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ment dus à l’influence de l’eau & aux gaz, ainlî
qu’aux vapeurs élaftiques qui doivent fe dégager,
ou de la décompofition de ce liquide, ou de fa
vaporifation violente & inftantanée ; mais il réfute
1 opinion qui attribue ces développe me ns de
gaz & de vapeurs à l’aCtion qu’exerce fur l’eau les
métaux des alcalis : car les volcans devroient,
dit-il, produire une immenfe quantité d’hydrogène
fenfîblement pur, ce qui n’eft pas; ils ne dégagent
qu’une quantité moyenne de gaz hydrogène
(ulfuré; mais il en fort une mafle confidérable d’eau
en vapeur, ainfi que beaucoup de gaz acide muriatique
, de muriate de foude & d’ammoniaque ,
& même de métaux. Selon lui, on ne pourroit
attribuer qu’au perchlorure de fer le fer oligifte,
fl abondant au milieu de certains produits volcaniques.
Cette théorie, qui ne détruit pas mais qui
modifie, celle de Davy, porte naturellement
M. G a y - L u j fa c à admettre dans les volcans l’action
des eaux de la mer.
Ecoutons le chimifte français : « Un tremblement
de terre, comme l’a très-bien dit le doCteur
Young, efl analogue à un tremblement d'air; c’eft
une très forte onde fonore excitée dans la mafle
folide de la terre par une commotion quelconque
qui s’y propage avec la même vitefle que le fon
s’y propageioit. Ce qui furprend dans ce grand &
terrible phénomène de la nature, c’eft l’étendue
immenfe à laquelle il fe fait fentir, les ravages
qu'il produit, & la puiiTancede la caufe qu’il faut
fuppofer. Mais on n’a pas aflez fait attention à
l’ébranlement facile de toutes les particules d’une
mafle folide. Le cho: produit par la tête d’une
épingle à l’un des bouts d’une longue poutre fait
vibrer toutes fes fibres, & fe tranfmet diftinCte-
ment à l’autre bout à une oreille attentive. Le
mouvement d'une voiture fur le pavé ébranle les
plus vaftes édifices, & fe communique à travers
des maffes confidérables, comme dans les carrières
profondes au deflous de Paris. Qu’y auroit-il
donc d'étonnant qu’une commotion très forte dans
les entrailles de la terre la fît trembler dans un
«yon de plufieurs centaines de lieues ? D’après la
loi de tranfmiflion du mouvement dans les corps
élaftiques, la couche extrême ne trouvant pas à
tranfmettre fon mouvement à d’autres couches,
tend à fe détacher de la mafle ébranlée ; de la
même manière que , dans une file de billes dont
la première eft happée dans le feus des contacts,
h dernière feule iè détache & prend du mouvement.
C’eft ainfi que je conçois, dit toujours
M. Gay-Luffac, les effets des tremblemens à la
furface de la terre, & comment j’expliquerois leur
grande diverfité, en prenant d ailleurs eh confi-
dération, avec M. de Humboldt, la nature du
fol & les folutions de continuité qui peuvent s'y
trouver. En un mot,l es tremblemens de terre ne
lont que la propagation d’une commotion à travers
la mafle de la terre, tellement indépendante
des cavités iouterraines qu’elle s’étendroit d’autant
plus loin que la terre feroit plus homogène. »
M. F . K r i e s publia, en 1820, fur les caufes des
tremblemens de^ terre, un mémoire qui fut couronné
par la Société des arts et fciences d’Utrecht;
& en 1824, un fécond mémoire, qui le fut également
par la Société des fciences de Harlem.
L auteur examine fi l’on doit attribuer les tremblemens
de terre à l'aCtion du fluide électrique;
mais il préfère leur donner pour origine certains
effets galvaniques qui ont lieu dans l'intérieur de
la terre/& qui produifent des décompofitions &:
recompofitions & la formation d’une mafle énorme
de gaz. Selon lui,r les volcans ne diffèrent entre
eux que parce que les gaz ne font pas partout
egalement diftribués. Il explique par la décompofition
de ces gaz lesbiuits fouterrains, & par
les vides qui fe forment dans cette décompofi-
tion, la difpofition des eaux, la diftribuiion de
'a chaleur & l’a&ion même du froid, caufée
fans doute par l’entrée de l’air dans l’intérieur dé
la terre. L’éleClricité, que produifent la déflagration
des gaz & leur formation, expliquera, félon
lui, les tremblemens de terre, parce que ceux-ci
font accompagnés de phénomènes électriques. H
penfe aufli que le fiége des phénomènes volcaniques
peut être à differentes profondeurs, &
même peu éjoigné de la furface du globe. Enfin,
les éruptions ne diffèrent peut-être des, trem-
: blemens de^ terre, bien qu’ils proviennent de
cauf.s femblables, que parce qu’elles ônt leur
foyer à nne plus grande profondeur.
