
des hommes pétrifiés ; M. Drapiez manifefia le j
defir de voir ce qu’ il entendoit par là : il vit en (
effet un bloc de pierre dans lequel étoient in-
cruftés des offemens, parmi lefquels il put recon-
noître une tête portée par des vertèbres qui lui
femblèrent au nombre de cinq ; les vertèbres
dorfales & lombaires étoient cachées dans la
pierre ou avoient difparu > il n’ aperçut que des
vertiges de côtes & de fternum : ces parties lui
femblèrent fort évafées. L'un des bras étoit
bien diftindl; l’ autre avoit probablement difparu
avec un fragment de la pierre. On reconnoiffoit
une épaule formée par la réunion de l’omoplate,
de la fourchette & de la clavicule : la fourchette ,
feule paroifloit entière. La main fembloit formée 1
de cinq doigts ; elle étoit encore attachée à l’a^
vant-bras, mais on ne retroùvoit plus aux doigts
le nombre de phalanges néceffaires ; on ne diftin-
guoit que des fragmens du baffin , mais on voyoit
encore une portion du tibia & du péroné. 11 étoit
difficile de reconnoître à quel animal avoit appartenu
la tête : elle étoit fort incomplète, les mâchoires
étoient détruites, il n’ exiftoit dans le bloc
aucune trace de denture. Au premier coup d’oeil,
l ’enfemble de ce foflîle rappeloit un peu la forme
d'un fquelette humain j mais en l’examinant avec
attention, on y trouvoit des différences remarquables.
L’extrême dilatation du fternum &: des
côtes prouva à M. Drapiez que l'animal s’éloignoit
des Sauriens, mais qu’ il appartenoit à quelque
genre de reptile. En effet, dit-il-, la ftruèture particulière
de l’épaule, dont les trois pièces, l’omoplate
, la fourchette & la clavicule, font fou-
dées enfemble, prouve fuffifamment que ce fquelette
appartient à une énorme Tortue voifine de
celles qu'on retrouve encore aux Antilles. On fait
en effet que la Tortue Mydas atteint au-delà de
deux mètres de longueur. Le foflîle ne préfente
point de reftes de carapace, mais il eft poflible
qu’il en exifte des traces dans l’épavffeur de la
pierre j d’ ailleurs, on fait que les Tortues fof*
-files font très-communes dans le calcaire de la
Belgique.
fecondaire ancien, des os humains mêlés avec des
ofiemens de Ruminans , de Souris , d’oifeaux &
d’autres animaux. Le gifement de cette argile à
offemens, lui donne quelqu'analogie avec, les
brèches offeufes dont nous avons parlé} mais elle
eft certainement beaucoup moins ancienne. D’ ab
ord, elle n’eft point durcie comme les brèches ;
elle ne renferme point de fragmens calcaires
réunis par un ciment ; elle paroît être Amplement
le réfultat d’un dépôt d'alluvion formé par des
eaux douces qui ont parcouru la contrée, comme
leferoient des inondations partielles, qui, lorf-
qu’elles ont été confidérables, ont pu être regardées
Enfin, le defir de trouver des reftes d’hçmmes
victimes du déluge, a été jufqu’ à prendre pour
des ofiemens fofliles, des refîtes de polypiers fiii-
cifiés, tels que ceux qu'on trouve fi fréquemment
dans les lits inférieurs d é jà craie fur les côtes de
Honfleur.
Cepéndant on a réellement découvert des os
humains, qui ont pu, jufqu’ à un certain point,
être confidérës comme des fofliles , parce qu'ils
ont été trouvés dans des terrains qui n’ avoient
point été remués par la main de l'homme, mais
qui, examinés attentivement, ont été reconnus appartenir
à des dépôts d’alluvions modernes. C ’eft
ainfi qu’en 1810 M. le baron de Schlottheim
découvrit près de Koellriz, dans le comté de
Reufs en Saxe, au milieu d'une argile, qui rempjif-
foit piufieurs crevaffes formées dans un calcaire
comme des déluges j mais qui font loin
de fe rapporter à la defcription littérale de celui
de Noé. Quoi qu’il en fo it , l'époque à laquelle
remonte la formation du dépôt de Koeftriz, eft
fans doute antérieure aux temps appelés hifio-
riques 3 & cependant ces o s , d’une dimenfion qui
annonce une taille é levé e, ne rappellent nullement
celle des géans. Ce qui prouve que fefpèce
humaine n’a point phyfiquement dégénéré.
