
de tous les côté s , fous un angle très-foible ; &
cette île pourroit avoir entre soixante-dix & quatre
vingts milles anglais de circuit extérieur, tandis
que 1 ouverture circulaire intérieure pourroit être
de quarante à cinquante milles de tour. Elle riva-
liferoit en fertilité avec f ile de Palma & la gorge
profonde qui conduit en defcendaiit de la vallée
de Calanna à Zafarana, deviendroit 1- analogue du
grand défilé qui conduit à la Caldera.
« Il eft très-probable que l ’enceinte extérieure
d î l'île Barren c. d. (pl. fupplém. | fig. X I I ) , n’eft
formée que des débris du:£Ône tronqué c. a. b.d.s
dont une grande portion a été emportée en partie
par l'aélion des vagues, & en partie par les
exploitons T qui ont précédé la formation du
nouveau cône intérieur ƒ. e. g. Il fera probablement
poflible de déterminer par des recherches
géologiques, fi Je cône extérieur & plus grand a,
dans ce cas particulier, été .foulevé avec le fond
de la mer iur lequel il repofe, ou fi, comme
Stromboli, il étoit originairement, en grande
partie, au-deffus du niveau de la mer ; car, dans le
premier cas , quelques couches, pleines de débris
marins , peuvent alterner avec les déjeétions
volcaniques. Quelques-uns des détails qui nous
ont été tranfmis, par des témoins oculaires,
de la manière graduelle dont la nouvelle Kameni
s’éleva d'abord, couverte de coquilles vivantes,
dans le golfe de Santorin, paroiffent certainement
établir la poffibilité de l ’élévation de pëtites
malles d’une profondeur de plufîeurs centaines de
pieds pendant une éruption, & en même-temps
que l’émiflion de la lave. Mais la fortie, dans de.
telles c.irconftances, de maffes ifolées, n’ offre
aucune analogie avec Taéfcion fuppoféè de la
force expanfive dans la formation des cratèr es de
foulèv.ement. Il eft à peine néceffaire, après les
obfervations qui viennent d’être faites, de renvoyer
le leéteur à notre coupe de la Somma &
du V é su v e , & de dire que.nous avons attribué
la formation de l ’ancien & du nouveau cône à.
dès opérations précisément analogues.
« M. Necker, il y a long-temps, a fait remarquer
la correfpondance de leur flruélure, Sc expliqua
rrès-diftinélement l’ origine, de la forme de la
Somma $ fes vues furent enftiite confirmées par
M. Scrope ; mais, honobftant la juxta-poluion du
cône entier & de celui qui eft détruit, l’identité
de pente & la plongée des couches, la fimilitude.
de compofition minérale & linterfeClion des deux
cônes par des dikes porphyriques, les défenfeurs
de la théorie de l’élévation ont déclaré que les
laves & les brèches étoient autrefois horizontales
àc qu’ elles furent enluite;,élevées en maffes c o niques,
tandis qu’ils admettent que' .celles du
Véfuve ont toujours été aufti fortement inclinées
qu’à préfent*
m En combattant la théorie de M. de Buch, nous
aurions pu être tentés de produire l ’argument le
plus concluant contre e l le , c*eft:à-dire qu’elle
conduiroit ceux qui la profeffent, s’ils font confé-
que-ns. avec eux-mêmes, à cette conclulïon extravagante,
que les deux cônes du Véfuve ont tiré
leur forme de caufes très-diftinèles. Mais comme
ces géologues ne font pas effrayes de fuivre leur
fyftème dans toutes fes conféquences., & en ont
même appelé à la Somma, comme confirmant leurs
id e e s , ce feroit en vain qu'on efpéreroit, en leur
montrant les analogies les plus rapprochées entre
‘les effets de l’aétion volcanique ordinaire & les
cratères de foulèvement, les amener à abandonner
leur hypothèfe.
» La couche coquillière marine, alternant avec
le bafalte, à travers laquelle s’ élève le grand
cône de l’ Etna, eft citée aufti comme ayant
conftitué un ancien cratère d’ élévation ; mais
il eft facile de voir que- la couche en queftiôn
ne plonge pas affez pour foutenir une telle hypothèfe.
C e qui approche le plus, peut-être, de
la formation d’une maffe conique par foulèvement
eft dans le Cantal, au centre de la Frariée.
