
montagne l*aïr eft tranquille, & fur Ton fommet en
épreuve un vent violent.
Parmi les vents généraux, les alizés Te font
fentir àu hotd de l’équateur jufque vers le tropique
du Cancer. Près de l’équateur ils fouillent
de l’eft, mais plus on s’approche du tropique,
plus ils fe dirigent vers l’eft-nord-eft, jufqu a fouf-
fler tout-à-fait du nord-eft fous le tropique & un
peu au-delà. Ils luivent conftamment les directions
que nous venons d’indiquer.
Suivant Bernouitli, leur caufe eft due au mouvement
de rotation de la terre d’orient en occident
* & à l’a&ion du foleil qui, échauffant l’at-
ir.ofphère, en dilate les diverfes couches en les
raréfiant, en forte que l'air qui fe trouve à l’eft
du foleil, Cédant d’être raréfié* fe condenfe, fe précipite
vers Toueft, où l’air plus raréfié eft plus léger
& lui offre un palftge * & comme cet effet a
lieu fucceffivement fur chaque partie de la zone
tropicale, au nord de l’équateur, il en réfulte le
vent d'eft qui fouffle conftamment dans cette zône
& un peu en dehors de cette zône, dans lhé-
mifphère où le foleil fe trouve.
Outre les vents alizés, on connoît encore d’au*
très vents généraux * ce font ceux qui régnent au
midi de l’équateur. Ils fe font reffentir par 2 ou
$ degrés au-deffous de ce cercle & s’étendent
Tufqu’au-dôlà du tropique du Capricorne. Vers
l’époque du folflice on les reflent au-delà même
du Cap de Boftne-Efpérance; leur direction eif
du fud-tft à l’eft-fud-eft * iis régnent fur toutes
les mers. Sur la côte occidentale d’Afrique &'
dansunepartie du golfe deGuinée, ils foufflentdu
fud-oueft jufqu'i quatre lieues en mer. On a expliqué
cette modification en difant que «« les tér-
» res par leur nature fe pénètrent peu de la cha-
** leur du foleil , & que loin de l’abforber elles la
réverbèrent* de là cette raréfaction qui dilatant
» Pair, force celui de la mer d'accourir pour ré-
n tablir l’équiiibre. » ( G é o g r a p h ie p h y f iq u e de
M. O’Hier de Grandpré, l rc. partie. )
L v s vents généraux fuivent donc, à différentes
époques , la diction du nord-eft & celle du
fud-eft * iis amaffent dans ces régions tropicales
une grande quantité de vapeurs, qui fe réfolvtnt
en pluies accompagnées d orages, "a certaines époques
fixes. A tout ce que nous venons de dire,
nous devons ajouter, concernant lès vents généraux
, que ceux du nord-oueft font toujoudPles
plus fréquèns au nord de l’équateur, & que ceux
du fud-oueft font ceux qui prévalent au fud.
Les vents périodiques font ceux que Pon appelle
m o u f lo n s , & qui, variant félon les époques,
reprennent toujours la même direction au retour
de chaque faifon. Ils font connus dans la mer des
Indes, dans le canal de Mozambique, dans lè
golfe Perfique & dans la Mer-Rouge, ainfi que
dans les parages des Moluques, des Philippines
& de la Nouvelle-Hollande, depuis l'équateur
jufque fur les côtes de ces divers pays. Les mouf- ;
fons foüfflent à deux époques de l’année , le T r
avril & le 15 oCtobre * à cette defnière époque ,
elles fuivent la direction du nord-eft pendant fix
mois, & pendant le même efpacè de temps, à
partir du 15 avril, elles prennent celle du fud-
oueft. Quant à PeXplicâtion de ce phénomène,
elle paroit être affez firhple : lorfque la chaleur du
foleil a raréfié Pair fur la prefqu'île de l’Inde, fur
> celle de Malaca, fur la côte du Pégu & fur les
îles de la Sonde/il devient plus léger* mais
| comme, par PinfpeCtion du pays, il ne peut con-
! tinuer fa route vers le nord, parce que les terres,
les bois & les montagnes lui offrent autant d’obf-
taclès, alors il eft, par l’effet de fa légèreté,
obligé de s’élever dans une région fupérieure,
, & pour remplir le vide qu’a produit cette afeen-
fioii, un courant d’air s’empreffe d’accourir du
t côté du fud-oueft.