Une autre localité de l’Allemagne préfente à
peu près les mêmes caraélères. Dans le gypfe qui
s’étend fur le bord nord-oueft de l’E lfter, on
remarque des fentes & des cavités fouvent a fiez
confiderables remplies d’argile. Elles paroiffent
renfermer un dépôt moins ancien que lès précé-
dens. On y a.recueilli atiffi des ofiemens d’animaux
terreftres, d’oifeaux'aquatiques & même
d’hommes. C e s os ne fe trouvent que jufqu’ à la
profondeur de vingt à vingt-cinq pieds ; ils" ne
font prefque point altérés: ce qui prouve qu’ils ne
remontent point à une très-haute antiquité.
La localité de Scaham Dene, en Angleterre,
préfenteroit un fait plus extraordinaire, s’il étoit
bien conftaté. On prétend que dans une crevafle
formée auN miliéu d’une roche calcaire, on a
trouvé fous la terre végétale & fous, l’argile,
dont l'épaiffeur totale eft d’environ quinze pieds,
une grande quantité d’ offemens d ’o ifeaux, de
Cerfs & d'autres quadrupèdes, ainfi que quelques
offemens humains. Suivant le détail de cette découverte
, ces débris feroient mêlés à des coquilles
marines bivalves & univalves : ce qui indique-
roit un dépôt d’aliuvion différent de ceux que
nous avons mentionnnés, quoiqu’ il ne faille pas
en conclure qu'il foit d'une époque plus ancienne
que les autres. Les offemens de Cerfs prouveroient
le contraire. - # '
Au rang des offemens humains, qu’ à la rigueur
on pourroit confidérer comme fofliles, en donnant
à cette épithète un fens vague ou trop étendu ,
nous devons placer les débris découverts dans la
caverne de Durfort (département du Gers) , &
examinés avec tant de foin par M. Marcel de
Serrés. < %
Cette grotte , devenue célèbre par les differ-
tations dont elle a été l’ o b je t , eft fituée à une
demi-lieue au nord-oueft de Dur fort, près de U
ville de Saint-Hippolyte, dans la montagne de la
Cofte, qui compte 3 yo mèt. d’élévation , & dont
le calcaire appartient à la formation ;fecondaire.
L’ ouverture de la caverne de Durfort, connue
dans le pays fous le nom de Grotte des morts, eit
étroite & verticale, & conduit à uivcaveau qui
communique à deux autres cavités , dont l une a
trois mètres de long, un mètre de large, & dix-nuit
décim. de haut, & l’autre, en forme de galerie,
qui fe termine par un trou de quatre mètres depro-
fondeur. Les os font raffemblés dans une petite
falle d’un mètre carré, & dans une autre falle pareille
à la première, avec laquelle elle_ communique
par un trou. Ces offemens font implantes
dans des incruftations calcaires ; mais dans la
principale falle ils font épars fur le plancher.
M. Marcel deSerres a reconnu qu’ils ne proviennent
point d'hommes enfouis ou écrafés, ni d offemens
chariés par les eaux de la mer. On fait
que l’ entrée de cette caverne étoit encore muree
ilyafoixante ans : ce qui indique que ce,s os y
ont été raffemblés par les hommes. Les incruftations
dont ils font couverts ne prouvent point le
contraire : on connoît la rapidité avec laquèlle
elles le forment dans certaines cavités femblables.
La caverne des Demoifelles, fituee près ^ de
Ganges, en eft la.preuve, puifque des objets
qu’on y avoit laiftés à deffein pendant l’ efpace de
trente-huit ans , ont été couverts d’ incruftations.
On pourroit citer d’autres exemples de gifement
d’offemens humains; mais jufqu à préfent on n en
a trouvé aucun dont la pofition & l’état de con-
fervation pufl’ent faire aftigner à ces débris une
antiquité aqfli confidérable que celle que femblent
avoir les cavernes à offemens d’animaux dont nous
avons donné la defcription.
