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des pluies. Des lacs d'eau douce enfin fe formèrent,
les barrières qui les retenoient purent
fe rompre, & les eaux fe répandant au loin fous
forme de torrens, durent former des déluges partiels
, analogues à ceux qui s'effectuèrent plus tard
lorfque l'efpèce humaine parut fur la terre. Ces
torrens d'eau douce dûrent entraîner tous les animaux
qui peuploient les contrées qui fe trouvaient
fur leur paffage, & leurs débris, mêlés au limon
qui formoit le fond de ces baflîns, allèrent remplir
les fentes de certains rochers, ou on les
retrouve encore.
, C e qu’il y a de certain, c'eft que ces catastrophes,
quoique modernes en.comparaifon des
autres époques géologiques, doivent remonter a
une date bien reculée, car rien d'analogue ne
s'eft formé dans les temps hiftoritjues les plus anciens.
La confolidation de ces brèches fi dures &
même filiceufes, comme celles de Gibraltar, eft
due à des agens qui n’ exillent plus, ou qui n’ a-
giffent plus de même, enfin, quelques-uns des
animaux de ces brèches ne font plus parfaitement
femblables à ceux que nou^connoiffons, ou ne
vivent plus que dans des régions lointaines.-
Les cavernes à offemens renferment tant de
débris de Carnivores, & il y en a fi peu dans les
brèches offeufes, que cette différencefeule nous
engage à regarder les depots des unes 8c des
autres comme appartenant a deux époques differentes
, quoique le tranfport de ces oflemens puifle
être dû à des caufes femblables.
11 n'entre point dans notre plan de rechercher
comment ces cavernes ont été creufées. Il importe
peu dans la quefiion que nous examinons,
que leur origine foit due à des affaiflemens qui ont
pu s'effeétuer dans des portions réparées de montagnes,
qui fe feraient foudées enfuite au moyen
d'infiltrations fpathiques, ou que, femblables; aux
cavités que l'on remarque dans le calcaire appelé
caverneux, elles la doivent à la même caufe,
c ’eft-à-dire, à des bulles gazeufesj ou enfin , que
leur formation foit, comme on l'a d it, l'effet de
la diffolution de certaines fubfiances minérales,
qui ont pu, dans l'origine, occuper l'efpace devenu
vide qui forme ces cavernes. C e que nous
devons feulement examiner, c'eft la caufe qui a
réuni un fi grand nombre d'offemens dans ces
grottes fpacieufes. O r , il eft facile de comprendre
que leur réunion n'eft point l’effet de quelqu’mon-
dation agiffant avec calme, puifque jamais on ne
trouve parmi ces débris ceux d aucun animal
marin ceux d'aucun poiffon. Il faut donc admettre,
fuivant l'hypothèfe de M. Bertrand-Geflm, deux
caufes: i ° . l'amoncèlement d'offemens d'herbivores
produit par des courans d'eau douce, par
des torrens, qui les auront entraînés dans ces cavités
, foit par des fentes comme dans les rochers
à brèches offeufes, foit par des trous qui auront
été refermés depuis par oes infiltrations calcaires,
foit enfin à l'aide d'éboulemens, comme dans la
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caverne d'Adelberg, i°- la réunion d animaux car-
naffiers, qui feront morts dans ces cavernes a une
époque tjrès-reculée. Mais je regarde, en thefe
générale, l'époque delà réunion des offemens de
Carnafliers comme poftérieure a celle de l intro-
duéfion d'autres offemens par des fentes ou des
éboulemens. Cependant il a pu.arriver fréquemment,
comme dans la caverne de Lunel-Vieil,
que ces divers offemens aient été réunis à diverlas
époques par une feule caufe : l'introduéfion a
l'aide de trous ou de fentes.
Que fi l'on nous objecte que la caverne de
Kirkdale renferme des offemens d’animaux diffe-
rens de ceux des brèches offeufes, tels que des
Eléphâns, des Rhinocéros, des Hippopotames,
femblables à ceux des terrains d ’alluvion, nous
répondrons que la formation des terrains d allu-
vion, du limon des brèches offeufes 8c de celui
des cavernes, étant due à des caufes analogues,
rien ne s'oppofe à ce que l'on admette que des
offemens entraînés avec des alluvions aient ete
introduits, par quelques fentes, dans des cavernes.
