
Le lac Supérieur contient un grand nombre
dites. La principale eft 111e Ro y a le , fituée piès
de la côte nord-oueft, & qui a ioo milles de longueur
& 40 milles de largeur en quelques endroits.
Les autres îles les plus importantes fo n t, au
nord , les îles Grange, Minatte & Patiej au nord-
eft, celle de Michipicoton ; à l ’eft, celle de Montreal
, celle aux Râbles à l’entrée du l^c> enfin,
l'ile Whitefish un peu à l’oueft de cette dernière.
Le lac Supérieur abonde en poiflons qui confti-
tuent la nourriture d’environ 150 familles d’indiens
algonquins qui habitent fes bords. On y
pêche trois fortes de truites qui pèfent de y à yo
livres, l’ eliurgeon, le brochet, la carpe, le hareng
, ou du moins un poiffon qui en a la forme
Ôc le goû t, & le poilfon blanc, qui eft très-eftimé
des Indiens fous les noms de ticamang & d‘ afiïka-
meque. Il a la forme du maquereau & pèfe de 4
à 16 livres.
Le fol des bords du lac Supérieur n’eft pas favorable
à la culture du grain, mais les prairies y
donnent d’excellentes récoltes, étant arrofées par
une infinité de four ces & de ruiffeaux, & recevant
l ’humidité des vapeurs du la c , qui font quelquefois
alfez épaiffes pour intercepter les rayons du
foie il.
Suivant le voyageur américain Bigsby, les eaux
du lac Supérieur font à 617 pieds au-delfus de
l ’Océan atlantique, à 52 au-deffus d u la cE r ié ,
à 22 au-delfus du lac Huron, 8c à 18 au-delfus
du lac Georges. Depuis qu’on l’a obfervé pour
la première fois, fes eaux ne paroilfent pas
avoir diminué, & quoiqu’il reçoive le tribut
de 220 rivières- & ruiifeaux, foixante ans n’ ont
pas changé le grand portage qui le fait communiquer
avec le lac des Bois. Ses rivages varient
confidérabîement : ç’eft un effet des grandes crues
qu’il éprouve en automne, 8c des tempêtes dont
il eft le théâtre pendant cette faifon ; quelquefois
lè v en t d’oueft, dit M. Bigsby, élève les eaux
à 20 & 30 pieds au-delfus de leur niveau ordinaires
pendant ces tourmentes, elles amoncellent çà 8ç
là des fables fur fes bords. La température de fes.
eaux a été trouvée de 44 deg. du thermomètre de
Farenheit, au mois de juillet.
Toutes les rivières qui alimentent le lac au fud
ont leurs fources à 15 ou 20 lieues de fes bords,
fur le côté feptentrional, leurs fources varient de
diftance, mais quelques-uns de ces cours d’eau
ont plus de 25 lieues de longueur.
Nature du terrain. Aux chutes de Saintes-Marie,
c’efi-à-dire à l'endroit où les eaux du lac Supérieur
tombent dans le lac Huron, la rive méridionale
eft couverte d’ alluvions terreufes , & fur la
rive oppofée, de cailloux roulés, granitiques.
Les plus grandes hauteurs de ce côté préfenteut
des pentes efcarpées 8c font formées de porphyre.
Près de la baie qui renferme les îles de Green-
Island, il y en a une qui eft entourée au fud-eft
de grès blancs & de bancs de fables de 10 à 12.
pieds d’élévation, derrière lefquels s’ élèvent des
montagnes de 7 à 800 pieds. Le promontoire de
Gargantua, élevé de 2c à 80pieds, eft compolé de
roches amygdaloides, tandis qu’ à un mille à l’eft,
tout eft granitique. Dans l’île de P eek, on voit
une montagne de 600 pieds de hauteur. Au nord-
oueft de cette île on v o it , près des bords du lac ,
une petite île cpmpofée de d io r i t e cette roche
forme auifi les îles appelées Stau-Island, près delà
rivière de Black j à l’ eft de celle-ci on voit fur
les bords du lac un dépôt d’ alluyions de 170 pieds
d’épaiifeur.
L ’ile de Saint-Ignace a , vers fon centre, un plateau
porphyrique qui préfente des divifions pril-
matiques & des eftarpemens de 300 à 400 pieds.
