
nées d elà manière la plus bizarre. Elles font généralement
creufees dans des roches calcaires, fe-
condaires , & font to.ujo.urs remplies d'une terre
argileufe.
Mais la plus intérefïknte fous le rapport dès
ofTemens qu’elle r e c è le , eft fans contredit la ca--
verne de Kiikdale, fi tuée près de la petite rivière
de. Hodgebeck en Angleterre , dans le comté
d ’Yorck.
Elle fut découverte en 1.821 par des. carriers. q.ui
exploitaient de la pierre dans une des collines
calcaires qui bordent au nord la vallée de Picke-
ring. Placée à environ 1.0.0. pieds au - defifus du
niveau <jes eaux du Hodgebeck ,.on pénètre j.ufqu’à
20Q pieds dans fon intérieur ;. fon fol eft recouvert
d’ un lit de terre argileufe d’un pied d’ épaif-
feur. G*eft dans .cette terre.que repp.fent les ofîe-
mens foffiles, qui. dans.certaines places font recouverts
& pénétrés de ftala&ites , fu.rtout près
des fiiTures par lefquelles elles, ont traverfé toute
la maffe calcaire pour encombrer en quelque forte
la caverne.
Les ofTemens qui gifenr dans la caverne de
Kirkdale appartiennent en, gran.de partie à des
Hyènes de la même efpèce que celle des cavernes
de l’Allemagne- Cependant, M. Cuvier y
a reconnu des os de T igre s, de Renards & de Bele
ttes, mêlés à des débris d’Eléphans, de Rhinocéros,
d'Hippopotames, de Chevaux, de Boeufs,
de C e r fs , de. Lapins j de Campagnols & de Rats..
Lesreftes de plufieurs de.ces animaux font brifés &
rongés par des Carnaftiers, qui y^ont l.aiffe l’empreinte,
de.leurs dents. On y a même trouvé des
excrémens parfaitement femblables à ceux de la
Hyène.
Quelques montagnes, .calcaires .de France o f frent
des .exemples de. cavernes, à ofTemens comme
l ’Italie, l’Allemagne,, la Hongrie & l ’Angleterre.
Mais ce qu'il y a de .plus remarquable, c’ eft que
dans- ces diverfes. contrées eiles„préfenté.nt-Je fiin-
gylier phénomène de la même argile & des mêmes
ofTemens : ce qui fembleroit annoncer que la réunion
de cette terre & de ces,os eft due partout à
la même cau 'e , & qu’elle, s’ eft. faite à la même
époque. La preuve de ce fait.fe .trouve dans.une
obferYatipn, récente de M. Marcel de Serres«
li a découvert en 182 f , dans une. caverne p/ès
d^ Lu ne V V ie il, aux environs de Montpellier, une“
grande quantité d’ofTemens foffiles d’animaux herbivores
& carnaftiers. Les Herbivores comprennent
des Hipp o,p.p ta mes de diverfes efpeces.; des Sangliers
d’une taili,e: qui; furpafîe celle des Sangliers
vivons > des Pécaris, des Cheyauqÿ plufieurs efpèce
s de Cerfs, d'Elans 3 de Chevreuils j de Daims,
de Moutons, de Boeufsi & ce qui eft f ç it curieux,
desCh imeaux .'-c5eft iâptemière fois.qu’on en trouve.,
de foffiles ;ju fq n alors. le. fait av.oit été douteux.
Enfin, diverfes efpèces de Lapijns, & de Rats.
Parmi les Carqajfieis il a reconnu des Li/qps.&c
des Tigres d’une très-grand^ iP ®
dents canmçs ont-jnfqu’à \G centimètres de longueur
fur 39 millimètres de largeur ; des efpèces
voifines des vivantes par leur taille; enfin, des
Hyènes , des Pamfbes, des Loups , des Renards
&: des Ours. 1! y a remarqué auffi les débris de
quelques oifeapx.
En cherchant à fe rendre compte de la manière
dont les animaux auxquels ces os. ont apr
par tenu ont pu .'S’introduirevivans dans cette caverne
, qui n’a qu’ une ouverture trop petite pour
qu’ un Lio/i puiffe y entrer, il a reconnu que leurs.
; ofTemens y (ont difpetfés & mélangés fans ordre
d’efpèces ; qu’ils portent même les indices d’ un
tranfporr violent, puifque plufieurs font ufés &
fenifiletu avoir été roulés. Enfin ils ne préfentent
pas, comme ceux des Herbivores découverts, dans
la cayerne de Kirkdale en Angleterre, les marques
des. dents des Carnaftiers : ce qui annonce
auffi qu’ils n’ont point été rongés...
