
fécond dépôt gypfeux que nous, citerons eft celui
de Malvézy, au nord etr de Narbonne. Les. gypfes
que l'on y obferve fonr exploités à ciel ouvert,
dans deux principales carrières dont nous donnerons
l'ordre de fueceflion des couches. Ces dépôts
forment au milieu du baflin tertiaire de Narbonne,
des collines moins élevées que celles
d’Aix en Provence} leur hauteur dépaffe peu
ioo mètres au deiïiis du niveau de la plaine. '
Au-deffous du diluvium des plaines à galets
calcaires , pour la plupart pugillaires , & dont
l'épaifTeur ne dépaffe guère i mètre, l'on obferve
des marnes calcaires jaunâtres, avec quelques
lames de chaux fulfatée laminaire. Cés marnes,
dont l'épaifTeur eft de 7 3 8 mètres, font corn
pofées d'une multitude de petites couches horizontales
8c parallèles alternant les unes aux autres
avec la plus grande irrégularité. Des marnes
brunes & grifâzres leur fuccèdent, chargées de
nombreufes lames de gypfe, & dont Tepaiffeur
totale eft d’environ 1 mètres. Des marnes calcaires
jaunâtres,avec une puiffar.ee également de 1 met.,
précèdent. les marnes cale lires foit brunes, feie
jaunâtres, qui alternent avec de petits lits gypfeux,
fouvent aflez épais pour être exploités avec avantage
C'eft à ce premier fyitème que les ouvriers
donnent le nom de 'p e t i t - b a n c ; fa puiflance eft de
,6 mètres. Le gypfe laminaire y eft abondant,
ainfî que la variété nom née c u n é i fo rm e .
Une marne calcaiitère griiâtre, prefque dépourvue
de gypfe, fépare le premier fyftème du
fécond, le plus riche en plâtre. Cette marne offre
des lits peu épais de magnéfie fulfatée, pulvérulente,
8c quelques rognons de fer fulfuré, qui,
en fe décompofant, paflent à l'état de fu-fare de
fer. La puiflance de ces marnes eft d'environ
40 à 50 centimètres. Au-deifous exifte le Xyf-
tème gypfeux inférieur, dont l'épaifTeur, mifa à
découvert, eft de 7 à 8 mètres. 11 Te compofe de
couches alternatives de gypfe marneux griiâtre &
de marnes cal cari feras griies ou jaunâtres , chargées
d’une aflez grande quantité de gypfe lenticulaire.
Ce gypfe renferme parfois du foufrecon-
crétionné, en grains de la groffeur d'un pois.
Ce fyftème gypfeux paroîc lié aux marnes à empreintes
végétales que Ton exploite à une lieue
& demie au fud-eft de Narbonne, dans la vallée
d’Arniffan. Ces marnes rappellent celles d’Aix en
Provence} comme ces dernières, elles offrent un
grand nombre de débris de végétaux avec quelques
poiflons foflües. On les exploite à raifon de
leur dureté 8c de leur facile divifion en belles 8c
larges dalles dont on fait des payés.
Voici les couches que: les travaux ont mis à
découvert :
i°. Des marnes-calcaires-, jaunâtres, tendres,
alternent avec des mSrnés egalement endurcies,
fe divifant mais en plaques moins interrompues :
auffi celles-ci font peu employées. •
20. Des marnes ca’.caires, jaunâtres, devenant
par intervalle aflèx dures pour c.onftkuer des calcaires
marneux, dont l’origine fluviatile eft aflèz
démontrée par la préfence des cyrènes 8c des
cyclades.
5°. Des marnes calcaires bleuâtres ou grîfatres,
en lits nombreux, fe divifant par feuillets d'une
épaiffeur de quelques centimètres. La même
plaque eft fouvent. mi-partie bleue 8c grife 5, les
jaunâtres font chargées de fer hydroxyde. Ces
marnes, dont l'épaifTeur eft de 2 à 3 mètres,,
abondent en empreintes végétales, dont le tiffu
organique n’eft pas toujours entièrement détruit,
furtout dans les fragmens que Ton détache avec
foin. Les végétaux font principalement abonda ns
entre les fiffures de réparation des couches ; il en
eft de même des poiflons} mais ceux-ci font moins
répandus.
