
conféquemment le volume.Ces effets de l’érofion
des eaux marines varient néceffairement félon la
nature des roches qui conftituent les côtes ; ainfi
les falaifes de la Normandie, qui font formées de
craie a ne préfentent point de véritables récifs.
Cependant les portions de falaifes que les eaux
pluviales attaquent conftamment, & qui roulent
jufque fur la grève, y forment de petits récifs peu
dangereux, mais qui, pendant la marée baffe,
peuvent donner une idée de ceux fur lefquels,
dans certains parages, les vagues viennent fe
brifer avec fureur.
Dans les mers méridionales, & principalement
dans l’Océan pacifique, les chaînes de réçifs qui
s’élèvent autour des îles l'ont entièrement formées
par le travail des zoophytes» & quoique plufieurs
•voyageurs aient exagéré les réfultats dus à l’étonnante
fécondité de ces petits animaux, qui ont
joué un rôle fi important dans la formation de
certains dépôts fecondaires 3 leur aétion journalière
n’en mérite pas moins de fixer l’attention du naturalise
qui, par ce qui fe paffe encore fur la terre,
veut fe faire une idée de plufieurs des phénomènes
qui fe font développés aux époques les plus reculées.
Voyt^ Z oophytes. (J. H.)
RÉGION DES MONTAGNES. | | | | Syst
em s .
RETRAITE DES MERS. L’une des queftions
géologiques les plus difficiles à réfoudre, eft celle
qui eft relative à l’explication de la préfence des
corps organifés marins à des hauteurs confidéra-
bles. Cependant, quoiqu’on ait trop fréquemment
fait abus de la fuppofition de cataftrophes
plus ou moins violentes, de cataclysmes plus ou
moins fréquens, plus ou moins étendus , lorfque
les ohfervations relatives à l'hiftoire phyfique de
notre Globe, encore trop imparfaites, forçoient
les anciens géologiftes à avoir recours aux hypo-
thèfes les plus hardies pour expliquer la marche
de la nature , on ne doit point, comme quelques
naturaliftes le prétendent, admettre par efprit de
fyftème ou d'innovation, que la nature a toujours
agi avec la lenteur & le calme qui caraélérifent
l’époque actuelle. L’étude des roches & des
divers dépôts qui conftituent de hautes montagnes
& des contrées fort étendues, ne permet point de
nier qu’aux époques les plus reculées où parurent
les premiers êtres organifés, la furface de notre
planète n’ait été fréquemment expofée à de
violentes ruptures qui ont complètement altéré la
difpolmon des divers dépôts qui contiennent les
plus antiques débris foffiles.
Cependant leur préfence fur des pentes ou fur
des fommets fort élevés au-deffiis nu niveau actuel
des mers, ne permet point de douter que les
eaux ont d’abord occupé long temps & d’upe manière
calme ces régions élevées. D’où l’on eft
forcé de conclure queloifque les mollufques dont
on retrouve les débris à i yoo ou même à 2000
toifes, vivoient au fein de l’Océan, fon niveau de-
voit être élevé d'une quantité plus confidérable
encore au-deflus de fon niveam aéluel. A cette
époque la terre devoit donc être prefqu’entière-
ment couverte d’eau.
Comment cette prodigieufemaffe d’eau a-t-elle
été réduite à la quantité & au niveau d’aujourd’hui?
La folution de cette queflion a déjà donné
lieu à une foule de conjectures. Quelques auteurs
ont fuppofé que les premières eaux avoient pu à
la longue fe changer en terres, d’autres qu’elles
s’étoient évaporées, d’autres enfin, comme k
de la Méthene , ont prétendu que la terre renferme
des cavités ou cavernes dans lefquelles les
eaux fe font retirées. Ces hypothèfes plus ou
moins ingénieufes font fufceptibles d’être foute-
nues avec plus ou moins de fuccès. On pourroit
auffi prétendre que les dépôts de tranfition & fecondaires
ont été foulevés ainfi que les roches qui
les fupportent. Il feroit même facile de prouver
ce point important par la difpofition des couches
plus ou moins inclinées de ces divers terrains > car
on conçoit très-bien que ces couches ayant été
dépofées au fond des eaux, ont dû être horizontales
, puifque les eaux tendent toujours à prendre
leur niveau ; elles ne doivent donc probablement
leur inclinaifon qu’ à une caufe violente qui a fou-
levé la bafe fur laquelle elles ont été formées.
