
Le nombre^ des Bédouins qui habitent les de-
ferts eft eftimé à environ 2,c>30,oco.
Egyptiens. Toute la contrée fituée entre la Mer-
Rouge & le défert , depuis le.s cataractes du Nil
jufqu à la Méditerranée, & qui conftitue le terrain
de l’ancienne Egypte , eft habitée par trois
peuples différens, outre les-Grecs & les Turcs.
Le plus ancien de ces peuples eft le Copte ,• les
deux autres font Y Arabe [édentaire 8c Y Arabe-Bédouin.
Nous avons dépeint ce dernier, nous allons
parler des deux autres.
Les Coptes paroiffent être les reftès dés anciens
Egyptiens. « En cojifidérant le vifage de
” beaucoup d’individus de cette ra ce , dit Vol- M ney oyage en Egypte & en Syrie), je lui ai
35 trouvé un caractère particulier, qui a fixé mon
M attention. Tous ont un teint de peau jaunâtre
“ ou fumeux, qui n’eft ni grec ni arabe ; tous ont
» le vifage bouffi, l ’oeil gonflé, le nez écrafé, la
» lèvre groflfe, en un mot une vraie.figure de.
» mulâtre, w C e font eux qui rempliflfent toutes
les places d'intendans , de fecrétaires, d’écrivains.
. Les Arabes fédentaires font defcendans des anciens
conquérans de l’Egypte ; ils ont prouvé dans
les fiècles du moyen âge toute leur aptitude pour
les arts, les fciences 8c la civilifation. Ils font
généralement artifans ou laboureurs ; leur taille
eft plus forte 8c plus élevée que celle des Bédouins;
ils n ont pas moins de cinq pieds quatre
pouces robuftes fans être gras, ils ont tout l’extérieur
des hommes endurcis au travail; leur peau
eft brune 8c halee par le foleil; ils ont le vifage
ov a le , le nez grand fans être aquilin, le front
large Sc avance, les cheveux & les fourcis noirs,
l ’oeil enfoncé, brillant & noir, la bouche bien
Elite & les dents blanches.
Eenanais.^e Fezzan eft un petit royaume fitué
comme une lie au milieu des déferts de l’Afrique.
Les Fezzanais font grands, bien faits & indolens ;
leurs cheveux courts , noirs & frifés, leurs lèvres
épaiffes, leur nez aplati, leur teint bafané Scpref-
que noir, k u r donnent beaucoup plus de reffem-
blance avec le nègre qu’avec l’Arabe.
C e peuple hofpitalier eft commerçant, paftéur,
agriculteur 8c aflèz induftrieux. Sans l’ifolement
dans lequel fe trouvennt les Fezzanais , ils feroient
fans doute quelques pas vers une civilifation aflèz
avancée. Ils connoiffent l’écriture 8c le calcul;
mais c’eft fur le fable qu’ ils tracent avec le doigt
tous leurs comptes de commerce & autres
Leur religion eft le mahométifme, auquel ils
joignent plufieurs pratiques fuperliitieufes ; c e pendant
ifs ne'font point intolérans.
Leur population eft évaluée.à 8o,coo âmes.
Maroquins. Us ont le teint bafané, les traits réguliers
, la taille aflèz élevée. I!s font robuftes &
fort adroits dans les exercices du corps, & fur-
tout dans 1 équitation. C é peuple a la réputation
d'être groflîer, trompeur, hypocrite, fuperfti-
tieux & d’un caractère cruel.
Ils font adonnés au mahométifme.
On croit qu’ils forment une population de
foc,coQ âmes au moins.
Lruinéens.- Ces peuples occupent en Afrique
deux grandes régiojis ; l ’une au nord, entre les
deux rivières du Sénégal 8c de Gambie ; l’autre
au midi, près de l’équateur. L’air y eft chaud &
malfain; le fol y, eft généralement fertile. Les
Guinéens ont la peau extrêmement noire. Us font
adroits , robuftes 8c fpirituels, mais dépourvus de
civilifation. Us font fort enclins au vol ; ils font
fourbes 8c orgueilleux, fanatiques 8c ignorans,
cruels 8c vindicatifs, lâches 8c pareffeux.
. Le peuple du royaume de Bénin eft doux 8c hospitalier;
m.ds fon fanatifme effréné le rend parfois
aufli cruel que les Guinéens, avec lefquels il a
d autres traits de reffemblance. U eft fournis jufqu
à la Servitude à un roi qui appefantit fur eux
fon pouvoir tyrannique.