Les éruptions qui produisirent pendant quelque
période éloignée la montagne volcanique appelée
le Plomb du Cantal, paflerent à travers
une couche d’eau d ou ce , qui doit avoir été
dépofée, dans une pofition horizontale, fur
des roches de fehifte-granitique. Pendant la formation
graduelle du grand cône, des lits de lave
& de pépérine furent lancés, d’ une ou de plufieurs
iffues centrales, de manière à couvrir une grands
partie des couches lacuftres, & ces dernières
furent en même temps traverfées par des dikes
& en partie foulevées en même temps que les
roches granitiques inférieures > de forte que fi l’on
pouvoit maintenant enlever les produits ignés &
foutenir à leur élévation aéluelle les marnes, les
calcaires & les fehiftes fondamentaux , ils pré-
fenteroient une protubérance en forme de dôme ;
mais l’extérieur de cette maffe éparpillée ne reffem-
bleroit en rien à un cône régulier, & lé fens des
coucbes feroit fouvent horizontal, comme auprès
d’Aurillac, fouvent vertical, quelquefois renverfé,
et il n’y auroit pas ail centre^une grande cavité ou
un cratère de foulèvement. D\in autre cô té , les couches
volcaniques du Plomb du Cantal font arrangées
dans une forme conique comme celles de l ’Etna,
non par élévation de délions, mais parce qu’ elles
coulèrent en bas pendant des éruptions succeflives
de deftus.
« Nous ferons remarquer que la FoJfa-Grande3 fur
le Véfuve, ravin profond creufé par les torrens
d’hiver, qui descendent de YAtrio del Cavallo3
peut repréfenter en petit la vallée de Calanna & fa
continuation , la vallée de San-Giacomo sur l’Etna.
Dans la Foffa-Grande, un petit courant d’eau a
creufé fon palfage à travers le tufa, & dans quelques
parties, à travers des couches solides de
laves d’ une épaiffeur confidérable, & le. canal,
quoique fouvent bouché, parles laves modernes,
a toujours été rétabli. 1! eft naturel que fur un
côté d’ un très-grand creux, comme le cratère d’un
cône tronqué, il y ait un canal pour l’écoulement
des eaux qui devenant, par fuite des
temps, un ravin profond, peut avoir formé
les gorges qui exiftent à Palma & dans les îles
d’une conformation semblable.
Des volcans fous-marins. La queftiôn des fou-
lèvemens volcaniques nous conduit à dire un
mot des volcans fous-marins. On ne connoît1
qu’un petit nombre de ces derniers, parce qu’ on
a .peu d’ occafion de les obferver : il eft probable
qu’ils font plus communs qu’on ne le penfe. Leur
apparition, quand des navigateurs ont eul’ occalîon
d’en être témoins, n’a dû laiffer que des traces
incertaines. Les marins ont pu voir la mer plus ou
moins agitée & échauffée dans les parages où ces
phénomènes fe développoient i ils ont pu voir
les flots agités par des colonnes de fumée ou
par des matières fragmentaires ; mais ce n’ eft
que lorfqiie ces amas de fubftances folides fe font
élevés au-deffus des eaux, qu’ ils ont pu réellement
en conftater l’exiftence. Dans les éruptions
fous-marines, dit Breillak, le fond de la mer,
foulevé par la force explofive du volcan, commence
à fe hauffer : jufqu’ à ce qu’ il parvienne
en haut, on ne remarque pas d’autre phénomène}
mais lorfquil eft forti de l’eau, la lave fe montre,
& elle - eft douée d’une telle fluidité & pouffée
avec tant de force par l’aétion du volcan, quelle
peut couler,même dans l’eau. Enfuite, lorfque le
fommet du cône eft hors de l’eau, il s’ouvre, &
les matières commencent à être vomies par la
bouche. Si le gouffre s’ouvroit au-defîous de la
fuperficie de la mer, la maffe des eaux s’y préci-
piteroit & éteindroit la combuftion, quelque
grande qu’ elle fût.
