»» un haut rempart couvert de forêts & percé i
« d'une brèche du haut en bas. Je redefcendis I
*• dans un pays ondulé & boHe qui m’en féparoit
| Près du fort Cumberland, le fleuve étoit célèbre
à l’époque où Volney le vifita, par les couches
de houille qui s’élevoient en forme de dômes le
long de fes rives, de telle manière que les bateaux
qui le defeendent s’arrêtent au pied de ces berges,
& peuvent prendre leur chargement complet de
ce combuftible foflîle.
encore; & enfin, m'étant rapproché, je me
03 trouvai au pied de ce rempart qu’il falloit fran-
» chir, & qui me parut haut d’environ 150 mètres.
*» En me dégageant des bois, je vis dans fon en-
« tier une large brèche que bientôt je jugeai être
» de 12 à 1300 mètres de largeur. Au fond de
»• cette brèche couloit le Potomack, laiffant fur fa
■ *? gauche une rive en pente praticable, large]
» comme lui-même, & fur fa droite ferrant immé-
« diatement le pied de la brèche : fur les deux
» parois de cette brèche, & du haut en b as ,
»» beaucoup d’arbres font implantés parmi les rocs,
» & mafquent en partie le local du déchirement ; ;
s» mais vers les deux tiers de la hauteur du flanc
» droit du fleuve, un grand efpace à pic qui a re-
»> fufé de les recevoir, montre à nu les trous 8c
« les caricatures de f’ancienne attache ou muraille
m naturelle, formée de quartz gris que le fleuve
*» vainqueur a renverfée, en roulant fes débris
* plus loin dans fon cours > quelques blocs confias
dérables qui lui ont réfifté, demeurent comme
>» témoins à peu de diftance. Le fond de fon li t ,
*• à l’endroit même, eft hériffé de roches fixes ‘
*> qu’il ne brife que peu à peu. Ses eaux rapides
*» tournoient & bouillonnent à travers ces obfta-
» c lé s , qui dans un efpace de deux milles forment
*• des faits ou rapides très-dangereux. Je les vis
as couverts de débris de bateaux naufragés peu de
»> jours auparavant, qui avoient perdu foixante
» barils de farine. »
En avançant dans le défilé où coule le Potomack,
l ’efpace devient tellement étroit, qu’entre fes rives
& les rochers, il éxifte à peine un palfage de
huit pieds, efpace que les eaux couvrent bientôt
dans la faifon des pluies. Les flancs de la montagne
dégradés par un grand nombre de fources, laiffent
voir, dit Volney, les bancs de granité & de roches
quartzeufes qui la compofent.
Le Shannando fort brufquement d’une des pentes
efcarpées des montagnes Bleues, qu’il ronge
& dégrade dans fon cours. Sa largeur, a fon embouchure,
eft d’environ 70 mètres, & celle du
fleuve de 200.
Volney prétend, d'après linfped ion attentive
des lieux, qu’avant que le Potomack fe fût ouvert
une iflfue â travers les montagnes Bleues, les eaux
de ce fleuve réunies à celles qui defcendenc des
montagnes, fe trouvant alors privées d’iffues, for-\
moientdans chaque vallée un lac ; ainfi la val ée
dans laquelle coule le Shannando, & celle où le
Potomack prend fa fource, formoient deux lacs
étroits & alongés dans le fens de la chaîne des
Alleghanys. Cette idée en effet eft douée d’une
grande vraifemblance.
Dans la vallée où le Potomack prend fa fource ,
la crête des Alleghanys qu’il domine, eft élevée
d’environ ic o o mètres au-delius de fon niveau.