Le fétichifme le plus abjeét, la croyance en un
bon 8c en un mauvais efprit, forment le fond de
la religion de ces peuples, ainfi que de celle du
Congo proprement d it , dont les habitans font de
toute la race nègre ceux qui font le plus enfoncés
dans la barbarie 8c l’enfance de la civilifation ,
quoique dans toutes les poffeflions portugaises
on ait cherché à policer leurs moeurs par Téta-
bliffernent de la religion chrétienne 8c par une
hiérarchie ridicule de princes, de ducs, de
comtes & de marquis.
| Le chriftianifme, prêché depuis long-temps à
ces peuples, n’a encore fait chez eux que des
conquêtes éphémères.
J croit la population de la Guinée ne
s’élève pas 3. 150,000 âmes. Quant à celle du
royaume de Bénin, c’eft peut-être exagérer que de
l évaluer a 500,000 , quoique plufieurs voyageurs
prétendent que le roi de ce pays peut lever une
armée de 100,000 hommes.
Nubiens 8c Ab\fuis. Là Nubie & l’Aby(finie,
paysfitués au fud de l’ Egypte, font peuplés par
des hommes dont la peau eft très-bafanée. Généralement
grofliers & débauchés, ils ne font point
fans difpolitions pour un certain degré decivili-
fation. Ils font naturellement inteiügens, rufés,
difpofés au commerce 8c adonnés à l’agriculture.
Quelques monumens antiques, obfervés en Nubie,
annoncent chez les peuples de cette contrée une
fplendeur paflee, qu’un bon gouvernement feroit
renaître.
Les Nubiens font mahométans & fuperftitieux.
Leur fol eft fi fertile en pro du étions de diverfes
.efpèces, qu’il n'eft pas étonnant qu’un commerce
d'échange (oit en ufage dans ce pays dès la plus
haute antiquité.
Le peuple de l’ Abyflînie eft phyfiquement fem-
blable aux Nubiens, mais il eft plus doux 8c plus
hofpitalier. C ’eft peut être à fon caractère, moins
grolfier que celui dé fes voifins , qu’ il doit d’avoir
confervé la religion grecque, bien qu’ il l’ art modifiée
dans certaines parties 8c qu'il ait adopté la
circoncifion.
La population de la Nubie s’élève à environ
100,000 âmes. L’Aby(finie eft bien moins peuplée.
Cafres. Les hommes de cette nation font grands
8c forts. Leur taille atteint généralement cinq
pieds fix à huit pouces. Leurs traits font aflèz réguliers;
leurs yeux font grands, leur peau eft d’un
beau noir ; leurs cheveux font fou s 8c bouclés ,
& leurs dents très-blanches. Ces^euples ne font
pas Taris induftrie; ils paffent même pour les plus
civilifés de l ’Afrique méridionale.
Les Cafres font polygames ; ils ont été regardés
par quelques auteurs comme les relies, dégénérés
d’ une nation civilifée. On en a donné pour
preuves , l’ufage de la circoncifion & leurs idées
religieules, qui ne s’accordent point avec celles
d’ un peuple dans l ’enfance de la civililàtion. La
circoncifion paroît être chez eux une néceffité
phyfique plutôt qu’une pratique religieufe. Us
croient à un être fuprême 8c à une autre vie; mais
ils n’ont aucune id é e , aucune tradition fur la
création : félon eux, le monde n’a jamais eu de
xommencement 8c n’ aura point de fin. Du refle,
fans cérémonies religieufes & fans prêtres, ils ne
prient jamais. Cependant quelques magiciens'ou
forciers jouiffent chez eux d’ une aflèz grande
confédération.
Divifés par familles vivant féparément de l’a griculture
8c du produit de leurs troupeaux & de
leurchaflè; ils mangent fréquemment de la viande
rôtie, mais ils ont un dégoût prononcé pour le
poiflon. 11s font très-paffiom”.és pour la chaflè ;
ils affrontent avec courage le lion le plus furieux,
8c pourfuivent fouvent pendant plufieurs jours un
éléphant. Us forment plufieurs hordes commaiv
dées par un chef que défigne leur roi. Le pouvoir
de Celui-ci, quoique héréditaire, eft cependant
très-limité ; il n’ a ni gardés ni courtifans; on ne
lui paie aucune contribution, mais il eft refpeété
par tous les Cafres.
