
tes b'anchâtres , difpofées parallèlement aux couches
, 8c lui donnant une apparence rubanée à
bandes alternantes de lilas ou de rouge, ou de
bleu de lavande, avec des bandes d'un blanc-
jaunâtre.
Du g r es rouge y ditgrèr vofgien. « Les trois côtés du
triangle que forme la ma (Te principale des montagnes
de tranfition des Vofges, dit M. Elle de Beaumont,
font bordés par des rangées plus ou moins
continues de montagnes d'un afpeét entièrement
different, à iigne horizontale 8c à formes carrées,-
compofées d’un grès quartzeux rougeâtre, connu
fous le nom de grès des Vofges, 8c appelé communément
grès vofgien, qui eft plus récent que le
terrain houiller.
« Sur le côté fud de ce triangle la rangée des
montagnes de grès eft étroite 8c fouvent interrompue
> fur le côté de l’e ft, la zone de montagnes
de grès n’eft pas non plus entièrement continue.
Profondément découpée par les vallées,
ces montagnes préfentent de tous côtés, 8c même
vers la plaine du Rhin, des pentes très-rapides 8c
des flancs efçarpésl Sur le côté nord-oueft , au
contraire, la bande de montagnes de grès eft large
& continue, 8c on voit le terrain de grès d=s
Vofges s’abaiffer en s’approchant de la plaine , fur
les bords de laquelle il ne prélènte que de très-
foibles efcarpemens. Cette bande, après s’être
réunie vers fon extrémité feptentrionale, à peu
près fous le parallèle de Strasbourg, à la bande
de l’eft, fe prolonge jufqu’au parallèle de Man-
heim j elle présente dans toute fon étendue la
forme d'un grand plateau d’ une longueur variable
& d’une hauteur à peu près uniforme, & conftitue
à elle feule toute la partie feptentrionale de la
chaîne des V o fg e s, dans laquelle les roches de
rranfition ne fe montrent plus qu’en un petit nombre
de points ifolés fitués au fond de quelques-
unes des vallées qui découpent profondément le
grand dépôt de grès. Les couches qui forment ce
plateau, quoiqu’horizontales pour l'oeil qui ne les
embrafle que fur une petite étendue, plongent
infenfiblement vers l’oueft-nord-oueft, & fe perdent
fous les formations plus récentes qui confti-
tuent les plaines ondulées de la Lorraine. Du côté
de l’Alface s’offrent, àu contraire, comme on l’a
déjà dit, des pentes rapides & fouvent efcarpées,
une efpèce de falaife, q u i, commençant au nord
de Landau, s’étend tout autour du baflin de Straf-
bourg jufqu’ à la vallée de la Brufche, 8c fe continue
le long de la bande orientale de grès des
Vofges jufqu’à Gebweiller & Sultz..
» Cette longue falaife n’eft interrompue que
par des vallées étroites & profondes, q u i,
lorfqu’elles font creufées en entier dans le grès ,
ne préfentent prefque jamais dans leur fond de
rochers à découvert. Les courans d’eau ayant ai-
fément attaqué cette roche, le creufement des
vallées a prefque complètement atteint la limite à
laquelle l’aêtion des eaux tend à la faire arriver.
Un ruiffeau y ferpente fans bruit au milieu d’ une
prairie unie. Les deux pentes qui bordent les vallées
préfenrent fouvent à leur pied un talus de
fable mêlé de blocs de grès , qui eft fréquemment
couronné par un efcarpement aflèz abrupte cet
efcarpement présente rarement un plan vertical
régulier. Les diverfes couches du grès, réfiftant
inégalement à l’ aétion de l’atmofphère, fe font
plus ou moins dégradées 8c fe deffment par des
faillies ou des retraites plus ou moins grandes.
