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toute leur durée. La plus grande profondeur de
ce golfe eft évaluée à quatre-vingt-cinq brâffes.
Il s’y élève quelquefois des rafales dangereufes
pour les côtes de la Romélie.
En fortant de la mer de Corinthe pour entrer
dans le canal des îles Ioniennes, on trouve fffr la
côte fepténtrionale du Péloponèfe le golfe de
Fatras , dont la longueur, depuis les châteaux de
Lépante ju (qu’au cap Papa (Patte), eft de huit lieues
marines, & dans le fond duquel s’étend la rade
du même nom, qui, défendue par la fameufe for-
tereflè de Patras, eft ïè débouché de toute la
partie fepténtriôhale de la province. Vientenfuire
le golfe de Clarëntza, dont 1.’ouverture > depuis
le cap Papa jùfqu’à celui de Toimèfe , eft de neuf
lieues. Toute la rive de ce golfe eft entrecoupée
de marais, où viennent affluer plufieurs petites
rivières fortant de l’Olenos, qui fe termine ën
pentês douces de ce côté. Le golfe de Gaftouni,
rfui, fitué en face de l’ île de Zantës s’étend depuis
le cap iT6rnèfê jufqu’à celui de Scaphidia , eiii-
brafte fept à huit'lieues de longueur. ‘11 borde les
plaines formées par la continuation de ces mêmes'
péntés. La côté commence à s’enfoncer davantage
auprès du cap Catacdlo , & forme un grand arc
qui fé terminant à celui d’ Apid.ig'ia ou Conèllo ,
rétrécit la prefqu’île en cet endroit :! ce qui donne
nàiffance au golfe d’ Ârcâdia , dont la longueur de^
cap en cap eft de douze lièiies. k î les cotes font’
plus abruptes & remplies, vers le milieu, de la ‘
gu nés fort étendues. Depuis je cap Àpidaglia juf-
qü’ à celui de Môdon , la côte eft droite, 6c n’éft.
interrompue que par la petite rade de Navarin,
dont presque toute l’ ouvertUBe eft défendue par
la petite île de Sphachtérië, qui rire fon nom du
îiïaffacre de trois cëriïs Spartiates par les Athéniens,
& vit encore renouveler ces horreurs , comme
pour éternilër fon nom , lors de l’ abandon de la
Mor’ée par les Ruffés en'1770. Le château de Navarin
, ouvrage des Vénitiens, fe trouve dans le fond
de cette rade, qui eft l’ ancienne Pylos. En remon tant
vers lë nord , on rencontre un petit écueil
inhabité,'appelé' Prodtino -où Prou. La'coté , depuis
le cap Modorijüfqu’ à celui de G a llo , forme une
anfe, à la vue de laquelle fe trouvent les îles de
Sapienza, Cabréra, Vénético ( Thegan'ujfc) , entourées
de plufieurs écueils , U que les Anciens
appeloient '(Bnufcs.. Sàpienza eft plus près du cap
Mo don j 1 elle offre un ancrage appelé le fer a
cheval, & un port de refuge fous lé nom de Spal-
madore ; poiir y arriver, lès vaiffeaux fe -dirigent
fur le Saint-Bernardin, grotte roche que Paufanias
croit être produite par une éruption volcanique.
Le golfe de Coron ( Mejfénidque) ] qui s’étend
depuis le cap Blanc jtifqu’ à celui de G ro s , eft
très-profond. Son ouverture de cap en cap eit de
dix lieues. Le cap Matapan, qui eft ta pointé: la
pins méridionale de toute'la province, & la limite
de l’Europe du côté du fud, eft formé-par la
chute d’ un contrefort du Taygëte., Ce pro-mon-
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toîre, fi dangereux pour la navigation | fe com-
pofe de falaifes très-efçarpées 8c minées dans leur
bafe par J’aét.ion continuelle des eau x , & qui
donnent à tonte cette partis de la cote un af-
peét fauvage, qui lui a valu le nom de T&nare.
Le golfq de Golokynthia ( Laçonien) , fitué
comme le précédent au fud du Péloponèfe, s’a-
loqge depuis le cap Matapan jufqu’à celui de
Maléo , pies duquel fe trouve la baie de Vafilco 6c
l’île S e rv i, peuplée ayant la dernière infurreérion
par des Turcs de la prefqu’île. Sa largeur eft de
14 lieues de cap en cap ; 6c fon enfonceraient de
dix lieuçs environ. A Ij’eft , les_ côtes du canton
de Monembafie s’enfoncent depuis^Saint-At\ge 1 o
jiftqu’au cap Paraskanzi, & foripent plufieurs petits
ports , donc celui de Napolie de Malvoifie,
défendu par une fortereffe qui porte le, même
nom , eft le plus fréquenté.
