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rera les flancs Çe ouvrira des paffages à la lave. «
Mais la préfence de cette vapeur ne paroît pas être
la .c.aufe de la projejûion dan« les airs de pierres
enflammées» pour expliquer ces grêles volcaniques,
ce il faut recourir, dit-il, à d'autres principes,
à des gaz, par exemple, qui cherchera une
iflue à travers les .fubftances liquéfiées dont ils
font enveloppés, les chaffent impétueufement hors
du cratère. Ce qui n’eft pas douteux, c'eft la
préfence de ces gaz, qui au moment de l'éruption,
s’annoncent par des fifflemeiis. Cette remarque
a été faite au mont Véfuve, un des volcans
les mieux obfervés, à caufe de fon voifinage
de Naples, & moi-même j’ai entendu des fiffle-
mens femblables à Stromboli. Mais quelle eft
la nature de ces gaz } Pour répondre avec certitude
à cette quefiion, il faudroit les recueillir dans
l'effervefcence des volcans, & les foumettre à une
.analyfe chimique : ce qui eft impoffible, à moins
de vouloir reftervi&ime de facuriofité. Les feules
çonnoiffances qui ont été acquifes, à cet égard,
nous font parvenues par des voies indirectes,
en examinant les fubftances gazeufes qui s'exhalent
des volcans en repos. On compte, au nombre de
ces fubftances, le gaz hydrogène fulfuré, le gaz
acide carbonique, l'acide fulfureux, le gaz azote,
qui ont été recueillis en diverfes contrées volcaniques.
A ces caufes concomitantes, il eft vraifem-
blable que dans les grandes, les terribles éruptions,
il s'en joint une encore plus puilfante, telle que
l'eau réduite en vapeur, principalement celle de
la mer. »5 Ici, le naturalifte italien adopte l'opinion
que les eaux marines communiquent par des^
canaux fouterrains avec les cavernes fpacieufes
qui régnent dans le fein des montagnes ignivomes;
que c’eft pour cela que la plupart des volcans font
environnés par la mer, ou en font peu éloignés;
que la confervation, l’origine même de leurs
incendies, a une relation fecrète avec les eaux
marines. « Et quoique cette communication immédiate
ne Toit pas viable au-dehors, dit-il, elle
fe manifefte cependant par fes effets, tels que
la retraite fubite de la mer, qui arrive quelquefois
pendant les grandes crîfes des volcans, retraite
occafionnée fans doute par les grands volumes
d'eau abforbés dans leurs vaftes cavernes, g II cite,
en preuve, que ce phénomène fut obfervé par
Pline le jeune, pendant l'éruption de 795 que la
mer offrit le même fpectacle d>ns une autre éruption
du Véfuve, un fiècle & demi plus tard ; que
des auteurs contemporains & dignes de foi l'attellent;
que Serao en parle, dans fa relation de
l'incendie de 1737 s que, dans l'hiftoire de toutes
les grandes crifes volcaniques, il eft toujours fait
mention du retireraient des eaux de la fher, & que
Steller, dans fes obfervations fur les volcans du
Kamtchatka, allure que la plupart des tremblemens
de terre arrivent dans le temps des équinoxes,
quand la mer g-roffit, & furtouten automne, où hs
faux font plus Juiues. « Quoi qu’il en foit, dit-il
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encore, toujours eft-il certain qu'un grand amas
d’eau, réduit fubitement en vapeur par les feux
fouterrains, feroit capable de produire des explo-
fions, des détonnations bien fupérieures à celles
des gaz élaftiques dont nous avons parlé. »Plufieurs
expériences le portent à conclure, que fi
un amas d'eau vient à tomber fur le cratère enflammé
d’un volcan, il n'en réfultera aucune ex-
plofion} que fi l'eau pénètre par deffous, ou que,
s'infinuant par des ouvertures latérales, elle se
mette en comaét avec l'incendie, fans qu’il y ait
un efpace fuffifant à l'expanfion de fes vapeurs,
Pexplofion fera très-violente. Malgré le rôle
important que; fuivant Spallanzani, la vapenr joue
dans les éruptions volcaniques, il repouffe l'idée
que les jets continuels de Stromboli foient le ré-
fultat de la vaporifation de l'eau, ni celui de
la liquéfaction de la lave ; il les attribue, non
point à l’hydrogène, non point à l’air atmof-
phérique, mais au gaz oxigène. «« Au refte,
ajoute-t il, qui fait fi dans ces immenfes laboratoires
de la nature, qu’on appelle des volcans,
il ne fe produit ou ne fe développe, par le moyen
du feu, des fubftances gazeufes qui nous foni
inconnues, et qui concourent à leur éruption ?