On eft frappé de l’afpedfc de ces efcarpemens, de
l’exadte honrizontqlité des couches & du peu de
Allures verticales qu’elles préfentent.
m Lorfqu’ une vallée fe trouve bordée d’efcar-
pemens des deux côtés à la fois , on remarque
conftamment que les couches faillantes & rentrantes
fe correfpondent exactement de part |c
d’autre, 8c on ne peut douter que dans l’ origine
elles p.’ aient formé continuité. Très-fouvent, à côté
& en avant' des efcarpemens, on voit des rochers
minces &• verticaux, fêmblables à des pilaftres
groffièrement taillés, qui femblent avoir été laiffés
comme des preuves de l’ancienne continuité des
couches qui conftituent les deux efcarpemens à
travers le'vide qui forme aujourd'hui la vallée. Le
fommet des montagnes eft fouvent tout-à-fait arrondi
i quelquefois auflî il eft formé par des blocs
amoncelés, compofés des parties les plus folides
du grès qui atteignoient antérieurement un niveau
bien plus élevé, 8c dontjes parties les moins agglutinées
ont été entraînées par les eaux : très - fouvent
auflî les différentes caules de dégradation, en
arrondiffant & abaiflant le fommet, en ont laiffé,
comme un témoin de fa première hauteur, un rocher
ftable 8c taillé à p ic , qui peut être comparé
à ceux qui s’élèvent en avant des efcarpemens.
Les formes carrées de ces rochers, les lignes
horizontales qui s’y deflînent, leur donnent un
afpeCt de ruines qui s’allie aflèz heureufement à
celui de vieux châteaux dont la plupart font couronnés.
» Sur les flancs d’ une fnême vallée, 8c fouvent
fur toute l’étendue d ’un mêmè canton, toutes
les montagnes de grès des Vofges s’élèvent à
des hauteurs à peu près égales : cette circonftance,
jointe à celle de l’horizontalité prefque parfaite
de leurs couches, du petit nombre de fiffu-es
verticales quelles préfentent, de l’exiftence de
ces rochers hardis & fouvent ifolés, dont aucun
n’eft incliné, femble attefter q u e , depuis le dépôt
du grès des Vofges, ces montagnes n’ ont pas
éprouvé les effets de ces caufes perturbatrices
q u i, dans quelques autres chaînes de montagnes,
8c notamment dans toute l’étendue du fyftème des
Alpes, ont produit, à une époque poftérieure
même aux terrains tertiaires, des dérangemens de
ftratification fi frappans i tout fembleroit, au contraire
, indiquer que l’action lente des eaux, ^gif-
fant p eut-ê tre de préférence fuivant quelques
grandes fifîiires verticales, a taillé ces montagnes
dans
dans un grand dépôt arénacé q u i, étendu en
forme de ceinture autour des montagnes de tran-
fition, fe prolongeroic vers le nord-nord-eft juf-
qti’au pied du mont Tonnerre.
» Toutefois, s’il eft évident que les terrains des
Vofges n’ont pas éprouvé de diflocation depuis
le dépôt du grès rouge, il ne l’eft pas également
que les bafes de ces montagnes foient reftées
depuis cette époque dans un état d’immuabilité
complète. Lorfque je réfléchis aux caufes qui ont
pu produire l’efpèce de falaife déjà indiquée
comme terminant Us Vofges du côté des plaines
de l’A lface , & qui forme un des traits les plus
proéminens de la configuration extérieure de ces
contrées j lorfque je remarque que les dépôts de
grès bigarré & de mufchelKalk, à peu près également
développés fur tout lé pourtour des V o fges,
ne s’élèvent' pas auflî haut à l’eft de cette
falaile que fur la pente oppofée de la chaîne,
& que dans les points de la plaine de l’Alface
où on les voit au pied de l’efcarpement du
grès des V o fg e s , leurs couches font fouvent
inclinées, quelquefois même contournées d’une
manière qui ne leur eft pas ordinaire, je me de^
mande fi un état de choies fi particulier ne pour-
roit pas être attribué à une grande fraétiire, à
une faille qui, à une époque poftérieure au dépôt
du mufchelkalk, 8c peut-être beaucoup plus récente
, fe feroit produite fuivant la ligné qui forme
aduellement le bord oriental de la région mor.-
tueufe , & qui, fans occafionner une diflocation
générale, auroit Amplement fait naître la différence
de niveau aduellement exiltante entre des
poi.ts q ui, lors du dépôt du mufchelkalk, ont
dû probablement fe trouver à peu près a la même
hauteur. I.’ examen de cette quèflion, ou plutôt
celui des faits qui me l’ ont fuggérée , me fembleroit
devoir préfenter quelqu’ intérêt, 8C j’efpèrè
qu’on me pardonnera d’avoir mis en avant une
hypothèie un peu hafardée pour attirer fur eux
l’attention des géologues qui vifireront. ces intë-
reflantès contrées. .
