
autres reffemblant au phonolite (clinkftone).
Sa bafe eft probablement compofée de pépérine,
puifqu’eüe donna fi facilement un libre paflage à
l ’èau-;
Le Monte-Nuovo repofe fur une partie de l’emplacement
du lac Lucrino, qui n’étoit rien a'ütre
chofe que le cratère d’ un volcan préexiftant, &
qui fut entièrement rempli par l’éruption de 1538.
11 ne refte maintenant qu’ un étang peu profond,
féparé de la mer par une haute digue élevée
artificiellement. _
- Immédiatement à ; côté de M o n te -N u o vo ,
eft le Monte-Barbaro, le Gaurus inanis de Ju-
vénal, épithète qui lui a fans doute été donnée
à caufe de fon profond cratère circulaire ,
qui eft d’ environ un mille de diamètre. Quelque;
grand que foitce cône , il fut probablement
le produit a une feule éruption, & peut - être
n’excède-t-il pas 'en grandeur quelques-uns des
plus larges d’ Ifchia , qui paroi fient avoir été
formés depuis l’époque hifiorique. Il eft principalement
compofé de tufa durci } . comme J e
M o n te -N u o vo , & ftratifié avec allez de régularité.
De l'Etna & de fes éruptions-. Nous allons emprunter
à M. Lyell la difcription de ce volcan,
dont il a parcouru les différentes régions.
L ’ Etna, dont la cime ifolée s’ élève près de
la mer à environ 11,000 pieds au-dcffus du
niveau de c e lle - c i, offre une maffe compofée
principalement de matières volcaniques re jetées
au - deffus -de la furface des eaux. La
bafe du cône eft prefque circulaire, & de 87
milles anglais ( 36 lieues) de circonférence;
mais fi nous y comprenons tout le canton fur
lequel les laves s’étendent, le circuit fera prefque
le double de cette« étendue. Le cône eft
divifé par la nature en trois zones diftinCtes, appelées
les régions fertile, boijée & défer Ce. La première,
comprenant le délicieux pays autour des
bords de la montagne, eft bien cultivée, très-:
peuplée & couverte d’oliviers, de vignes, de
b lé , d'arbres à fruits & d’herbes aromatiques.
Plus haut, la région boifçs entoure la montagne;
c’eft une vafte forêt d’environ 6-milles de largeur,
qui fournit des pâturages à dé nombreux troupeaux.
Les arbres en font de diverfes efpèeés,
parmi lefqueiles le châtaignier, le chêne & le pin
dominent; tandis que dans quelques cantons on
trouve des bois de chênes-lièges & dé hêtres.
Au-deffus de la forêt eft la régiomdéferte 3 efpace
aride, couvert de laves & de fcories, o ù , fur
une ëfpèce de plaine, , s’élè ve , à la hauteur de
i , i c o pieds, le cône d’où fortent continuellement
des vapeurs fulfüreufes. Ce qu’ il y a de plus original
& de plus- remarquable dans la phyfionomie
de l’Etna, c ’eft la multitude de cônes plus petits
qui font diftribués fur fes flancs, & qui font plus
fréquens dans la région boifée. Ces derniers ,
bien qu’ ils ne patoiffent que comme de petites
inégalités lorfqu’on les voit à quelque diftànce, &
comme dès partiesTubordonnées d’une montagne
fi impofante" & fi colofïale, pafferoient, pourtanr
pourdes collines d’ une hauteur confidérable dans
prefque tous le s autres pays.
Sans compter les nombreux monticules de cendres
qui font jetés fur différens points, il y a environ
00 de ces volcans fecondaires de dirnenfions
confidérables; y 2. à l’ oueft & au nord, de‘27 à,1’eft de
l’Etna. Un des plus grands, nommé Minardo ] près
de Bronté, eft environ 76b pieds ; &, une double
colline, près de Nicolofi, appelée les Mônti RoJJi,
. & formée en a 1^69, a 4yo. pieds de hauteur, &
fa bafe a 2 milles de circonférence ; de forte qu’elle
furpaffe de quelque chofe, en grandeur, lé Monte-
Nuovo. Cependant elles n’ont que le’ rang de
cônes de fécondé grandeur parmi ceux qui ont été
produits par les dernières éruptions de l’Etna. En
regardant en bas dés bords inférieurs de la région
déferte, ces volcans préfentent une des
fcènes les plus belles & les plus^earaCtériftiqiies
de l ’Europe. Ils offrent une grande variété de
hauteur & de grolfeur, & font arrangés en groupes,
élégans pittorefques. Quelqu’üniformes
qu’ils puiffent paroître iorfqu’o n 'le s voit des
plaines, au - deffous ou de la mer , rien n’eit
plus varié que leur fbrme. lorfqu’ on regarde
d’en haut dans leurs cratères, dont un côté eft
généralement ouvert, i l y a vraiment peft d’objets
dans la nature qui foient plus pittorefques qu’un
cratère volcanique couverts de bois. Les cônes fi-
tues dans les parties les plus élevées de lu région
boifée font principalement'revêtus de pins élevés ;
tandis què ceux~qui font à une. moindre élévation
font ornés de châtaigniers, dé chênes,' de hêtres
& de houx.
