
îivières d’eau douce fïllonnent fon fol, couvert
de rochers arides & dépourvu de bois. A peine
y rencontre-1-on un petit nombre d’arbuftes
rabougris 8c quelques plantes des régions polaires.
Elle eft peuplée de rennes, d’ours blancs, de
renards 8c de diverfes efpècesd’oifeaux aquatiques
& marins. Ses parages font fréquentés par des
morses & autres efpèces d’animaux amphibies.
A u d i, chaque année, fert-elle de rendez-vous
à des chaffeurs 8c à des pêcheurs ruffes, qui
font obligés de fe vêtir à la manière des
Samoïèdes , pour pouvoir réfifter au froid ex trême
qui y règne la plus grande partie de
l’année. Les vents du nord y soufflent prefque
conftamment ; ceux de l ’oueft 8c du fud y amènent
de la neige 8c de la pluie. Pendant trois mois une
nuit obfcure s’étend fur la Nouvelle-Zemble. C ’ eft
vers le y novembre que l ’on perd ordinairement
de vue le fole il, que l’ on aperçoit enfuite vers la
fin de janvier, après un crépufcule de 14 jours.
Les aurores boréales diminuent la trifteffe de
ces longues nuits. Pendant l’obfcurité complète,
qui dure quelquefois plus de huit jours de fuite,
d’effroyables tempêtes, accompagnées de pluies
violentes, 8c plus fouvent d’ une neige fine &
épaifle, emoêchent les pauvres pêcheurs de fortir
de leurs cabanes enfumées dans la crainte de
ne pouvoir plus les retrouver. (J . H .)
ZIRKNITZ ou C zirknitz (L a c d e ) . Ce lac
fe trouve au milieu d’une chaîne de hautes montagnes
dans les Alpes de la Carniole, à huit
milles environ de la fameufe caverne de Planina.
11 n’ eft remarquable ni par fon étendue ni par la
beauté de fes rives. Il a environ cinq milles anglais
de longueur fur trois de largeur 5 fon lit eft creufé
dans une formation calcaire :> les rochers qui l’environnent
font nus, ftériles, uniformes ; mais il
eft curieux en ce que, dans la même année,
on y voit fe fuccéder quelquefois le pêcheur, le
chalfeur, le cultivateur 8c le moiflbnneur. V.oici la
defçription que nous en avons donnée^, dans le
Précis de la Géographie universelle. « 11 eft entouré
de tous cotés, par des montagnes calcaires : au
midi, le mont Javornick j au nord, le Slivi^a,
Dans les années de féchereffe, fa circonférence
eft de quatre à cinq lieues, & de fept à huit dans
les années humides. Il reçoit les eaux de huit
ruiffeaux. Au milieu du lac s’élèvent quatre ou
cinq iles : un village occupe la plus grande,
appelée Vorneck. A certaines époques irrégulières,
les eaux s ’écoulent tout-a-coup par une
quarantaine de trous ou de crevafLs qui o c cupent
le fond de fon lit. L’habitant des lieux
voifins fe hâte alors de pêcher le poiflon que
les eaux n’ont point entraîné, 8c de chaffer les
oifeaux aquatiques qui y font leur demeure. Il
enfemence le fertile limon abandonné par les
eaux, efpérant que fes peines trouveront leur
rccompenfe dans une abondante récolte ; mais
fouvent il perd le fruit de fes travaux fes dé-
bourfés 8c fes efpérances. Par les illii.es qui
fervirent à leur écoulement, les eaux lurgiffent
fubitement avec un bruit épouvantable , fem-
bhble à celui du tonnerre. Les poiffons re-
paroiffent, les farcelles 8c les autres oifeaux
reviennent occuper leur aille, 8c l’homme feul
fe plaint de fon imprévoyance. «
Un voyageur anglais, M. Rouffe!, qui a examiné
ce lac avec beaucoup d’attention, en a publié la
defçription fuivante :
« Vers le milieu de l’é té , au temps des grandes
féchereffes, quand la neige a d fparu du haut du
h c , fes eaux commencent à décroître.. Si la féchereffe
eft grande 8c prolongée, le décroiffement eft
rapide 8c lè lac eft à fec en peu de femaines.