Et ces fubftances, pourra-t-on jamais les coi>-
noître ? »
D o lo m i e u , qui ne connoiffoit probablement pas
l’ouvrage deKircher, crut foutenir une idée nouvelle
en confidérant les volcans comme les foupiraux du
feu central : auffi prétendoit-il que leur foyer étok
fitué à une grande profondeur* que leurs déjeCtions
fe font fait jour à travers la maffe de granité, &
que, conféqiiemment, le granité n'eft pas la roche
primitive, quoiqu'il ait l'antériorité de ficuation
fur tout ce qui eft venu le recouvrir. Il penfoit
que fous la croûte terreftre fe trouvoit une pâte
contenant des fubftances aériformes, dont les dé-
gagemens produit la matière pâteufe rejetée par
les volcans. Il ajoutoit que l'incandefcence des
laves étoit due à une fubftance particulière
qui les faifoit fondre ou rougir à un degré
moins élevé que toute autre matière minérale
de même compofition; que cette fubftance eft
le foufre, & que c’eft ce minéral qui, par
fa combuftion continuelle au contaCt de l ’air,
leur donne la faculté de refter chaudes pendant
très-long temps, & dans un état de moi-
leffe plus ou moins grand. Il doute cependant qu'il
puiffe fe développer une véritable inflammation
dans les profondeurs d’où fortent les laves, &
où l’air, néceffaire à une combuftion aétive, ne
peut avoir aucun accès, il admet donc un effet
pyrophorique qui produit l’inflammation, mais
feulement quand les laves foulcvées par les fluides
élaftiques viennent en contaéfc avec l'air atrnof-
phérique, & font près d’être vomies : alors des
globes de fumée fe changent en globes de feu,
& annoncent, au milieu d'un fracas terrible , une
prochaine éruption, llconfidère enfin l'eau comme
ayant u n e grande aétion fur les volcans. «* Leur
agitation intérieure, dit-il, eft augmentée par les
puies & par toutes les circonftances qui font arriver
les eaux dans leurs foyers. »
P a t r i n , que j'aimois dans ma jeuneffe à entendre
eatpofer fes idées hardies & quelquefois bizarres,
lorfqu’il s'agiffoit d'expliquer les grands phénomènes
de la nature 5 Patrin, dit-je, avoit imaginé (en
179 ƒ ) une théorie que nous allons expofer en peu
de mots. Ce naturalifte admet, comme fes prédé-
ceffeurs, que tous les volcans font fitués dans le
voifinage ae la mer, que celle-ci en fe retirant a
déterminé l’extinction des anciens volcans* que
l’un des principaux agens des feux fouterrains eft
l’acide muriatique, que tout le monde fait être
tiré du fel marin. Il ajoute que cet acide, en
traverfant les fehiftes argileux primitifs, riches en
oxydes métaliques, leur enlève leur oxigène &
devient l’acide muriatique oxigéné ( que l’on
appelle aujourd’hui le chloré ). L’acide muriatique
oxigéné, attire conftamment dans les fiffures des
lames fehifteufes, qui font fur lui l’office de
tuyaux capillaires, fe répand fans ceffe, & à de
très-grandes diftances, en décompofant les fulfures
de fer fi abondamment répandues dans les fehiftes &
autres roches voifines. De cette décompofition
opérée violemment réfultent un grand développement
de calorique, la formation de l’acide fulfu-
rique, & la décompofition de l'eau. La combi-
naifon de l’hydrogène, du carbone & de l’oxigène,
forme,dit-il, del’huile * celle de l’huile & de l’acide
fulfurique forme du pétrole, qui s'enflamme &
commence l'incendie. Comme les feux fouterrains,
pour fe perpétuer, ont befoin d’un agent qui entretienne
leur aélivité, Patrin fuppofe que cet j
agent eft le fluide électrique. En un mot, les laves \
& tous les phénomènes volcaniques font produits
par ce fluide, qui circule dans l'écorce de notre J
globe comme dans un corps organilé, & qui fe :
modifie, à l’égard du règne animal, de la même :
manière que dans les végétaux. Son fyftème ne fe j
borne pas à ces fuppofitions : pour prouver ce qu'il
avance, il va bien plus loin. Le foufre, fi abondant
su milieu des laves, n’eft, félon lui, que le fluide
électrique à l’état concret, comme le diamant eft
le carbone au plus haut degré de pureté & de
folidité ; le phofphore eft une combinaifon du
foufre avec une autre fubftance, qui n’eft peut-
être que la lumière. Patrin ne s’en tient pas là,
puifqu’il fuppofe l’exiftence d'un gaz m é ta l l if è r e >
qu’il regarde comme une émanation du foleil &
auquel il attribue l'origine des principales déjections
volcaniques. Pour éviter de nous perdre
dans toutes les fuppofitions de Patrin, nous dirons
qu'il explique fans embarras, à l'aide d'une théorie
auffi obfcure, tous les phénomènes que préféraient
les volcans. C'eft ainfi que la préfence du carbonate
de chaux, dans les laves du Véfuve, fait
qui embarr^fîbit tous les naturaliftes de fon temps,
eft facilement expliquée par lui, parce qu'il fuppofe
que cette fubftance eft le produit de l'oxi -
gène & de l’azote réduit à l'état concret.