, Avant de fuivre M. Lyell dans la defeript’on
qu’ il donne de quelques éruptions de l’ Etna,
jetons un coup-d’oeil fu r .j’enfemble que pré-
fente cette montagne ignivome.
La rivière de Cantara > qui confërve le nom
d’Alcantara que lui donnèrent les Arabes,fépare
la plaine que domine Taormina, des dernières
pentes'de l’Etna. ( Vo yez p/,30). Cëtte rivière,
de 12 lieues de c o u r s , paroît être VOnobaU
d’Appien, & 1 e Tauromenius de Vibius Sequefter.
Elle pallé .près de Randazzo & de Francavilh :
quelquefois même on lui donne le nom de ce
lieu. L’Etna eft appelé Gibello, du nom arabe
G i b e l qui fignifie montagne. Ce tertibis Volcan,
dont le cratère, dominé par un rocher pyramidal
, a plus d’une lieue de’circuit & 7O0 pieds de
profondeur, eft fouvent vifité par les curieux 5 mais
rarement- on peut parvenir julqu’àfa-cime glacée,
tant les dangers augmentent après avoir paffé la
première région des neiges. Il y a quelques
années, un voyageur anglais, arrivé jufqu’au
cratère, eut la témérité de s’y faire descendre,
attaché par des cordes, mais il donna trop tard
le fignal de le retirer : fuffoqué par les vapeurs,
fes guides ne purent le rappeler à la vie. La lave
& lesfeories de l’Etna ne font pas moins furcep-
tibles d’être fécondées que celles du Véfuve :
si bafe, dont quelques voyageurs évaluent la
circonférence à 100 lieues, nourrit i8 ç,ço o ha-
bitans. Les végétaux y acquièrent une vigueur
prodigieufe. Près du promontoire volcanique
d’Ac i, qui rappelle, la fable d’Acys & Galathée,
d antiques châtaigniers, témoins, muets des .révolutions
politiques & des convulfions de la
nature qui depuis tant de fiècles Souleverfent la
contrée, étendent au loin leurs gigantefques...
rameaux. L’ un d’eux a 24 pieds dans un fens
& douze dans l’ autre, lin autre en a 15 de diamètre
; mais Je; plus extraordinaire, celui qui
vaut la peine de fe détourner pour aller l ’admirer^
eft le caftagno dei cerito ed v a .H i, dénomination
d’autant plus exacte que. cent chevaux peuvent
fe mettre'à l’abri fous fon ombrage à
la rigueur, dans fon intérieur. Il eft creux &
a i 11 pieds de circonférence.
Cette région boif& f fur la bafe de laquelle
croiftent les hêtres, les chênes & 'les châtaigniers,
& qui fe termine par des arbres réfineux, porte
dans le pays lë nom de regione felvofa / e lie
s'élève au-deffus de la regione fculta ou piementefe-
(la régionfertile), & eft furmontée parla régione fiérile
ou découverte (regione feoperta). (V o y e z Etna. )
Elles offrent toutes les trois les élémens & la
végétation des trois grandes zones de la,terre :
aufii pourroit-on les appeler \one torride, \one
tempérée & %one glaciale. Au 'milieu de la fécondé
région, fe trouve, fur la pente méridionale, là
Grotté des Chèvres, Grotta delle capriole, ainfi
appelée, parce que ce'$ animaux viennent s’y
réfugier dans les mauvais temps. Près de cette
caverne, on voit,!es deux plus belles montagnes
qu’ ait enfantées l’Etna, le Montc-Nero & le Mente-
Caprèolo.Sm là même pente, mais près du fommet,'
dans la région ftérile, la Tour du Philofophe,Torre
dpi Fjlofofoy attiré l’ attention, parce que l’ opinion
vulgaire eft qu’elle fut érigée par Empédocle, qui
en fit fon habitation pour • mieux étudier les
éruptions du volcan; tandis que plufieurs per-
fonnes penfent qu’elle eft un relie d’ un temple de
Vulcain, & que d’autres croient que ce fut une
vedette conftruite parles Normands pour obferver
au loin les mouvemens de l’ennemi.' Quelle que
foit fon origine, tout porté à croire que cet édifice
eft d’une époque fort-ancienne.