Bientôt une riche végétation fort du limon abandonné
par les eaux. Si l’été s ’annonce bien, les
payfans des environs enfemencent le fond du lac
en trèfle, en fainfoin, en luzerne, ou Amplement
en graine de foin. Ils cultivent auflî le riz dans les
parties plus élevées. Deux mois après, de hautes
herbes ondulent,fous le fouffle des vents, là où
des vagues s’agitoient fous les coups de la tempête
; 8c le chaffeur pourfuit le gibier aux lieux
mêmes o ù , peu de temps auparavant, fes lignes
faifoient la guerre au brochet avide. Au moment
où les eaux du lac font entièrement écoulées, on
diftingue parfaitement les canaux , ou plutôt les
cavernes qui leur fervent d'iffues : quelques-unes
font dans le fond même du la c , 8c d’autres fur les
côtés. L’entrée de plufieurs d’entre elles eft praticable,
mais on ne peut avancer long-temps ; l’eau
8c le retréciffement de ces conduits fouterrains
font des obltacles insurmontables. Toutes ce-s cavernes
ont une pente plus ou moins inclinée;
elles régnent également dans la partie méridionale
du lac. Quand les^pluies d’automne commencent
à tomber, les eaux commencent à fortir de ces
réfervoirs fouterrains; 8c fi les pluies continuent,
ces eaux jailliffent avec une-teUe impétuofité qu’ on
les voit lancer fouvent des brochets meurtris 8c
défigurés par le choc qu’ils ont éprouvé contre
les tochers qui garniffent l’intérieur de ces cavernes.
Alors les oifeaux.s’échappent, par volées,
des touffes de verdure qui vont-difparoît're. Les
cultivateurs retirent en hâte ce qurrefte-de grains
coupés, 8c le lac devient en peu d’inftans une
immenfe nappe d’eau.
« Le temps de la féchereffe dépend de la féchereffe
même de la faifon. En 1821 , parexemple, les
eaux s'écoulèrent au commencement de l’e té , reparurent
à la fin de novembre, 8c fe Retirèrent de
nouveau à la fin de février 1812. Il faut remarquer
qu’il n’avoit pas plu depuis le commencement de
janvier 8c que les neiges des montagnes étoient
gelées. Quand l’été eft humide , il arrive quelquefois
que le lac ne fe deffèche pas entièrement :
preuve que ces fources ne font pas fouterraines,
quoique les canaux qui les conduifent dans le «
baflin foient fouterrains.
» II ne paroît pas difficile d’expliquer ce phénomène;
il ne mérite pas même l ’étonnement des
nombreux voyageurs 8c des naturaliftes qui en
ont parlé. Toute la chaîne des montagnes voi-
fines fe compofe d’un calcaire poreux, au travers
duquel pénètrent les eaux pluviales 8c celles
qui proviennent de la fonte des neiges. L’intérieur
de cette chaîne eft coupé 8c traverfé en
tout fens par une fuite de galeries 8c d’excavations
dans lefquelles les eaux viennent fe réunir,
d’où elles pourfuivent leur courfe jufqu’ à ce
quelles trouvent une iffue, comme dans la vallée ‘
de Planina ou dans le lac de Zirknitz. L’immenfe
quantité de poiffons qui fe retirent avec les eaux
de ce dernier, 8c qui reviennent avec elles ,
prouvent que les rélervoirs fouterrains dans le
fein de la montagne font affez étendus 8c affez
profonds pour qu’ils y puiffenc vivre 8c prof-
pérer.
« Quant aux canaux d’écoulement, il eft im-
poffible de les fuivre, 8c par conféquent d’établir
rigoureufement le point où ils déchargent
leurs eaux ; majs on peut arriver à des conjectures
qui ont toute l’apparence d’une démonf-
tration, fi l’on obferve que tout le pays , à
partir des frontières du nord de la Carniole,
jufqu’aux rivages de l’ Adriatique , 8c des grottes
de Planina .jufqu’aux fources du Timavo , eft
plein de courans qui fortent fubitement du fol
8c qui annoncent par conféquent une marche
antérieure fouterr.iine, que rien n’empêche de
rattacher à l ’écoulement du lac de Zirknitz. »5
(J . H.)