« D’un autre côté,ditM. O’Hier de Grandpré, le
»» vent d’orient qui vient du fud-eft dans la lati-
»» tude méridionale, le brile fur la partie baffe
» de la côte d’Afrmue , il en eft réfléchi comme
*> lés courans, il fuit h même direction que ces
derniers* & .comme cette direction eft con-
»> forme à celle de la mouffon du fud-oueft, il fe
» réunit à elle pour groflir fa force. L’air fe porte
»9 donc avec rapidité vers le nord eft. Parvenu à
»9 une certaine alliance fur les terres , il eft raréfié
»> par la chaleur , il monte & fe rejoint au vent
»9 d’orient fupériêur qui l’entraîne avec lui jufqu’à
»9 ce que, condenfés de nouveau , ils retombent
»» çnfemble pour fouffler nord-eft fur l’Atlanti-
»> que * & fi quelque chofe peut confirmer cette
•i théorie, c’eft que la mouflon change près de
>9 terre, long-temps avant qu'elle ne change au
» large : pendant ce temps le vent de fud-eft ,
»9 que rien ne contrarie.au fud de Péquateur,
99 fouffle librement, & la mouffon vient du fud-
»9 eft dans cette partie.
** Lorfque le foleil ceffe, ajoute leyriême au-
>9 teur, d'échauffer Pair dans Phémïfphère du
»> nord, le vent d u nord-eft reprend fa direction
»» naturelle, qu’il n’auroit pas perdue fi, lors de fa
» raréf’.Ction, il avoit pu fe dilater vers le nord
» dans u$ efpace libre de terres & de monta-
»9 gnes , comme il le fait dans P Atlantique &
»9 dans la mer Pacifique. Cette mouffon du nord-
99 eft devient nord-oueft dans quelques endroits,
99 juivant les localités. 99
Quelques auteurs rangent parmi les vents périodiques
, les brifes qui le font fentir alternativement
fur terre & fur mer * on les obferve à différentes
heures du jour ou de la nuit, furtout dans
les pays fitués dans la zône torride. Dans ces contrées,
pendant une partie de la nuit, jufque vers
huit heures du matin, la briie fouffle de terre, le
calme luf fuccède jufqu’au moment où la brife de
•mer commence, & augmente jufqu’au coucher du
foleil, après lequel elle diminue à fon tour, &
ceffe tout-à fait jufqu’à ce que l ’heure de minuit
ramène le vent de terre. L’explication de ce phénomène
n’offre point-de grandes difficultés ( fui-
vant la théorie de Bernouilli). En effet, pendant
le jour, là terre échauffée par le foleil plus que
la mer ne peut Pêtre, Pair doit s'y raréfier, s'élever
dans les régions fupérieures , & produire
une forte de vide que Pair de la mer s’empreffe
de remplir C’eft pour cela que plus la
chaleur du jour eft gr nae, plus la brife de mer
eft forte. On comprendra fort bien que lorfque
la chaleur du jour eft paffée, la mer, qui s’eft
pénétrée -de la chaleur répandue par Paftre du
jour, voit fe produire dans Pair qui couvre la
furface, la même évaporation que celle qui s’eft
produite fur la terre, & l’air raréfié de celle-ci
commence à produire la brife de terre.
Nous n’avons p3S befoin de pouffer plus loin
l’explication du renouvellement de ce phénomène
* nous ajouterons feulement que les terrains
fabîonneux exhalant moins de vapeurs que les autres
lôrfqu’iîs font frappés par le foleil, ne doivent
point produire des brifes de terre auffi fortes.
C’eft ce qu’on remarque en effet fur certaines
côtes de l'Afriquë, & fut celles qui Jaordent la
partie occidentale du golfe Perfique.
O u r a g a n s . Les ouragans parodient être la fuite
des courans oppofés qui fe forment dans l’atmo-
fphère. On a remarqué que lorfque les vents fuivent
un cours réglé , fans être heurtés par d'autres
vents, les tempêtes n’ont point lieu * certaines
zones font fréquemment expofées à ces terribles
fecouffes, qu’il ne faut point confondre avec
les tempêtes. Les ouragans font excités , dit
M. O’Hier de Grandpré , par les vapeurs trop
abondantes amafTées à l’excès par les émanations
confidérables des lieux qui les contiennent.il fait
remarquer que les îles de la zône torride y font
beaucoup plus fujettes que les continens , que ces
ouragans fe manifeftentprefque toujours aux mêmes
lieux & aux mêmes époques, c’ett-à-dire
dans la faifon des pluies, & que l’abondance de
celles-ci paroît toujours être én rapport avec la
force des autres.