Il tft donc probable , dit à ce fujet M. Marcel
de Serres, que la préfençe d’ un grand nombre
d’qffe-mens dans la caverne de Lunel-Vieil eft due
à un courant d’e a u , ainfi que femblent le prouver
le limon, Le gravier, les cailloux roulés qui .encombrent.
Impartie fud de la caverne. Le limon
eft d’ailleurs tellement rempli de fragmens ofleux,
qu’il r-eflemble.parfaitement aux brèches offeufes
de quelques; localités: de France-, tel Te s que-les.
brèches molles à ciment rougeâtre de Cette & de,
Yendargués,:, ce qui ferait une nouvelle preuve
de leur, commune, origine.
Un fait affez fingulier que préfente la; caverne,
de Lunel-Vieil, c'eft qu’ on y a trouvé des excré-.
mens qu-i paroiftênt être de la même, époque que
les.ofTemens, ik que ces déje étions animales con-
; tiennent des débris d’ infeétes qui font évidemment
foffiles.-
I Je dois faire, à l’égard de quelques-uns des animaux
foffijes des cavernes., une pbfervation qui n’ eft
pas fans importance : en examinant les-.;.dents des
Hy;ènesTorflîLes de France, d’Allemagne & d’Angleterre,
M. Çuvier a reconnu qu’elles appartiennent
toutes à une feule O même efp'ece. Quoique
d’une, plus grande, dimenfiou, elles fe rapprochent
I un peu de celles, de. la Hyène tachetée. De plus.,
IM. Cuvier remarque que. les cavernes d’ Alle-r
'magne femhlent avoir fervi en même temps d’a-
’filej auqc Tigre s, aux Lions, aux Ours & aux
Hyènes; ou y tro.uve leurs os,confondus; mais
ceux d'Qurs font les plus abondans., & ceux
d’Hyènes j de Tigres ou de Lions, font généralement
peu nombreux*
Il parçît que c’ eft tout.le contraire en Angles
terre, fi l’on eu juge du moins par la caverne de-
Kirkdale-., où l’Hyène eft extrêmement nom-
breu.fe.i o,ù les. Relis font fort rares, &. où l’ on,
trouve, à peine, fuivant l’expreflion de M. Cuvier,
une trace certp.ine déOurs,,
>. Ou.tre plufieurs animaux du genre, Relis, on
trouve encore dans les çav-ernes.des traces nom-*
G S S
breufes d’animaux appartenant au genre Cdnis.
Ainfi, le Loup, le Chien, le Renard, le Glouton,
y ont été reconnus.
Des o(femens de Renard , dont il eft difficile de
déterminer l ’efpèce , bien qu’ils diffèrent du Re*
nard ordinaire par des proportions, plus fortes , &
u’ils fe rapprochent, par la taille, dit M. Cuvier,
u Renard noir ou argenté, ont été trouvés dans
la caverne de Gailenreuth & dans celle de Kirkdale,.
■
M. Buckland a retiré de cette derniere des
dents parfaitement femblables à celles de la Belette
commune.
M. de Soemmering, & le docteur Goldfufs ,
ont découvert, le premier dans la caverne de
Gailenreuth, le fécond dans celle de Sandwich,
des têtes & des dents qui ont été reconnues
appartenir au Glouton du Nord ( U/fus gulo).
Dans la caverne de Sandwich, M. Goldfufs a
découvert une mâchoire inférieure de Sanglier,
qu’il a appelé Sus prifeus, .& qui diffère du Sanglier
ordinaire par une plus ’grande longueur &
une moindre largeur dans fa partie antérieure.
Outre les cavernes que nous avons défignées,
on en connoit encore un grand nombre : c’eft •
l’Allemagne Sc l’Angleterre qui en pôfTèdent le
plus. Pour compléter cet article, nous devons en
citer encore quelques-unes des plus célèbres ou
des plus intéreffantes.
La caverne deKuhlocheft, comme cell e de Kirkdale
, remarquable en ce’ que les débris d’ animaux
foffiles ne paroifîent pas y avoir été dérangés par
l’aétio-n des eaux. Le genre le plus commun que
l ’on y trouve eft l'Ours. Les os y font empâtés
dans une terre noire recouverte d’une argile calcaire.