Si l’on admet le fouîèvement de ces couches r
le phénomène de la diminution ou de la retraite
des mers devient moins extraordinaire; car la hauteur
des couches ne fe mefurera point de l’extrémité
la plus élevée, mais de la plus bafie, parce
que celle-ci eft la véritable bafe. Il fera alors plus
facile d’admettre comme caufe fecondaire, l’évaporation
des eaux, jointe à laconfommaxion qu’ont
du en faire les animaux marins des premières
époques, & dont l’étonnante fécondité a produit
l’immenfe amas de carbonate de chaux qui éleva
peu à peu le fond des mers.
L’évaporation & k confommation du liquidé
auront conftamment diminué la profondeur de i’O -
.céan jufqu’à l’époque, des terrains tertiaires, mais
c’eft principalement à cette époque que Fon voit
les dépôts marins alterner avec ceux d’eau douce ;
fait allez intére fiant pour exiger une explication
particulière.
Lorfqile les terrains de craie ou analogues à ce
dépôt calcaire ont été formés, plufieurs baffins
devenus des lacs n’étant plus alimentés que^ par
des eaux douces de quelques rivières par les
eaux pluviales, ont nourri des animaux qui vivent
dans l ’eau douce & formé tes premiers dépôts
auxquels on donne le nom de lacùjlres , quoiqu’ils
renferment un mélange de reftes organifés
appartenant aux eaux douces & marines. Mais
après ces dépôts la mer, foulevée par une caufe
quelconque, & peut-être même par fuite du changement
du point du périhélie dans la révolution de
U terre autour du foleil, révolution périodique
dont la durée a été calculée par les aftronomes
à 20,900 ans, & agilfant complètement dans chaque
hémifphère tous les 10,45*0 ans. Dans cet
efpace de temps, toute une moitié de 1a terre
aura été couverte par les mers , fuivant un courant
venu d’un des deux pôles 5 pendant les
10,450 années fuivantes, néceffaires pour que la
révolution s’accompliffe j c’eft-à-dire , pour que
les eaux reviennent au point de départ, l’hémi-
fphère abandonné par la mer n’aura plus préfenté
que de petites cafpiennes ou de grands lacs circonscrits
dans un grand nombre de baffins, où les !
eaux auront graduellement perdu leur falure &
donné naiflance à des animaux faits pour vivre
dans l’eau douce; puis la mer, toujours mue par
la même caufe, fera revenue au point de départ
, & les dépôts lacuftres fe feront de nouveau
trouvés recouverts par fes eaux. Enfin , la
mer fe fera retirée encore des lieux qu’ elle oc-
cupoit; & aura laifle de nouveaux lacs, dont
les eaux fe feront encore adoucies graduellement
& auront formé ees dépôts lacuftres qui,
dans les terrains tertiaires., recouvrent la dernière
formation marine.
C ’eft à la fuite de cette dernière époque que fe
feront formés les terrains d’alluvions à débris d’animaux
terreftres ; que les dernières vallées auront
été creufées par fuite de la rupture de quelques
baffins élevés dont les eaux auront fillonné.la fur-
face de la terre.
En fuite l’homme aura parti fur les portions de
continent mifes à fec depuis long-temps , & propres
à favorifer la végétation néceflaire pour fon
exiftence & pour celle des animaux de la même
époque.
