
blerrent celle qui eft décrite fi poétiquement par
Pindare dans fa première ode pythique.
Le filence que garde Homère fur les feux de
l ’Etna fait préfumer que, du temps de ce poète,
le volcan de la Sicile étoit dans le même état de
ca’me que le Vefuve au temps de Strabon. Depuis
l ’époque hiftorique la plus reculée, le nombre de
fes éruptions s’élève à quatre-vingt-neuf, favoir :
ij2 co ans avant J . -C .............................. j.
Du temps de Thucydide, an 450 av. J . - C . . . 3.
122 ans avant notre è re , . ................. 1.
L ’ an 44 de notre è r e , .................................. j '
L*an 2 5 2 , ........... 1.
Pendant le XIIe f iè c l e , ............... ................... 2.
Le XIIIe , .............. . ........................................ 1.
Le X IV e , .....................! .................................. ,
Le X V e, ....................................................... . . i
Le X V I « , ................................................... 9
Le XVII«.................................... 22.
Le XVIIIe , ...................................................... 32.
Depuis le commencement du X IX e fiè c le ,. 9.
T o t a l . . . . . 89.
Il eft probable que cette lacune que l’on remarque
, du troiftème au douzième .fiècle, n’eft
due qu’à un défaut d’obfefvàtions, à cette époque
où les commotions politiques & la barbarie éten-
doient fur l’Europe leur funefle influence. Néanmoins,
.nous devons faire remarquer q u e , depuis
le treizième fiècle, que les éruptions de ce volcan
paroiflent avoir été confignées avec exactitude,
leur nombre a fuivi une progreflion qui femble
annoncer qu’il fera beaucoup plus confidérable
encore dans les fiècles futurs.
» La grande éruption qui eut lieu en 1669 e f t ,
fuivant M. L y ell, la prtm ère qui mérite de fixer
l’attention. Un tremblement de terre avoit ren-
verfé toutes les maifons deNicolofî, ville fituée près
de la limite inférieure de là région boifée, à environ
20 milles du fommet de l’ Etna, & 10 de la
mer, vers C.atane. (Voy pl. $o.)Deux gouffre s’ouvrirent
alors près de cette v ille , & lancèrent
le fable & les fcories en fi grande quantité,
ue trois mois après deux cônes appelés Monti-
ojfi, de 450 pieds de haut, furent formés. Mais
le phénomène le plus extraordinaire eut lieu au
commencement de cette convulfîon, près de
là , dans-la plaine de Saint-Lio. Une fifliire de-
6 pieds de large, fur une profondeur inconnue,
s’ouvrit avec un fort craquement, & s’avança en
ferpentant jufqu’à 1 mille du fommet de l’Etna.
Sa direction étoit du nord au fud , & fa longueur
d’environ 12 milles. Elle jetoit une lumière très-
vive. Cinq filfures parallèles & d’ une longueur
confidérable s’ouvrirent enfuite l’une après l’autre,
jetèrent de la fiimée & firent entendre des
mugiflemens qui fe propagèrent jufqu’ à la dif-
tance de 40 milles. Cette circonftance femble
préfenter au géologue une explication de la mamère
dont furent formés ces dikes continus de
porphyre vertical que l’on voit traverfer les plus
anciennes laves de l’ Etna; car la lumière jetée
par la grande crevafle dè Saint - Lio paroît indiquer
qu’ elle étoit remplie jufqu’à une certaine
élévation par de la lave incàndefcente, probablement
jnfqu’à la hauteur d’ un orifice qui s ’ouvrit
dans ce temps non loin des Monti-RoJJi, & vomit
un torrent de lave. Cette dernière atteignit bientôt
un cône inférieur appelé Mompiliere, à la bafe
duquel elle entra dans une grotte souterraine
communiquant avec uiie férié de cavernes qui font
fréquentes dans les laves de l’Etna. Là elle paroît
avoir fondu quelques-uns des fondemens voûtés
de la colline, car elle fut légèrement déprimée fk
traverfée par de nombreufes crevafîçs. La lave,
après avoir innôhdé 14 villes & villages, dont
quelques-uns avoient une population de 3 à
4,coo habitans, arriva enfin aux murs de Catane;
ceux-ci avoient été élevés exprès pour protéger la
ville; mais le déluge brûlant s’ accumula jufqu’à
ce qu’il eut atteint le fommet du rempart, qui
avoit 60 pieds de haut; il fe précipita eniuite en
cafcade'enflammée, & engloutit une partie de la
ville. Le mur cependant ne fut pas renverfé :
il fut découvert long-temps après, en creufant le
ro c , par le prince Bifcari, de forte que le voyageur
peut voir maintenant la lave folide boüillon-
\ nant fur le haut du rempart-, comme fi elle tom-
boit encore.
