
formée d’une lave donc la bafe eft une a p h a n i t e
ou roche cornéennne à texture terreufe, & qui,
quoique poreufe, conferve une grande dureté :
elle contient un petit nombre depyroxènes & deux
fortes de feld-fpaths blancs.
En fortant de la régions boifée, les arbres commencent
à devenir chétifs & difformes, bientôt
on ne rencontre plus que des arbuftes, puis des
buifions, & enfin, toute trace de végétation dif-
paroît. Pendant 6 ou 7 milles, on ne marche^plus
que fur des laves, des fcories qui contiennent
beaucoup de fer, &: qui, près du cône de la montagne,
deviennent tellement mobiles, que l’on
enfonce à mi-jambe, & que le chemin devient
auffi difficile que dangereux.
Le fommet de Y E t n a eft couvert d’une neige
éternelle, & les colonnes de fumée qui s’élancent
du fond du cratère, tantôt montent majei-
tueufement vers le ciel, tantôt roulent comme
un torrent fur les flancs de la montagne. Les
vents foufflent en général avec impétuofité, mais
la température eft variable. Brydone fe plaint
d’avoir éprouvé, un froid affez vif pour glacer la
furface de la neige & la rendre impraticable.
Pendant l’excurfion de Spallanzani, au contraire,
le thermomètre ne defcendit pas à plus de 7 deg.
au-deffus de la congélation.
La bouche ou cratère du volcan eft en forme
d’entonnoir, & peut avoir 2 ou 3 milles de circonférence
i mais il eft facile de comprendre que
ces dimenfions doivent varier très-fouvent, foit
par fuite des éruptions, foit par des affaifiemens
& éboulemens qui arrivent lorfque la montagne
éprouve quelque commotion intérieure.
C’eft quelquefois de ce cratère, & plus fou-
vent encore des ouvertures qui fe font formées
fur les flancs de Y E t n a , que font forties ces éruptions
terribles qui ont tant de fois porté le ravage,
la mort & la défolation dans les plaines fertiles de
la Sicile.
La Sicile eft fous le plus beau climat du monde.
A l’exception de quelques femaines de pluies, le
ciel eft d’une fénérité admirable \ la température
fe maintient toute l'année entre le 2e. & le 35e.
degré de Réaumur.
Les vents y foufflent quelquefois avec violence,
celui du fud-oueft ou l ib e c c h i o , & celui du
fud ou a u j l r a l , participent des qualités du f c i r o c c o .
Celui-ci eft plus fréquent en hiver qu’en été , &
produit les mêmes effets qu’à Naples, tant fur
la température que fur l’économie animale.
Les ports les plus importans de la Sicile font :
le havre de Meffine, formé par une langue de
terre qui s'avance de l'extrémité orientale de
la ville & fépare du refte du détroit, ce beau
baffin, qui fe trouve ainfi à l’abri de tous les
vents, & n’a d’autre inconvénient que quelques difficultés
à fon entrée, occafïonnées par le gouffre
de Charybdej les deux havres de Syracufe, dont
le plus grand, fitué au fud-oueft d’Ortygie, eft
très-fur, & a environ 6 milles de circonférence î
le port d’Agrigent.e, aujourd’hui Girgenti ; celui
d’Amare; & enfin, celui de Palerme, qui eft à
peu près détruit & comblé par les débris &
les ruines qu’y ont apportés les torrens impétueux.
La population de la Sicile étoit autrefois de
1.600.000 âmes. Elle a beaucoup diminué depuis
1714, & lors du voyage da Brydone, en 1770,
elle n’étoit plus que de 1,123,160 habitans , dont
1 jo,ooo à Palerme, y compris 40,000 éccléfiaf-
tiques, 40,000 à Meffine, 16,000 à Catane,
17.000 à Syracufe, 16,000 à Trapani, 18,000 à
Modica, & 11,000 à Girgenti. Ce nombré paroît
avoir peu varié depuis cette époques il n’a pas
excédé de nos jours 1,200,000 âmes.