L’hiftoire des éruptiohs de l ’Etna, quelqu’ im-
parfaite & interrompue qu’ elle foit, fournit, fuivant
M. Ly ell, une pleine connoiffance d e là manière
dont la montagne entière a atteint fa grandeur actuelle
& fa ftruèture intérieure, plufieurs foi« le cône
principal eft tombé en dedans &. s’eft., reformé.
En 1444 il avoit 320 pieds de haut, et il tomba
après les tremblemçns de terre de 1537. En 1693,
lorfqu’un violent tremblement de terre remua toute
la Sicile & fit périr 6o,coo perfonnes, le cône perdit
une fi grande partie de fa hauteur, dit Boccone,
qu-’on ne pouvoit plus l’apercevoir de différens
endroits du Valdemona, d’où on le voyoit précédemment.
Le plus grand nombre d’ éruptions
arrive, foit par le grand cratère , foit par les ouvertures
latérales qui font dans la région déferte.
Lorfque.des collines,s'élèvent dans,la moyenne
région & dépaffentle niveau général , elles perdent
graduellement de leur hauteur pendant les
éruptions fubféquentes;, car lorfque la lave descend
des parties fupérieures de la montagne .&
rencontre quelqu’une de ces collines, le courant
fe divife & coule autour d’elle de manière à élever
le terrain en pente douce fur lequel elle eft
placée. De cette manière, une diminution de hauteur
de 20 ou 30 pieds, ou même de plus, a
quelquefois’ fieü. C ’ eft ainfi que parmi les cônes
inférieurs, le Monte-Pelufo fut diminué de hauteur
par un grand ruiffeau de lave qui l’entoura én
2444;'un autre courant a récemment pris le même
chemin, & cependant il eft encore élevé de
400 à y00 pieds. Il y a un cône près de Nico-
lofi, appelé le Monte-Niicilla, autoLii* de la bafe
duquel plufieurs courans fucceffifs de lave ont
coulé, & des nuées de cendres ont tombé depuis
les temps hiftoriques, jufqu’ à ce qu’enfin;, pendant
une éruption, en 1536, la plaine environnante
fut tellement élevée, que le' fommet du
cône eft feul au-deffus du niveau. Le Monte-
Ne ro, fitué près de la Grotte des Chèvres, fu t,
en 1766, prefque rècouvert par un courant , & le
Monte-Câpreoio offrit, dans l ’année 1669, ün
curieux exemple du dernier degré d’oblitération,
puisqu’un ruilfèau dé lavé defeendant fur une crête
'formée par l’accumulation continue de cette matière
en fufîon, coula directement dans le cratère
8£: le combla prefqu’en entier. La lave de chaque
nouveau cône latéral tend donc à diminuer la hauteur,
des cônes inférieurs au-deffus de leur bafe ;
de forte que l ’Etna s’abaiffant en pente douce
enveloppe les uns après les autres, une multi tude
de volcans plus petits, tandis qüe de nouveaux
apparoiiïént de temps en temps, & cela donne
aux plus anciennes parties de la montagne,
comme on le voit dans des coupes de 2 à 3,000
pieds do haut, une ftruéture interne compliquée
& très-intéreffante.
Il paroît que l’Etna a été en activité depuis les
temps les plus reculés; car Diodore' de Sicile
fait mention d’une éruption qui força les Sicaniens
d’abandonner un canton avant la guerre de Troie.
Thucydide nous apprend qu’il y eut trois éruptions
entre la colonifation de la Sicile par les
Grecs & la guerre du Péloponèfe, 431 ans avant
J. C . La dernière eut lieu en l’an 427 avant J. C .,
& ravagea les environs de Catane; c’eft proba