
& des vallées plus tempérées ; le climat y eft donc
généralement moins rude ; aufli les habitans,
grands, beaux, vigoureux 8c guériiers, font-ils
bien moins barbares que les Bofniaques. Quoique
leur langage ait beaucoup d’analogie avec celui
de ces derniers, il eft plus dou x , plus pur : c ’eft
un des dialeftes {laves.
Leurs chants nationaux, pleins de charme 8c
de poéfie, célèbrent leurs anciens exploits contre
les T u r c s , 8c quelques-unes des traditions du
culte catholique, auquel ils font attachés.
** Les Servi ans, dit Maltebrun, {impies plutôt
“ que barbares, recherchent déjà l’ inftruètion ;
m ils écrivent dans leur belle langue ., 8c comme
*> elle eft prefque identique avec le rufle., ils,
» envoient leurs enf.ins étudier aux Univerfités
33 miles. Les femmes, douées de beaucoup de<
■ » charmes, de leniibilité 8c d’exaltation, com-
•» mencentà apprendre les arts agréables de l’Eu-
33 rope. Le fénat fervien adminiftre la juftice, la
» police 8c le culte , d’après les lois nationales
» renouvelées. Le pays paie à la Turquie une
33 capitation fixée, & fournit, en cas de guerre,
33 un corps particulier de n .o c o hommes. »'
Les Serviens forment une population de 900,000 ■
âmes.
Bulgares. Ces peuples, que l’ on nomme aufli
Voulgares, font a origine flave; ils en ont con-
fervé le dialeéte. Ils occupent le verfant fepten-
trional de la chaîne de l'Hoemus- jufqu’aux rives
du Danube.-Jadis ils écoiéut livrés à la vie nomade
iiir les ’bords du Volga ; mais la beauté du
pays qu’ils habitent maintenant, fa fertilité, fa
douce température, ont contribué à adoucir
leurs moeurs 8c à les rendre agriculteurs, doux
8c hofpitaiiers Ils Lèvent la religion grecque 8c
le cuire mahométart.
Leur population eft de i,yoo,ooo habitans.
Valaques. 11« habitent le verfant méridional des
monts O fz ia , Pietra-Tajata ix Pietra-Tapiina,
jufqu’ au Danube. On les fait defcendre des Getes
8c des Daces. Leur langue èft un mélange du
flavon 8c du latin.
Les Valaques font agriculteurs ; mais leur ignorance,
leur fupetftition & l’oppveffion fous laquelle
ils gémilfent, font des obft.acles aux avantages
qu’iis pourroient retirer de la fertilité de
leur fol.
Ils fuivent la religion grecque.
Leur population s'élève à 1,200,000 habitans.
Moldaves. Ils occupent le verfant oriental de la
chaîne des monts Krapaclft & les vallées comprîtes
entre le Sereth 8c le Pronth. Ils profeftent
la religion grecque. La mauvaife adminiftratiog,
les exaèHons même auxquelles ils font fournis,
font les obftacles qui s'oppofent aux progrès
qu’ils pourroient faire en civilisation, car leur
fol eft riche & produ&if. Voici comment Malte-
brun les dépeint, d’après les renfeignemens fournis
par je comte Karaïzaï : « Robuftes& bienfaits,
pleins d'intelligence, aptes à tous les métiers}
» fuppléant, par leur adrelïe, à l’abfence des
« manufactures, mais abrutis par l'ivrognerie 8c
» par un penchant tout-à-fait déréglé pour l'autre
33 fexe; par-deflus tous cçs v ices , une parefle,
»» une infouciance, un efprit de routine in-
33 croyable; des femmes belles 8c fortes , très-
•>3 gaies 8c très-aimables dans l’adolèfcence, por-
»■> tant dans l’état de mariage les marques pré-
*• maturées d’une yie laborieufe, fans jo ie , fans
»? efpoir; des.mères de famille toujours courbées
33 vers la terre comme èfclaves : tel eft le peuple
»» moldave. 33
Leur langue tient beaucoup du {lavon.
La population de la Moldavie s’élève à 280,000
habitans.
Turcs. Ce peuple d’origine tartare, répandu
dans Tes pofleilions d e l'A fie , de l’ Europe 8c de
l’ Afrique, eft le même dans ces diverfes contrées.