Hottentots. Ces peuples font divifés en deux
grandes claflès, les Hottentot-s-Gonaques 8c k s
Hottentots proprement dits. Us diffèrent beaucoup
par leurs moeurs 8c l’ état de leur civilifation.
Les Hottentots-Gbnaques (ont un peu plus grands
que les autres Hottentots; leurs cara&ères phy-
fiques femblent annoncer qu’ils font le produit du
mélange des Cafres 8c des Hottentots. Us font
robuftes 8c braves ; ils aiment l’ indépendance 8c
la liberté ; ils ont enfin des élémens de civilifation
qui n’exiftent point chez les autres Hottentots.
Selon quelques voyageurs > leur population ne
paroît pas excéder 3000 individus.
Les Hottentots ont un caractère particulier de
phyfionomie; les os de leurs joues font très-fail-
lâns, ce qui leur rend le haut de la figure large ,
8c les os de leur mâchoire font très-étroits. Ils ont
le nez plat y les narines larges 8c ouvertes-, la
bouche grande 8c garnie de petites dents très*-
blanches; les yeux animés 8c dirigés obliquement
vers le nez ; leurs cheveux font courts,
laineux 8c noirs. Leur- peau eft cuivrée. Leurs
femmes font bien faites ; leurs mains 8c leurs pieds
font petits ; mais chez une de leurs tribus ( les
Bofchemans), elles ont la partie mufculeufe des
feffes tellement garnie de graiflè, que cela donne
à la forme de cette partie de leur corps un contour
très-faillant tout-à-fait difforme.
Les Hottentots font doux, timides 8c hofpi-
taliers. Indolens 8c flegmatiques, ils ne fortent
de leur inactivité que pour pourvoir à leur ftibfif-
tance. L’état de pafteurs convient tout à-fait à leur
pareflè. S’ ils fe livrent à la chaflfe , il faut qu’ ils y
foient forcés par le befoin de la faim ; mais alors ,
excités par cet aiguillon, ils s’y adonnent avec
ardeur.
C e peuple n’a aucune notion d’agriculture ; il
mefure l’année par les époques de féchereffe 8c
de pluie, 8c la fubdivife en îunaifons ; la marche
du foleil lui fert à divifer le jour.
Les Bofchemans} au contraire, lâches, cruels,
errans, vivant de racines 8c d'animaux immondes ,
paroiffent être le dernier échelon de l'ignorance
8c de la dégradation.
Betjouanas. Près des fources des rivières appelées
Mafumo 8c Maejuinis, habite la nombreufe
nation des Betjouanas , qui poffède des villes de
10,000 à 1 f .000 habitans. Elle eft partagée en
plufieurs tribus. Quelques-unes de ces peuplades
induftrieufes connoiftent l’emploi du fer 8c du
cuivre, qu’ils exploitent dans leurs montagnes,
8c dont ils fabriquent des couteaux, des aiguilles
8c des bijoux. Leur taille, moins élevée que celle
des C a fre s , eft belle & élégante ; la teinte de
leur peau tient le milieu entre le noir du Càfre 8c
le bronzé des Hottentots; à la coupe de figure du
C afte , ils joignent'des lèvres prefqu’au(fi minces
que chez l’Européen, 8c un nez arqué 8c prefque
aquilin. Suivant Lichtenftein, leur langue fonore 8c
accentuée rappelle la douceur de la langue italienne.
Leur nourriture fe compofe de laitage 8c
de gibier , rarement ils mangent la chair de leur
bétail. Leur religion admet l’ immortalité de. F à me
8c l’ exiftence d’ un fouverain maître du Monde.
Après leur ro i, le grand-prêtre eft le perfonnage
le plus refpeété. Le chriftianifme, qu’ on a tenté
d’introduire chez eux , n’y a point fait fortune ;
nos cérémonies 8c nos dogmes leur paroiffent ridicules.
Us ont des notions d’ aftronomie ; ils dif-
tinguent plufieurs planètes 8c plufieurs affres fous
des noms particuliers qui ne rappellent ceux d’aucune
nation antique. Leur annee fe compofe de
treize mois lunaires. La polygamie eft en ufage
chez eux comme chez la plupart des nations qui
habitent fous les tropiques. Le Betjouana qui
s’établit fe procure une femme pour une douzaine
de boeufs ; celle-ci eft obligée de conftruire elle-
même fa maifon ; chaque femme eft dans l’ ufage
d’en faire autant, en forte que le nombre de femmes