
Le Cyprinus fquamoffeus, efpèce également inconnue.
Suivant Darluc , on auroit encore trouvé dans
la même localité le Mulet barbu (Multus barbatus) ,
la grande Dorade ( Corypk&na hippurus ) , le Loup
( Anarrhychas lupus ) , pliifîeuvs efpèces deGades,
& un Malarmat ( Tria fa cataphraâla) que M. de
Blainville croit être fon Cyprinus fquamojfeus.
Les terrains gypfeux de la formation tertiaire
des environs de Paris offrent dans diverfes localité
s , telles que Montmartre, Pantin , Argenteuil
& l è Mont-V alérien, au milieu des marnes inter-
pofées dans les lits fupérieu.rs du gypfe, & quelquefois
dans le gypfe même , plufieurs fragmens
de fquelettes de poiffons qui ont été obfervés &
dénommés par MM. de Blainville & Cuvier. Quoique
ces deux favans ne foient pas tombés d’acco
rd , nous allons les énumérer d’après leurs nomenclatures.
Ces efpèces font » un Spare, que
M . de Blainville regarde comme voifîn du Spare
Bujfonite, & q u e M. Cuvier coniïdère comme une
Perche. C e foflile a été trouvé dans la première
rua (Te du gypfe.
Une Amia appelée ignota par M. de Blainville
, qui fe trouve fur ce point d’accord avec
M* Cuvier. Son nom annonce une efpèce inconnue.
La Poecilia Lametherii de M. de Blainville, que
M. Cuvier prétend être la Poecilia vivipara de Surinam.
\J Anormurus macrolepi dotas de M. de Blainville,
que M. Cuvier foupçonne être une Truite.
Une Perche fuivant M. de Blainville, mais que
M.Cuvier croit appartenir au Cypronodon de Lacé?
pède.
Le Cyprinus minutus de M. de Blainville.
Enfin, une autre efpèce de Cyprinus, que çe
favant foupçonne être fon Squamojfeus, attendu
que l'individu qu’ il a obfervé eft dans un trop
mauvais état pour offrir des caractères tranchés.
Des offemens de Requins ont été trouvés dans
l ’argile qui borde les côtes orientales des Etats-
U n is , aux environs de Long-lflind.
Vers la frontière feptentdonale du Bengale,
M. Colebrooke, naturalifte anglais, a remarqué
que les montagnes de Caribari, qui s’élèvent près
ae la rivière de Calu, à iy o pieds au-deffus du
niveau de la mer, appartiennent à la formation
tertiaire, ainfi que le prouvent les turritelles, les
patelies, les cé rite s, les huîtres , & autres co quilles
que l’on y trouve, analogues à celles du
baflin de Paris. La partie fupérieure de ces montagnes
eft couverte de fable rouge ou blanc,
comme dans nos environs ; ce fable repofe fur des
lits horizontaux de fchifte argile-calcaire. 11 feroit
pofiible qu’ils renfermaffent des poiffons fofliles.
C ’eft ce dont l'obfevateur ne s’ eft point affuré 5
mais il y a trouvé des dents de Squales & de C rocodiles.
Nous avons cité les principales efpèces de poiffons
fofliles obi’ervées dans les localités les plus
connues ; il nous refte à dire un mot des dents de
poiffons, appelées par les anciens oryûtographes
gloffopètres ( langues pétrifiées) y parce que ces fofi
files, qu’ on avoit pris pour des langues de fer-
pens, furent d’abord obfervées dans l ’île de
Malte, où elles font très-abondantes, & où, fuivant
une tradition populaire, faint Paul ayant été
mordu par un de ces reptiles, détruifit, pour fe
venger, tous les ferpens de l’île.
L’éfude de la zoologie , plus approfondie, a
fait reçonnoître depuis long-temps que ces prétendues
langues pétrifiées ne font que des dents de
poiffons. On en trouve dans tous les pays à calcaires
fecondaires & tertiaires ; c’eft affez dire
combien doivent être nombreufes les localités où
on peut en recueillir. Ainfi, les contrées de la
Sibérie parcourues par Pallas, lui en ont fourni
de plufieurs efpèces, Couvent confondues avec
des offemens d’éléphans; les fteppes des Kirghiz
en’^ont offert au naturalifte Pander ; Faujas,
MM. Bory de Saint-Vincent & Drapiez, en ont
recueilli dans les environs de Maëftricht, de
Bruxelles & de Mons; Juffieu en a ramaffé près
de Dax & de Montpellier; j’en ai Couvent trouvé
à Grignon & dans d’autres localités des environs
de Paris ; enfin, en Italie, dans prefque toute la
France, en Angleterre, ainfi qu’en Amérique-,
les géologiftes ont fréquemment recueilli de ces
dents fofliles.