Cette identité vient à la fois de la Couche originaire
d’où il eft forti, 8c de fa manière de v ivre,
fondée fur .fes préjugés religieux. On fe repréfente
généralement les Turcs comme des hommes
grands, bien faits, 8c furtout robuftes; mais cette
qualité , qui a paffé en proverbe, eft loin d’être
prouvée, car leur vie molle 8c fenfuelle , leur
nonchalance, leur apathie même, fuffiroient pour
donner de leurs qualités phyfiques une idée toute
contraire. Ils ne paroiffent être réellement robuftes
que dans les plaifirs du harem, fi toutefois
les renfeignemens de quelqu. s voyageurs méritent
la confiance. D11 re lie , leur .phyfionomie
impofante 8c noble, leur gravité naturelle, leur
teint bafané, leurs mouftaches longues 8c leur
barbe fournie, leur donnent un cara&ère phy-
fique tout particulier. Si l’on veut trouver la çaufe
de leur molleiïe 8c de leur indolence, ce ne fera
point dans l'influence feule de leur climat qu’il
faudra la chercher; mais peut-être que leurs lourds.
8c larges vêtemens, que leur nourriture route
végétale, que leur abftinence du vin, que l'ufage
continuel de l'opium, en fourniroient une explication
fuffifante.
D’après des calculs qui ne peuvent être qu’approximatifs,
les Turcs proprement dits doivent
former une population d environ 10,000,000 d’individus.
Grecs. Les Grecs modernes ont confervé,
malgré l'état d'oppreflion dans lequel les maintient
le gouvernement turc , une partie du caractère
qui les diftinguoit au temps de leur antique
fplendeur. Légers & frivoles, paflionnés pour
les art-» 8c la poéfie il ne leur faudroit qu’ un peu
d’éducation , ou plutôt il ne leur faudroit qu’un
gouvernement libre, pour qu'ils reprilïent un rang
diftingué parmi les nations civilifées.
Les habitans de la Grèce conservent encore
dans leurs moeurs 8c dans leur naturel, certaines
nuances qui les diftinguoient jadis. Les Moraïtes
font moins légers que les Rome liâtes ,• les A', héritent
font plus polis dans leur langage 8c dans leurs
manières que le refte de leurs compatriotes ; les
habitans des monts Taygètes ont encore un
relie de cet enthoufiafme pour la liberté, qui dil-
tinguoit les anciens Laconiens ; les Spechiotes,
defeendans des Crétois, font paiteurs, artifans
8c agriculteurs; ce font aufli les plus induftrieux
8c les plus valeureux habitans de l’ïle de Candie.
Enfin, les habitans des îles font les meilleurs
matelots & les plus hardis navigateurs de toute
la Grèce.
Les peuples indigènes de la Grèce moderne
formant une population de 3,000,000d’habitans.
Abanais. L ’opinion de M. de Pouqueville, relativement
au caractère des Albanais, eft tout à-
fa'u celle que nous avons de l’influence du climat
fur les differens peuples. Selon lu i, les Albanais
doivent leur humeur guerriere 8c leur férocité à
1 âpreté du pays qu’ ils habitent. Leur taille eft de
cinq pie..s quatre pouces. Ils font vigoureux. Leur
teint en très-coloré ; leur oeil eft v if 8c brillant.
Sobres, gais, aélifs 8c endurcis aux intempéries
des fanons, l'or 8c le pillage font lesfeuls véhicules
qui les entraînent au combat. Crédules 8c fuperfti-
tieu x, ils lont partagés entre les cultes gre,c , catholique
,8c manometan ; mais ceux qui font attaches
a la religiop de Mahomet n’en pratiquent
pas tous les préceptes. Malgré leur ignorance
complète, ils ne paroiflent pas être dépourvus
de difpofitions pour les arts 8c les Iciences.
Leur population s’élève à environ 709,000 âmes.
Monténégrins. Ces peuples, qui habitent les
vallees 8c les plaines qui dépendent du Monte-
Negro, font lobuftes, belliqueux, turbulens,
vindicatifs &c fanguinaires. Gouvernés par un con-
leil compote de leurs capitaines, de leurs chefs
de village & de leurs vieillards, préfidé par un
chet choifi par ce confeil, dans lequel leur
évêque jouit d’un pouvoir prefqu’égal, ils attachent
un grand prix à leur liberté. Ils font
fort attaches a leur patrie 8c s’acquittent envers
les étrangers de tous les devoirs de l’ hofpicalité.
