
principes conftituans , diminuent fenfiblement de
folidité en raifon inverfe de leur ancienneté :
ainfi, dans la férié granitique, le granité commun ,
ou le plus ancien, eft celui qui offre un plus haut
degré de folidité. Les pegmatites, le granité des-
Pyrénées , le granité globuleux , peuvent quelquefois
préfenter la même folidité, quoiqu'il y ait beaucoup
d'exceptions à cette règle ; mais le granité
fyénitique qui vient enfuite, & le granité que nous
avons appelé fchifioïde , préfentent un caractère
oppofé.
Si nous conlidérons enfuite les porphyres, nous
verrons qu’ ils fuivent la même gradation, & qu'ils
deviennent quelquefois li peu folides, qu'il n'eft
point étonnant que quelques obfervateurs aient
confondu de véritables trachytes avec ces roches.
Quant au granité que M. Brongniart regarde
comme poftérieur aux roches à débris organiques
, & pour ainfi dire contemporain des arkofes
, il confirme encore la règle dont nous parlons,
par la facilité avec laquelle il fe décompofe.
Dans les roches fchifteufes & micacées, les
gneifs, les micafchifies & le fchifle argileux présentent
aufli la même gradation fous le rapport
de la diminution de folidité. Si on les compare
aux phyllades, on remarquera fouvent dans ceux-
ci une folidité moins grande encore.
Dans la férié quartzeufe, le quart\ fchiftoïde ou
Yitacolumite préfente une exception à cette règle
par fa flexibilité : il eft vrai que par fa ftruéture
cette roche eft unique dans fa nature. 11 en eft
de même de Yophiolite, ou roche à bafe de fer-
pentine; mais il eft à remarquer qu'elle eft plutôt
tenace que folide. Quant à l'euphotide, fi on la
confidère comme roche indépendante, elle offrira
une véritable exception.
Dans la férié calcaire, nous remarquerons,
d'une manière bien tranchée, le décroiflement
dont nous parlons. Ainfi, les calcaires lamellaire
& faccaro'ide, & en général tous ceux que l’on
confidère comme primitifs, font d’une texture
réellement plus folide que les calcaires
moins anciens qui appartiennent aux terrains prosaïques
, tels que le calcaire charbonneux, le calcaire
même compacte & le calcaire compare fin ,
appelé iechfiein par les Allemands. Le calcaire
conchylien & le calcaire a gryphées font doués
d'une folidité plus grande que les oolithes, &
furtout que la craie. Dans les calcaires poftérieurs
à cette ro ch e , le calcaire groflier & le calcaire
filiceux font moins folides dans leur texture que
les divers calcaires marneux qui leur fuccèdent &
qui terminent la férié calcaire ( i) .
/ j ) Je n’ai point déterminé dans ce Tableau la place du
«akaire marneux de l'Auvergne , iniérefiant par fa pofition
au-deffiis des arkofes & par la puilTance de fes dépôts ;
mais ayant eu , depuis l’impreflion de la plus grande partie
de ce travail > occafion de parcourir le départeraeat du
La férié gypfeufe ne nous offre point le même
décroiflement d’une manière tranchée; mais aufli,
dans les terrains pratiques, le gypfe ne confti-
tuant point de yéiitables formations, comme dans
les dépôts de fédimens fupérieurs , il n’y a point
d’analogie entre les gvpfes des deux époques;
& encore la ftru&ure fioreufe & faccaro’ide des
premiers gypfes eft-elle généralement plus folide
que la texture fubîamellaire des derniers.
Les dépôts agglutinés, filiceux & arénacés , ou
les grès, tels que les pfèphites t les arkofes , le
quaderfindfiein , le fable ferrugineux , le grès de
Pirna, la glauconie fableufe, les gompholites , &
la plupart des grès des terrains de fédimens fupérieurs,
ne préfentent point, il eft v rai, d'une
manière aufli pofitive, le décroiflement dont nous
parlons, parce que ce ne font point de véritables
.roches, mais plutôt des débris, o u , fi l'on veut,
la pouflière même d’autres roches; d'ailleurs ils
n'offrent point non plus de difpofition contraire,
& même fi l'on confidère qu’après les pfèphites,
les arkofes & le quaderfandfiein ; le fable ferrugineux
, la glauconie fableufe & les grès des derniers
dépôts, quoique renfermant des maffes très-
dures, parmi lefquelles le grès luftré tient le premier
rang, offrent en quelque forte des mamelons
plus ou moins étendus au milieu des dépôts
friables : cette difpofition fuffiroit prefque pour
prouver que la force d’adhéfion qui réunit les
molécules des roches, depuis les plus anciennes
jufqu'aux plus modernes, diminue graduellement.
