
T a b l e a u d e s d o n n é e s fo u r n i e s p a r d e s e x p é r ie n c e s f a i t e s d i r e B e rn en t d a n s l e s h o u illè r e s d e Carmeaux
( d ép a r tem en t d n T a r n ) , .d e Littry ( d ép a r tem en t du C a lv a d o s ), & d e Decifç ( d ép a r tem en t de
la N i è v r e ).
LIEUX
DES EXPÉRIENCES.
N°. des
expériences.
PROFONDEUR. TEMPÉRATURE. O B S E R V A T I O N S .
Carmeaux.
mètres. degrés.
Eaux du puits Vcriac l ! ^ 5 6,2 *2,9 Ce puits eftà peude diftance de la
mine dite du Ravin.
Eau du puits de Bigorre. a n ,5 i 3, i 5 Ce puits eft immédiatement au-
deftus de la ftation prife dans j
la mine de Caftillan.
Roc au fond de la mine du Ravin. 3 181,9 17 ,1 Il y a une petite demi-lieue de disau
fond de la mine de Caftillan. 4 19a *9»5 tance entre ces deux mines. ^
L ittry.
Surface extérieure des mines. 1 0 11 Température égale â la moyenne
température qu’il faut attribuer
au pays.
Roc au fond de la mine Saint-
Charles. Station A . a 99 16
— —- Station B. 3 99 16,27
Moyenne pour les deux ftations.
4 99 i 6, i 35
Decise.
Eau du puits PéliiTon. 1 8,8 1 1,4 Ces puits font fitués prefque im»;' :
Eau du puics des Pavillons.
Roc au fond de la mine Jacobé.
a »6,9 »*,77 médiatement au*deflus des ftay ;
lions prifes dans la mine.
Station fupérieure. 3 107 *7,78
— Station inférieure. 4 171 22,1
Le réfultat des expériences ci-deflus eft que la
profondeur qui correfpond à l’accroiflement de
1 degré de chaleur fouterraine, doit-être fixée
à 36 mètres pour Carmeaux, à 19 pour Littry &
à 15 pour Decife.
Si Ton compare avec M. Cordier tous les rapports
qui viennent d'être relatés, les conféquences
fuivantes, que l’on pourra en tirer, paroîtront
admiflibles :
1 °. L’exiftence d’une chaleur interne, indépendante
de l’influence des rayons folaires, confé-
quemment propre au globe terreftre, & croifiant
rapidement avec la profondeur;
i°. La probabilité que l’augmentation de la
chaleur fouterraine ne fuit pas partout la même
loi, qu’elle peut être double & même triple d’un
pays a un autre ;
30. La certitude que ces différences ne font en
rapport confiant ni avec les latitudes, ni avec les
longitudes $
4°. Enfin , un accroiflement beaucoup plus rapide
qu'on ne l’avoit fuppofé, puifqu’il peut
aller à 1 degré pour iy & même 15 mètres en
certaines contrées, & que provifoirement fon
terme moyen ne peut pas être fixé à moins de 1 $
mètres.
Les principales applications que M. Cordier
fait de ces données à la théorie de la terre font
très-nombreufes/ nous ne rapporterons que les
principales : ainfi il admet que le globe a été fluide
avant de prendre fa forme fphéroïdale, & que fa
fluidité étoit due à la cha’eur.
Que cette chaleur étoit excefllve, puifque dans
fon état aétuel en la fuppofant de 1 degré pour
2y mètres de profondeur, elle feroit de plus
de 2yo,coo degrés du thermomètre centigrade,
au centre du fphéroïde.
Qu à une tres-petite profondeur, eu égard au
diamètre de la terre, par exemple à 55 lieues, de
y,000 mètres à Carmeaux, de 30 à Littry &
de 23 à Decife, elle feroit capable de fondre
toutes les laves & une grande partie des roches
connues.
Que tout porte à croire que la maffe intérieure
du globe eft encore dans fa fluidité originaire, &
que c’efi un aftre refroidi feulement à fa furface,
ainfi que Defcartes & Leibnitz l’avoient penfé.
Que les phénomènes volcaniques s’accordent
avec les expériences rapportées plus haut pour
prouver qu’il ne faudroit pas même descendre à
ta profondeur qui vient d’être indiquée pour y
trouver la température de 100 degrés du pyromètre
de Wedgwood, qui fuffit pour entretenir la
fluidité.
Que la croûte terreftre s’étant confolidée par
le refroidiflement de la couche la plus fuperfi-
cielle, il s'enfuit que dans la férié des roches
primordiales les plus profondes, au lieu d'être
les plus anciennes, comme ou l’a admis jufqu'à
préfent, font au contraire les plus récentes.
Que bien qu’on ne puiffe nier que le refroidif-
fement de la furface de la terre eft tout-à-fait
infenfible, p a rc e q u e le s p e r te s d e c h a leu r y f o n t in c e f -
f a m m e n t c om p e n fé e s p a r l 'e f f e t d* u n e p r o p a g a t io n q u i
p r o c èd e u n ifo rm ém e n t du d ed a n s a u -d e k o r s , il eft plus
que probable que ce refroidiflement continue,
que la croûte du globe s’accroît encore, & confé-
quemment que la formation des terrains primordiaux
n’a pas cefle & ne ceffera que lorfque le
refroidiflement aura atteint fa limite.