Chez cette peuplade , qui ne compte que
38,000 habitans, tout homme eft loldat; le
prêtre même elt toujours armé de fon fufil.
A sie. — Aléoutes. Leshabitans des îles Aîéoutes
fe livrent à la pêche 8c a la chafle ; la fituation de
leurs îles les porie à ce genre d’ occupation. Us
fè peignent le vifage, s’ornent les narines 8c la
lèvre intérieure avec des arêtes ou des os de
poiflons, fe tatouent meme 6c portent dans certains
jours de rête un mufque fur leur vifage.
Amis de 1 indépendance & de ia liberté, iis {apportent
avec peine le joug de ia Rufiie. Naturellement
guerriers, ils font forcément pacifiques
depuis qu’ ils font fournis aux Rufles. Comme
tous les peuples lauvages, ils font adonnés à la
plus groliière fuperitition ; ils en ont même
tonlervé les pratiques cachées, quoiqu'ils aient
Géographie-P hyjiqtie. Tome P .
adopté les dehors de la religion chrétienne. Le*
idées qu'ils ont fur l’origine des premiers hommes
& fur la leur font fort fingulières. M. Sauer, fe-
crétaire interprète de l’expédition du commodore
Billings dans ces îles, fous Catherine II, dit qu'ils
croient que les premiers humains font iflus des
chiens par la volonté du dieu Aghogok, 8c
qu’ eux -mêmes font les defeendans dune race
venue de l’ occident , où il exifte, félon eux , une
contrée immenfe & populeufe. Us font d o u x ,
humains 8c hofpitaiiers ; ils ont un grand refpeft
pour leurs chefs, 8c profeflfent la croyance d’une
autre v ie , où ils jouiront de toutes les chofes
matérielles néceflaires à l’exiftence, s’ils fe font
bien conduits dans ce monde.
Ces peuples font agiles 8c d’ une taille médiocre;
ils ont le vifage rond , le nez petit 8c bien
fa it , les yeux noirs; leur teint eft brun; leurs
cheveux font noirs, gr< s 8c forts; ils les portent
courts. Ils ont peu de barbe au menton. Les
femmes fe tatouent aufli le menton, les joues &
les bras, coupent leurs cheveux fur le front 8c
nouent ceux de derrière fur le haut de la tête.
Les Aléoutes ne font p©int portés à la malpropreté
comme quelques peuples des mêmes réions.
M. Sauer n’eftime pas à plus de 1100 âmes la
population entière de ces îles, qui autrefois ren-
fermoient un plus grand nombre d’habitans.
Kadiaks. Les infuîaires de l’île Kadiak 8c des
autres îles Efdokiff, fituées près de la côte occidentale
de l ’Amérique du Nord, fe donnent le
nom de Sou-Ou-lf; ce font des peuples guerriers,
perpétuellement en querelle entr’eux. Leurs pri-
| lonniers deviennent leurs efclaves, & ils s'era-
j parent également des filles 8c des femmes de leurs
ennemis. Chez ces peuplades fauvages, le commodore
Billings a trouvé établi l’ufage des bains
de vapeur, au moyen d’ eau verfée fur des pierres
à un haut degré de chaleur. Leurs ufages lont
du refte lemblables à ceux des peuples des îles
Aléoutes, dont ils font cependant éloignés de
plus de deux cents lieues. Ils'different de ceux-ci
en ce qu’ils font moins adroits navigateurs. Adonnés
aux armes, les chants de ces peuples font
confacrés à la guerre. Cependant, comme les in-
fulaires d ’Ounalaska, ils fe couvrent le vifage
d’un mafque iorfqu'ils danfent. lis fe peignent
aufli la figure, mais d’une manière plus bizarre
encore.
Chez ces peuples, l’homme le plus confidéré
eft celui qui montre le plus de force 8c d’adreffe
dans les combats; le fécond degré de confidé-
ration eft accordé enfuite aü chaflèur ie plus agile
8c le plus adroit. La fécondité des femmes y eft
confidérée comme une qualité qui mérite des
égards. Les hommes y font très-dépravés, 8c
quoiqu’ ils foient dafts l'ufage d'avoir autant de
femmes qu’ils peuvent en nourrir, il n’eft pas
rare qu’ils affouviflent leur brutalité fur de jeunes