Tout en adoptant la théorie de Davy, M. A g a t ih
lo n g o exprime le doute qu’il exîfte dans le fein de
la terre des métaux alcalins & terreux en filons
aflez confidérables pour avoir pu fournir à une
éruption telle que celle de l’Etna en 1669. Quant
à la caufe des phénomènes volcaniques, M. Longo
l’explique de la manière fui vante : « C’eft l’eau ou
l’humidité fouterraine, dit-il, qui, en fe décom-
pofant, cède fon oxigène au fer, acidifie le foufre
& dégage du gaz hydrogène fulfuré, lequel mêlé
avec le gaz acide carbonique, I*air atmofphérique
& les vapeurs, fort par torrens de la bouche enflammée
du volcan. Ces gaz, tant qu’ils font renfermés
dans les entrailles de la montagne, donnent
lieu aux mugiflem ns & détonnations qui font les
précurfeurs des éruptions. Les tremblemens de
terrelocaux ont la même origine.-» Ainfi,d’après le
naturalifte italien,! eau eft l’unique p r in c ip e m o teu r
des volcans.
M. P o u l e t t Scrope> favant géologue anglais, s’eft
moins attaché à chercher quelle eft la caufe première
des volcans, qu’à expliquer les différens
effets de leurs éruptions. Nous devons cependant
expofer quelques-unes de fes principales idées,
parce que fes C o n s id é ra tio n s f u r l e s V o l c a n s forment
un ouvrage très remarquable fur cette matière. Il
attribue la puiflance motrice des volcans à différens
fluides^aériformes. Il prétend que la liquidité delà
lave n eft qu imparfaite ; qu’elle va rarement juf*
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qu’à tin® .vérirable fufion : il fuppofe même que la
plupart d’entre elles, au moment où elles coulent
a la furface de la terre, ne font pas complètement
fendues, mais qu’elles préfentent plutôt une
réunion de criftaux folides, gliftant les uns fur les
autres, aidés par un fluide élaftique qui fe développe
dans la ma,re de la Lve. Ce fluide eft le
même qui s’échappe de la bouche du volcan & qui
foulève laiave par fa grande force expnnfive. Lorf-
qu’il abandonne la lave, il produit fa confolidation
inftantanse.
Dans un E J fa i f u r la tem p é ra tu r e d e l 'in t é r ie u r de
la t e r r e , M. C o r (lie r e x pofe une théorie fort ingé-
nieufe, fondée d’ailleurs fur un grand nombre
d’expériences, qui s’accordent pour démontrer
que l’intérieur de notre globe poflède une très-
haute température , & eft le fiége d’un feu très-
inrenfe. Il penfe que la terre, après avoir
été dans fon origine à un état de fluidité ignée,
ne s’eft peu à peu folidifiée qu’à fa furface ( V o y .
T empérature) . Selon lui, la mafle fluide interne
eft loumife à une preflion crpiffante occa- |
fionnée par deux forces dont la puiflance eft immenfe,
quoique les effets en foient lents & peu fen-
fibles : a une part, l’écorce folide fe contrarie dej
plus en plus à inefure que fa température diminue»
& cette contra&ion eft néceftairement plus grande
que celle que la malle centrale éprouve dans le
même temps; de l’autre, cette même enveloppe,
par fuite de l’accélération infenfible du mouve
ment de rotation, perd de fa capacité intérieure
à mefure qu’elle s’éloigne davantage de la forme
fphérique.
