
que lorfqu’on obferve les dépôts en place ; les
premiers préfentent des couches plus régulières ,
plus conftamment horizontales & parallèles, &
les féconds des lits plus flexueux & plus ou moins
tourmentés.
Il eft encore un cara&ère de pofition qui peut
fervir à diftinguer les dépôts fluviatiles des dépôts
lacuftres, c‘eft celui que fournit leur fituation,
par rapport aux mers oui les entourent. Lorfque
des formations d’eau aouce fe montrent fur des
montagnes élevées rapprochées des mers, & fans
qu’il y ait aucune élévation entr’elles & ces
mêmes mers, il eft difficile de fuppofer qu’elles
aient pu être produites par d’anciens lacs, furtout
fi elles occupent aufli bien les fommets de ces
montagnes que leur bafe & leurs flancs. On ne
peut le fuppofer, parce que les eaux douces qui
les ont produites n’ayant été retenues par aucun
obftacle, fe feroient naturellement écoulées vers
les mers, en laiflant tout au plus des dépôts fuper-
ficiels, traces de leur paflage. Aufli lorfque de pareils
dépôts fe montrent fur une grande étendue
& que leur puiflance eft confidérable, il eft à
F réfumer qu’ils ont été formés dans le baffin de
ancienne mer.
A la vérité, certains dépôts fluviatiles fe trouvent
aujourd’hui à une élévation plus confidérable que
celle qu’ils occupoient lors de leur précipitation î
mais les caufes qui les ont foulevés tenant à des
éruptions volcaniques, il eft facile de difcerner
ces effets particuliers des caufes générales qui ont
préfidé à leurs dépôts fur telle ou telle roche
antérieurement produite. Comme les éruptions
volcaniques qui ont dérangé les dépôts fluviatiles
& marins de leur pofition primitive, femblent
avoir ceffé lors de la retraite des mers, des lieux
qu’elles occupoient d’abord, ces éruptions ont
rarement agi fur des dépôts lacuftres, en forte que
la liaifon qui exifte entre des formations d'eau
douce & volcaniques fe rapporte prefque toujours
à des dépôts fluviatiles.
Quoiqu’il en foit probablement des dépôts fluviatiles
comme des dépôts marins, c’eft-à-dire
que, produits fimultanément dans les divers baf-
fins tertiaires, ils n’en conftituent réellement
qu’un feul, on pourroit les diftinguer en f u p é -
r ie u r s & en in f é r i e u r s , uniquement parce qu’ils
fe montrent quelquefois féparés par des formations
marines.
Le dépôt fluviatile fupérieur eft généralement
calcaire & marneux, ou marneux & gypfeux*
lorfqu’il appartient au fyftème calcaire plutôt
qu’au fyftème gypfeux, fa puiflance eft moins cir-
confcrite. Le dépôt fluviatile gypfeux occupe ou
le fommet des collines élevées au-deflus des baflins
tertiaires, ou le fond de ces mêmes baflins ; mais
il ne paroît pas defcendre aufli bas que le dépôt
calcaire, & s’étendre, comme celui-ci, au-deflous
du niveau des mers actuelles.
Ces deux fortes de dépôt different aflez entr’eux
fous le rapport des efpèces fofliles qu’il.«
renferment. Le calcaire qui n’occupe pas, dans 1#
midi de la France , les mêmes baflins tertiaires
que le dépôt gypfeux, y eft principalement carac*
térifé par des coquillles terreftres & fluviatiles ,
dont les genres exiftent tous dans l’époque géologique
aétuelle , à l’exception pourtant du genre
F e r u j f in a , que M. Leufroy a découvert dans les
calcaires fluviatiles des baflins tertiaires des environs
de Montpellier. L’on y obferve également,
dans certaines localités, de nombreux débris de
mammifères terreftres, avec quelques reftes de
mammifères marins. Ces divers mammifères font
accompagnés, dans r.os contrées méridionales,
par des reptiles & des oifeaux. Quant aux végétaux,
ils y font fort rares & prefque bornés à des
bois dans divers degrés d’altération.
