
Les Formofains indigènes reffemblenc, par le
teint & la phyfionn mie, aux Malais & aux infu-
laires de l'Amérique du f u i ; ils n'en different
que par une langue particulière. Ils n’ ont pour
habit qu’ une fîmple to ile , dont ils fe couvrent
depuis la ceinture jufqu’aux genoux; leur p-:au
eft iurchargee d’ un tatouage plus ou moins riche
en ornemens, fuivant le degré de nobleffe que
ces peuples reconnoiffent enti’eux ; mais tous
ont la permiflîon de fe noircir les dents & de
porter des bracelets, des colliers & des pendans
d’oreilles; cependant ceux qui habitent le nord
de l’î'e fe diftinguetit de ceux du centre & du
midi, en fe couvrant de peaux de cerfs & d'autres
animaux qu’ ils tuent à la chalfe. Les montagnes
les mettent à l’abri des pourfuites des Chi^
n ois , q ui, jufqu’ à préfent, n’ont pu en fou-
mettre qu’une foible partie.
Ces montignes préfentent partout des traces de
volcans. La chaîne qu’elles forment portent le nom
chinois de Ta-chan (la Grande-Montagne J; Ses
points culminans font couverts de neige pendant
les mois de novembre & de décembre : ce q u i,
fous une latitude fi baffe, annonce une élévation
confidérable. M. Klaproth, qui d’après les livres
chinois nons a fait connoître cette île en détail,
fait l’énumération des principaux Commets de
la chaîne.
« i° . Le Mou-kang-ckan, ou Mont boifè, eft au
nord-eft de Thay-ouan-hian , & s’étend jufqu’ aux
bornes du cercle de Tchou-lo-hian. Il eft très-ef-
carpé, & fa cime eft prefque conftamment enveloppée
de nuages. Quand le temps eft ferein,
on voit toute la montagne qui s’élève jufqu’au
ciel; elle eft habitée par les infulaires fauvages,
auxquels les Chinois donnent le nom de Thou-fan :
comme elle eft la plus grande de Formofe , çn
appelle quelquefois. Mou-kan-chan la chaîne
entière.
2°. Le Ta-kang-chang, ou la Grande-Montagne,
eft au fud-eft de Thay-ouan-hian & au nord-eft
de Fung-chan-hian. Il fe nomme aufli Kiang-chan
ou le Mont de la rivière. De loin il reffemble à un
mur : les Chinois y .voient l’ apparence d’ un laint
couché. Au fud , on trouve le Siao-kang-chan ou
la Petite-Montagne, Ces deux monts, fitués obliquement
l’un par rapport à l’autre, fervent de
point de reconnoiffance aux navires qui viennent
des îles Pheng-hou.
» 3°. Le Kouan-yn-chan, OU mont de la déejfe
Kouan-ryn 3 ainfi nommé parce qu’ il offre quelque
reffemblance avec 1 image de cette déeffe
affilié, eft à Feft-nord eft de Fung-chan hian.
■ 33 q.°. Le Kouen-chouy-chan, ou Mont de Peau
bouillante y eft au nord eft de Fung- chan-hian. A
fa bafe s’ étend une plaine de plus de jo arpens,
de laquelle jaillit avec impétuofité une fource
d’eau chaude & lulfureufe, qui finit par former
j,in étang ayant io à *o 1-y de circonférence, &
entouré de montagnes. Il s’y trouve trois îles
qui font ombragées par un bois d’ arbres très-?
vieux.
« Les habitans emploient cette eau pour arrofer
leurs champs; elle fuffit à l’irrigation de quelques
milliers d’arpens; elle eft d’une couleur
blanche- bleuâtre.
» y°. Le Khouey-louy-chany ou Mont des marionnettes
y forme la limite orientale du diftriét de
Fung-chan hian ; il eft habité par les fauvages,
qui, dans leur langue le nomment Kialao. Ses
fommets s’élancent dans les hautes régions de
l’air, & font prefque toujours e tourés de nuages.
Les navires qui;- viennent des îles Pheng-
hou l’aperçoivent d’un temps clair ; chacune de
fes cimes a un nom particulier.
m 6 °. Le Pky-nan-my-chan, au fud-eft de Fung-
chan hian, eft très-élevé & couvert de pins. On
dit que pendant la nuit, on y diftingue une lueur
qui reffemble à du feu; peut-être eft-ce un volcan.