Mais depuis ce temps, des: ruptures de diverfes
portions de continent auront encore produit la
retraite partielle de quelques mers & la fubmerfion
de quelques terres , cataftrophes qui s’accordent
aflTez avec le fouveni'r que certains peuples ont ;
confervé de la deftruCtion de plufieurs contrées,
cataftrophes enfin qui parodient avoir été confondues
fous le nom de déluge. (J. H. )
RHIN. Ce fleuve, le plus grand, le plus important
de l’Europe occidentale , eft formé à fon
origine de la réunion de plufieurs cours d’eau qui
defcendenc des glaciers du mont Saint Gothard ,
& dont le principal ferpente fous la dénomination
de Bas-Rhin, entre deux chaînés qui, fous
les noms de mont Badus & de mont Eukmanieri
fe prolongent en deux branches qui forment une
vallée de douze lieues de long, dirigée vers le
nord-eft; à l’extrémité de cette vallée, c’eft-à-
dire , au pied du mont Gunkels, le fleuve reçoit
un autre cours d’eau qui, fous le nom de Haut-
Rhin , prend fa fource au bas des monts Saint-
Bernardin ; les glaciers du mont Splugen le groffif
fent de leurs eaux, & U rivière cl’Abula qui defcend
delà montagne du même nom , & à laquelle
fe réunifient les eaux des glaciers du Septimer
& du Julier, vontgroffir cette fécondé branche
du Rhin. Il eft déjà navigable lorfqu’ il coule au
pied du mont Galanda.
A l'extrémité de cette montagne, le fleuve reçoit
les eaux du Lanquart qui defcend des monts
Scaletta & Selvretta. Le Rhin, qui depuis k réunion
de fes deux branches coule vers le nord,
i conferve cette direction jufqu’au pied du mont
Kamor, vis-à-vis duquel il reçoit fur fa rive
droite k rivière d’ Iîl. Depuis le point où a lieu
cette réunion jufqu’au lac de Confiance, le fleuve
ferpente vers l’eft jufqu’à Dieboldfau, puis il fe
dirige enfuite, en continuant fes finuofités vers
le nord-eft, jufqu’au lac dont nous venons de
parler. Depuis fes fotirces jufqu’à fon entrée dans
le lac, il a parcouru environ 30lieues; 12 lieues
plus loin il fort du lac & defcend par une pente
peu rapide jufqu’à Schaffoufe, où fes eaux fe
précipitent de la hauteur d’environ 50 pieds &
forment cette belle cafcade pômpeufement dé-
fignée fous le nom de cataraàe du Rhin. ( Voye^
j Cascades & L auffen.) Depuis cette cafcade j.uf-
I qu’à Bâle , le fleuve fuit en ferpentant la direction
j de l’oueft. Dans ce trajet les principales rivières
1 qu’il reçoit fur fa rive droite font : le Wuttach,
] l'Alp & le Wifen ; k dernière qui eft k plus
importante , n’a pas plus de 12 lieues de cours.
Sur fa rive gauche, au contraire, quelques-uns
de fes afflue ns acquièrent une très-grande importance;
tels font le Thur, qui defcend dumorn
Sentis, & dont le cours a plus de 25 lieues; l'Aar
qui prend fa fource au pied des glaciers du Grimfel,
&qui, après 8 lieues de cours, traverfe fucceffive-
ment le lac de Brienz & celui de Thun , fe dirige
vers le nord-oueft jufqu’à fon confluent avec h
Sane, coule àu nord pendant 10 lieues , & prenant
la direction du nord-eft, fe groflit fucceffi-
vement des eaux du Reufs & du Limmat, & parcourt
en tout une étendue de 55 lieues.
Ici nous devons dire que M. Efcher a eu l’idée
de calculer la quantité moyenne d’eau que le
fleuve écoule, année commune, à Bâle, & qu’il
l’a reconnue être de 1,046,763,676 toifes cubes
de 1000 pieds cubes chaque.
Depuis fon confluent avec k Birs ou depuis
Bâle, le Rhin fe dirige du fud au nord jufqu’à
Mayence, où il reçoit les eaux du Mein : depuis
Bâle fa largeur eft confidérable & fon lit eft par-
femé d’un grand nombre d’îles jufqu’à k rivière
de Quieich qu’il reçoit fur fa rive gauche & qui
defcend des Vofges, ainfi que plufieurs autres
rivières dont la plus importante f' 111, a un cours
d’une trentaine de lieues. Sur fa rive droite
il reçoit un grand nombre de rivières, parmi lefquelles
il fuffit de citer le Necker, mais dont k
plus importante, & que nous avons déjà nommée ,
eft le Mein , qui prend fa fource fur le ver-
fant occidental du mont Fifchtelberg, & dont le
Nn ;