
de cet animal , mêlés généralement â des os
d'autres animaux. L’ilga , l'Anadyr, l’ Irtifch, le
Jaïk, l’Oby & l*Irgis, confluent du V o lg a , en
fournirent de nombreux exemples.
Jufqu’ à préfent ce n'eft encore qu’en Sibérie
que l’ on a trouvé l’efpèce foflile qui fe rapporte
au Buffle mufqué du Canada. Pallas en a recueilli
plufieurs crânes fur les bords de l’Ob & à l’extrémité
feptentrionale de cette contrée près de
Tundraj plus tard on en a découvert fur les
bords de la Jana, entre la Léna & l’ indigirska.
C e célèbre naturalise penfe que ces animaux ont
pu venir de l’Amérique feptentrionale en Sibérie
portés fur les'glaces du pôle, parce qu’ ils vont
encore de cette manière au Groenland} mais ce
feroit donner à ces olfemens fofliles une date bien
récente} on les retrouveroit alors à la furface du
f o l , fans le fecourS des dégradations dues aux
débordemens des fleuves} & d’ ailleurs pourquoi
n’en rençontreroit-on pas de vivans en Sibérie,
puifqu’ils peuvent y venir fi facilement? Nous
croyons au contraire qu'ils confirment l’antique
exiftence d’ un continent feptentrional, d’ où ils
ont defcendu en Sibérie & en Amérique.
Le Boeuf commun dont on retrouve les offe-
mens & les cornes, eft d'une taille beaucoup plus
confidérablè que celle de nos Boeufs domeftiques.
La direétion de fes cornes eft aufli un peu différente.
M. Cuvier penfe que l’efpèce foflile elt Ja
véritable fouche de celle, que l'homme a réduite
à l'état de domefticité. Elle a dû atteindre la hauteur
de fix pieds & demi jufqu’au garrot, & la
longueur de douze pieds. Les débris de cet animal
ont été généralement découverts dans des terrains
marécageux & tourbeux dans quelques parties
de la France, de l’Angleterre Ôc de l’Allemagne.
Cependant près d’Arezzo en Italie, on
en a trouvé dans le lit de la rivière de Mafpini,
au milieu d’ un fable ocreux mêlé de parcelles tal-
queufesj & près de Fahnern, dans le pays de
Gotha, plufieurs fragmens ont été tirés de couches
d'argile & de tuf. Enfin, on en a déterré aux environs
de Paris, en creulant le canal de l’Ourcq.
La tête d’un Boe u f, qui paroît fe rapporter au
Bifon, quoiqu'il diffère de toutes les efpèces vivantes
connues , a été découverte dans la fondrière
de Rig-Bone-Lik en Amérique, près des
chutes de l’Ohio. M. Harlan lui donne le nom de
Bos bombifrons.
Cheval, Les offemens, & furtout les dents de
cèt animal, fe trouvent communément dans la
plupart des terrains meubles} on les rencontre
ibuvent avec des débris d'Eléphans, dont ils pa-
roiffent aufli avoir été les contemporains. Un
terrain creufé pour un puits, dans larue Haute-
ville à Paris, a fajt découvrir à une grande profondeur
des os de Cheval & une dent de Tigre j
les tranchées faites pour fe canal de l’Ourcq en
ont mis à jour une quantité confidérablè. M. C uvier
en a vu retirer dès fondations du porc d’Jfiia.
J’en ai trouvé dans la vallée de l ’Oife. Celle de
la Somme en renferme beaucoup. Enfin , il n’eft
peut-être pas une vallée dont les dépôts d’aliu-
vion ne contiennent des dents de cet animal. Il
feroit donc inutile de relater ici les localités où
on en a découvert. M. Cuvier, tout en avouant
qu’il n’a trouvé aucune différence entre ces offemens
fofliles & ceux du Cheval domeftique , avoue
qu’il n’en faudroit poinr conclure que ceux de ces
animaux qui appartenoient à un Monde qui n’exifte
plus, ne différoient nullement de l’efpèce qui vit
aujourd'hui. On fait que les nuances fpécifiques
font très-difficiles à reconnoître par la compa-
i raifon des parties qui conftituent la charpente of-
I feufe.
