
hauteurj toujours relative à la denfité de l’at-
mofphère , elle fe dilate horizontalement, & > '
à moins qu’elle ne foit emportée par des cou- :
rans d’air, elle fe répand en nuages épais dans
toutes les directions. Si l’état de ratmofphère
le permet, la colonne & les nuages qu’elle ftip-
porte prennent la forme d’une immenfe ombrelle,
ou celle du pin d’ Italie, auquel Pline le jeune
comparoit ceux qui s’élevoient du Véfuve lors
de la fameufe éruption de l’an 79 : phénomène
qui fe renouvela en octobre 1822. Ces nuages
font Couvent fillonnés par la foud re, & , fur leurs
bords, ils augmentent tellement d’épaifleur, que
le jour en eft obfcurci, & que les ténèbres
couvrent les contrées d’ alentour. Souvent aufti
les cendres qu’ils contiennent retombent, parce
que la force d’ éruption fe ralentit, & augmentent
par leur chute la aéfolation des habitans. ».
Correfpondance des volcans. Plufieurs faits attef-
tent la correfpondance qui femble exifter entre
certains volcans. En 1821, pendant la forte éruption
du Kloutfchevkaia, volcan du Kamtchatka
dont nous avons déjà parlé, & qui fut précédé
de plufieurs fecoulfes violentes, le tiers au cône
volcanique de la petite île d’Aloïde s’affaifia, &
cependant cette île eft à plus de 30 lieues du
Kloutchevskaia. Il y a donc entre ces deux points
une correfpondance complète.
« Il a été remarqué par Van HoflT, dit M. Lyell,
que depuis le treizième jufqu’ à la fécondé moitié
du dix-feptième fiècle, il y eut un cefiation entière
de tremblemens de terre en Syrie & en Judée 5 & ,
durant cet intervalle de repos, l'Archipel, une
partie de l’Asie mineure, une partie de l’Italie
méridionale & la Sicile, fouflfrirent des commotions
extraordinaires, tandis que les éruptions dans ces
parties étoient plus fréquentes que de coutume.
Une comparaifon plus étendue aufti de l’hiftoire
des convulfions fouterrairiè's de ces pays, femble
confirmer l’ opinion qu’une grande crife de commotion
n’arrive jamais dans deux côtés à la fois.
Il nous eft impoflible de dire fi ce phénomène eft
particulier à cette région, ou s’ il eft général à d’autres
pays, parce que nos obfervations peuvent
rarement comprendre une férié d’événemens qui
remontent à plus de quelques fiècles; mais il eft
bien connu que là ou de nombreufes iftiies font
réunies enfemble dans un petit efpace, comme,
par exemple, dans plufieurs archipels, il n’y en a
jamais deux en éruption violente à la fois. Si l’une
devient très confidérable pendant un fiècle ou
plus, les autres présentent l’apparence de volcans
éteints. C ’eft pourquoi il n’eft pas improbable que
les différentes parties d’ une férié de feux volcaniques,
puiftent avoir une communication avec
un foyer profondément fitué, d’une manière analogue
au rapport d’un petit groupe avec quelque
crevafie ou cavité. Ainii, par exemple, à une petite
diftance de la furface, nous pouvons conjecturer
que le Véftjye & Ifchia communiquent par
certaines filïiires, & qu’ ils fournirent alternativement
une ifîue aux fluides élafiiques & à la lave
qui s’y forment. Ainfi, nous pouvons fuppofer
que l’ Italie méridionale & la Syrie font liées à
une plus grande profondeur, â une partie beaucoup
plus baffe de ce même fyftème de fiffures ;
dans lequel cas, chaque empêchement qui fe
trouve dans un des conduits, peut avoir l ’effet
de forcer toute la vapeur & la matière fondue de
monter avec violence dans l’autre, & fi elles ne
peuvent fe frayer un paffage, elles peuvent cau-
fer de violens tremblemens de terre. »
D autres faits femblent devoir faire révoquer
en doute celui de la correfpondance des volcans.