Le nord de cette île eft formé de grès dont les
bancs font également fort efcarpés. A l’angle
oriental de la baie du Tonnerre, s’élève la montagne
de Chander-Morentain j c ’eft la plus haute
de celles qui dominent le lac : eile a 14,000 pieds
d’é lé v a t io n fa cime eft en partie aplatie & ef-
carpee au lud-oueft ? 8c fa bafe couverte de débris
juiqu à jo.o pieds de hauteur. A l’extrémité o c c identale
de l'île Pâté , on voit un rocher de 1,400
pieds de hauteur. Les bords méridionaux du lac
iont couverts de granités fur lefquels repofent des
grès blancs 8c rouges, en couches horizontales.
Près du grand portage, les granités, les fyénites,
les diorites, les porphyres , les trapps 8c les grès
fe fuccèdent. C ’eft une efpèce de trappite dont
les flancs -colomnaires forment les précipices des
environs du fort William. Sur le rivage du grand
portage, on voit beaucoup de blocs roulés de
calcaire coquiller ancien : cette roche contient
des trilobite$, des encrines, des produétus, des
madrépores, des térébratifes, & c. On point
encore trouvé ce calcaire en place. A l’angle occidental
de Michipicoton, M. Bigsby a ob’.ervé un
bloc de rétinue, l’angle oppofé eft formé de
trapps.
On pourra v oir , au mot roçhe, que plufieurs de
celles que nous venons d’énumérer appartiennent
à des terrains pyrogènes, & fans doute que plus
tard on en retrouvera de nombreufes traces dans
plufieurs contrées de l’Amérique feptentrionale.
a h o
SURENEN (Alpes Surènes). Chaîne de hautes
montagnes qui fépare le canton d’Uri de celui
d’Unterwald. Vue du nord, cette branche qui
s’étend vers le fu d , préfente d’abord fes cimes
les moins élevées, qui fe terminent au fud-oueft
de la Reufs i enfuite s ’élève vers la droite le
Blackenftock, dont la hauteur eft de 8,120 pieds
au-deffus du niveau du laç de Zug i devant cette
montagne, l’Urner-Rothftock préfente une maffe
plus conlidérable, mais un peu moins élevée. Leur
hauteur au-deflus de la mer eft d’environ 9,000
pieds. Le Schlosberg vient enfuite, il eft un peu
moins élevé 3 mais la plus çonfidérable montagne
des Surènes eft celle que l’on voit un peu fur la
droite : on l’appelle le Span&rter, haute de 8,760
pieds au-deffus du lac de Z u g , & de 10,000 au-
deffus de la mer.
Cette branche alpine, qui fe termine près du
Titlis (vuy. ce mot), eft entièrement compofée de
roches calcaires qui repofent fur des roches granitiques
} elle eft furmôntée de vaftes glaciers. C ’eft
dans ces montagnes, au Surennek, à >,800 pieds au-
deffus du lac de Thun, que commence l’ un des paf-
fages les plus effrayans de la Suiffe, que l’on nomme
le Bockgy, fentier par lequel on communique fans
danger de la vallée de Walnacht à celle de la
Reuls. Sur les flancs oppofés, on traverfe la vallée
de Surènes, où le Stierbach forme une magnifique
cafcade. De là on paffe dans la vallée d’Engel-
berg, où l’ on voit encore au pied des pentes occidentales
des Surènes, une autre belle chute
d’eau. (J. H .)
SUSQUEHANNAH. Cette rivière prend fa
fPurce dans I état de New-York, vers le 43e. deg.
de latitude nord. Elle fe compofe de deux grandes
branches appelées les- branches nord-eft & ouefi: la
première fort du lac Afwego, dans l’état de New-
York ; la fécondé a fa fource à l ’oueft de la chaîne
des montagnes^ Alleghany. Ces deux rivières,
après un cours irrégulier, fe réunifient à Sunbury
en Penfylvanie. Arrivée à ce point, la Sufque-
hannah prend fa direction au fud, enfuite vers le
fud-eft, jufqu’à la baie de Chefapeake, dans laquelle
elle va fe jeter.
Son cours fe groffit de differens affluens dont
les principaux font : le Tioga, le IVefi-Branck , la
Juniata , la Swctara , la C onefioga t &tc.
