
Cette vafte plaine, dont la hauteur moyenne au-
deffus du niveau de la mer ne dépaffe pas cent
dix mètres, & dont la p ente, depuis la partie
feptentrionale jufqu’au bord du Danube, n’a pas
plus d’un demi-mètre par lieue , ne peut offrir un
écoulement facile aux eaux; auffi eft-elle couverte
de marais impraticables, furtout fur les rives de la
Theifs & fur celles du Danube.
Toute la partie qui s’étend fur la rive gauche
de la Theifs eft couverte de ces nombreux marais
dont quelques-uns s’étendent à perte de vue ;
ils font dus aux nombreux ruiffeaux qui def-
. cendent des montagnes de la TrarilylVanie ^ & qui
biffent partout des eaux ftagnafites fur leurs bords.
« Mais, dit M. Beudant, foit à caufe de cette
»» humidité, jointe à une haute température, foit
»> parce que les terrains aujourd’hui cultivés ont
»» été fucceffivement gagnés fur les marais dont le
»» fond étoit compofé de débris végétaux 8c arii-
»> maux, cette partie de la plaine eft d’une ferti'ité
» prodigieufe.
» Lp terre y eft noire & extrêmement fo r te ,
» ajoute-t il les plantes céréales y produifent
» jufqu’à trente pour un. 11 n’en eft pas de même
>» à. ladroire.de la Theifs , dans la partie com-
» prife entre cette rivière & le Danube. Une
>» grande partie des terres qui ne font pas inon-
»» dées , font d’une aridité extrême & n’offrent
»• que des bruyères pour toute végétation; Les
*• plaines de Kecs-Kcmet font furtout d’une aridité
» abfolue, & ne préfentent que des fables blancs
»* 8c mouvans, que le vent fôuiève & transporte
»» comme des nuages a de grandes diftances,Mais
»» on pourroit augmenter confidérablement, dans
>• cette partie, l ’étendue des prairies 8c des terres
» labourables, en defléchafrt les marais, dont le
»• fond couvert d’ un limon fin 8c rempli de dé-
» bris organiques, ne pourvoit manquer de deve-
*» nir extrêmement fertile- >»
M. Beudant évalue à plus d’ un million d’hectares
la furfàce des terres labourables de cette
piaine, & à trois cent mille celle des vaftes pâturages
réfervés à d’innombrables troupeaux de
bêtes à cornes & de chevaux.
Les plaines de la Hongrie fourniflent une grande
quantité de feîs différens, tels que le natron , le
fulfate de foude 8c le falpêtre. Nous en parlerons
aux articles Sels 8c T err ain s." ( J. H. )
PL A T A . C e fleuve, qui porte fucceffivemenr
les noms de Paraguay, de Parrarta, 8c enfin de
P Lata, eft un des plus importans du continent de
l’ Amérique.
Il prend fa fource fur le verfant méridional d£
Ja chaîne des monts Pa'éfis, fous le la*. degré de
latitude méridionale , & fous le j8 e. de longitude
occidentale du méridien de Paris.
En defcendant des monts Paréfis, la Plata, qui
porte alors le nom de Rio-Paraguay, fuit les contours
d'une vallée qui s’étend au bas des pentes |
occidentales de la Sierra de San Jofeph. A l’extrémité
feptentrionale du baflîn où il prend naif-
fance, le Paraguay femble fortir de plufieurs lacs
fitués fur les pentes des monts Paréfis. Cette chaîne
lui fournit d’abord un grand nombre d’affluens,
qui ont en général, quinze à vingt lieues de cours :
tels font le Diamentino , la Santa Anna , le Negro ,
le Vtrmélko, le Sipàtuba , la Huiva , la Jar.auba-
> hiba, le Cabacal 8c le Jauru. Sur fa rive gauche,
la Sierra de San Jofeph ne lui fournit que quelques
cours d’eau qui ne valent pas la peine d’êtré
nommés.
Depuis fa fource jufqu’à l'extrémité de la chaîne
de San Jofêt le Rio-Paraguay parcourt du nord-
eft au fud-oueft une étendue de plus de cinquante
lieues; depuis l’extrémité de cètte chaîne jufqu’à
celle de San Pantaleo, fa direction générale eft
celle du nord'âu fu d , 8c l’ étendue de fon cours
de quarante lieues. Dans c e tte ‘partie il traverfe
un large baflîn , borné à l’eft par la Sierra de Lagoa,
8c à l ’cuieft par la cordillière -de. San Fernando.