Ainfi de très-fortes fecoufies ne fe font fait ref-
fentir qu’ à de très-petites diflances. Le tremblement
de terre de la Calabre ne s’étendit pas,
malgré fa fo rc e , au-delà d’un efpace de îy
lieues de longueur fur iy de largeur. L’Etna dans
cette circonftance ne fut point ébranlé. Quelques
favans ont, il eft vrai, prétendu qu’ il n’exifte
point de correfpondance entre ce volcan & le
Véfuve; Breiflak a même nié qu’ il en exiftât
entre le Véfuve & la folfatare de Pouzzole, qui
11e font cependant éloignés que de 6 lieues. Mais
il eft a remarquer atiffi que plus les foyers volcaniques
font fitués à une grande profondeur, &
plus ils fe correfpondent à de grandes diflances;
& que d’un autre côté la communication paroît
plutôt s'établir dans la direélion des méridiens que
dans celle des parallèles. 11 fuivroit de là que
l’exemple de quelques localités ne détruitoit pas
la conclufion que l’on a tirée d’ un grand nombre
de faits, & que fi le Véfuve ne cotrefpond réel-
lement pas avec l’Etna, c ’eft que probablement
le foyer de chacun de ces volcans n'eft pas fitué
à une grande profondeur.
Si nous nous dirigeons maintenant vers l’oueft,
nous atteindrons l’Archipel grec , où Sarttorin eft
le point central de l ’aélion volcanique. Au nord-
oueft de cette île , Milo, par fon cratère , fa folfatare
^en activité & fe s fources d’eau bouillante,
paroît être un volcan tout récent. En fuivant la
même ligne, nous arrivons à cette partie de la
Grèce fur laquelle les Anciens nous ont confervé
quelques t;aditions relatives au fujet que nous
traitons. 373 ans avant J. C . , Hélife & Bura furent
fubmergées, à la fuite d’un tremblement de terre;
& , fuivant Ovide, on apercevoit leurs murailles au-
deffus des eaux. A peu de diftance de ces parages,
une commotion fouterraine ruinaVestiza,en 1817.
A Méthone, aujourd’hui Modon, Strabon nous
parle d’une montagne volcanique , dont il exagère
la hauteur en l’évaluant à 4,000 pieds, qui s’ éleva
par 1 effet d une éruption, environ trois fiècles
avant notre ere. Le même phénomène fe repré-
fenta près de Trézène. Le nord de la G rè c e , la
Macédoine & l’Epire, les îles Ioniennes, l’Italie &
fes îles, nous conduifent à travers des volcans
éteints ou brûlans, au milieu de régions expofées
aux tremblemens de terre, jufqu’aux extrémités de i
l’Europe & aux limites de l’Afrique ; mais, fur ce |
continent, ce n’eft que dans la partie nord-oueft, & 1
fpécialement dans les environs de Fez & de Maroc,
où l’on retient fouvent des tremblemens de terre,
que paroît fe terminer la ligne que nous venons de
parcourir.
La partie méridionale de la péninfule hifpanique
eft expo fée aux mêmes fecoufies que l’Afrique
feptentrionale : on fait que, lors du fameux tremblement
de terre de Lisbonne, en 175 y, le premier
mouvement vinr du lit de l’Océan, à 10 ou 15 lieues
de la côte} on fait aufti que, le 2 février 1816,
lorfque Lisbonne éprouva une fi vive fecoufte,
deux navires fentirent le choc, à l’oueft de cette
ville, en pleine mer : l’un à 61 lieues , l ’autre à
120 de la côte. Ce fait eft d’autant plus intéreftant,
dit M. L y e ll, qu’une ligne, paftant par l’ Archipel
g re c , la région volcanique de l’Italie
méridionale, la Sicile , le midi de l’ Efpagne & le
Portugal, atteindra, fi on la prolonge à l’oueft, à
travers l’Océan, le groupe volcanique des Açores,
qui, très-probablement, a une liaifon fous-marine
avec la ligne européenne.
Bruits & mouvemens fouterrains. L’expérience a
prouvé que les bruits & les mouvemens foüter-
rains font des phénomènes liés enfembles, & con-
féquemment dus à la même caufe.
Les bruits fouterrains font tantôt femblables à
celui du canon, & d’autres fois au fracas que
feroit un grand nombre de voitures roulant fur
le pavé} quelquefois encore ces bruits refifem-
blent à de longs mugiffemens. Ils font ordinairement
les avant-coureurs des tremblemens
de terre & des éruptions volcaniques,. « Dans
»» quatre voyages que je fis fur le cratère du V é -
» fuve, au mois de mars 181 y , dit fir Humphry
» Davy, j’avois appris à eftimer la violence de
» l’éruption d’après la nature de la détonnation :
» un tonnerre fouterrain très-fonore & long-temps
» continué annonçoit une explofion confidérable.