4°. Des marnes calcariferes, bleuâtrès,. avec
peu d’empreintes végétales } auffi ne fe divifent-
elles pas, comme celles qui les. fùrmontent, en
plaqués peu étendues. Ces marnes renferment
quelques débris, d'mfeétes, qui y ont été obférvés
pour la première fois par M. Tournai de Narbonne.
Ainfî dans les localités où exiftent des
plantes 8c des poiflons, oh découvre également
des infeCtes, fans que Ton puîfle trop rendre raifon
de la conüance de cette alfociàtion dans nos dépôts
tertiaires. Leur puiflance. eft d'environ. 1 met.
yo cent, à 1 mèt. 70 cent.
y°. Calcaire marneux, jaunâtre, compare,
dur, difpofé en lits épais, fans traces de débris
organiques autres que des coquilles des genres
Cyrènes 8c Cyclades. Sa puiflance. eft inconnue,
les ouvriers s’étant arrêtés à 3 ou 4 mètres au-
deflous du point où iTcommence.
Les végétaux de ce dépôt, fluviatile appartiennent
principalement à des genres dicotylé-
dons. Certaines efpeces lignaient des arbres des
plus grandes dimenfions. Les feuilles 8c les fruits
des. conifères y font furtout abondons}.les feuilles
font généralement mieux confervées que les fruits.
On obferve quelquefois les premières, encore
fixées dans leurs gaines. Certaines feuilles de ces
P in u s font analogues à celles, du B in u s ca n a r ien fis
ou du P in u s p a lu f i r i s , des marais de la Caroline.'
L’on y découvre également des chatons mâles de
conifères, probablement du même genre. Certains
rameaux à feuilles oblongues, des marnes
d’Arniffan, ont de l’analogie avec les fapins à
feuilles diftiques 8c avec les ifs^j mais, d’après la
forme des feuilles 8c leur difpofition, ils femblent
beaucoup plus analogues à ceux du T a x a s ca n a -
d e n f i s , qu’à toute autre efpèce. Enfin, certaines
branches à feuilles fefliles ont de l’analogie avec
[celles- du J u n ip e r a s v i r g in ia n a .
‘ D’autres feuilles ne peuvent guère fe rapporter
qu’à des S a l i x , des E p i lo h iu m 3 des U lm u s 8c des
C a r p i n u s cela paroît tellement probable relative-'
ment à celles de ce dernier genre, que Ton y
obferve des fruits fort rapprochés de ceux du Carp
in u s b e tu la . Les empreintes des feuilles d'érable
( A c e r ) , qui, comme on le fait, font aflez com-
mune.s dans les terrains tertiaires, abondent éga-
ment dans Tes marmères d’Arniflan. Ce genre
caraétérife tellement Tes dépôts tertiaires , qu on
l’o’bfeivé même dans lés lignîtes 8c particulièrement
dans ceux des emyirons de Francfort, preuve
de la manière fubîte dont fe font produits ces
dépôts. Avec ces feuilles, qui, comme celles du
Q u e r c u s i l e x , fignalent des végétaux de nos régions
, MM. Pech 8c Tournai, de .Narbonne, ont
découvert des empreintes de Feuilles remarquables
par leur forme 8c leur grandeur, 8c qui ne peuvent
fe rapportera aucune plante de nos contrées.
Ces empreintes rappellent la forme des feuilles de
S t e r c u l ia ou de piufïeurs autres m a lv a c é e s 8c dés
C e c r o p ia .
D’autres feuilles fe rapportent à des genres
monocotylédons, telles que celles qui femblent
très-rapprochées du S a g i t t a r ia f a g iu i f o l ia 3 des E q u i-
f e tu m 8c des P o ly p o d iu m . |
Ces dernières ont du moins les plus grands
rapports avec la fronde d’une fougère. Mais l’empreinte
la plus remarquable eft une efp ce de
moufle bien caraétérilee, 8c que M. Adolphe
Brongniart doit décrire fous le nom de M u f c i t e s
T o u r n a l i i , afin de rappeler le nom du jeune 8c
habile géologue à. qui cette découverte eft
due. Cette moufle, la première que Ton con-
noiffe à l’état foflile, fe rapproche partictfière-
ment des H y p n um 3 furtout des H y p n um r ip a r ium ^
r ip a r o ïà e s , ayant également quelques rapports
avec Y H y p n um e le g a n s .