L ’éruption fous-marine de 1707, qui donna
naiffance à plufieurs petites îles dans le golfe
de Santorin, eft une des plus intéreffantes que
l'on connoiffe. Le 23 mai, au lever du fole il,
on v it, à une lieue de la côte de Santorin, un
rocher qui paroiffoit flotter dans la mer : ce n’étoit
qu’ une grande mafle de ponce qu’un tremblement
de terre, arrivé deux jours auparavant, avoit détaché
du fond de la mer. Quelques jours après,
le rocher fe fixa & forma une petite île dont la
grandeur augmenta chaque jour. Le 14 juin, elle
avoit 800 mètres de circonférence & 7 à 8 de
hauteur. Elle étoit compofée de ponce & de
pépérine dont la maffe blanche & légère pré-
fentoit une forme arrondie. La mer commença
alors à s’agiter autour d’elle : la forte chaleur
à laquelle elle étoit foumife & l’odeur de foufre
qui fe répandoit tout au tour en empêchoit l’accès.
Le 16 juillet, on vit s’élever près de fes flancs
dix-fept à dix-huit rochers noirs; le 18 , il en
fortit, pour la première fois, une fumée épaiffe,
accompagnée de mugiffemens fouterrains i le 19,
le feu commença à paroître> fon intenfité aug-
Gêographie-Phyfique, Tome fG
menta graduellement: la nuit, furtout, l’ île fem-
bloit n’être qu’ un affemblage de fourneaux vomif-
fant des flammes. La mer bouilloit, en jetant fur
la côte des poiffons morts > le bruit fouterrain,
qu’on ne ceffoit d’entendre, reffembloit à de
fortes décharges d’artillerie : le feu fe faifoit jour
par de nouvelles ouvertures d’où s’élançoient des
maffes de cendres & de pierres enflammées qui
retomboient quelquefois à plus de deux lieues
de diftance. C e t état de chofes dura pendant
une année. Le i f juillet 1708, c’eft-à-dire quatorze
mois après le premier paroxyfme, l’île avoit
pris un tel accroiffement que fa hauteur étoit de
70 mètres, fa plus grande largeur de 300, &
fa circonférence de 1,600.
Plufieurs faits attellent l ’exiftence d’ un volcan
fous-marin près de l’île Saint-Michel, dans les
Açores. Le 11 juin 1638, pendant un violent
tremblement de terre, on 'v i t , près de cbtte
île , s’élever du fein de l’Océan des flammes
& de la fumée, & des blocs de roches volcaniques
poreufes lancés dans les airs. Peu après,
on vit s’élever une île de deux lieues environ
de longueur & de plus de 360 pieds de hauteur,
qui, malgré fon étendue, ne tarda pas à
difparoître.
Le 31 décembre 17 J9 , une nouvelle commotion
volcanique fit furgir une nouvelle île
entre Saint-Michel & Terceira. Ceux qui l’ ont
obfervée affurent que fa hauteur étoit affez
confidérable pour qu’on l’aperçût de 7 à 8 lieues
en mer. Elle jetoit beaucoup de fumée, de cendres
& de pierre-ponce i un torrent de lave couloir
de fes flancs efearpés. En 1722, elle s’étoit
abaiffée jufqu’au niveau de l’eau. Le 17 novembre
1723, elle avoit difparu complètement.
Le 31 janvier 18 11, à la fuite d’une fecoufte
très-violente, une nouvelle ouverture volcanique
s’annonça près du rivage oriental de Saint-Michel :
de la fumée, des cendres, du fable, de la terre &
de l’eau furent projetés hors de la mer 5 la fumée
s’élevoit par grandes maffes à quelques centaines
de pieds, & les pierres lancées au-deflus jufqu’ à
2,000 pieds. Cette éruption, après avoir duré
huit jours, ceffa complètement ; mais, à l’endroit
où elle s’étoit développée & o ù , auparavant, on
ne trouvoit le fond qu’ à 60 ou 80 braffes, on vit
un banc fur lequel les flots venoient fe brifer.
Le iy juin de la même année, une fécondé
éruption fe manifefta avec non moins de force que
la première, mais beaucoup plus près du rivage ;
elle produifit une île de 300 pieds de hauteur &
de 1 mille de circonférence. Cette île .fe terminoit
par un cratère affez régulier, ouvert fur le côté
sud-eft, d’où fortoit de l’eau chaude, qui couloir
dans la mer. On fait, par le conful anglais Read,
qu’au mois d’octobre de la même année, cette île
s’étoit affaiffée peu à p eu, & que, vers la fin de
février 1822, on n’ en reconnoiuoit plus la place
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