Et fi l'on ajoute que plufieurs de ces os portent
la trace des dents des Carnivores qui y ont laiffé
leurs fquelettes, nous répondrons qu’ il n'eft pas
rigoureufement certain que ces traces prouvent
que les Herbivores aient été entraînés dans ces
cavités par les Carnivores. Ceux-ci, effrayés de
l’inondation violente qui les menaçoit, ont pu
chercher un refuge dans ces cavernes, ou apres
être reliés quelque temps, la faim les aura pu
porter à^ffayer de ronger ces anciens offemens.
Nous ne nions pas d’ ailleurs que les Hyènes de
Kirkdale n’aient pu entraîner dans ces repaires
les Ruminans dont on retrouve les offemens
rongés.
Dans cette récapitulation des principales révolutions
géologiques, nous ne devons point négliger
de faire une remarque fort importante &
qui a été renouvelée fouvent : c’ eft que la plupart
des animaux aquatiques ou terreftres dont
bn retrouve les dépouilles, appartiennent à des
genres ou à des efpèces qui ne vivent que dans
des régions lointaines 8c chaudes. Nous ne voulons
point dire cependant qu'ils ont été apportés
des contrées méridionales dans les contrées tempérées.
Il eft bien reconnu au contraire qu’ils ont
dû vivre dans les pays où on les trouve. M. C u vier
fait remarquer avec raifon qu'ils n'appartiennent
point à la population de la zone torride
d ’aujourd'hui, puifqu’on n’ a trouvé à l’é ta tfo f-
file aucun Quadrumane.
L'explication de cette forte de problème eft la
conféquence naturelle de l'expofé que nous v enons
de faire. Les animaux foffiles appartiennent
à plufieurs époques de la création. L'Océan primitif
a nourri des êtres qui nous rappellent quelques
uns de ceux des mers tropicales, parce que
l’Océan primitif étoit plus chaud que le nôtre. Les
premiers animaux terreftres rappellent ceux de
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la zone torride , parce que les contrées aujourd’
hui tempérées etoient plus chaudes dans 1 ori*
gine. La grande idée de Buffon fur le réfroidilie-
ment de la terre , a été confirmée par une fou.e
de preuves. Elle s’ accorde fi bien avec les faits
géologiques obfervés depuis lu i, qu elle pourroit,
jufqu’à un certain point, fervir à expliquer la
caufe des révolutions qui ont anéanti les divers
groupes d’ animaux perdus. Ceux de la zone torride
font donc d’une ppoque plus récente que
celle des animaux fofli.les qui leur rellemblent le
plus. . 1 1
Qu’on ne foit point furpris alors de ne pas
trouver de Quadrumanes fofliles, puifqu’ils n exif-
toient point encore lorfque les caufes qui ont
détruit tant d’animaux fe font marfifeftées. Qu'on
ne s’étonne pas non plus de ne point trouver des
débris humains foffiles, puifque ni l’homme ni les
Quadrumanes n’a voient paru fur fa terre. Tous les.
êtres "qui vivent aujourd’hui, qui fe groupent
autour de l’homme, & qui femblent le recon-
noître pour leur dominateur, appartiennent, finon
à la même époque , finon à la même création , du
moins à une époque peu éloignée de la fienne. li
femble même que le génie fupérieur qui rédigea j
le texte de la Genèfe ait voulu, dans ce livre qui
. doit être interprété plutôt que pris à la le ttre ,
exprimer cette grande vérité, lorfqu’il montre
Dieu créant le bétail avant l’homme.