«« Une particularité bien remarquable, dit cet
»• auteur , c’eft que les ouragans commencent par
« fouffler dans une direction contraire à celle du
9» vent dominant. Il eft encore à remarquer que
9» c’eft vers les tropiques qu’ils font les plus fré-
*» quens. Iis font régulièrement annuels à la Mar-
99 tinique & à l’tle de France. »»
Nous ajouterons que, fuivant Alley & Ber-
fiouilli , les ouragans fuivent une marche circulaire
qui leur fait parcourir avec la même impé-
tuofité les différens points de l’horizon.
Les plus furieux ouragans fe font reffentir dans
les Antilles { v o y e \ ce mot); ils font ordinairement
accompagnés de pluieS , d’éclairs &r de tonnerre :
fous ce rapport iis reffemblent un peu à nos
orages, quoique ces derniers ne puiffent donner
qu’une bien foible idée de la violence défc autres.
T orfqu’ils font accompagnés de tremblemens de
terre , ils femblent être dus à la même caufe qui
détermine ceux-ci. L’obfcurité qui les précède &
qui les accompagne, à l’heure même où le foleil
éclairé la contrée où ils fe font reffentir , leur
donne, fous la zône torride, un afpeét épouvantable
, que juftifient les affreux ravages qu’ils
caufent.
Le vent- qui règne pendant cette effrayante
convulfion de la nature, fouffle conftamment du
nord-oueft.
Raynal rapporte que les premiers habitans des
Antilles avoient des indices furs qui en annon-
çoient le retour. L’atmofphère fe trouble , le fo-_
leil devient rouge, un bruit fourd fe fait entendre
fous terre ou dans les citernes* le ciel eft,
au nord-oueft, d'un fombre effrayant ; le difque
des étoiles entouré de vapeurs les fait paraître
plus grandes, la inèr produit une odeur forte, le
vent tourne tout-à-coup de J’eft à l’oueft , &
fouffle avec violence pendant plus de deux heures.
Si ces indices font vrais, ils préfentent, nous
le répétons, une grande analogie avec ce qui fe
paffe à l’époque de quelques éruptions volcaniques.
T r o m b e s . On donne ce noni à un redoutable-
météore dont la caufe eft jufqu’à préfent inexplicable.
On fait feulement qu’elle eft due à une
colonne d’air qui tourbillonne fur elle-même avec
une viteffe extrême. Il s’en manifefte plutôt fur
mer que fur terre. Il fe pré fente fu/ mer fous la
forme d’un nuage qui affeéte celle d’unxône dont
la bafe eft attachée à d’autrés nuages * jufqu’au
fommet de ce cône renverfé s’élève une colonne
d’eau qui retombe quelquefois en affez grande
abondance pour faire fubmerger un navire. Au
moment où la colonne d’air s’agite, pour former la
trombe, fi un navire fe trouve au milieu du courant
qu’elle produit, elle le fait pirouetter fuf
lui-meme en tortillant fes voiles, quelquefois
en briftnt fes mâts:
L*électricité paroît jouer un rôle important
dans le développement de ce phénomène : on y
obferve quelquefois des éclairs & les filions de la
foudre* d'autres fois , au moment où la trombe Ce
rompt, elle produit une grêle abondante. Enfin ,
fes effets font fi violens fur mer , que lès marins ,
lorfqu’ils la voient fe former, font leurs efforts
pour l’éviter ou pour Ja rompre à^açoups de
canon*
Sur terre les trombes n’enlèvent point d’eau ,
mais une grande quantité de poulfière , & quelquefois
des corps affez pefans. J’en ai obfervé
une qui, au milieu d’une plaine , s’eft élevée à
trente ou quarante pieds perpendiculairement, en
formant une colonne qui elt reftée vifib’e pendant
plufieurs fécondés, & qu’un courant contraire
diflipa enfuite. Mais il arrive quelquefois qu'elle
fe développe avec tant de violence, qu’elle déracine
de gros arbre*, qu’elle les enlève & les
D d l