! Sangliers & Cochons. Les débris offeux de ces
animaux n’ ont point encore été trouvés avec ceux
des Eléphans. Généralement on ne les a rencontrés
que dans des terrains trè s -récens , tels
que des tourbières, ainfi que nous le prouverons
plus loin. Cependant on a déterré une défenfe
de Sanglier en creufant les fondations du pont
d’Jéna} une autre dans le Val d’Arno en Italie, 8c
même Adrien Camper a donné la description d’une
portion d'humérus de Cochon ou de Sanglier
trouvée dans une localité du Hartz en Allemagne.
Carnajfiers. Les offemens de ces animaux font
rares dans les^terrains de tranfport; cependant on
a reconnu dans les couches meubles du V a ld ’Arno
en Tofcane des os qui appartiennent à des Hyènes
ou à des Ours. En Autriche, des lits de gravier
agglutiné recèlent des débris femblables. Il eft
cependant à remarquer que ces offemens appartiennent
à des efpèces différentes de celles que
l’ on retrouve dans'les cavernes.
Cétacés. Le feul exemple de débris de vertébrés
marins recueillis dans les terrains d’alluvion, a été
obfervé en Angleterre. Un fquelette de Baleine,
long d ’environ 80 pieds, a été trouvé à quatre
pieds de profondeur dans le port de Dunmore,
à vingt au-deffus des plus hautes marées. C e
dépôt argileux , formé fans doute par les eaux
d u F o r th , eft évidemment d’une date peu ancienne.
Il contenoic des bois de C e r f & des racines
ligneufes. Près de Blair-Drümmond en Ecoffe,
on a découvert aufli, fous quelques pieds d’argile,
des reftes de Baleines. En Sibérie, les alluvions
de l’ indigirska recèlent des dents de Narval.
Brèches ojfeujès. — Les brèches offeufes font,
comme nous l'avons dit plus haut, le réfultat de
tranfpo'rts limoneux qui , à l’ aide d’un long efpace
de temps, & avec le fecours de quelques-uns des
agens chimiques q u e la nature emploie avec un
luccès que ne peut imiter dans nos laboratoires
l’ art des plus habiles chimiftes, fe font fi ir.ti-
1 mement répnis, qu’ils ont formé dans quelques
localités une roche qui mérite ce nom par fa
dureté, & qui conferve dans la plus parfaite intégrité
les antiques défiris offeux dont el e eft
péçpè?
Les brèches offeufes les plus connues font
celles d’Antibès, de C e t te , de Cérigo , de Con-
cud , de Corfe, de Dalmatie ; de Gibraltar, de
N ic e , du cap de Palmure, de Sardaigne, de
Sicile, d’Oliveto & du Véronnois.
La brèche d’Antibes remplit les fentes d’un
rocher aride de 60 à So mètres de hauteur, placé
à une demi-lieue au fud-oueft de^ I embouchure
du Var. Lamontagne eft compofee d’une roche
calcaire lamelleufe, à couches obliques, analogue
à celui du Jura. A partir du foin met, elle eftfil-
lonnée de fentes prelque parallèles qui fe dirigent
du nord au fud. La plus confidérablè, qui a près
de deux pieds de large , eft celle dont la brèche
renferme le plus d offemens. La pâte eft d un
rouge pâle; on y remarque des cavités tapiflees
de criftaux de chaux carbonatée} elle eft remplie
de fragmens de calcaire gris & grenu mêlés avec
des offemens, parmi lefquels plufieurs dents ont
été reconnues par M. Cuvier pour avoir appartenu
à des animaux herbivores, téls qu’un Ruminant
de la taille d ’un Daim médiocre, &c un Cheval de
haute ftature.
La brèche de Cette diffère de celle d’Antibes
autant qu’elle reffemble à celle de Gibraltar. La
montagne dont elle remplit les fentes verticales,
s’élève en côné ifolé du fond de la mer, & ne
tient au continent que par une étroite langue de
fable. Sa hauteur eft de 108 mètres. Elle eft formée
d’un calcaire gris compacte veiné de blanc ,
& partagé en différens' lits. La bafe n’ offre point
de traces de ftratification ; c’eft un banc épais,
d’une efpèce de marbre à grain fin & ferré. Au-
dèffus on remarque des couches horizontales en
quelques endroits ; dans d’autres , inclinées vers'
l’oueft & relevées vers l’eft. Les plus baffes
de ces couches ont dix-huit à vingt-quatre pouces
d’épaiffeur;.mais elles diminuent fucceflivement,
de manière que vers le fommet elles deviennent
minces & friables. Depuis le haut de la montagne ;
jufqu’en b as , ^régnent des déchirures verticales!