U. Le terrain dont pous venons de décrire la
p: fition 8c la ftratification , e f t , en géniral ,
compofé, comme fon nom l’indique, d’une roche
arénacée ou grès, dont les caractères font toujours
à peu près les mêmes dans toute l’étendue
de la chaîne ; cette roche eft efientiellement formée
de grains amorphès , de quartz, dont la
groffeur varie depuis celle d’un petit grain dé
millet jufqu’à celle d’un grain de chenevis. Leui;
furface extérieure paroît fouvent préfenter des facettes
criftallines, 8ç réfléchit vivement les rayons
du foleil : elle eft ordinairement recouverte d’ un
très-léger enduit colçré en rouge par du peroxyde:
de fe r , ou quelquefois en jaune par du fer h y draté
> mais on reconnoît aifément qu’à l’intérieur
ces grains de quartz font incolores 8c tranflucides.
Cet enduit ferrugineux contribué Tans doute à
faire adhérer les grains les uns aux autres, mais
Géographie -Phyjique, Tome r À
il ne paroît pas être, la feule caufe de cette adhé-
fion ; car on voit des variétés de grès qui offrent
à peine quelques traces de cet enduit ferrugineux,
& dans lefquels cependant les grains adhèrent
très-fortement les uns aux autres, de manière à
former prefqu’une maffe continue. Au re fte , ce
cas fe préfente rarement, 8c l’adhérence des grains
eft le plus fouvent affez foible ; la roche s’égraine
aifément, 8c mérite parfaitement le nom de pierre
de fable par lequel on la defigne fouvent dans le
pays. Au milieu des grains quartzeux on diftingue
ordinairement d’ autres grains^ moins nombreux,
d’un blanc mat, non tranflucides, plus anguleux
8c moins folides, qui parodient des criftaux de
Feldfpath en décompofition. On diftingue en
outre dans quelques variétés, outre les grains de
quartz, de très-petites maflès d’argile blanche,
qui ne font probablement autre chofe que les
grains pré cède ns dans un état encore plus complet
de décompofition ; quelquefois auflî un petit
nombre de paillettes de mica blanc font diperfées
; irrégulièrement entre les grains. La couleur de ce
grès , ré fui ta t de cet enduit , q u i, comme nous
l’avons d it, enveloppe 8c cimente fes grains, offre
le plu$ fouvent un rouge de brique pâle, qui devient
quelquefois très-foncé, 8c q u i, dans d’autres
cas, paffe au rouge-violet, au blanc ou au
blanc-jaunâtre î quelquefois aufli la couleur eft
un jaune de rouille paffant au brun. Dans certains
échantillons, on voit plufieurs de ces couleurs
former des bandes parallèles ou des taches. La
variation de la couleur eft: fouvent accompagnée
d’une variation dans ta folidité.
». Il eft aifé de s’affurer que la couleur n’eft
qu’appliquée fur la furface des grains ; car, comme
elle n’-eft jamais due qu’ à de l’oxyde rouge ou à
de l’hydrate de f e r , l’ acide muriatique l’enlève
aifément, ,8c tous les grains reftent incolores ou
blancs.
» J’ai trouvé dans un échantillon de ce g rè s ,
de la compofition la plus ordinaire , plus de 0,95-
de fîjicé > le refte ne contenoit probablement que
de l’oxyde de fer 8c de l’alumine.
» On voit quelquefois dans des blocs de grès
des V o fg e s , d’ un grain 8c d’une couleur ordinaires
i d ;s portions arrondies de quelques millimètres
de diamètre, colorées en brun- jaunâtre
par le fer hydraté qui leur fert de ciment. Souvent
ces parties cèdent plus aifément que la maffe
à l’ aCtion de l’atmofphère, 8c làiflenc à là furface
des blocs des cavités hémifphériquesj quelquefois
aufli, étant plus refiftantes, elles relient en faillie.
Le même grès préfente aufli très-fouvent de
petits filons de fer hydraté, q u i, de part 8c
d’autre , fe fondent dans la maffe des grès qu’ ils
agglutinent : ces filons font, en général, plus folides
que le grès qui les entoure > on les voit fe
defliner. en arêtes faillantes fur la furface des
blocs expofés à l’aétion deftruétive de l’atmo.-
fphère.»
J