Les Siciliens, comme tous les peuples méridionaux
, ont beaucoup de fineffe, de pénétration
& de talens, mais en même temps un penchant
décidé à la mollefie & aux plaifirs : toutes leurs
partions, l’amour, la vengeance, la jaloufie,
font extrêmement violentes, & ils aiment avec
i ardeur la poéfie, furtout celle qu’on nomme
im p r o y i f a t io n . Us confervent encore , furtout
parmi les femmes, plufieurs traits de refiemblance
avec les Grecs, & cette reffemblance exifië
au moral & au phyfique. Comme les Grecs, ils
attachent la plus haute importance aux queftions
d’ancienneté ou de prééminence j comme chez,
les Grecs auffi, on trouve chez les Siciliens,
même parmi les bandits de profeffion, les plus
touchans exemples d’hofpitalité. Le peuple eft
fobre, en général, il aime par defïous tout les
mets fucrées & tous les genres de fucreries ; mais
il paroît que l’ivrognerie y eft très-rare. C’eft du
moins l’opinion de plufieurs voyageurs, & en-
tr’autres du baron de Riedefel, quoique M. Brydone
foit loin de partager fon avis.
Les Siciliens ne font point agriculteurs 5 ils
n’ont ni prairies, ni foin, ni fumier, & ne
font aucun ufage, comme engrais, du plâtre
fi commun dans l’île. Lorfque les terres font
fatiguées, le pâturage des jachères femble être
le feul moyen employé pour les rétablir. Cette
efpèce d’infouciance exifte également chez tous
les peuples auxquels la nature a prodigué fes
tréfors. Us comptent fur cette bonne nature beaucoup
plus que fur leur propre induftrie, & en
effet, le fol de la Sicile eft tellement fertile,
qu’il a à peine befoin de la main de l’homme, &
qu’il mériteroit, comme autrefois, le nom de
g r e n ie r <£I t a l i e , fi l’on accordoit quelques foins
un peu éclairés à fa culture. La végétation y
eft d’une vigueur extraordinaire : le grenadier,
le myrte, le f i c u s o p u n t ia , l’olivier y font plus
beaux que dans le refte de l’Italie, les châtaigniers
y parviennent à une groifeur énorme, &
près de Syracufe, on voit des figuiers qui couvrent
de leur ombre une furface de 110 à 130
pieds de diamètre*
Les productions de la Sicile font le blé, que |
les habitans confervent dans de véritables fU o s |
creufés dans le roc, d’excellens vins, de 1 huile,
des cannes à fucre, de la foie, de la manne,
du fafran, des laines, des olives, des figues, des
orangers, du miel, des châtaignes, de la foude,
de la régliffe, du riz, des piftaches, des amandes,
des mouches cantharides, &c., &c.
Les carrières produifent 31 efpèces de marbres
durs, & plus de 300 d'agathes, de béryl &
de jafpe, de l’alun, du fulfate de fer, du foufre, du
falpêtre, du fel gemme j fes mines contiennent
du plomb, du fer, du cuivre, de l’or & des
émeraudes.
Les beftiaux font nombreux & deviennent tellement
gras dans certaines parties^ du pays, qu on eft
obligé de les faignér pour éviter la fuffocation.
Les moutons font noirs ou bruns, & leur laine
s’emploie fans être teinte} la race des betes à
cornes eft croifée de celle d’Italie & de Suiffe >
celles des cochons à jambes courtes & corps rond,
reflemble à la race chinoife : leur peau eft fans
poil. Les bêtes fauves font moins communes
qu’autrefois, & l’on rencontre rarement maintenant
les fangliers & les cerfs qui peuploient
jadis les forêts de Y E t n a .
Les rivières, & furtout la mer qui environne la
Sicile, lui fourniffent en abondance une grande
quantité d’excellens poiffons, & principalement
du thon & des anguilles, le x ip h ia s g la d iu s & la
m u r è n e . On récolte également fur les bordsÿ de
la mer, de l’ambre rouge & du corail, qui fe
trouve en abondance, furtout près de Trapani.
La Sicile eft entourée de plufieurs îles qui en
dépendent. Les plus importantes font les îles de
L i p a r i , P o n t e l la r ia , F a v ig n a n a , M .a r e t im o U f t ica
& L am p e d o u \ e% (J. H.)
SIEBEN-GEB1RGE. V o y e i Westerwalij.
SIÉTABULDIE. Montagne de l’ Indoftan qui
appartient à une chaîne au pied de laquelle coule
le Tatty, fleuve qui fe jette dans la baie de Cam-
bov, à quelques lieues de Surate. Cette montagne
eft' bafaltique ; elle eft entourée de gneifs &
d’autres roches de la même époque, qui dominent
dans les contrées qui s’étendent à l’eft.