« Qu’on ne s’étonne pas de cette hypothèfe,
dit-il, je puis la rendre vraifemblable par un calcul
bien fimple. J’ai cubé à Ténériffe (en 1803),
aufli approximativement que cela étoit poflible,
les matières rejetées par Es éruptions de 1705 &
de 1798. J’ai fait la même opération à l’égard des
produits de deux éruptions encore plus parfaitement
ifoléea, qui exiftent dans les volcans éteints
de l’intérieur de la France ; favoir (en i8c6),
ceux du volcan de Murol, en Auvergne, & (en
18.09) ceux du volcan de Cherchemus, auprès
d’Iftarlès, au Mézin. J’ai trouvé le volume des
matières de chaque éruption fort inférieur à celui
d’un kilomètre cube. D’après ces données &
celles de même genre que j’ai recueillies fur d’autres
points, je me crois fondé à prendre le volume
d’un kilomètre cube comme le terme extrême du
produit des éruptions confidérées en général :
or, une telle mafle eft bien peu de chofe relativement
à celle du globe; répartie à fa furface,
elle formeroit une couche qui n’auroit pas y^ de
millimètre d’épaiffeur. En termes exaas, fi l’on
luppofe à ‘écorce de la terre une épaifleur
moyenne de 20 lieues de f ,000 mètres, il (uffiroit,
dans cetre enveloppe, d’une contraction capable
de raccourcir le rayon moyen de la mafle centrale
de ^ de millimètres, pour produire la matière I
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d’une éruption. Si, en partant de ces données ,
on veut fuppofer que la contraction feule produit
le phénomène, & que par toute la terre il fe fait
cinq éruptions par an, on arrive à trouver que la
différence entre la contraction de l’écorce confo-
lidée &r celle de la ma (Te interne ne raccourcit le
rayon de cette mafle que d’un millimètre par fîè-
cle ; s’il n’y a que deux éruptions par an, le
même raccourcifll-ment s’opère en deux fiècles &
demi. On voit'que, dans tous les cas, il fuffic
d’une aCtion exceflîvement petite pour produire
les phénomènes. On remarque que cette aCtion ,
fi elle eft réelle , eft néceftairement en rapport
avec la contraction totale que le globe éprouve
par l’effet du refroidiflement féculaire. Elle fournit
une bafe pour calculer la très-foible influence que
cetre contraction totale exerce pour accélérer la
vitefle de rotation : il ne faut rien moins que l’énorme
puiflance que je viens d’indiquer pour élever
les laves. Dans le cas particu'ier où elles ar-
riveroient précifément d’une profondeur de vingt
lieues, il eft aifé de prouver, d’après leur pefan-
teur fpécifique moyenne, qu’elles feroient pref-
fées par une force équivalente à celle d’environ
28,000 atmofphères ; on fait d’ailleurs qu’elles
s’épanchent prefque toujours après la fortie des
matières gazeufes, ce qui fe conçoit très-aifément
dans mon fyftème. Ce n’eft point ici le lieu de
développer l’hypothèfe purement thermométrique
que je propofe pour expliquer les phénomènes
volcaniques, & de montrer avec quel fuccès elle
s’applique à tous les détails de ces phénomènes ;
je me contente de faire remarquer qu’elle rend
raifon de l’identité des circonftances qui carafté-
rifent le travail de la volcanicité dans toutes les
parties de la terre, de la prodigieufe réduction
que le nombre des volcans a éprouvée depuis l’origine
des chofes, de la diminution qui s’eft opérée
dans la quantité des matières rejetées à chaque
éruption, de la compofition prefque femblable
des produits de chaque époque géologique, &
des petites différences qui exiftent entre les laves
qui appartiennent à des époques diverfes. Enfin,
dans cette hypothèfe, les directions les plus habituelles
des^tremblemens de terre .annoncent les
zones de moindre épaifleur de l’écorce de la terre,
& les centres volcaniques, tant anciens que modernes
, conftituent tout à la fois les points de
moindre épaifleur & de moindre réfiftance de
cette écorce »
Dans l’A m e r i c a n , J o u r n a l o f S c ie n c e s (tom. XV
n° I , octob. 1818.) M. J . d u C om m u n , a pro-
pofé une hypothèfe fur la caufe des volcans &
des tremblemens de terre , par laquelle il cherche
à établir que la furface du globe, jufqu’à 4 milles
7/8 de profondeur, eft occupée par de l’eau qui
ne «peut pénétrer plus avant, parce qu’un flui/e
plus denfe l’en empêche; que cette limite fe
trouve dms la mer ou dans les crevaffes de la
terre. Qu’à la profondeur indiquée ci-deflus, il y