Le golfe de Napojie de Roma.nie ( Sinus Argq- .
lidis_), fitué à l’e.ft, s'étend depuis le cap Noir
jufqu’ à celui des Ourfins , 6c forme un enfoncement
de dix lieues. der longueur fiir fix de largeur
de cap en cap. C ’eft. le plus cqnfidérable, de la
province 6ç le débouché principal, de l’Argolide.
Toute la côte qui forme la prefqifîle de 1‘ancienne
Epidaùre préfentè des traces d’affreux dé-
chiremens. Les îles nombreufes & les pointes de
rochers dont cette partie de la mer eft femée,
paroiffen: avoir été arrachées de ce continent.
A l ’entrée de ce g olfe , & à la vue du cap des
Oqrfins , font les petites îles de Spetziai, dont la
principale eft Spetzia , habitée par des marins inr-
duftrieux 6c riches. La proximité de la Morée
leur permet de tranfporter des terres ppur fonne-r
des jardins fur ce rocher aride. Plus, avant dans
le golfe / on rencontre les petites îles d’Ipfili, de
Cavouro 6c de Petfolan , en face d’une;baie peu
profonde * 6c qui ne fervent qu’ au pâturage des
beftiaux.
Hydra, fituée à trois lieues fud-eft de la côte..,
s’alonge du nord-oueft au fnd-oueft , dans une
longueur de fix lieues, environ. L’ aridité de ce
rocher a obligé les.habitans à fe. créer une. exif-
tencë cpmmerci le , qui leur a procuré degran.dés
richeffes. Trikera eft.un groupe d’écueils, fitués à
fa pointe, occidentale. Hydron 6c Hydropoulo
gifènt dans le canal qui fépare Hydra du Pélo-
ponëfe, 6c n’ offrent aucun intérêt.
En doublant le cap Skyli ( Skyl&um promonto-
,rium) 3 à l’entrée de celui d’Athéné,s , ’ on voit
l’île de Poros ( Calauria), adhérênté à la. côte,
orientale,’fous le 21e. degré y mini, de, longitude,
& le 57e. deg. 25 min. dé latjtudp. Elle foriqe
avec lapéninfnle de Mentana, où fe trpuvent le.s
ruinés ae l’ancienne T ré z èn e , un petit golfe à
deux iffues. C ’eft.fur cet éçueiî que Démofthènes
fut exilé. On trouve encore à la .pointe du cap
Skyli un groupe de petites îles appelées^Corfairet.
Plus h,aut , en remontant le golfe d’ Egine’(A//:-7i
Saronieus) vers le nord-oueft.» on rencontre,
depuis
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depuis la prefqu’île de Mentana jufqu’ à la baie
de Kechries , beaucoup dé petites îles répandues
çà & là . qui n’ont aucune importance & rendent
la navigation plus difficile.
\ Vers l;e milieu : fous le 37*. degré 40 min. de
latitude, 6c le 21e. dég 10 min. de longitude,
s’élève î ’île d’Egine ( OSaone, M.ynnidonia) , mon-
tagneufe, aride, 6c dont cependant l.'induftriedés
habitans a fertilifé le fo l, 'au point de' leur mériter
le titre de Myrmidons. Cette île , dans l’antiquité,
poffédoit deux temples célèbres, dont on voit
encore quelques ruines raagnifiqués non loin de
fon ptirfcipal bourg , habité par un mijlier d’ames
Plus au n o r d , tout près des côtes de l’ Afrique
, fé'trouve l’îie de Coloiiri {Sa/amine ),
fous le 22e..deg. de longitude 6c le 37e. de latitude.
Sa forme , qui rappelle uft fer a cheva!, eft
déterminée par l’enfoncement du port du mêmé
nom. Sa circonférence éft d’environ douze lieues.
Cette île , célèbre par'la bataille que Thémif-
tocle y remporta fur Xerxès*, ri’eft féparée du
continent que par le détroit de Pérama. Quelques
ruines de l’ancienne capica’e lé retrouvent
encore fur le terrain d Ambelaki: Il y a de nom
breufes plantations d’oliviers, doi t le fol favo-
rife la culture. , ^ ' : . / .
Dans les temps antiques, la Grèce fut divifée
en deux parties, dont l’une , en .deçà dé l’iiihme
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époques de réunir lés deux mers par le moyen
d ’un canal, en coupant la chauffée qui forme
cette prefqu î l e , où l’on remarque encore de
larges tranchées commencées ; mais les nombreux
écueils qui couvrent lès rivages ne permet-
toient point, dans des temps où l’ art de la cana-
lifation étoit encore dans fon enfance , d’execu-
ter ce projet utile & hardi.