Le dépôt gypfeux préfente peu de débris de
mammifères terreftres, tandis qu’il en eft tout le
contraire dans le nord de la France ; en revanche
il recèle une grande quantité de poiflons d’eau
douce & marins, ainfi que de nombreux infe&es
& de nombreux débris de végétaux, dont la
plupart appartiennent à des efpèces qui vivent
encore dans l’époque actuelle. L’on y découvre
également quelques reptiles & quelques coquilles
fluviatiles & marines, non dans les couches du
gypfe, mais dans celles des marnes qui accompagnent
les bancs gypfeux. Cette formation préfente
enfin de nombreux débris d’infeétes avec
quelques aranéides.
A. D u d é p ô t f lu v i a t i l e c a l c a i r e .
Le dépôt fluviatile calcaire, tel qu’il eft com-
pofé dans le midi de la France, n’eft point féparé en
deux par des dépôts marins, comme dans les
baflins tertiaires qui dépendent de l’Océan ou les
baflins océaniques> il ne conftitue qu’un feul terrain
dont les couches font tellement liées entre
elles, qu’elles ont dû être précipitées fimultanément
ou à peu d’intervalle les unes des
autres, en forte que dans le midi de la France,
ainfi que dans les baflins tertiaires méditerranéens,
le premier terrain d’eau douce n’exifte pas, &
l’on fait, d’après nos obfervations, qu’il en eft
également du premier terrain marin ou du dépôt
marin inférieur. On y voit bien quelques couches
fluviatiles qui alternent ou font intercalées entre
les dépôts marins, mais cette intercalation & ces
enchevêtremens n’ont rien de confiant ni de général.
Dès-lors, & comme ces couches font d’ailleurs
fubordonnées aux couches marines. entre
lefquelles elles fe trouvent, on ne peut les con-
fidérer cornue conftituant des formations dif-
tinétes & féparées, & les divifer en formations
fluviatiles moyennes & inférieures, parce qu’il n’en
eft pas des dépôts tertiairesrnéditerranéens comme
des terrains tertiaires océaniques. Nos terrains
d’eau douce, produits avant la retraite des mers
de defius nos continens, font donc bornés dans
les baflins méditerranéens à un feul ordre de
dépôts.
Les formations fluviatiles comme les formations
marines ne conftituent donc qu’un feul dépôt,
qui, dans de certaines circonftances, s’eft précipité
fans intermédiaire, & dans d’autres, en couches
alternatives avec les terrains marins. Lorfque
ces formations font eflentiellement calcaires > elles
paroiflent quelquefois aflez compliquées par la
diverfité de nature des couches qui les compofent
& les corps organifés que l’on y obferve. On
peut cependant réduire à quatre principaux fyf-
tèmes ou à quatre étages l’enfemble des differentes
couches de dépôts fluviatiles calcaires.
Ces lÿftèmes, en commençant par les plus fu-
périeurs & n’embraflant que les baflins tertiaires
du midi de la France, font :
i°. Le fyftème des poudingues calcaires d eau
douce (gompholite monogénique), des brèches
calcaires d’eau douce & des calcaires pifolitiques*
2°. Le fyftème des marnes calcaires & des
calcaires, foit compactes, foit marneux, foit bul-
leux ou à tubulures finueufes, auxquels fe lient des
macigno molafles & des magnéfitesj
3°. Le fyftème des filex & des calcaires fili-
ceux, auxquels fe lient des macigno graveleux,
fouvent intercalés entre les lits des calcaires du
fécond fyftème & ne pouvant en être fépares,
4°. Le fyftème des argiles plaftiques, des lignites,
des calcaires & des fchiftes bitumineux. Le plus
fouvent les argiles plaftiques manquent totalement
dans les baflins tertiaires du midi de la France,
& lorfqu’elîes exiftent, elles n’y font jamais qu en
amas ifolés, mais point en couches puiflantes &
étendues. _ ,, , .