qui à la partie fuperieure font remplies d’ un calcaire ■
rouge friable, qui ne renferme pas d’offemens}
mais lorfqu’on arrive aux premières couches dont
nous venons de parler, on trouve de loin en loin
des offemens deRuminans un peu plus grands que
ceux de l’homme. Les déchirures qui divifent
l’efpèce de marbre du banc inférieur font remplies
d’ un ciment terreux & rougeâtre, qui renferme
un grand nombre de morceaux anguleux
ou arrondis d’un marbre faccaroïde à gros grains
& de couleur bleuâtre, qui n’ ont pu y être apportés
que par quelqu’ëruption des eaux. C ’eft
dans ces déchirures que l’on trouve le plus d’offemens
} mais ils ont tous appartenu à de petits
animaux, parmi lefquels on en a reconnu cinq fortes
bien diftinéles, tels que des Lapins femblables à
ceux d’aujourd’hui, d’autres d’un tiers plus petits;
des Rongeurs analogues au Campagnol ; des oi-
feaux de la taille des Bergeronnettes , & des Serpens
de celle de la Couleuvre commune. M. C u vier
a trouvé dans la brèche olîeufe de Cette
des coquilles terreftres , favoir : deux hélices &
un maillot.
Les brèches de Cérigo ont été obfervées & décrites
par Spallanzani. Selon lu i, elles font formées
d’ une marne durcie d’un jaune-rougeâtre
contenant des petites pierres marneufes. Elles
rempliffent les fentes d’ une montagne inculte, de
forme conique, peu éloignée de la mer, & distante
d’ un mille du village de Cérigo : on l’appelle
la Montagne des Os. « A l’endroit où elle
33 commence à monter ; dit-il, ' fa circonférence
» eft d ’un mille; & depuis là jufqu’ à la cime,
» elle eft remplie de ces dépouilles animales,
sa tant à l’intérieur qu’ à l’extérieur. 33 II prétend
que la plupart font des os humains : erreur moins
pardonnable à Spallanzani qu’à d’autres observateurs
de la même époque. M. C u v ie r , qui a examiné
quelques-uns des échantillons rapportés par
le naturalise italien , n’y a rien reconnu qui pût
juftifier cette opinion.
Les brèches de Concud, village d’Aragon fitué
fur la route de Madrid, à une lieue de T é ru e l,
fo n t, fuivant les obfervations du voyageur anglais
Bowîes, fitueés dans la colline de Queva-Rubia, _
ainfi appelée de la terre rouge que les eaux d’un
ravin ont mife à découvert. Le fommet de la colline
qui b^rde le ravin eft compofé d’ une roche calcaire
grife; il eft rempli de coquilles terreftres & flu-
viatiles. Sous le calcaire, une couche de marne
argiieufe rougeâtre de trois pieds d’épaifleur renferme
une grande quantité d’offemens de Boeufs ,
à?Anes & d’une petite efpèce de Mouton. Cette
couche repofe fur une grande maffe de marne
également rougeâtre, contenant des morceaux
calcaires arrondis & agglutinés avec du fable
rouge, de manière à en former une brèche dure.
Cette maffe fe retrouve aufli dans le fond du
ravin. De l’autre côté de ce ravin on retrouve la
brèche offeufe , qui attéint jufqu’ à foixante pieds
de puiffance. Elle eft quelquefois d’ une grande
dureté. « Dans quelque partie de cette colline
33 que l’on creufe , dit le voyageur anglais, on
>3 rencontre des os & des coquilles fluviatiles
33 & tefreftres, contenus dans des morceaux de
33 roche dure de quatre pieds de large fur huit de 33 long. 33 -> ' ; _ '
La brèche de Corfe remplit les fentes d’un banc
calcaire bleuâtre entremêlé de blanc qui s'élève
à une demi-lieue delà mer, à quelque aiflance au
nord de Baftia. C e banc, pofé fur une autre roche
calcaire compare , en pente , domine la Méditerranée
à la hauteur de 975 mètres; la partie
fupérieure & èfearpée a près de 8 mètres de
hauteur , fur une ligne en demi-cercle de 78
mètres de longueur. Elle repofe fur un lit d’argile
rouge brunâtre de fix décimètres d’épaifleur. Sa
bafe eft une terre noirâtre. Les fentes qui partagent
verticalement cette maffe ont trois à quatre