11 eft donc tout naturel qu’on ne trouve point
d’offemens humains d ’une époque contemporaine
de celle à laquelle appar.tenoient les animaux des
terrains d’ alluvion, des brèches & des cavernes .,
quoique ces êtres aient été détruits par les cataf-
trophes les plus récentes de toutes celles qui ont
laiflé des traces fur la terre. Cependant nous
fommes loin de foutenir que la race humaine n'a
pas été victime de quelque fubmerfion violente $
la rupture des limites de certaines mers cafpiennes
a pu détruire à des époques reculées des contj-
nens peuplés pat l ’homme. La tradition de l’exif-
tence & de la deftruétion de l’antique Atlantide,
quelque fabuleufe qu’elle paroiffe, attefte le fou-
venir d’un événement qui a dû fe renouveler fur
plufieurs points du Globe. •
Terrains tourbeux,, Ces terrajns, qui occupent
plufieurs contrées fepténtrionales des deux coii-
tinens, font en quelque forte des monumens qui
attellent le long féjour des eaux fur les contrées
qu’ ils occupent. T ou t annonce qu’ ils fe font
formés de l ’accumulation des plantes qui croif-
foient fur le fond vafeux de certains la c s , qui
n’ étoient que des relies, du dernier féjour de
l’Océan. Salées dans leur origine , mais beaucoup
moins que fous les climats chauds, elles
fe font adoucies lorfque n’ayant plus de communications
avec les mers, elles fe mêloient aux
pluies abondantes que caufoit le voifinage de
cdles-ci. Les grands lacs de l ’Amérique du Nord
peuvent dorïner une idée de ce que deYoient
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être ceux dans lefquels fe formoient les premières
tourbes dans nos contrées, où la vegetar.on,
entretenue par l’humidité, continue a les former
encore. Ces tourbes recèlent, ainfi que nous 1 a-
vons vu-, des débris de Ruminans généralement
femblables aux nôtres. On n’ a trouvé^que dans
les plus récentes des débris qui attellent^ exnlence
de l'homme : ce qui prouve bien qu’ à l’époque
où les antiques tourbes fe formoient, I homme
habitoit des pays moins humides que ceux ou
s’ amonceloient ces terrains tourbeux. (J. H .)
O S TËO CO L L E . On donne ce nom à des dépôts
calcaires auxquels la crédulité atciibuoit autrefois
une efficacité merveilleufe pour rétablir les
os fraélurési fans doute parce qu’ils imitent à peu
près la figure des os de quadrupède : ils font ordinairement
cylindriques , percés dans toute leur
longueur. On les trouve dans les terrains d’allu-
vion, prefque toujours dans du fable. Leur origine
n’eft pas douteufe : on reconnoît encore dans
quelques-uns la tige du végétal autour de laquelle
le dépôt s’ eft formé ; dans un très-grand nombre,,
ce moule inférieur a difparu ; quelquefois la matière
végétale n’eft que chatbonnée, & li c étoit
une tige de graminée, il ne refte qu’ une ligne
noire. Les conditions néceffaires pour que ces
concrétions puiffenr fe former, font la diffolution
du carbonate de chaux dans l'eau chargée d’acide
carbonique; le. dégagement de cet „acide, lorfque
l’eau fort de l'intérieur de la terre, que par
conféquent la preffion diminuant, les gaz tenus
en diffolution commencent à.fe dégager. On
voit que les circonftincés qui peuvent amener ces
deux effets n’pnt pu être rares, 8c que par conféquent
les oftéocolles ne le font. pas. On en trouve
.en plufieurs lieux de la France, 8c particulièrement
aux environs d'Etampes. ( F . )
OSTROSKY. Montagne qui occupe !e centre
d’ un groupe d’ autres montagnes appartenant à la
vafte chaîne des monts Karpates ou Krapacs, dans
la haute Hongrie. C e groupe eft au midi de la
principale chaîne de ces monts ; il occupe l'efpace
fitué près la ville de Koerpfen , entre la petite
rivière de Krupina 8c celle d 'Ipoly, affluens du
Danube.
L’Oftrosky eft fort élevé ; la roche qui le com-
p.ofe, 8c qui paroît être la même dans tout le
groupe auquel i! appartient, eft un porphyre argileux
appelé par les Allemands thon porphyr 8c par
les géologiftes français trachytes ( voye[ R oches) ,
8c qui préfente, comme toutes les roches corn-
prifes fous ce nom, des indices irrévocables d’ une
liquéfaction 8c d’une criftallifation ignées.
. (J- H .)
OSWEGO. Petite rivière qui fe jette dans le
iac Ontario ( voycj ce mot) : elle prend fa fource
fur le verfant occidental de l’extrémité de bf chaîne
O i