Nos grands dépôts de craie en contiennent quelquefois;
on en a trouvé aufli dans les formations
houillères & crayeufes de la Scanie.
Il eft affez. difficile de reçonnoître les efpèces
de poiffons auxquels ces dents ont appartenu ;
cependant, comme quelques naturaliftes en ont
fait une étude approfondie, nous allons citer
celles qui ont été reconnues jufq.u’ à préfent.
Dans les environs de Mons 6t de Tournay,
M. Drapiez a recueilli un nombre affez confidérable
de ces dents, appartenant toutes à des Sélaciens
du genre Squale, qu’ il rapporte aux efpèces fui-
vantes: Squàlus cornubicus (Squale n e z ) ; S.ferox
(Squale féroce) ; S. lamia ( Squale requin).
Les dents du Cornubicus &: du Lamia font très-
répandues en Sicile & à Malte. Les dimenfions
des dents du Lamia font telles , q u e , fuivant les
calculs de M. de Lacépède, ce Requin devoit
ayoir plus de foixante-onze pieds de long.
Aux environs d’ Anvers, M. de la Jonkaire a
trouvé dans le calcaire greffier des dents de Squale,
qu'il rapporte aux genres Sci Ilium. Ôç Carc h arias.
Le grès mollalfe de USuiffe renferme des dents
de Squalus carcharias , S. c an: cul a , S, cornubicus ,
S.ferox & S.galeus.
Dans la vallée duPô, M. Cortefi a recueilli des
dents qu’il croit avoir appartenu à un Squale du
fous-genre Mildndre.
Le cabinet de Philadelphie poffede un grand
nombre de dents de Squale qui ont été recueillies
dans le New-Jerféy. Elles font généralement imprégnées
prégnées de fer ; elles fe rapprochent de plufieurs
efpèces qui vivent dans les mers d’Amérique ce
d’Europe. ■ , . . . ,
Parmi les dents fofliles & pétrifiées qu il a obfervées
dans differentes collections, plufieurs ont
été rapportées par M. de Blainville aux efpèces
fuivantes :
Squalus tricufpidens, efpece inconnue dans nos
mers actuelles, & dont les dents ont été recueillies
aux environs de Bruxelles. .
Squalus vacca, colombinus ou grifeus ( le Gnfet) ;
fes dents font très-répandues fur le fol de la Sicile;
l’efpèce à laquelle elles appartiennent vit dans la
Méditerranée,
S. prifiodontus ; les dents de cette efpèce fe
trouvent dans beaucoup de localités.
S. auriculatus. Cette efpèce eft encore inconnue
à l’état vivant ; on en trouve les dents aux
environs de Bruxelles.
Enfin, quelques-unes de ces dents, fort alon-
gées & courbées un peu en arrière, ont été con-
fidérées par M. de Blainville comme celles d’une
efpèce de Scie (le Prifiobatys dubius ).
On trouve encore dans quelques roches mar-
neufes & calcaires des dents qui appartiennent à
des poiffons des genres Raie, Spare & Anarhique,
ainfi que celles de l’efpèpe perdue , mais voifine
des Baliftes, & que M. .de Blainville appelle PaUo-
balifie.
Nous venons de voir que les poiffons ont laiffé
des débris de leurs offemens dans les differentes
fériés des terrains remplis de reftes orga-
nifés. Dans la revue que nous allons faire des
autres animaux, nous renverrons à quelques-unes
/des localités que nous venons de décrire, aifin
d’éviter les répétitions.
R e p t il e s . Après les poiffons , les animaux
vertébrés qui paroiffent les premiers dans les terrains
les plus anciens remplis de débris orga:
niques, appartiennent aux reptiles. Mais toutes
les familles qui font partie de cette grande clajjé
d’ ovipares, n’ ont pas à la même époque peuplé
notre antique planète. Dans le phyllade de tran-
fition de Glaris, on a reconnu une Tortue de mer,
& parmi les Sauriens, un feul genre femble avoir
précédé les autres , c ’eft le genre Moniior.
