de lias forment généralement des
plaines larges & unies aux pieds des collines calcaires
de la formation oolithique ( Metz & d’ au^.
très iocalités). Ces plaines préfentent quelquefois
de petites vallées ou des elcarpemens peu impor-
tans. Cependant le faîte de cette formation atteint
quelquefois une hauteur de quatre à cinq cents
pieds au delfus du niveau de la mer, & fouvent
même fon épaiffeur eft aufli importante.
Suivant M. Conftant-Prevoft 3, le lias forme en
Angleterre, où il atteint une plus grande puif-
fance que fur le continent, des dépôts qui ont
au-delà de huit cents pieds d’élévation.
B. Calcaire oolithique ( calcaire jurajfique moyen
& fupérieurdeM. de Humboldt.— Calcaire oolithe
ou calcaire glob.iliforme de M. Bronginart. — Ro-
genjlein & hirfeijiein des Allemands). C e calcaire
fuperpofé au lias, & qui par fon importance peut
être confidéré comme conftituant une formation
difiincte, a été divifé par les Anglais en trois fyf-
tèmes : l’oolithe inférieure ,1* oolithe moyenne & Y oolithe
fupérieure. Ces fyftèmes comprennent chacun
diiïércns groupes air.fi que nous allons le relater.
Le calcaire oolithique , confidéré d’ après les caractères
généraux qu’il préfente dans .diffèren -
tes contrées , eft facile à reconnoîrre par là texture
formée de grains arrondis, plus ou moins
gros, qui, fous le rapport minéralogique, l ’ont fait
partager en trois variétés par M. brongniart :
1°. Calcaire oolithe miliaire , formé de grains
femblables a ceux du millet ;
2°. Calcaire oolithe cannahin, dont les grains
reffemblent par la groffeur à la graine du chanvre ;
3°. Calcaire oolithe noduleux , compofé de grains
irréguliers, qui varient depuis la groffeur d’un pois
jufqu’à celle d’un oeuf.
a . Oolithe inférieure ( inferior oolithe). Ce calcaire
fe diftingue facilement des autres oolithes
par la grande quantité d’oxide de fer diffeminé
dans fa maffe, & qui donne à fes grains une couleur
brune ou la teinte de la rouille. C’eft dans
celle-ci que fe trouve ordinairement la variété no-
duleufe. Ses plus petits grains , dit M. de Cau-
mont dans fon fécond Mémoire fur la Géologie
de l’an ondiffement de Bayeux ( voyez Mémoires
de la Société linnéenne du Calvados, tome I ) , ont
la groffeur & la forme des oeufs de vers à foie ;
les plus gros atteignent & dépaffent la groffeur
d’une noix. 11 eft à remarquer que ces gros grains
bruns ou rouges fe trouvent ordinairement à la
partie la plus inférieure, où ils forment une cou-
che de quelques pieds d’épaiffeur, & qu’ils font
furmontés par un lit d’oolithes blanches & rouf-
fes, mais ordinairement blanchâtres. Suivant l’ab-
fervateur que nous venons de citer, le grain de
cette couche reffemble par fa finefie à celui de la
craie. 11 eft dur, caftant & d’un tifiu groflier. Dans
plufieurs localités elle eft partagée en ftrates horizontales
, féparées quelquefois par des lits d’argile.;
dans d’autres, elles n’offrent qu’un banc
lillonné de fiffures irrégulières. On n’y trouve
point de filex,' & les débris de corps organifés
y iont beaucoup moins abondans que dans le banc
d’oolithe brune; mais aufli le premier eft d’une
épaiffeur bien plus grande que le fécond.
Suivant la divifion adoptée par MM. Cony-
beare & Phillips en Angleterre , où le dépôt oolithique
a acquis une importanceplus grande que fur
le continent, Y oolithe inférieure fe compofé de plufieurs
aftifes.
i°. Dépôts argileux, fableux & marneux, formant
la ba'e de ce' premier fyftème. Ce dépôt fe
compofé de fable calcaire (marleftone de Smith) ,,
de calcaire & d’argile bleue ou jaunâtre ( fullets
earth. — Argile fmeclique'). A l'exception de l’argile
jaunâtre, ces couches abondent en débris
organifés.
2°. Dépôt calcaire, dont les fubdivifions font de
calcaire compacte rude (cornbrash) , le Ichitie calcaire
de Stonesfield (Stonesfield-Jlau) , le calcaire
compacte à fragmens organiques (for eft tnarbie) &
la grande oolithe.
Cependant nous devons faire obferver que dans
fon tableau de la formation oolithique de la partie
nord-occidentale de la France, M. J. Defnoyers
comprend, dans 1 ejyft'eme moyen3 les calcaires appelés
cornbrash , Stonesfield-jlate , forejl marble , la
grande oolithe & le bradford-clay.
Outre le fer & l’argile que l’on remarque dans
les dépôts oolithiques intérieurs, on,y trouve,
comme à Dundry en Angleterre, de la chaux carbonatée
fibreufe, & quelquefois des criftaux de
quartz.
M. J. Defnoyers rapporte à ces dépôts le calcaire
marnei^x de Porten-Beffin (Calvados).
Les reftes organifés de cette oolithe confident
en un grand nombre de coquilles réparties, foit
dans les couches d’argile, foit dansies grès &
fables marneux ( find & mar I f one ) , foit enfin dans
l’oolithe proprement dite qui renferme à elle feule
deux fois plus d’efpèces que les deux autres dépôts
qui en font partie. M. Sov/erby a décrit environ
vingt efpèces & ammonites , trois de nautiles
, quelques bélemnites, douze de trochus & autres
univales, & parmi les bivalves, des trigonies 3
des cardites 3 des lutraires , des moules 3 des téré-
bratules , des huîtres , des peignes, des plagiojlornes,
& c ., enfin des. poiffons, des ourfins , des encrines
& plufieurs mad'épores.