Dans fon voifinage eft le Ta-niu-my-ckan, autre
montagne fur laquelle les feuilles du grand gouet
(arum majus), acquièrent les dimenfions d’ une
maifon : les infulaires en font très-grand cas.
| as 7°. Le Cha-ma-kytheu-chan eft la partie la
plus méridionale des montagnes de l’île ; il fe
termine à la mer. Sa diftance de Fung-chan-hian
eft de 230 ly dans la direction du fud eft. A fon
extrémité le plus au fud eft un rocher nommé la
Table d'échecs des faints, ou le mont des fïints-
Il fert de point de reconnoiffance aux navires qui
vont à Manille &r qui en viennent. Toute cette
montagne eft efearpée comme une muraille, &:
forme le long de la côte des baies qui offrent des
mouillages (ürs; quand la mer eft baffe, on y
voit des rochers qui, de loin, ont l’apparence de
chevaux.
»» 8°. Le Tchy-kang, ou la Chaîne rouge eft au
fud de Fung-chan-hian. On dit que fa cime, éloignée
de 140 ly de la ville, a autrefois vomi du
feu. Il s’y rrouve encore un lac dont l ’eau eft
chaude.
»’ 90. Le Fung-chan y ou le mont du Phénix,
duquel la ville de Fund-chan-hian a tiré fon nom,
eft fitué au fud-eft de fes murs & fe prolonge
jufqu’à la mer. Les Chinois voient dans fa forme
un phénix volant. Il eft couvert de grandes maffes
de pierres qui, de même que le grand nombre
de fentes & de ravins, le rendent très-difficile à
monter.
33 10°. Le Tu-vou-man-chan, ou fommet du
Grand-Héros, eft à l’eft-nord-eft de Tehou-lo-
hian ; il s’étend à 700 ly du nord au fud jufqu’au
mont Ta-tun-cfian, dans le diftriét de Tchang-
houa-hian.
3> 1 1°. L3Yu-ckans ou mont du Jade, eft fitué au-
delà des précédens, & très-haut. Quand fa couleur
blanche réfléchit les rayons du foleil, on croiroic
qu’ il eft d’ argent.
; -33 i2 °. Le Ho-chany ou mont du Feux au fud-eft
de
de Tchou-lô hian, eft rempli de pierres entre
le s ju .le s coulent des fources dont les eaux pro-
duifent conftamment des flammes. Il paroît par
conféquent que la terre dans cet endroit contient
beaucoup denaphre, ou que fes exhalaifons
font du genre de celles de Pietra-Mala, dans
les Apennins, ou du voifinage de Bakou lur les
bords de la mer Cafpienne, qui donnent continuellement
du feu.
33 130. Le Ki-loung-ckan, ou mont du Poulailler,
eft fitué fur la pointe feptentriona.e de Formofe ,
au milieu de la mer, & au fud de la ville de Ky-
-loungt-chhing. Il fert de point de reconnoiffance
à tous les navires qui vont au. Japon ou qui en
viennent. A l’oue.U de ce mont, il y en a un'
,au're qui eit le Kin-pao-ly-chan : fur fou flanc
.s’élèvent deux rochers obliquement parallèles l'un
à l ’autre, q u e l’on nomme les.Pierres de l'étendardj
on les voie aufli de très-loin en mer.
>3 140. Siao ky loung-chany ou mont du Petit-
Poulailler y eft à l’o.ueft du précédent ; on le
nomme aufli mont du Bout-du-Ne-, L a mer forme
dans fon voifinage une baie abritée des vents y Jk.
.au milieu de laquelle s’élève un rocher nommé la
Porte de pierre.
33 15 0. Le Lieou-houang-chan, ou mont de Soufre,
s’étend au nord de la ville de, Tthang hou a hian
-jufqu’à Tan chouy-tchhing. On voit continuellement
des flammes à fa bafe ;.les exhalaifôps fallu-
reufe-s font fi fortes,, qu’elles peuvent étquffer un
homme; on extrait une g : an de quantité d éfou fre
des terres de cette monwgne.
, „ : | go. Le Pa-li-fen chan eft à l’oueft du bourg
de Tan-chouy-ichhing. ' - : !
. 33 170. Le Ban-Jian-chan eft au fud-eft de
Tchang-huoa-hian, où une colonie çhinoife s’étoit
riadis fixée; elle cuklvoit les terres les plus fertiles
du canton, <x tiroir parti des camphriers & des
châtaigniers de ces m mtagnes : ces arfaes fera
i e n t principalement affaire des mâts.