Dans l’énumération des êtres appartenant à ces
reptiles, nous fuivrons, ainfi que nous v e nons
de le tenter, & comme nous nous propo-
fons de le faire dans la fuite de cet article, la
feule marche qui convienne en géographie phy-
fique, celle qui eft bafée fur l ’ordre de formation
géologique.
Terrains fecondaires. — Sauriens. Le genre Mo-
nitor, lézard qui vivoit dans les étangs & fur le
bord des rivières de l’ancien Monde, a été trouvé
foflile dans plufieurs contrées de l’Allemagne ,
telles que la Thuringe, la Franconie , le pays de
Cologne, &c. La roche qui renferme les offemens
de cet animal eft un fehiue marneux, bitumineux
Géographie-Phyfique. Tome K.
& pyriteux, que le célèbre Werner confidéroit
comme appartenant à la première formation du calcaire
fécondait e , & qui en effet repofe furie grès
rouge houiller. Son ancienneté eft conftatée par
fa pofition au-deffous des couches de calcaire
alpin , qui contiennent des Bélemnites , des En-
troques , des Anomies, & d’autres débris de moî-
lufques & dezoophytes, q u i, tout en annonçant
une formation fecondaire, indiquent le voifînage
des terrains intermédiaires. Au-deffus de ce calcaire
repofe le gypfe accompagné de fel gemme
qui conftitue la formation fecondaire, & que recouvre
le calcaire analogue à celui du Jura.
C 'e ft dans les feuillets de ce fchifte que l’ on
a trouvé les empreintes de poiffons dont nous
avons parlé plus hau t, & parmi lefquels M. de
Blainville a reconnu des efpèces marines & d’eau
douce, dont plufieurs font tout-à-fait inconnues
aujourd’ hui-Nous ne décrirons pas l’ordre defu-
perpofition des différentes couches du terrain qui
comprend ce fchifte. Nous en avons dit un mot à
propos des poiffons du pays de Mansfeld. Les
Monitors y font aufli confervés en empreintes,
mais tellement nettes, que M. Cuviet y a facilement
reconnu un quadrupède ovipare , dont la
taille peut être évaluée à trois pieds, & qu’il lui
a confacré le nom de Monitor, fous lequel Linné
a raffemblé un grand nombre d’efpèces de lézards.
Géofaurus. La formation fecondaire de Pap-
penheim paroît être moins ancienne que celle
des fehiftes de Thuringe. On y a trouvé un Sau-
rien fo lïü e , que M. Cuvier confidère, fous le
nom de Géofaurus, comme un fous-genre inconnu,
fervant de paffage dés Monitors aux Crocodiles,
C et animal, à en juger par les dimenfions de fes
offemens, devoit atteindre la longueur de .douze
à treize pieds.
Mégalofaurus. C ’eft dans un terrain qui paroît
être analogue à celui de Pappenheim, que M. Auckland
, à Stonesfield, dans le comté «’Oxford en
Angleterre, a découvert une mâchoire & d’autres
fragmens de ce grand Saurien, que M. Cuvier
regarde comme voifîn des Crocodiles. C ’eft en
effet un Lézard gigantefque , qui pouvoit atteindre
la longueur de plus de trente pieds, &
même ce ne feroit pas exagérer que de lui en
fuppofer le double, à en juger par les dimenfions
de quelques os appartenant à la même efpèce.
Le terrain dans lequel il a été trouvé eft un
banc de fchifte calcaire d'environ fix pieds d’é -
paiffeur, placé au-deffus du calcaire argileux que
les Anglais nomment lifts, & au-deffous de la formation
oolithique moyenne , qui eft recouverte
par plus de quarante pieds de la roche appelée
par les géologiftes anglais cornbrttsh, & d’ argile
feuilletée. Cette fucceffion de couches appartient
évidemment à la formation fecondaire.
M. Cuvier a remarqué, dit-il, dans ce Mégalo,
faurus , une efpece de mélange des caractères du Moniior
& du Crocodile. Par la dijnenfion du péroné,
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