Dans ce baflîn, fa rive droite n’ eft alimentée que
par une ou deux rivières peu importantes ; mais il
reçoit les eaux de plufieurs lacs qui, dans la faifon
fèche, en forment trois principaux : Yüberava ,
-le Ga’iba 8c le Mendiorim. Dans la faifon plu-
vieufe ils acquièrent uhe telle étendue, qu’ils
forment un fenl lac qui, comme celui de Liparim,
remplit le centre du baflîn que nous venons de
décrire.
Sur la rive gauche du fleuve, on voit affluer
plufieurs rivières importantes qui defcendent de la
Nova Sierra dos Pra^érps 8c dé la Sierra de Lagoa ;
elles font très-nombreufes. Nous ne citerohs que
les trois plus importantes-; ce font : la Guyaoa ,
dont le cours a plus de foixante lieues ; le Rio
Porrudos, qui fe jette dans la précédente, 8c dont
le cours eit d’environ cinquante lieues; enfin le
Taguary, qui a près de foixante lieues de cours.
Cette dernière rivière fe partage en deux branchés
principales avant de fe jeter dans le Paraguay, 8c
forme avec le cours de celui-ci, .-une grande île
prefque triangulaire, dont chaque côté a environ
dix lieues : on la nomme Paraijd. Au-deffoüs de
cette île-, le fleuve tourne la pointe de la Sierra
San Pantaleoy 8c coule pendant dix-huit lieues du
nord-eft au fud oueft. Il entre alors dans un noiir
veau baflîn formé à l’eft par la Sierra Amambay 8c
celle de San Jofé, à l’oueft par les Pampas, placées
fur les ramifications qui defcendent de la cordil-
lière des Andes, plus bas par d’autres ramifications
qui fe fuccèdent, & enfin par la petite chaîne appelée
Montanas de Los Yuan'es. SÔll étendue, depuis
les dernières pentes du Pantaleo jufqu’à
celles'du mont- de Hierro, elt de quatre-vingts
lieues du nord au fud.
Sur fa rive gauche, les pentes orientales du
baflîn n'envoient au fleuye que des affluens de
quinze à vingt lieues de cours ; ce font : le Boim-
bWy Le Te'rèry , \e Corrientés , le' Barrique, le Pdrey,
le
le Rio Ypani, le Xexui, le Tapiraguay 8c le Tibi-
qudri. ‘
Sur la rive droite, à l’extrémité de la Sierra San
Pantaleo, le fleuve reçoit YOxuquis, q ui, formé
de deux,rivières qui defcendent de la cordillère
de San Fernando, 8c grofli du Rio Laiirequiqui,
qui defcend des Pampas qui bornent ce baflîn à
l’ occident, forme un cours d’ eau affez confidéra-
ble ; plus au fud il reçoit les eaux du Timinabas,
dont le cours a environ quinze lieues. Au fud de
cette rivière on fe trouve dans les vaftes plaines
connues fous le nom de Llanos de Manfo, qui ont
plus de quatre-vingts lieues du nord au fud. P!u-
lieurs rivières ferpentent au milieu de ces plaines-,
mais la plus confidérable eft le Rio Pilcomayo, qui
defcend de la cordi.lère des Andes, 8c qui a pour
affluens le Cachimayo, le Pajpaya , le Jdotagayta ,
le Sa lado y le May pues 8i le Chunipi ; le Pilcomayo
a environ cent quatre-vingts lieues de cours. C ’ eft
entre fes rives ôc le Rio Grande, ou pour mieux
dire le Verméjo, que les Llanos font plus arides;
ce Verméjo prend fa fource an bas de-l’ un des
contreforts de la cordillère ; il a environ cent
quinze lieues de long jufqu’à fon embouchure
dans le fleuve.-Ses principaux affluens defcendent
des ramifications de lachaîneprineipai.e où il prend
fa fource; cè font: le Rio Negro, Y Oeloyas,, le Rio
Grande3 formé de plufieurs rivières, 8c qui donne
même fon nom au Verméjo, 1 s Rio det Dorado,
enfin le Rio de la Conception 8c le Ria San Lo-
ren^o’.
Le Verméjo eft le dernier affluent de la rive
droite du fleuve dans le bafïin que nous venons-de
défigner. Sur la rive gauche, le dernier affluent
eft le Rio Parana, le plus important de tous ceux
qu’ il reçoit.