33 1.8°. Le ihan-xchdo-ckan3 montagne très-haute
;& inacceffible, eft au .nord -eft de Tchang-hôuarhian.
, . . .. .
33 Un grand nombre de rivierês oc de ruifleaux
Portent de ce’s montagnes & vont fe jeter dans la
.mer. Voici les principaux :
>3 1?. Le Niao-fqung-khy, ou Tu-mou-khy, fe
forme de la réunion de quelques torrents, coule
vers l ’oueft au r.ord de Thay-ouan-hian, & fe jette
<ians la baie du même nom. Il eft traverfe par
le pont du Diable noir ( ou Kouty-khiao). .
3^2°. Le Nieou-tchliao-khy .eft la plus grande
rivière de la partie çhinoife, au lud de la ville
de Tchou lo hian. il loit du fleuve feptentrional
du Nieou-tchao-chan, coule a l’oueft, & tombe
dans la baie de Kouei-tsu-kiang. 11 eft très large,
notamment version embouchure, mais peu profond
& rempli de bancs de fables qui nuifent à la
navigation.
-L,éogruphie-Phyfique. Tome V.
33 30. Le Ta-tou-khy, au fud de Tchang-houa-
hian, a fa fource dans la crête de partage., coule
d’ abord au nord oueft, enfuite au fud-oueft, & le
termine dans la baie de Thfao-kiang.
« 40. Le Tan-.chouy-khy fupérieur, ou la Ri\i'ere
de l'eau douce, au nord-eft de Tchang-houa-hian
& à l’eft du bourg de Tan-chouy-tchhing. Il
prend fon origine a la frontière fud-eft de la
partie çhinoife, au milieu des hautes montagnes.
Il fe dirige au nord-oueft, reçoit le Pa-lang-
thfiouan & verfe fes eaux dans la baie de Tan-
chouy-kiang. Sa profondeur eft de 80 pieds de
Chine ; Tes bo: d> font ombragés de vieux palmiers
fauvages ; il eft navigable à une diftance de quelques
journées de route en remontant. On y pêche
1 e-Ho un g fin-y u (poiffbn au coeur rouge ) , qui a
près de 10 pieds;de long.
33 y°. Le Tcho - chou-khy, ou Ruijfeau a l'eau
troùitcy nommé ainfi d’après la nature de fes eaux,
vient du mont Ta-koùen-chduy-chan, reçoit un
autre ruiffeau, & au nord de Fung-chan-hian,
tombe dans la baie de Ouan-ta-kiang.
s? 6°. Le Tan-chouy-kky inférieur, ou la Rivière
de. t'eau douce, paffe au fud-eft de Hung-chan hian.
Ses eaux font très-limpides. Il fort du nord-eft
des grandes montagnes, prend plufieurs autres
tôrrens, & fe jette dans la baie de Fung-chan-
kiang.
« 70, Le Ly-khy.y au fud du précédent.
■93 Formofe n’a qu’ un petit nombre de lacs peu
confidérables 5 les plus importans fo: t : L- Mang-
•can-ouy an nord-oueft de Fung-chan-hijn & à
l’ oueft du mont Pan ming-chan ; i! a une iffue vers
la mer:
"33 Le Yu-thon, ou étang poiffonneux, nommé
aufli Thoung-houy lac de l’e ft, eft à l’orient de la
ville de Thay-onan-hian : il a cinq îy de circonférence
& eft très-poiffonneux. Il a au nord une
iffue qui paffe le long de la ville & communique
avec le Niao foung-kky.
33 Le Youc-mey-tchhy, petit lac près de Fung-
chan-hian, eft rempli de roféaux. Le Lian-houa-
tchy, ou la.c du Nénuphar3 eft au nord de Tehang-
ho u a hian, au milieu des hautes'montagnes. Il
renferme une île habitée par les fauvages indigènes
qui la. cultivent & y récoltent du blé
excellent.
FOPvÊTS. La réunion d’un grand nombre d’arbres
de toutes efpèces, dans un même lieu, porte
Je nom de bois 3 & celui de forêts lorfque l'efpace
qu’ils couvrent eft d’une étendue confidérable.
Il exifte des forêts dans tous les pays & fous
toutes les latitudes!., c’eft-à-ciire partout ou le fol
& la température font favorables au développement
de la végétation des grands arbres. Si
l*nomme étoit .moins imprévoyant, une foule de
lieux qui et oient jadis couverts, de forêts ne fe-
Z ’L Z Z I