Nous n’entrerons point dans d’autres détails fur
la nature des roches qui conftituent le lit du Potomack;
elles font les mêmes que celles dont nous
■j avons parlé à l’article Ohio ; nous renvoyons d’àil-
îeurs le leê^éur au mot Alleghanys. (J . H. )
PO-YANG-HOU. Grand lac de la province de
1 Kiangfî dans l’empire chinois. Situé dans une
immenfe vallée formée par deux branches des
monts Milin, & fur la rive droite du Yang-Tsê~
Kiang ou fleuve bleu } ce lac dont quelques voyageurs
ont exagéré l’étendue & qu’ils ont même
appelé une petite mer, a trente-quatre lieues de
longueur du nord au fud, fur une largeur moyenne
de quinze lieues feulement. Sa forme eft affez irrégulière;
on peut cependant jufqu’à un certain
point la rapporter à celle d’un triangle dont, la
pointe feroit au nord, & dont un promontoire de
| dix lieues environ partageroit la bafe en deux
portions d’ inégales grandeurs. De ces deux portions,
celle de l’Eft eft la plus confidérable, là plus
profonde, la plus navigable; elle reçoit les eaux
de plufieurs rivières qui defeendent des montagnes
qui réparent le Kiangfî du F o k ien la moins grande
eft celle de l’oueft. Elle reçoit les eaux du Kan-
Kiang, rivière très-large qui prend fa fource
fur le verfant feptentrionàl des monts Milin,
Cfule vers le nord, eft augmentée par un grand
nombre d’ affluens qui defeendent de la même
chaîne ou de, fes çmbranchemens, & fe jette
dans le lac Poyang, après un cours de plus de
cent lieues. L’embouchure du Kan-Kiang eft remarquable
en ce ’que cette rivière fe divife en
une multitude de branches qui communiquent èn?
tr’e lle s , avant d’arriver au lac où elle parvient
par vingt bouches qu’ il eft facile de compter. Ce
font les nombreufes ramificaaions de cette rivière
qui réunies dans les débordement, forment la
pointe occidentale du lac ; dans les baffes eaux, au
contraire, ces divers canaux naturels font diftinéts,
& laiffent entr’eilx à découvert de vaftes plaines
de fable d’alluvion fur des terrains primitifs. Par
Ion extrémité nord, le lac Poyang communique
avec le fleuve bleu par une ouverture qui a plus
d’une lieue de largeur. Cette double difpofition
du lac qui reçoit à fa bafe plufieurs rivières
importante^, & qui par fa pointe fe réunit
avec un fleuve imïnenfè dont les eaux coulent
vers la m e r , doivent porter à penfér qu’il y
exifte un courant naturel du fud au nord, 8c
que les eaux qu’il a reçues arrivent au fleuve
bleu, dont on peut le conlidérer commrun large
affluent. Le lac Poyang repofe fur un terrain de
première formation, comme on peut aifément
s’en convaincre par les pointes de roche qui s’é lèvent
au-deflus des eaux , & forment plufieurs
petites îles dont quelques-unes font affez étendues
pour être recouvertes de terre & de végétaux.
(D . )
POYAS ( Monts). Cette chaîne de montagnes
qui n’eft que la continuation de celle des monts
Ourals, s’ étend depuis la rivière de Sina qui fe
jette dans la Petchora. jufqu’au rivage du golfe
de Kâra. Son étendue depuis le point de départ
dont nous venons de parler, jufqu’aux fources de
l’Ouza où elle fe partage en deux branches, eft
d’environ cinquante lieues du fui-oueft au nord-
eft. Aux foürces de l’Ouza, l’une de fes branches,
compofée de petites collines» fe dirige dufud-eft
au nord-eft jufqu’au détroit de Vaigatz. Dans
cette direction, cette branche a plus de quatre-
vingts lieues de long. A partir de cet embranche
ment, l’autre partie fe prolonge vers le nord-eft
pendant quarante lieues.
A l’exception de la petite chaîne qui s’ étend
vers le détroit de Vaigatz, les monts Poyas font
formés de roches granitiques, comme les monts
Ourals, dont ils ne devroient pas être diftingués.
De leur verfant occidental defeendent plufieurs
rivières dont nous ne citerons que.les plus importantes
: d’abord la Sina, la Lemva, petite rivière
de dix à quinze lieues de cours , qui fe jette dans
l'O uza , dont les finuofités occupent une étendue
de près de cent lieues pour aller fè jeter dans la
Petchora. L’Ouza eft la plus confidérable des rivières
qui ont leurs fources dans ces montagnes.
Sur le verfant occidental dè la petite chaîne qui
va fe terminer au détroit de Vaigatz, on ne voit
defeendre que deux rivières, la Chaicoudra, qui,
après un cours de vingt lieues, fe jette dans uji
golfe dont l’entrée eft occupée par les îles d'îli-
now ; plus près des monts coule dans le même fens i
la Korotaikha, qui fe jette dans le même golfe
après un cours d’environ trente-cinq lieues.