Outre le bafalte, on trouve au Siétabuldie des
roches amygdaloïdes à base de vacke. Les roches
volcaniques dominent dans les montagnes environnantes,
& c’eft à leur décompofition que le foi
il reçoit fur fa rive droite plufieurs rivières : le
T c h i r t c h i k , le T a la c h 3 le T c k in g h e n e h , Y A r k h ou
Y A r i f s , qui defcendent des monts A l a - T a g h , &
Y A r i d , qui prend fa fource dans les monts K a r a -
ta o u . Après fa jonction avec cette rivière, il ne
reçoit plus aucun affluent confidérabie, & fuit
fon cours de l’eft à l’oueft, jufqu’à fon embouchure
de l’Indoftan doit fa couleur noirâtre. (J. H.)
SIHOUN. Ce fleuve de l’Afie, qui porte auffi
le nom de S i r -D é r i a 3 eft le J a x a r t e s des anciens.
11 prend fa fource au pied des monts K a c k g k a r ,
fous le 41e. degré de latitude, & le 70e. longitude
} coule d’abord dans la direction generale
de l’eft à l’oueft, puis fe dirige vers lè nord juf-
qu’au 45e. degré ae latitude.Dans cette direction,
dans la mer d’Aral. Depuis fa fource, jufqu’à
cette petite Cafpienne, qu’on pourroit considérer
comme un grand lac, le fleuve parcourt en
ferpentant une étendue de 300 lieues. Il eft à remarquer
que fur fa rive gauche aucun cours d’eau
important ne l’alimente, parce quil borde de ce
côté une vafte étendue qui offre tout l’afpeêl des
; fteppes afîatiques, & que l’on appelle les fables
j de K i ^ i l - C o u m . Ces fables ne font bornes au fud
que par une chaîne de collines qui commence
au pied des monts Kachghar, & qui fe termine
au bord de l'A m o u -D é r ia , l’ancien O x u s , qui fe
jette auffi dans la mer d’Aral. Ces collines font
généralement compofées d'argile & de fable.
Entre les monts K a r a ta o u & la mer d’Aral, le
S ih o u n baigne fur fa rive droite d’autres terrains
fablonneux qui ne font qu’un prolongement des
fteppes des Kirghiz. On voit par là que les terrains
que traverfe le fleuve font d’un toible intérêt
pour la géographie phyfique & la géologie,
nous y reviendrons cependant au mot f ie p p e s .
Us préfentent toutefois une particularité qui
n’eft pas fans intérêt} environ cent lieues avant
fon embouchure, une partie de fes eaux fort
de fon lit, coule en s’écartant de fes rives, fe
divife en plufieurs branches qui fe réunifient
enfuite, & vont, fous le nom de K o u w a n - D é -
r i a , fe jeter, comme une petite rivière, dans
la mer d'Aral. A 80 lieues de cette mer, un autre
petit bras appelé K a l t a r u k fort du fleuve & fe
réunit au Kouwan-Déria. Ces petits bras, qui
coulent au milieu des fables, femblent être une
preuve que l’embouchure du fleuve eft aujourd’hui
beaucoup plus éloignée de fa fource que
jadis} dix-huit petits lacs qui portent le nom
d’A r a lu - K o u l la r 3 fitués fur la gauche du K o u w a n -
D é r i a , confirment cette opinion, & paroifîent
être des reftes de l’ancienne mer d’Aral. Enfin,
ce qui prouve que non - feulement cette mer
étoit jadis plus confidérabie qu’aujourd’hui &
que même les fables de K i { i l - Î C o u m & peut-être
les fteppes des Kirghiz, ont été couverts par fes
eaux, c’eft la diminution graduelle & même confidérabie
qu’elle éprouve encore de nos jours.
Le colonel ruffe Meendorff, qui a fait un voyage
intérefiant en traverfant ces fteppes jufqu’à Boukhara,
apprit de quelques Kirghiz, que dans l’ef-
pace de moins d'un fiècle, les rivages de la mer
d’Aral s’étaient retirés de 15 lieues. (J. H.)
SIKINOouSictNo, l’ancienne Sicandros, l’une
des îles de l'archipel grec, eft fituée par 22 deg.
45 min. de longitude & 36 deg. 34 min. de lati