La Parana , appelée avec araifomie Rio Grande,
prend fa fource à une quinzaine de lieues de Ta
côte orientae du Br’efil, fur le verfant occidental
de la Sierra Mantequeira. Elle reçoit les eaux d une
foule d'autres rivières , dont les plus importantes
font, fur fa rive droite,. le Pdrana-lba, le Cururui,
le Pardo 8c YYgurey. Sur fa rive gauche, les plus
importantes rivières font : le Rio P erde, qui defcend
de la. Sierra de Francia, le Rio Pardo , le Ja-
guary, le Tiété, dont les cataractes lont conifues,
1 e Panapamena , le Juibay 8c le Guafu.
La Parana a environ deux cent foixante lieues
de cours*
Au-deffous du confluent de la Parana 8c du Paraguay
, cè fleuve entre dans un nouveau bafîin,
au milieu duquel il coule pendant environ cent
vingt lieues julqu’ à fon embouchure. C e baflîn eft
formé à l'eft par la Sierra a O tapés, celle de San
Ignacio 8c celle de San Pauloi à l’oueft s'étend la
Sierra de Cordova, celle de Carunualay celle de
Vintana, 8c enfin celle de la Tinta, qui borne les
Pampas 8c les Llanos de cette contrée. Ces grandes
plaines ne fourniffent que de foibles cours
d’.eau au fleuve ; plufieurs s’y perdent dans les fa-:
Çêographie-Phyfique. Tome V ♦
blés ; cependant le Rio San Tome, qui defcend
du lac-de Viveras, a environ cinquante lieues de
cours ; le Tercero, qui defcend de la Cordova, en
a environ fovXante-dix. l e plus près de l’embouchure
du.fleuve, eft le Rio Arrecife, dont le cours
eft d’environ trente lieues. Sur la rive gauche,
nous ne citerons que le Rio Corienté s , dont le
cours eft de quarante lieues, le Gualeguay, qui
a à peu près la même étendue, 8c le Rio Uragay,
qui a au moins cent foixante lieues de cou rs, &
qui fe jette dans le fleuve à fon embouchure»
»Nous én parlerons à l'article U ragay , chaîne de
montagnes que longe cette rivière.
On fera peut-être étonné que ce fleuve qui, depuis
fa' fource jufqu'à fon embouchure, a plus de
trois cent vingt lieues de cours, & q u i, depuis le
fond du golfe où fes eaux fe déchargent, jufqu’ à
la mer, compte encore plus de trente lieues, ce
qui lui fait une longueur de plus de trois cent cinquante
lieues, porte plufieurs noms différens depuis
fa foirrçe ; mais lorfque l’on confidérera que
l’Amérique, d'abord peu connue, l’a principalement
été par l’embouchure des fleuves, le Rio de
la P lata, autrement la rivière d’Argent, qui parut
être d’abord une rivière de huit à dix lieues de
large, 8c de plus de foixante entre le cap Santa
Maria & le cap San Antonio, tandis que ce n’ étoit
que l’embouchure d’un fleuve, confevva fon nom
primitif. En remontant fon cours, on découvrit le
Rio Uragay-, & une autre rivière que l’ on défigna
par le nom de Parana, rivière qui fe confondoit
avec le Paraguay. Lorfque le paysfutmieux connu,
on s’aperçut de ces erreurs de dénomination,
mais l’habitude étoit prife, il n'étoit plus temps
de les rectifier.
La feule rectification que les géographes pour-
roient faire aujourd'hui * fefoit de donner le nom
de Plata au majeftueux cours d ’eau qui s’étend
depuis le confluent de la Parana 8c du Paraguay
jufqu’à l'Océan ; de cette manière le Rio Paraguay
conferveroit fon nom, ainfi que la Parana, & le
Rio de la Plata feroit encore un fleuve de deux
cent quarante lieues de long. Sans ce moyen de
défignation, il feroit difficile de décider Ifcquel
des> deux cours d'eau , de la Parana ou du Paraguay,
doit perdre fon nom pour prendre celui de
la Plata; car l'un 8<c l’autre ont des droits à la
priorité, puifque, jufqu’à leur réunion, leur cours
eft à peu près auflî confidérable. Il eft vrai que la
Parana commence à être navigable beaucoup plus
près de fà fource que le Paraguay , mais auflî ce
dernier auroit droit d’être conndéré comme la
jrincipale branche qui mérite le nom de fleuve de
a Plata, puifque le Pilcomayo 8c le Verméjo , qui
réunifient .leurs eaux auxiîennes, font plus confi-
dérables qu’aucun des affluens de la .Parana. Pour
lever toute difficulté, nous le répétons, il nous
paroît: convenable de confidérer le Paraguay 6: la
Parana comme deux rivières, dont la réunion
forme le fleuve de la Plata«
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