Malgré' feis nombreux affluens, & quoiqu’elle
ait a fon embouchure plus d’ un mille de largeur,
la Sufquehannah n’eft guère navigable que pendant
16 milles. Son cours eft obftrué par un
grand nombre de rochers, & cet obftacle, joint à
là rapidité des courans, arrêté les plus petits bâti-
mens. La branche occidentale eft cependant navi-
g ible jufqu a 90 milles au-deffus de foh confluent, &
li l on réufliffoit à détruire les difficultés qui entravent
le cours de là Sufquehannah, il en réfulteroit
d’immenfes avantages pour la Penfylvanie & l’état
de New-York. (J . H .)
S Y R A , Syros ou Syria. Ile de l’archipel grec,
fituée entre Therrriia & Myconi, par 22 deg. 3 c
min. de longitude, & 37'deg. 1 y min. de latitude,
d’environ 20 lieues de circonférence. Le froid &
l’humidité s’ y font plus reffentir que dans les îles
voifînesj elle eft couverte de montagnes, mais fon
fol n’en eft pas moins fertile : on y recueille du
du b lé , de l’ orge , du vin, des figues, des olives
& du coton. (J . H. )
SYSTÈMES DE MONTAGNES. Lorfqu’on
examine avec attention les inégalités qui couvrent
la furface dé la terre, il eft facile de fe convaincre
de la difficulté, & l ’on pourrojt même dire de
l’impoffibilité, de partager ce s inégalités en maf-
fifs diftinèts. On a reconnu depuis long-temps
combien étoit erronées les idées que les favans
avoient, il y a à peine un demi-fiècle, fur la dif-
pofition des montagnes. On faifoit des fyftèmes
liir leur difpofition & leur direction, lorfque
l’étude de la géographie n'avoient point encore
apçris à les connoître. Aujourd’hui que l'on con-
npît mieux la furface de la terre, la difficulté de
divifer les montagnes n’en eft pas moins grande,
& l’on pourroit dire, fans exagération, que pour
employer une divifion raifonnable, il faudroit divifer
les montagnes en autant de fyftèmes qu'il y
a de continens. Mais l’efprit humain a befoin
d’employer des divifions, toutes plus ou moins
artificielles, pour étudier la nature. C'eft ainfi que
les fcienees qui s’ enchaînent toutes, forment des
connoiffances féparées, & perfonne n’ignore que
c ’eft à leur féparation que l'on doit leur avancement.
L ’une des parties les plus importantes de la géographie
phyfîque, eft celle qui a pour but d’examiner
non-feulement la compofition, mais encore
la direction des montagnes. On a fait fur
ce fujet des effais plus ou moins ingénieux :
1 Europe furtout, comme la plus importante des
grandes divifions du globe, a été l’ objet de divifions
plus on moins tranchées, plus ou moins dif-
femblables. Nous effaierons dans cet article d'ef-
quiffer une divifion qui comprendra tous les con-
tmens. La principale difficulté que nous aurons à
furmonter, eft d’éviter des divifions trop nombreufes,
& de ne point non plus en faire de trop
étendues j fouvent nous aurons recours à la féparation
que' préfente le lit d'un fleuve ou d’une
rivière , pour chercher des limites que la nature
femble avoir évitées. Afin de donner plus de
clarté a notre travail, nous diviferons les montagnes
en fyftèmes, en groupes 3 en chaînes & en
rameaux.
Nous entendons par rameau, un affemblage de
montagnes peu confidérables qui partent d ’une
chaîne.
Une chaîne eft une réunion de montagnes importantes
qui changent quelquefois de nom lorf-
qu’elle occupe une grande étendue. Elles peuvent
être ifolées comme elles peuvent faire partie d’ un
groupe.
Un groupe eft la réunion de plufieurs chaînes
qui fe prolongent dans diverfes directions.
Un fyfième fe compofe de plufieurs groupes,
lies entr eux , quelle que foit leur étendue ou leur
importance \ il peut auffi ne comprendre que des
groupes remarquables par leur étendue, mais non
par leur élévation.
D ’après ces principes, nous partagerons l’Europe
en fix fyftèmes : i° . fyftème hifpanique;
2°, fyftème alpiquej 30. fyftème far ma tique 5 q ’ .