Dans fa T h é o r ie d e la T e r r é , le minéralogifte D e -
lam ê th e r ie (en 1798) dit qu’on ne peut révoquer en
doute que les alimens des feux fouterrains ne foient
les bitumes & les pyrites, qu'il regarde comme les
s e u le s m a t iè te s combuftibles que l'on connoiffe dans
le fein de la terre. La quantité de foufre & d'acide
fulfureux qu'on rencontre près des volcans eft,
félon lui, une preuve de la préfence des pyrites.
11 ajoute que la préfence des bitumes dans les
volcans n’eft pas moins démontrée que celle du
foufre, puifqu’on y trouve du fel ammoniac & de
l'alkali volatil; & que ce qui confirme de plus en
lus l'opinion que ces feux font entretenus par des
itumes, de la houille & des bois fofliles, c’eft
qu’on a trouvé des mines de charbon fur les flancs
de plufieurs montagnes volcaniques, il fent cependant
qu'on pourroit lui objecter que les volcans fe
rencontrent dans toutes fortes de terrains, & que
leurs cratères font quelquefois dans les terrains
primitifs, terrains qui ne renferment jamais ni
bitumes, ni tourbes, ni bois fofliles. Mais il répond
à cette objection en faifant remarquer que
les mines de charbon font fouvent contiguës aux
terrains primitifs ; celles du Creuzot, près de Mont-
Cenis, par exemple, dont les couches ont une fi
grande épaifleur, touchent immédiatement les granités.
Le feu eft dans quelques-unes de ces
couches. Que des courans d'eau y arrivent, ils produiront
éruption & commotion, il fe formera un
cratèrelë long de la montagne granitique. Celle-ci
attaquée par le feu, s'écroulera en partie dans le
brafier, & bientôt le cratère paroîtra fortir du
milieu de la montagne granitique elle-même.
Si l’on s’étonne que les volcans,. & particulièrement
les fous-marins, puiffent brûler fans
communication avec l'air extérieur, Delamétherie
répond que les oxydes métaliques mêlés avec les
charbons contiennent beaucoup d'air pur; que
lorsqu'on fait palier de l’eau à travers un tube de
fer incandefcent, il fe développe les mêmes effets
que dans la combuftion ; qu'en conféquence
comme il y a de 1 eau dans tous les volcans, la
combuftion peut s'y entretenir fans communication
avec l’air extérieur. Les feux fous-marins
ajoute-t-il, pourront donc s'entretenir fous les
eaux ju(qu’au moment où la mer ne les inondera
pas entièrement ; car il faut fuppofer qu'ordinai-
rement elle n'y pénètre pas. Mais de temps à
autre il fe fait des crevaffes par lefquelies les eaux
peuvent fe rendre dans le foyer de l'incendie : c e
qui produit pour lors explofion & commotion.
Enfin, fi les eaux s'y répandent en trop grande quantité,
certainement elles éteindront le feu. Il arrive
encore fouvent que l'air extérieur pénètre dans
1 intérieur du volcan» car ordinairement il y-
a plufieurs foupiraux dans le cratère, par Ie£.