La charpente du Péloponèfe eft formée comme
le refte de la Grèce (vo-yq; le mot O kkeulüs) ,
par des chaînes de montagnes bien diftinétes , ou
l’on peut reconnoître une agglomération d’îles
qui ne furent pas toujours contiguës. Le mont
Zeria ( Cy lie ne ) en forme lé noyau principal. Il
encaiffe le fameux l ie Stymphale , théâtre de l’un
des douze travaux d’Hercule, qui en chaffa les
oifeaux ftymphalides p a r le moyen d un inftru-
ment fabriqué exprès, dont le fon les devoir
épouvanter. Les monts Lycée 6c Ménale , fur lef-
quels Apollon dépioroitla pefte de Daphné , fo r ment
l’ un des principaux plateaux de l'Arcadie.
Ils font couverts d arbres magnifiques, entre lef-
quélsTe chêne fe fait remarquer par fa hauteur.
A ces grands arbres le mêlent l’ andrachné , remarquable
par fon tronc poli, des rofiers fau-
vages & des plantes très-variées.
L’Olénos s’étend vçrS le nord-oueft , 6c fe
termine par la triple roche de Santa-Mari {Olede
Corinthe, s’étendoit jufqu à l’embouchure du -j nienne). Les contreforts d Erymanthe 6c de Pb0“
fleuve Pénée. Cette partie s’appeloit Grèce ihejfa- lo é , couverts.de forêts & d ombrages délicieux,
lienne. L’autre partie, fituée au-delà de l’ ifthme , (comme toutes les montagnes de L’Arcadie, fe
portoit le nom de Péloponèfe 3 que la configuration 1 rattachent au mont O.éaos , dont les neiges
de fes côtes Sc fa pofition avantageufe failoient I prelque. permanentes donnent namance a la n-
regarder’ comme l’acropole de toute la Grèce. Cet vière de; Voiiicza ( Sclenus). Cette montagne dut
ifthme.qui li’ a environ que deux lieues de lar- ! être unie originairement à la chaîne qui traver-
eeur s’ unit à la terre ferme, & interceptant deux j fant le canton de Fanari, fe prolonge vers 1 an-
bras d’une même mer, donne une preuve incon- 1 tique Meffénie } mais la rivière Orphea ou Rou-
teftable de la diminution des eaux fur le Globe J p ia, alimentée par les eaux du Dogana ( Diagor.t),
( voyez Réfumé géographique de la Grèce ancienne j du Lacedona ( Ladon) & du Carbonaro ( Ache-
& moderne, par G. A. de Mano, chap. IV , roy), interrompit la continuité des rochers pri-
pa® 80 ) en même temps qu’il femblerôit at- j mitifs, pour donner paffage vers 1 oueft aux eaux
tefter l’antique abaiffement d- la Méditerranée, I captives qui dévoient originairement former un
par fuite de la ruptùre de l’ifthme remplacé aujourd’
hui par le détroit de Gibraltar, à l’époque
où l’ Atlantide fut engloutie fous les eaux. K oye{
Océan 6c Pas-de-Calais.
Lorl'que Xerxës, pour envahir un pays dont les
coutumes republicc.ines lui caufoient de l’ombrage,
choifit le té-rritoire d’Athènes pour y porter des
coups décififs , les peuples du Péloponèfe, après
la glorieufe mort de Léor.idas, élevèrent un mur
jl travers l’ ilthme pour s’oppofer à Linvafion
étrangère. Dans des temps plus modernes , Juf-
tinien 6c Emmanuel I I , empereurs de Conftanti-
nople, & enfin les Vénitiens, reconftruifirent
cette muraille •, mais le fultan Arnurat, s’étant emparé
pat trahifon des forts qui Va protëgoient, pénétra
dans le pays & , félon l’ufage deftrutteùr des
T u rc s , fit rafer entièrement tous les ouvrages qui
Jes couvroient. On aveit entrepris à diverfes
Géographie-Phyfque. Tome V
lac dans l’ intérieur du pays..
Le mont Saint-Hélie (Taygetc), fur lequel les
Lacédémoniens fe réfugièrent lorfjue leur ville
fut renverfée par le tremblement de terre que le
phyficien Anaximandre avoit, dit-on , prévu , fo
voit comme un fyftème à part. C ’eft un affem-
blage de rocs fourciileux. Son contrefort méridional,
fous le nom de Pence-jDuâylon , fe termine
au cap Matapan. Le Taygete forme le flanc occidental
de Vaffili-Potamos (tLurcuas).
Un troifiènve fyftèrr. ; beaucoup moins impo-
fant, appelé Malévo ( Olympe) , s’élève entre ce
fleuve & les côtes orientales du pays. On pour-
roit confidérer comme un quatrième fyftème celui
qui, à.la droite de Z é r ia, par les monts Poly-
phingos, S té pianos 6c. Sophico, forme la charpente
de i’antiqu'- Argoïide , en s'unifiant par des
pentes plus ou moins adoucies aux monts 1 ratheà