Le quatrième étage & le plus fupérieur du
dépôt fluviatile fe compofe de trois roches principales
Ges divers étages s aflemblent les uns avec les
autres de la manière la plus diverfe, en forte que
les couches moyennes fe trouvent dans des polirions
différentes, les plus baffes dans un baflin font
les plus élevées dans un autre, & v i c e v e r fâ .
L’étage fupérieur & l’étage le plus inférieur font
les feuls dont la pofition géologique foit aflez
conftanteX
Il n’eft pas inutile de faire obierver que nos
volcans onteffe&ué leurs dernières éruptions pof-
térieurement aux depots des quatre fyftèmes flu-
viatiles, puifque les laves qu'ils ont lancées ont
foulevé ou faifi les calcaires, les marnes au les
brèches & les poudingues qui appartiennent a
l'étage le plus fupérieur des formations fluviatiles.
Il y a plus encore : certains de nos volcans
font tellement récens, que leurs laves fe font
fait jour à travers les bancs du calcaire moellon
& même des fables marins tertiaires, ce qui annonce
que leurs éruptions ont eu lieu lormue les
mers fe retiroient pour toujours de deflus nos
continens, St lorfque l'enfemble de nos terrains
marins tertiaires étoit d é p o fé .
qui fe trouvent parfois réunies dans le
même baflin tertiaire (vallée de Montferrier ), &
le plus fouvent féparées par d'aflez grands intervalles.
Ces trois roches occupent le même horizon
géognoftique, du moins elles paroiffent
avoir été produites fimultanément, & les dernières
parmi les roches fluviatiles. Du relie, en décrivant
les dépôts fluviatiles par étages 8t commençant
par les plus récens, nous n'entendons pas en
conclure que tel fyfteme de couches a été forme
avant tel autre dans l'univerfalite des baflins tertiaires,
mais feulement indiquer l’ordre le plus
' habituel de fuperpofition : cette fuperpofition
éprouve elle-même les modifications les plus
diverfes de baflin à baflin.
La première de ces roches eft un poudingue
calcaire ( g om p h o l it e m o n o g é n iq u e , Brongniart),
compofé de cailloux roulés de calcaire d'eau
douce, foit compaéte, foit marneux, pugillaires,
ovaires ou avellanaires réunis par un ciment calcaire
plus ou moins pur. Ces poudingues conftituent
des bancs puiffans & fouvent fort étendus fur les
calcaires compares fluviatiles qu'ils recouvrent
parfois immédiatement. Ils occupent aflez généralement
le bas des vallées, à moins qu'ils n'aient
été foulevés par les éruptions volcaniques pof-
tétieures à leurs dépôts; alors on les trouve à
des niveaux allez éleves.
Ces poudingues renferment peu de débris de
corps organifés, à l'exception de ceux qui fe
trouvent dans l'intérieur des cailloux roulés d’eau
douce qui les forment en grande partie. Ces cailloux
roulés tiennent fouvent peu au ciment qui
les a réunis ; aufli le diluvium des plaines en eu-il
quelquefois chargé.
La fécondé roche du quatrième fyflème du dépôt
fluviatile eft une brèche calcaire Illicite, com-
pofée d’une pâte de calcaire compare qui a
réuni des fragmens anguleux de calcaire, de filex
& d’agate. Ces parties angulaires, ordinairement
avellanaires & quelquefois ovulaires , offrent fouvent
de plus grandes dimenfions. Lorfque ces
fragmens anguleux fe rapportent à des agates,
on leur voit les couleurs les plus vives & les plus
variées. Ces brèches calcaires éprouvent de nom-
breufes modifications. Tandis que le ciment devient
filiceux, les parties anguleufes qu'il a réunies
font le plus généralement calcaires, modifications
d'autant plus remarquables qu’elles ont lieu dans
les brèches les plus rapprochées, & qui fe trouvent
dans les mêmes baflins.
Ces brèches renferment peu de débris de corps
organifés; elles deviennent parfois entièrement
calcaires. .
La troifième roche, la plus particulière de
celles qui compofent l’étage fupérieur du dépôt
fluviatile, femble conftituer une roche particu