On a aulfi confidéré comme fofliles des ofle-
mens humains trouvés dans des galeries de mines
long-temps abandonnées, où des infiltrations métalliques
qui en avoient pénétré le tiflu, les
avoient en quelque forte minéralifés. Ces découvertes,
dont on cite piufieurs exemples, ont toujours
été accompagnées dé circonfiances qui ont
prouvé que ces offemens étoient ceux de p a l-
heureux ouvriers reliés écrafés fous les débris de
quelques éboulemens. _
Mais les feuls offemens humains qui puiffent
être pris à la rigueur comme fofliles, font ceux
que l'on a découverts, il y a une vingtaine d'ann
é e s ,'fu r la côte de la Grande-Terre à la Guadeloupe.
Cependant ils portent encore , comme
tous ceux dont nous venons de parler, tous les
caractères d’une formation récente. M. Dauxion-
Lavayffe dit ( Voyage aux îles de La Trinité , de Ta-
bjgo, &e.) que lorlqu'il féjourna à la Guadeloupe,
il remarqua, par les fouilles qu’il fit faire, que les
fquelettes que l ’on trouva étoient placés dans la
direction de l’eft à l'ou eft, fuivant l'ancienne coutume
des Afiatiques & des Américains ; que fou-
vent ils étoient accompagnés de quelques inftrumens
femblables à ceux dont fe fervent encore
quelques peuples fauvages. Un de ces fquelettes ,
auquel il manquoit la tête les extrémités fupe-
rieures , fut extrait par les ordres du général français
Ernouf, gouverneur de la colonie ; il rut con-
fervé dans l’intention de l'envoyer en France,
dès qu’ on en auroit trouvé un plus complet, qui
eût été expédié en même temps , lorfque l’amiral
Cochrane s’empara de la Guadeloupe, & envoya
en Angleterre ce monument regardé comme précieux.
Placé au Muféum britannique, il a é té ,
depuis la paix, examiné par les favans les plus
diflingués de l’ Europe. On y remarque fept côte?
du côté gauche, & trois fauffes côtes; au coté
droit, on n’ aperçoit que trois fragmens de ces
mêmes os. Le radius du bras gauche exifte pref-
qu’ en entier. La partie fupérieure du facrum eft
très-vifible, ainfi que l'os ilium gauche ; les os
pubis, quoique reconnoiffables, fe perdent en
partie dans la maffe de la pierre. Le fémur & le
tibia droits font entiers ; la partie inférieure du
fémur a difparu , mais le tibia & le péroné font
bien confervés. Au furplus , le Muféum d’hiftoire
naturelle de Paris poffède un fquelette femblabie
quoique moins complet. Il vient de la même lo-
1 calité. - x .
Ces ofiemens font très-friables, mais ils fe dur-
ciffent à l’air. Leur gangue eft un tuf comoofé de
petits grains calcaires., de débris de coquilles , de
madrépores & de coraux, réunis par un ciment
calcaire. A l’aide dévia loupe , on voit que plu-
fieurs fragmens de ce-s coraux ont conferve leur
teinte rouge; que les coquilles, a fiez entières
pour être reconnoifiables, ne diffèrent point des
coquilles vivantes; on y a trouvé le turbot: p ie ,
avec fes couleurs & un hélice aigu. Ces caractères
fuffiroient pour annoncer dans cet agglomérat une
formation toute récente, fi d’autres obfervations
ne le prouvoient pas. En effet, ces fortes de
roches nouvelles font communes aux Antilles;
elles s’y forment d’autant plus rapidement que le
mouvement des eaux eft plus violent. A Saint-
Domingue , les mêmes amas calcaires ont forme
la plaine desCayes. Enltalie, on connoît piufieurs
points où la mer dépofe journellement un tuf
femblabie. Spallanzani a remarqué ce fait près de
Mefline; M. Bory de Saint-Vincent 1 a obferve
fur les côtes de l ’île Mafcateigne; M. Confiant
Prévôt a fait la même remarque fur le bord de la
mer près de la rivière de Caen. Il y a obfervé une
roche très dure formée de fab le, de cailloux
roulés, de fragmens de coquilles non fofliles,
relies que des moules, des bucarics, des-, turbots,
le tout réuni par un ciment calcaire. Enfin, la
roche de poudingue qui recouvre un loi argileux
, fous lequel on vient de découvrir à Mar-
feille des traces du féjour des hommes, e ft, félon
nous, encore un exemple du peu d ancienneté de
certains terrains.
Ces nouvelles roches font tellement modernes, N 2,