» Avant l’éruption, le cratère paroifloit parlai -
» tement tranquille, & fon fon d , fans aucune
» ouverture apparente, étoit couvert de cendres.
» Bientôt des bruits fourds & confus fe faifoient
» entendre comme s’ ils venoient d’une grande
» diftance; peu à peu le fon approchoit & ref-
» fembloit à celui d’une artillerie, qui auroit été
» fous nos pieds. Alors des cendres & de la fu-
» mée commençoient à s’échapper du fond du
» cratère; enfin, la lave & les matières incandef-
» centes étoient projetées avec les plus violentes
» exploitons. Je n’ ai pas befoin de dire que,
» quand j ’étois lur le bord du cratère, étudiant
» le phénomène, le vent venoit de mon côté &
» fouffloit avec force. Sans cette circonftance il y
» auroit eu du danger à y refter. Toutes les fois
» que l’ intenfité du tonnerre m’ annonçoit une ex-
*> plofion violente, je m’éioignois toujours, en
95 courant aufti vite que poffible, du fiége du
» danger. » ( Sur les Phénomènes des Volcans,
par Sir H. Da vy , Ann. de Chim. & de Phyf.,1. 38,
p. 133.)
11 eft rare que les commotions & les éruptions
volcaniques ne foient pas précédées de ces bruits ;
mais cependant ceux-ci n’annoncent pas toujours
des convulfions. Ainfi, dans l’ Etat de Guanaxuato,
au Mexique, les bruits fouterrains fe font fouvent
entendre fans être fuivis d’aucun tremblement de
terre..
Ces bruits & ces détonnations durent quelquefois
pendant les tremblemens de terre & même
après qu’ ils ont celle : on les entend à des dif-
tances confidérables. Ceux qui précédèrent l’éruption
du C o to p a x i, en 1744, furent entendus à la
diftance de 220 lieues ; le bruit fouterrain qui
eut lieu , en 18 1 1 , au Rio-Apure, fe fit entendre,
fuivant M. de Humboldt, fur un efpace
de 200 milles carrés & à la diftance de
21.0 lieues, c’eft-à-dire près de 100 lieues plus
loin que du Véfuve à Paris. Les détonnations qui
accompagnèrent la violente éruption du Tom-
b oro, dans File de Sombava, en 181 y, s’entendirent
jufqu’ à Sumatra, à 300 lieues du volcan,
en ligne droite.
Ce qu’il eft encore utile de faire remarquer,
c’eft la rapidité avec laquelle ces bruits fe répandent
à des diftances aufti confidérables. Il pa-
‘ roît, ainfi que le foupçonne M. PoullettScroope,
que ce n’ ett pas l’air ftul qui les propage, mais
que ce font encore les couches folides de l’ intérieur
de la terre: ce qui nous femble être un indice
de la grande profondeur du point d’où ils s’é tendent.
« Pendant ces préliminaires de la con-
vu'.fion volcanique, l’atmofphère prend, ajoute
M. Scroope, un caractère particulier de con-
denfation & de calme : tout annonce fa pefaa-
teur extraordinaire. »
Les tremblemens de terre paroiffent être de deux
fortes: ceux qui fe propagent au loin, & ceux
qui ne s’étendent pas à une grande diftance.;
c’eft-à-dire ceux dont la caufe déterminante
fe trouve à une très - grande profondeur, &
ceux qui ont leur origine à une profondeur
beaucoup moins confidérable. Nous avons déjà
dit que celui qui ravagea la Calabre en 1783
ne s'étendit qu’ à une foible diftance, furtout
fi on le compare à celui de Lisbonne , dont
nons parlerons plus bas. Rappelons feulement
que c e lu i- c i ébranla, dans la même heure,
tout le Portugal & toute l’ Andaloufie, &
q u e , dans le même jour, il fe fit reffentir
dans le nord de l’Afrique, en France, en
Suifle, en Allemagne, & même en Iflande &
aux Antilles. Celui de Lima, en 1746, fe
propagea également jufqu’en Europe. Le 8 fep-
tembre 1601, on reftentit, entre une heure &
deux heures après minuit, un tremblement de
terre, qui s’étendit dans prefque toute l'Europe