
En élaguant les détails inutiles, l’espace qui nous restera nous permettra
de compléter dans un SuppLésir.iîT (1) quelques-uns des articles
importans des volumes précédens , qui ont besoin de nouveaux déve-
loppemens depuis que les sciences ont fait.tant de progrès, ou même de
traiter des mots ou des faits devenus classiques à l’époque actuelle. De
cette manière le Dictionnaire de Géographie-Physique se trouvera
placé à la hauteur des découvertes faites, depuis vingt ans.
Les connoissances variées de M. Ferry, honorablement connu des
savans, et qui s’est chargé de la description des fleuves et des montagnes
du vaste -Empire de Russie, dont il connoît les possessions
asiatiques, pour y avoir habité pendant plusieurs années ; plusieurs
articles fournis par M. Doin , relatifs principalement à la Chine , sur
laquelle il prépare un travail ; les renseignemens donnés sur quelques
parties de la Grèce par un jeune Grec (2) qui fit un court séjour
en France; la collaboration de M. Bory de S1.-Vincent, dont les lumières
et l’érudition nous ont été d’un grand secours ; le spin que nous
avons pris de rendre le dernier volume de ce Dictionnaire digne du
vaste et utile Recueil auquel il appartient, nous font espérer que le
plan et l’exécution en seront généralement appréciés.
J. N . H U O T . 1 2
(1) Ce Supplément sera compris dans le demi- volume qui termine celui-ci.
(2) M. G . A . de Mano , auteur d’un Résumé géographique de ta Grèce et de la Turquie
d ’ Europe.
OAS
O a SIS. On a confervé cette ancienne dénomination
des terrains fertiles & cultivés dans les
déferts qui environnent l ’Egypte * on peut la
donner, par extenfîon, à tout efpace couvert de
végétation au milieu d’une contrée tout-à-fait fté-
rile. Ainfi, ce phénomène de géographiephyfique
exige le conço.urs de deux caufes, dont l’une trappe
de ftérilité un efpace très-étendu, tandis que
l ’autre porte la fertilité fur une petite partie du
même fol.
Les contrées dépourvues d’eau font feules
condamnées à une ftérilité abfolue \ celles oui ne
font pas fuffifamment arrofées, foit par les pfuies, «
fp.ic par des eaux courantes, & qui éprouvent de
longues féçherefles, ne peuvent nourrir que des
plantes dont la végétation s’accomplit dans_ un
temps alfez court : elles ne font donc point fufcep-
tibles de culture, & n’offrent que des pâturages
dont elles font bientôt dépouillées. On remarque
ces difpofitions du fol dans quelques parties de
l’intérieur des deux contineps j mais pour qu’il
s’y forme des oafis, jd eft néceflaire que des caufes
locales fuppléentà la difette d'eau, & par confé-
quent il faut que cet aliment de la végétation
foit apporté par des canaux fouterrains, & qu’il
parvienne jufqu’à la furface du terrain. Jufqu’à
prëfent, ce n’ eft qu’en Afrique, autour de l'Egypte,
que l'on a découvert cette^fmgulièredjftri-
bution de l’humidité. Quoique Fon trouve aufli çn
Amérique une contrée où les pluies font inconnues
, il n’ y a point d'oafis, parce que toute cette
contrée eft traverfée par des rivières ou torrens qui
tombent des^hautes Andes. Il peut y avoir en Afrique
d’autres oafis que celles de l'Egypte : quelques
géographes ont appliqué cë nom au Fezzan, l’ancien
pays des Garamantes, & leur opinion eft
très-fondée. Eorfque l ’intérieur de l’Aiîe fera
mieux connu, tout fait préfumer que l’on y trouvera
.aufli des oalîs. Mais ce n’eft pas dans les îles,
& par conféquent dans l ’Oçéanie, que l’ on rencontrera
cette anomalie géographique. Une île
même aufli grande que la Nouvelle-Hollande, eft
foumife dans toute fon étendue à des caufes plus
uniformes que celles qui agiflent fur les cpnti-
nens, & les faits très-rares fur les terres qui s 'étendent
des régions polaires à l'équateur ne peuvent
avoir UeuTur celles qui n’embraftent que quelques
degrés en latitude.
Les caufes qui procurent aux oafis 1a fertilité
dont elles jouiflent, ne peuvent être aflignées que
dans l’ intérieur de la terre. C e font en général
celles qui tracent la route des eaux louterraines j
ui les amènent à la furface avec plus t>u moins
’abondance, & plus ou moins loin des réifervoirs
qui les foùrniffènt ; qui préfentent les phénomènes
Géographit-Phyfiquc* Tome f ' ’.
des fontaines intermittentes, des ruifleaux quî
forcent de terre pour y rentrer après un cours peu
étendu, &c. ( F . )
Après les généralités qui viennent d’être expo-
fé e s , il convient de donner une idée prêche des
oafis, par la defeription de deux des plus confi-
dérables de celles que l’on connoît en F.gypte»
C elle de Syouah , connue des Anciens fous le
qom d’ oafis d*Ammon, célèbre jadis par le temple
de ce'dieu égyptien, eft la plus feptentrio-
nale : elle eft fituée â plus de cent lieues à l’oueft:
du C a ire , & à environ foirante de la mer Méditerranée.
Le terrain de cette oafis appartient, comme c e lui
des déferts qui l’entourent & comme celui des
environs de Memphis, à la formation fecondaire
par fes roches calcaires, gypfeufes & falifères,
& à la grande férié des terrains detranfportpar lç
fable marin qui les recouvre. Partout le fel ( l’hy-
dro-chlorate de foude) & le natron (le carbonate
de foude ) font unis à ce fable ; ils forment à
fa furface des efllorefcences, & dans fon épaif-
feur, des lits allez confidérables pour être exploités
comme pierre de conftruétion.
Ainfi la luçceflion dés couches préfente , ju f qu’à
une allez grande profondeur, la difpofition
luivànte î le fable, l’argile, le fe l, le gypfe & le
calcaire coquillier.
Quelques collines calcaires s’élèvent autouc
de l’ oafis, au milieu même de la vallée dans laquelle
elle eft fituée. On remarque dans leurs
couches horizontales, de beaux criftaux de chaux
carbonatée, des dépôts de calcaire mêlé de gypfe,
& des lits de coquilles folfiles, parmi lefqurlles
on a reconnu des vis t des peignes, des huîtres 9
des cames, & c . C e s collines, donc plufieurs
excavations ont fervi de catacombes dans les
temps les plus reculés, renferment fouvent d’abondantes
fources d eau douce.
Comme dans toutes les formations falifères, le
fel gemme s ’y trouve au milieu de l’argile qui
forme le fond de la vallée occupée par l’oafis :
le gypfe qui l’accompagne eft ordinairement fibreux,
quelquefois lamellaire, difpolë par l i t s ,
ou en morceaux difleminés avec des malles fa-
lines.
Le voyage de M. Caillaud à Syouah nous a
appris q u e , fui vaut le rapport de fes habitans, il
a exifté jadis dans cette oafis un dépôt de fou-
fre qui a été comblé, parce que l’exploitation en
étoit devenue un fujet de conteftations fanghntes.
Quelques voyageurs ont cru que la prélénce du
foufre, celle de quelques fources fuihireufes, Sc
plufieurs tremblemens de terre, annonçoient dans
ces contrées l'exhtence d'anciens volcans. Cette
A