Ce qui eft digne de remarque, c’eft que certaines
feuilles empreintes dans les marnes d’Arniflan
conlèrvent parfois leur tiffu végétal 8c leur |
propre nature. Il en eft de même de celles que
Ton obferve dans les marnes d’Aix en Provence.
L'une 8c l’autre de ces formations ont encore cela
de commun, de fignaier des efpèces qui n’ontj
rien d’analogue à celles de nos régions, 8c d’autres |
qui paroiflent femblables aux efpèces qui vivent i
encore fur notre fol. Cette réunion d’efpèces
perdues 8c d’efpèces analogues dans les mêmes
formations, réunion qui femble du refte générale
dans la férié des dépôts tertiaires , prouve que
l’on ne doit pas toujours confidérer des formations
comme d’une date fort ancienne, par cela
feul que ces formations renferment des efpèces
8c même des genres perdus, puifque Ton en découvre
dans les dépôts les plus récens.
Nous ferons encore obferver que les formations
fluviatiles d’Arniffan femblent fe rattacher
aux dépôts gypfeux de Malvézy, de la même
manière que les marnes à empreintes végétales
du baflin d’Aix fe rattachent au fyftème des
gypfes, 8c d’autant plus que les marnes de MaL-
vézy, comme celles d’Arniflan, offrent des débris
de végétaux, mais feulement en moindre abondance
Quant aux couches gypfeufes de Malvézy,
elles fonr dans une carrière en bancs horizontaux
8c parallèles, tandis que dans d’autres, fort rapprochées,
ces couches font ondulées, flexueufes,
8c tout-a-fait tourna ntées., comme fi elles avoient
été dépofées par un liquide violemment agité.
Ainfi, dans les lieux les plus rapprochés, des dépôts
folides ont pu fe former a ns les conditions
les plus oppofées. .Quoi qu'il énlfoit, les gypies
tertiaires du midi de la France Te diftinguent des
gypfes fecondaires, par là préfence des corps or-
gatiifés, de la chaux fulfatée laminaire & Tabfence
decriüaux de quartz. Les couleurs des gypfes tertiaires
font auffi aflez généralement uniformes 8c
plus rapprochées du brun 8c du gris que de toute
autre nuance, tandis qu’il en eft tout le contraire
des gypfes fecondaires.
Les marnes d’eau douce d’Arniflan fourniffent
peut-être le premier exemple de fougères 8c de
moufles caradtérifant des couches tertiaires. Ges
cryptogames ne paroiflent pas être accidentelles
dans cette fotmation, car Ton y en découvre
un certain nombre d’efpèces, ainfi que
Ta reconnu M. Augufte de Saint-Hilaire, qui
a vérifié nos empreintes. Du refte, ces efpèces
ne font point les mêmes que celles qui appartiennent
aux terrains houillers. Elles fe rapprochent
aflez du P o ly p o d ium lo n c h i t 's de Linnæus,
ou des fougères qui ne font point dichotomes.
Il exifte également des marnes calcaires à empreintes
végétales, au lieu nommé D a u p h in , près
de Manofque (Baffes-Alpes). Ces marnes, dont
nous devons la connoiffance à M. Chauffaud,
habile géologue d’Aix, offrent des empreintes
qui fignalent des efpèces particulières à nos régions.
Ce font principalement des feuilles de végétaux
monocotylédons 8c dicotylédons. Les
premières n’offrent pas de caractères affez pofitifs
pour être déterminables. Il n’en eft pas de même
•des fécondés , qui fe rapportent à quatre familles
principales, favoir, i°. aux Amentacées, & aux
genres S a l i x , J u g la n s 3 Q i e r c u s 8c P o p u lu s y i°. aux
RofacéeS 8c au genre A m y d a lu s ; 30. aux Planta-
ginées 8c au genre P L a n ta g o ; y°. aux Myrtées 8c
peut-être au genre E u c a ly p tu s .
D’après ce léger aperça, les marnes à empreintes
végétales de Manofque, dont la pofition
géologique nous eft inconnue, offriroient, comme
celles d’Aix & d’Arniffan, beaucoup plus d’efpèces
propres à nos régions, que d’efpèces donc les
analogues ne vivent plus aujourd’hui que dans
les parties les p‘us chaudes de la terre. Les empreintes
qui fe rapportent aux amentacées y font
en effet les plus nombreufes.
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