Si-l’on confidère en outre que les dépôts carbonifères
qui conftituent les anthracites, les
houilles & les tourbes ; que les argiles des différentes
époques , jufqu'aux argiles rougeâtres qui
forment en tant d'endroits la partie du fol livré
à la culture, fuivent la même diminution de folidité
& de dureté, on fera en droit d'en conclure
ue les caufes qui ont préfidé à la formation des
iverfes roches qui compofent la croûte de notre
planète, ont diminué graduellement d’ intenfité
jufqu'à nos jours ; on en conclura de plus que les
mêmes phénomènes ne peuvent plus fe renouveler,
& que l'on ne doit confidérer que comme
de foibles exceptions les dépôts modernes dont la
texture rappelle celle de quelques dépôts anciens.
Dans cet aperçu rapide fur la diminution de folidité,'
on conçoit que nous ne devions point
comprendre les roches d’origine ignée, attendu
que les phénomènes qui fe paflent dans les foyers
volcaniques font d’une nature tout-à-fait différente
de ceux qui fe font fi fouvent renouvelés à
la furface du Globe. (J. H. )
Puy-de-Dôme & de recueillir un grand nombre d’échantillons
du calcaire qu’ il renferme j la comparaifon que j'en
ai faite avec ceux des environs de Paris me porte à le rapporter
à la même époque que celle de la formation lacuftr«
de Saint-Ouen.
ROCHE - GUYON. O ise & S eine.
ROCHEUSES (Montagnes). La chaîne des
monts Orégon, plus connue fous le nom de montagnes
rocheufes, eft la plus confidérable de l 'Amérique
du Nord. Elle occupe l'efpace compris entre
le cours de la rivière de la Paix (Oungigaah) ,
vers le 55 e. degré de latitude feptentrionale, &
celui du Rio-Bravo del Norte, un peu au-def-
fous de fa jonction avec le Rio-Puercos, vers le
29e. parallèle. Dans fa direction du nord au fud,
cependant un peu.inclinée vers le fud-oueft, elle
occupe une étendue de 640 lieues, mais fi l’on
confidère la Sierra-Vcrde tic la Sierra-Madre qui
s’y rattachent comme formant une de fes branches ;
la cordillère du Mexique & les montagnes de
Guatimaîa comme fes prolongemens ; on verra
qu’elle ne fe termine qu’à l’extrémité de l’ ifthme
de Panama, ce qui double prefque l’étendue
que nous lui donnons. Vers fon extrémité feptentrionale,
cette chaîne ne dépaffe point iroo
mètres au-deflus du niveau des plaines , & 2000
au-deffiis de celui de l'Océan, mais elle s'élève
progreflivement à mefure qiie l ’on s’approche du
plateau de Santa-Fé : ainfi loüs le 49e* Parallèle
elle atteint près de 25*00 mètres, & jufqu au 59e.
cette, partie de la chaîne préfente des fommités
fort élevées; on cite le grand pic (Big-Horn),
dont l’élévation eft de 5662 mètres, & le pic
James qui atteint celle de. 3652 mètres. L e p ic
long & lè pic efpagnol s’élèvent encore à une
grande hauteur, c ’eft-à-dire 3 260 à 374P mètres.
Les montagnes r>ckeufes à leur extrémité feptentrionale
s’abailfent en plateaux qui vont fe
terminer à l’ouelt près de la'chaîne qui borne les
côtes du nouveau Cornouailles & du nouveau
Hanovre. A l’eft , il s'en détache un rameau qui
forme le plateau dont le prolongement s ’étend
jufqu’au lac des fept montagnes. Une autre branche
orientale fe termine au fleuve .Saint-Laurent
en formant les plateaux qui fupportent les lacs appelés
grand & petit Winnipeck. Ces trois branches
prennent naiflance entre le 50®. & le.* 55e. degrés
de latitude. Au-déflous du 50e. degré, un autre
rameau va former les plateaux qui fe prolongent
jufqu’ au lac Supérieur. Entre le 40e. & le 45e.