Le verfant oriental des monts Poyas donne
naiffance à plufieurs rivières dont la plus confidérable
eft la Voboulka ; l'on cours de l’oueft à l’eft
va fe terminer à foixante lieues de fa fource, dans
l’une des branches de l ’Obi. Plus au nord, & dans
lemême Tens, coule la Sinja, & le s deux petites
rivières de Sobski & de Vokfarski, les deux der- '
niers affluens de l’Obi. 'êeu
Les deux dernières branches des monts Poyas
forment un verfant dirigé vers le nord, & fur les
pentes duquel deux rivières affez. importantes
prennent naiffance. L ’une qui coule dans le même
fens que la petite chaîne dont nous avons parlé,'
porte le nom d’ Oio, & va le terminer, après un
cours de cinquante lieues, au détroit de Vaigatz ;
l’autre, plus importante encore, eft la Karo, qui
donne fon nota au golfe dans lequel elle fe jette,
après un cours finueux de plus de foixante lieues.
( J . H . )
PRÉGEL. Cette rivière , formée de la réunion
de deux autres rivières peu confidérables, la
Piffa & VAngerap, coule de l’eft à l'oued fous le
y4c. parallèle, fur une étendue d’environ vingt
lieues, & fe jette à Koenigsberg dans le Frifche-
haff, lac d’eau falée , ou plutôt pénélac, qui s’é tend
le long des bords de la Baltique, avec laquelle
il communique par un canal naturel. Sur fa
rive droite , le Prégel reçoit VInfier, dont le cours
a environ quinze lieues, & fur fa rive gauche
Y Aile y dont le cours eft évalué à trente lieues.
Les eaüx du Prégel, comme celles du Danube,
chargées de molécules filiceufes, ont la fingulière
propriété de pétrifier, au bout d’ un laps^ de temps
affez lo n g , comme trois ou quatre fiècles, les
pieux qu’on y enfonce. C e phénomène eft tout
différent de celui qui s’opère dans les eaux chargées
de molécules calcaires, comme celles de fa
fontaine de Saint-Alyre èn Auvergne, qui recouvrent
d’ un fédiment très fin les objets qu’on y dé-
pofe. Dans les eaux du Prégel, la filice pénétré
les petites cavités qu’offre le bois furtout lorl-
qu’ ilfe décompofe, & chaque molécule ligneu.e
remplacée par une molécule filiceufe, produrt avec
le temps une pétrification analogue à celle des
bois & des autres végétaux que l’ on trouve en 11
grand nombre dans les fables fupérieurs des dépôts
tertiaires du baffin de Paris. (J . H .)
PROCIDA. Cette île fituée par 40 degrés fo
minutes de longitude orientale au mériden de Paris,
entre Tîle d’Ifchia 8c le cap de Mifène, qui
forme l’extrémité occidentale du golfe de Naples,
eft de peu d’importatice par fon étendue. Elle a
environ trois lieues de circuit, mais elle eft très-
fertile , & fa population s’élève à plus de douze
mille individus. , _ ' A
Les Anciens prétendoient que les îles d ïfchiâ
& de Procida avoient été féparées du cap da
Mifène par quelque cataftrophe phyfique. Rien
ne s'oppofe à cette affertion ; mais ce qu’il y a
de certain, c ’eft que Procida n’eft compofée que
de produits volcaniques. Suivant Spallanzani, fur
un des points du rivage vers l’ extrémité qui regarde
Ifchia, les flots ont mi». é le terrain, de
manière à laiffer voir toute fa ftrudlure; il eft
compofé de couches qui paroiffent être dues^ à
des dépôts fucceffrfs de laves. Près de cette île
s’élève , un peu au-deffus du niveau de^ la mer,
i Vécueil des pierres brûlées , qui n'eft vifité que par
quelques pêcheurs , & qui^ft ainfi appelé, parce
qu’il n’ eft formé que d'un dépôt de laves, de
polices & d’émaux volcaniques. Ces émaux font
généralement très-friables > Spallanzani attribue
ce carâétère à un mélange d’eau avec la matière
liquide qui a formé l’émail. « On lait que les ma-
» tières vitrifiées, dit-il, qui fe refroidiffent & fè