ZONES. Poyei C l im a t au Supplément.
ZOOPHYTES. Ces animaux tiennent, ainfi
que leur nom l’ indique, le milieu entre le règne
animal 8c le règne végétal. Ce font, fi l’on veut,
des animaux-plantes. En effet, la difpofition rayonnante
de leurs organes rappelle, comme le dit
M. G. Cuvier, les pétales des fleurs. Mais ces
rapports ne font qu’apparents; caries zoophytes,
jouiffant de la fenfibilité, du mouvement volontaire,
8c fe nourriffant, pour la plupart, de matières
qu’ils avalent ou qu’ ils fucent, 8c qu’ils
digèrent dans une cavité intérieure, font bien-
certainement, à tous égards, des animaux.
M. Cuvier partage les zoophytes ou les animaux
rayonnés en cinq claffes : la première comprend
les échinodermes, c'e ft-à-d ire les ourfins, les
aftéries 8c les holothuries ; la fécondé, les
vers intefiinaux ; la troifième, les acal'ephes ou
orties de mert qui ne different des polypiers que
par un plus grand développement dans le tiffu de
leurs organes; la quatrième, les polypes, petits
animaux gélatineux, dont la bouche, entourée
de tentacules, conduit dans un eftomac tantôt
fimple, tantôt fuivi d’inteftins, en forme de
vai fléaux; enfin, les infufoires, petits êtres qui
n’ ont été découverts que par le microfcope,
8c qui fourmillent dans les eaux dormantes.
D’après la définition de chacune de ces claffes,
on conçoit que nous n’avons à parler ici que de h
quatrième.
Les polypes à polypiers, ditM. Cuvier, forment
cette nombreufe fuite d’efpèces que l’on a longtemps
regardées comme des plantes marines, 8c
dor t les individus font en effet réunis en grand
nombre, pour former des animaux compofés,
pour la plupart fixés comme des v é g é ta u x fo it
qu’ ils forment une tige , ou de fimples expansions,
par le moyen des appuis folides qui les revêtent
à l’ intérieur. On a donné le nom de polypiers
aux parties communes de ces animaux compofés;
ellès font toujours formées par dépôts 8c par
couches, comme l’ ivoire des dents; mais tantôt
elles font à la furface, tantôt dans l’intérieur de
l’animal compofé.
Lamouroux, à qui l ’on doit un beau travail
fur les polypiers, les diftingue en flexibles & en
pierreux.
L’ordre des polypiers flexibles forme trois tribus.
La première, celle des polypiers celluliferes, c’ eft-
à-dire , où les polypes font contenus dans des
cellules non irritables, comprend cinq familles :
; les celleporées , les fluftrées, les cellariées , les
j flertulariées 8c les tubulariées. La fécondé , celle
des polypiers c a Ici fer es, c’eft-à-dire où la fubftar.ee
calcaire recouvre la fubftance animale, offre deux
familles : les acétabulariées 8c les corallinées. La
troifième, ce’le des polypiers cortiferes, fe compofe
de trois familles : les fpongiées, les gorgoniées
8c les iridées.
L’ordre des polypiers pierreux eft divifé auffi en
trois tribus : les polypiers foraminées , qui ont de
petites cellules femblables à des pores , fe di-
vifent en efehariées 8c en milleporées y les polypiers
lamelliferes, offrant des étoiles lamelleufes, comprennent
les caryophyllaires, les méandrinées, les
aftrées 8c les madréporées ; les polypiers tubulées 3
formés de tubes diftinôts 8c parallèles, renferment
les feules tubiporées.
L’ordre des polypiers farcoides ne fe fubdivife
pas en tribus ; il offre feulement les trois familles
fui van tes : les alcyonées, les polyclinées & les
ali inaires.
Dars l’expédition autour du monde, commandée
par le capitaine Freycinet, MM. Quoy 8c Gaimard
ont fait plufieurs obfervations importantes, relatives
aux zoophytes en général 8c aux polypiers
en particulier. Ils nous offriront d’abord quelques
données fur la diftribution géographique de ces
animaux.
Le port Sud-Eft, à l’Ile-de-France, leur a paru
P pppp 2
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