Que, d’après la marche du refroidiflement, les
roches qui forment l'enveloppe de la terre doivent
être difpofées à peu près dans l'ordre de leur
fufibilité : en effet, les couches magnéfiennes,
calcaires & quartzeuies font les plus voifines de
la furface.
Que l’épaifleur moyenne de l'écorce terreftre
n’excède probablement pas cinq lieues de y,000
mètres, & que, d’après les expériences faites, il
eft probable que cette épaifleur moyenne n'équi-
vaudroit pas à la foixante-troifième partie du
moyen rayon de la terre. Elle ne feroit même que
la quatre centième partie de la longueur développée
d’un méridien.
Que l'épaiffeur de cette écorce eft probablement
très-inégale.
Suivant M. Cordier, la chaleur propre que le
fol de chaque lieu dégage eft l’élément fondamental
de fon climat, &: cette chaleur n'étant
point égale partout, eft une nouvelle caufe à
ajouter à celles qui font que des pays, fitués à
la même latitude, ont, toutes chofes égales d’ailleurs,
des climats différens.
En admettant, comme on l'a fuppofé, cjue les
couches fuperficielles du fol primordial îe font
confolidées les dernières, & que le globe eft
folide jufqu'au centre, les inégalités & les boule-
verfemens que l’on remarque à la furface de la
terre deviennent inexplicables; dans la théorie de
la fluidité originaire & du refroidiflement fucceflif,
on trouve au contraire l’explication naturelle de
ces effets, qui font probablement dus à d’innombrables
retraits.
On conçoit parfaitement que le peu d’épaifleur
de la croûte terreftre & la fluidité centrale doivent
donner à cette enveloppe une grande flexibilité,
qu’elle pourroit même être aflez importante
fans produire un effet fenfible à fa furface. En
effet, dit-il, pour qu’un changement de figure du
fphéroïde, capable d’élever l’équateur d’un mètre
en raccourcifent l’axe de la terre pût s’ opérer,
il fuffiroit, en ce qui concerne le plan de l'équateur,
que chacune des innombrables folutions
de continuité qui entrecoupe tranfverfalement
l’écorce confolidée, & que l’on peut fuppofer ef-
pacées entr’elles de y mètres, terme moyen, fût
foumife à un écartement égal à la n y 6 mc partie
d’un millimètre.
La mafle qui conftitue l'enveloppe terreftre a
depuis long-temps opéré fon maximum d’écartement,
c’eft ce qui fait qu’il ne s’y forme plus
d'affaiflement ni de boulverfement, & que les
volcans en activité, moins nombreux que dans
les temps anciens, ont diminué d’intenfité; mais
il est probable que les forces centrales tendant
à rapprocher les maffes élémentaires des régions
fuperficielles, ce rapprochement a diminué graduellement
jufqu’à l’époque aétuelle, où il eft
remplacé par des changemens de niveau peu fen-
fibles, mais qui expliqueront, lorfqu’il fera bien
conftaté , le relèvement féculaire du baflin de la
Baltique & le changement de niveau que Dolo-
mieu & M- Cordier ont obfervé dans la Méditerranée
, principalement fur les côtes de l’Egypte,
& qui font préfumer à ce dernier que toute la
partie feptentrionale de l’Afrique éprouve un
abaiflement progreflif de 2 à 3 centimètres par
fiècle.
L’une des conféquences de la fluidité du centre
de la terre eft l’élafticité de fon écorce, ce qui
porte à admettre que le phénomène des marées
s’exerce fur la mafle terreftre elle-même. Cet
effet eft aujourd’hui très-foible, mais dans l’état
originaire du globe, les marées terreftres ne durent
pas avoir moins de 4 à y mètres.
Si l'on admet que la matière incandefcente,
foumife au refroidiflement féculaire aéluel, fe
décompofe de manière à fournir des parties ga-
zeufes & des parties folides, on expliquera très-
naturellement l’origine de la matière première
des tremblemens de terre. Une excemve tem-
» pérature maintient cette matière première à
» l’état gazeux, malgré l’influence de l'exceflîve
» preflion qu’elle éprouve aux grandes profon-
» deurs dont il s'agit. Les capricieux phéno-
»3 mènes des tremblemens de terre tiendroient
» d’ailleurs à l’extrême inégalité de la furface in-
» térieure de l’écorce de la terre. ’>
D’après ce qui précède, les phénomènes volcaniques
font le réfultat naturel du refroidifle-
ment intérieur du globe. Voici, à cet égard, les
propres termes de M. Cordier : « La maffe fluide
» interne eft foumife à une preflion croiflante
39 qui eft occafionnée par deux forces dont la puif-
33 fance eft immenfe, quoique les effets foient
*3 lents & peu fenfibles; d’une part, l’écorce
»» folide fe contracte de plus en plus à mefure que
>3 fa température diminue, & cette contraction eft
33 néceflairement plus grande que celle que la