Leur maffe eft évaluée à plus de jgoq pieds
cubes. Cette caverne a trente pieds de large , cent
de profondeur & vingt de hauteur à fon entrée ;
l’ inclinaifon de fa pente- eft de trente pieds. Elle
ne communique avec aucune fente latérale.
On découvrit-il y-a quelques années e s Angleterre
, près de Banwel dans leSommerfefcs-Hire;
en cherchant une mine de zin c , dans une roche
calcaire , une petite fente q u i, à une profondeur
de quatre-vingts pieds , communiquoit à une caverne
longue de cent cinquante, large de trente, &
de vingt à trente de hauteur. On perça une galerie
latérale pour y arriver plus facilement, & l’ on
trouva une autre caverne moins fpacieufe, dont
le fol , couvert de fable, de limon pu.de débris
calcaires , contenoit une fi grande quantité d’ of-
femens de Boeufs, de Daims, de Loups , d’ Elans
& d’Ours gigantefques, que fur un feul point ce
dépôt avoit plus de quarante pieds d’épaifteur.
Ces o s , dans un état de confervation auffi parfait
que ceux de nos cimetières, .paroiffent avoir «été
entraînés par des alluvions dans cette cavité, car
on découvrit vers le haut de celle-ci une ouverture
en forme de tuyau, qui avant d’être encombrée
par du fable, du limon & des fragmens
O S S gpf
de la roche .calcaire, coirimuniquôit avec la fur-
face du fol.
Quoique le nombre des cavernes renfermant
des ofTemens foit confîdérable, &r qu’on en aie
obfervé en Angleterre, en Allemagne & en France,
il eft probable que des recherches multipliées en
feront connoître encore d’autres. On vient d’en
découvrir une fort intéreftante dans le territoire
de Lanark au Canada, fur les bords du Miffilfipi.
Elle n’eft creufée qu’ à environ dix pieds au-def-
'fous de la furface du fol , avec lequel elle communique
, comme celle de Banwel, par une forte
de tuyau de près de deux pieds de diamètre.
Cette grotte a vingt-cinq pieds de long, quinze
de large & cinq de haut dans le milieu ; elle
s’abaifte graduellement de chaque côté. Son fol
eft couvert de débris du calcaire granulaire
brun dans lequel elle eft creufée ; les parois font
couvertes de petites concrétions calcaires. Les os
qu’ on y a découverts appartiennent à un animal
qui n’a point été fpécifié, mais dont la grandeur
ne permet pas d’admettre qu’il ait pu pénétrer par
l’ ouverture autrement que par fragmens. Ils font
réunis en un monceau "qui fe trouve peu éloigné ,
mais non au-deffous de l’ouverture. Il eft probable
que cet animal appartient au genre dont nous allons
parler.
Edentés inconnus. On doit croire que des recherches
affidues feront découvrir encore dans les
alluvions qui ont pénétré dans quelques cavernes,
de nouveaux animaux differens de ceux que l ’on
y a trouvés. L e feul dont nous ayons a parler
mérite de fixer l’attention des naturaliftes.
Mégalonix. Le nom de Cet animal foffile indique
dans fa partie offeufe un trait cara&ériflique ; la
grandeur de fes dents, qui en fait un genre particulier,
qui n’ a point d’analogue parmi les animaux
vivans , furtout fi l’on confidère qu’ il appartient à
la claffe des Edentés , qui ne comprennent que des
Mammifères de petite taille, tandis que le Mégalonix
étoit d’ une ftature au-deffùs de celle du
Cheval.
Ses ofTemens ont été trouvés à quelques pieds
de profondeur dans une caverne du comté de
Green-Briar , dans l ’Etat de Virginie en Amérique.
La caverne eft creufée dans un calcaire fecondaire,
comme toutes celles dont nous avons donné la
defeription.
Le célèbre Jefferfon, préfident des Etats-Unis,
eft le premier qui fit connoître au monde favant
les débris de cet animal perdu , fur lequel il publia,
en 1797, un Mémoire qui fut inféré dans le
Recueil de la Société philofophique de Philadelphie ,
tome IV , n° 30. Il le défigne fous le nom de
Mégalonix, & il calcula qu’il devoir avoir un peu
lus de cinq pieds de haut, & qu’ il pefoit environ
93 livres. Enfin, il le regarda comme ayant dû
être le plus redoutable ennemi du Maftodonte.
Mais M. Cuvier, à l'aide des deffins exaéts du
Mégalonix, & à I’infpe&ion d’une dent de cet