«. Oolithe moyenne ( great oolite des Anglais).
Cette fécondé férié oolithique eft quelquefois fe-
parée de la première par un lit argileux. Nous
avons dit que M. J. Defnoyers comprend dans ce
dépôt le bradford-clay ,1e forejl marble, le corn-
hraih ■ il y joint même le Stonesfield-jlate y mais les
raifons qui ont porté M. Confiant Prévoit à con-
fidérer cette roche comme appartenant à un dépôt
plus récent, nous femblent de nature à être prîtes
en confidération. Les géognoftes anglais comprennent
dans ce fyftème moyen Y oxford-clay
& le coral rag; cependant nous le. placerons ,
comme M. J. Defnoyers, à la partie inférieure du
fyftème oolithique fupérietir.
i°. Bradford-clay ■ {argile de Bradford ). Cette .
argile marneufe ou calcarifère eft ordinairement
d’une couleur bleuâtre. Au point de contaét avec
la grande oolithe , elle eft remplie de reftes organifés
qui lui font particuliers. Non-feulement elle
eft riche en coquilles, mais encore en encrinites,
en polypiers, en éponges. MM. Conybeaoe de Phillips
ont remarqué que fa préfence eft néceffaire
pour pouvoir reconnoitre la grande oolithe, car
lorfqu’ elle manque, difent-ils , ce qui arrive quelquefois,
il eft impoflible de diftinguer les lits fupé-
rieurs delà grande oolithe de ceux, du forejl marble.
2°. Forefi marble. Les dépôts qui conftituent le
forejl marble des Anglais , confiftent principalement
en calcaire fiffde, divifé par des lits argileux,
& placé entre deux couches compofées de calcaire
filiceux, de fable & de calcaire fablonneux;
Quoique le forejl marble foit généralement formé
de lits minces, on en voit quelquefois qui ont cependant
deux ou trois pieds d’épaiffeur.
La couleur de ce calcaire eft tantôt grife, tantôt
bleue, d’autres fois brunâtre.Quelquefois des
débris de coquilles y font mêlés à des parcelles
d’oolithe blanche. MM. Conybeare & Phillips
ont obfervé que les coquilles bivalves diminuent
dans les couches les plus épaiffes, 8c les univalves
dans les plus minces.
M. J. Defnoyers rapporte au bradford-clay &
au forejl marble\z formation du calcaire a polypiers
de Caen.
3°. Cornbrash. Ce calcaire eft tendre, terreux,
de couleur grifâtre, jaunâtre ou bleuâtre, & quelquefois
brune. Sa texture eft celluleufe & fa caf-
fure raboteufe. Il forme des amas peu épais »
dont les lits font féparés par des lits d’argile.
M. J. Defnoyers confidéré l'oolithe de Mamers
comme appartenant au cornbrash. •
4°. Oxford ciay (argile d’Oxford). Cette argile
à laquelle M. J. Defnoyers rapporte les marnes
argileufes de Dives ou de Mamers,. conftitue un
dépôt compofé d’une férié de lits dont l enfemble
atteint une immenfe épaiffeur. Les marnes de Mamers
ont jufqu’à cinquante métrés de puiffance;
mais en Angleterre l’ argile qui lui correfpond de-
paffe cent foixantemètres. Cette argile eft tenace,
d’une couleur bleue, fouvent foncée, & contenant
des géodes argilo-calcaires.
L’ argile d’Oxford renferme, comme la plupart
des formations argileufes , le fer fulfuré & la chaux
fulfatée. On y a trouvé des débris d’ichtyoftures &
des coquilles fofliles, telles que des ammonites,
dés nautiles, des gryphées, des térébratules, des
peignes , des plagiojlornes & des trigonies, &c.
c. Oolithe fupérieure. Ce fyftème qui, fuivant
MM. Conybeare & Phillips, fe compofé de Y argile
marneufe de Kimmeridge, de Y oolithe de Portland
& du calcaire argileux de Furbeck, comprendra dans
cet aperçu le cor al rag.
i°. Corel rag (calcaire à polypiers). Ce calcaire
eft ordinairement formé de gros grains. Sa couleur
eft le blanchâtre ou le jaunâtre. Les corps organifés
dont on trouve les nombreufes traces dans cette
roche, font principalement des ammonites, des
nautiles, des bélemnites , des mélanies, des troques
, des ampullaires, des trigonies, des huîtres ,
des peignes, des limes & des modioles, &c.
Les lits fubordonnés à cette roche font des fables
ochreux, filiceo-calcaires {calcareous grit).
Le cor al rag atteint, fuivant MM. Conybeare
& Phillips , l’épaiffeur de cent à cent cinquante
pieds. L’oolithe de Mortagne que M. J. Defnoyers
rapporte à cette roche, a jufqu’à cent vingt pieds
de puiffance.
2°. Kimmeridge clay (argile de Kimmeridge ou
marneufe). Ce dépôt eft compofé de lits argileux
bleuâtres ou d'un jaune grifâtre. Il contient auffi
des lumachelles & des brèches calcaires. Les
reftes organiques que l’on y trouve font en général
les mêmes que ceux du coral rag.
Les minéraux font la chaux fulfatée ( Oxford-
shire) & le fer fulfuré.
L’épaiffeur de ce dépôt varie confidérablement
félon les localités : près d’Oxford il dépaffe cent
pieds, à Summing-Well il atteint foixante-dix
pieds ; ailleurs il ne dépaffe point quarante-cinq
pieds (Honfleur. — Belefme).
3°. portland-oolithe (oolithe de Portland). Ce
dépôt oolithique eft formé de lits de calcaire grenu,
V v i