degrés, ou pour mieux dire entre le Pic-long & le
Grand-pic, une branche de 16o: lieues de lo,ng qui
fe dirige du fud-oueft au nord eft, & qui eft connue
fous le nom de côtes-noires || va fe terminer
au bord du Miffouri.. Sur le verfant occidental,
& prefqu'en face du Pic-long, c ’eft-à dire près
du 40e. degré.de latitude, les montagnes rocheufes
dirigent un rameau qui, fe prolongeant vers
l’oueft , va fe terminer près de la chaîne qui borde
les côtes de la nouvelle Albion ,■ c eft du meme
point que part la longue chaîne qui porte les noms
de Sierra-Fer de,. la Sierra de Los-Mimbres & la
Sierra-Madrej enfin à l’extrémité méridionale de
la chaîne, c’eft-à-dire , au confluent du 'Rio-
Puercos & du Rio-Bravo del Norte, s'étend un rameau
qui fe prolonge en divers plateaux dirigés
de fud-oueft au nord-eft, jufque fur les bords méridionaux
de la rivière Rouge, qui voit naître
les monts Ozark fur fes bords oppofés. Voye[
O za r k .
Les monts Orégon donnent naiflance à plufieurs
rivières importantes & à quelques grands fleuves:
de leurs pentes occidendales, en commençant par
le nord, dercendent la rivière du Tachoutche, qui,
après 200 lieues de cours, & ainfi que celle de
Caledonia, qui n'en a que 130, va fe jeter dans le
détroit de Claafie ; plus bas V Oregon ou la Columbia
, qui a plus de 230 lieues de cours, & qui fe
jette dans l’Océan pacifique après avoir reçu plu-
fieuvs rivières importantes, telles que le Lewis &
le Muïtnomah qui le mettent au rang des fleuves;
fous le 40e. degré de latitude, le Rio-Colorado,
qui, après avoir reçu les eaux du Nabajoa & du
Jaque fila , & parcouru plus de 200 lieues jufqu au
golfe de Californie, peut aufli être regardé comme
lin fleuve ; enfin le Rio-Bravo del Norte qui prend
fa fource à l’embranchement des montagnes rocheufes
& de la Sierra-Verde, & qui, grofli des
eaux du Rio-Puercos, fe jette dans le golfe du
Mexique après un cours de 480 lieues, & apres
avoir mérité la dénomination de fleuve. Maigre
l’importance de plufieurs de ces cours d eau, ils
font bien peu confidérables en comparaifon de
quelques-uns de ceux que nous allons citer : ainfi,
en commençant encore par 1 extrémité feptentrionale
de la chaîne, on voit defeendre de fes
pentes orientales, Y Oungigah ou la rivière de la
Paix, qui, après un cours de près de 200 lieues,
va fe jeter dans le lac des fept montagnes ou Atta-
peskow ~3 qu'alimente aufli une rivière du même
nom; celle d’Askow ou de Chefterfield , qui reçoit
plufieurs autres rivières & parcourt près
de 250 lieues avant de porter fes eaux au lac
Winnipeck; \e-Mifouri qui, fous le 47e. degré
de latitude, defeend de ces montagnes en ferpen-
tan t, & arrofe 500 lieues de terrain avant de fe
joindre au Mijfiffipi qui lui enlève fon nom pour
porter fes eaux jufque dans le golfe du Mexique;
car c'eft à tort que le Miffouri perd fa dénomination
au moment de fa jonétion avec le Miflif-
fipi : le premier, plus confidérable que le fécon
d , devroit la conferver jufqu à fon embouchure
, 250 lieues plus bas ; enfin la rivière
Rouge qui fe jette aufli dans le Mifliflipi après un
cours de 300 lieues.
Nature des roches de ces montagnes & des terrains
qui les avofinent. Les montagnes rocheufes appartiennent
à la formation ,primordiale que nous avons
défignée fous le nom de profoïque (voy. Roches).
On n’y trouve point le calcaire ; le granité feul &
les roches qui l’accompagnent, paroiffent y dominer.
Depuis le cours de la rivière de la Paix
jufqu’à celui du Miffouri, on a peu examiné la
conftitution phyfique de ces montagnes ; il eft ce