! »9 Ce grand courant avoit parcouru un efpace
de 15 milles (environ 6 lieues) avant d’entrer dans
la mer, eu il avo t 6ôo verges de large (558 mètres)
fur 40. pieds de profondeur. Il couvrit,
aux environs de Catane , quelques patries de territoire
que n’ avoient jamais vifité des laves de
l’Etna. En avançant , (à furface préfento-it, en général,
une maffe folide, & fa marche, commé il
eft ordinaire au ruifleau de lave, avoit lieu par les
crevafles accidentelles de fes foliiés murailles.
. Un habitant de Catane, nommé Pappalardo, délirant
garantir la ville des approches.de ce torrent
menaçant, fortit avec yo hommes qu’ il avoit
h.billés de peaux, pour les protéger contre la
chaleur, & , armés de leviers & de crochets, ils
rompirent un des murs folides qui flanquoient le
coûta11 , près de’ Belpaffo, & il en fortit auflîtôt
un petit ruifleau de matière en fufion qui prit la
direction de Paterno; mais les habitans de cette
v ille, alarmes pour leur sûreté, prirent les armes
& arrêtèrent toute opération ultérieure.
» Comme un autre exemple de la folidicé des
murailles du ruilLau de lave qui s’avance, nous
pouvons citet une aventure rapportée par Rura-
pers, q u i, en 1766, étoit monté fur une petite
colline formée d’anciennes matières volcaniques
pour contempler l’approche lente & graduelle d’un
torrenten.brafé de 2 milles & demi de large, lorf-
que deux filets de matière liquide fortant d’une
crsvaffe fe détachèrent du courant principal &
s’avancèrent rapidement vers la colline ; lui &
fon guide avoient à peine eu le temps de s’échapper,
lorfqu’ils virent la colline, qui avoit yo pieds
de haut, entourée & , dans un quart d’heure,
fondue dans la nr.ffe brûlante & coulant avec elle»
On ne doit cependant pas fuppoferque cette complète
fufion de matière rocheufe, lorfqu’elle eft
en.coniaét avec la lave, foit univerfelle, ni même
commune : cela arrive probablement lorfque de
nouvelles portions dé matière incàndefcente viennent
fucceflivement à toucher des matières fu-
fibles. Dans plufieurs des dikes qui entrecoupent
les pépérines & les laves de l’Etna, il- y
a à peine altération fenfible occafionnëe par
la chaleur dans les couches horizontales, dont
les bords font en contaél avec la maffe verticale
& plus criftalline. On fit, en 1704, fur remplacement
où étoit fituée la ville de Mampiline,
qui avoit été engloutie pendant l’éruption dont
nous venons de parler (1669)-, une fouille, au
moyen de laquelle les ouvriers, après un*travail
immenfe, atteignirent, à la profondeur de 3 y pieds,
la porte de la principale églife, où fe trouvoient
trois flatues que l’on tenoit en grande vénération.
Une de ces dernières, air fi qu’une cloche
& quelques pièces dé monnoie & autres objets,
fut retirée de deffous la’ grande arcade formée par
la lave. Il femble très- extraordinaire eue des
ouvnges de l’art, n’étant pas entourés de pépérine,
comme à Hercu'anum, aient, pu échapper à la
fufion dans des.espaces creux laiffés ouverts dans
ce coûtant dé lave qui étoit fi chaud, à Catane,
huit ans après qu’il eut pénétré dans la v ille, qu’ il
étoit impofllble de tenir la main dans quelques-
unes des crevafles. Nous avons fait mention de
l'entrée d’un rüiffeâu de lave dans une grotte fou-
terraine, ce qui avoit miné lés fondemens d’une
colline. De femblables paflages fous terre forment
une des particularités les plus curieufes de l’Etna,
& paroiflent avoir été produits parle ciyicifîement
de la lave pendant la -1 ortie d'i.ne grande quantité
de fluides élafliques qui s’effe élue quelquefois nombre
de jours'de fuite après que la criie de l éruption
eft paflee. »
M. Lyell fait remarquer que près de Nicolofi ,
& .non loin des Monti-Rqffi, on peut v ir ure
de ces grandes' ouvertures, appelée la Fojfa delLi
Palomba. Elle a 6 ï y pieds de ciroonfrrence à fon
entrée, & 78 pieds de profondeur. Après en avoir
atteint le fond, on trouve, en defeendant au
moyen d’échelles, une autre cavité obfcure &
plufieurs autres à la fuite. Enfin, ces voûtes fe
terminent par une grande galerie de 90 pieds-de
long, fur 45 à 50 de large; au -d tlà, il fè trouvé
encore un paflage, mais qui n’ a pas été exploré ;
de forte que Téténdue de ces cavernes' eft inconnue.
Les murailles & les plafonds de ces grandes
voûtes font compofées de fcories rudes &
hériffées de tubercules des formes les plus fantuf-
tiques.
ce Nous allons maintenant préfenter, dit
M. L y e ll, quelques obfirvotions fur les deux
éruptions de 1811 & 1819. Il paroî:, d’après la
relation de M. Gemedarp, qui fut témoin du
phénomène que le grand cratère fit voir par
fes violentes détonnations , que la lave avoit
monté près du fommet de la montagne par fon
conduit central. Un choc violent fe fit alors
fentir & un torrent 'fortit du flanc du cône,
à peu de diftance du fommet ; peu après qu’il
eut ceflfé de couler, un fécond courant fe fit
jour, mais beaucoup plus bas que le premier;
enfuite, un troifiime, encore plus b as , &
amfi jufqu’à fept, quiétoient placés au-defîous en
droite ligne. On a fuppofé que cette ligne étoit
une f. nte perpend culaire, dans la charpente
intérieure de la mont. gne, que cette fente
n’avoit pas été formée tout-à-coup, mais avoit
été prolongée du haut en bas par la preffîon
latérale & la chaleur intenfe de la coloi ne de
lave intérieure, à mefure qu’elle diminuoit par
l’écoulemer.t graduel qui avoit lieu à chaque
iffue.
ï En 1819, trois grandes bouches, ou cavernes,
s’ouvrirent près de celles qui avoient été formées
en 18 1 1, & lancèrent,avee de grandes exploitons,
des flammes, des cendres rouges & du fable.
Quelque s minutes après, il s’ouvrir, au-defleus,
une autre bouche d’eù fortirent des flammes & delà
fuméej & , finalement, une cinquième, d’où
s’écoula un to: rent. de lave qui fe répandit fur le
yâlle ic i Bove. C e courant parcourut 2 milles
dons les premières vingt qu .tre h^ ures & prefqüe
autant dans le joiir & la nuit fuivante. Les trois
premières bouches fe réunirent en un vafte cratère,
qui vomit de la lavé, ainfi que les quaire bouches
inféii.urès; de forte qu’un énorme torrent fe
répandit dans'la vallée dél Bove* Lorsqu’ il arriva
à iia grand précipice prefque perpendiclaire,
à la tête de- la vallée dé Calannas, il le précipita
,en cafcade, & , fe trouvant durci pendant fa chute,
il produifoit un craquementinconeévab'.e, à mefure
qu’ il venoit.fe brifer au fond. Une Colonne de
pouffièi e , formée par la calcination de la colline
tufacée fur 1-aqutlië la maffe endurci, defeendoit) fit
que les Cataniens furent grandement alarmés, de
la poflibilité qu’une érupticn plus violente que
celle du fommet n’eût lieu dans la région boifée.
as Parmi les cônes formés pendant cette éruption,
il n’y en a que deux que l’ on puiffe ranger dans les 80
dont nous avons déjà parlé comme ornant les flancs
de l’Etna. La furface de la lave qui inonda la vallée
def Bove, confîfte en b’ocs rocailleux & anguleux
mêlés enfemble dans le plus grand défordre. Rien
ne peut être plus raboteux qu’ une maffe qui s’eft
ainfi confolidée après avoir été liquide. M. Scrope
obferva ce courant, en 1 8 1 9 , defeendant une
pente confidérable, en faifant environ une verge
par heure (0,93 mètr.), neuf mois après fa première
fortie. La couche inférieure fe trouvant arrêtée