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» chrétiens. Leurs femmes même ne craignent
» pas de fe montrer, & M. Erdmann a pu re-
» tracer, comme témoin oculaire, le tableau
*» d'une noce tartare...........Cependant les moeurs
» font auftères ; la famille eft une monarchie pa-
» triarcale; l'homme commande en maître, & la
» loi lui permet la polygamie............Les Tartares
» parlent purement leur langue natale, la turque,
•» & favent fouvent le rufle & le boukharo-
*• perfan. Les écoles fréquentées , les mofquées
•» bien tenues , une grande activité dans les fa-
» briques & dans les ateliers domeftiqties, tout
» place cette nation turque à un haut rang parmi
» les peuples de ces régions ».
Leur population eft évaluée à 1,200,000 âmes.
Allemands. L'Allermgne proprement dite comprend
toute la contrée fituée depuis le Rhin juf-
qu'à la Warta fur le verfant feptentr^nal de la
chaîne des monts Krapacs ou des montagnes qui
s’y rattachent, ainfï qu’une partie de celle qui eft
comprife entre le verfant méridional des monts
que nous venons de nommer & le verfant fepten-
trional des Alpes tyroliennes. Comme dans cet
expofé rapide nous ne pouvons faire reffortirque
les caractères bien tranchés qui conviennent à
chaque peuple \ comme l'influence de l’aCtion
gouvernementale & de la civilifation tend à confondre
les différences primitives qui exiftoient
entre plulieurs peuplades réunies en tin corps
de nation i nous comprendrons dans les généralités
peu nombreufes que nous avons à faire ref-
fortir relativement aux peuples de l ’Allemagne,
les Prufliens, les Bavarois , les Saxons , les Wur-
tembergeois , les Autrichiens , & toutes les populations
foumifes à différentes principautés qui,
par leur langage & l'enfemble de leurs moeurs,
conftitnent le peuple germanique, compofé en
général d'individus bien faits, d'une taille élevée
& d’une belle carnation.
Le$ Allemands font d'un caractère appliqué,
confiant dans les recherches qui exigent de la
patience, & porté vers les conceptions fcienti-
flques abftraites.
Cette nation participe du mélange des divers
caractères par lefquels fe faifoient remarquer les
peuples dont elle fe compofe. Ainfï, les Prufliens
paffent pour être lourds, penfeurs ou plutôt taciturnes
i les Saxons, au contraire, font d’un naturel
v if & difpofé à la gaîté. L'Autrichien , plus
lourd que lePruffïen, moins intelligent, moins
apte à l’ inftrudion, aux lumières, diffère fen-
fiblement de fes voifins. Du mélange de ces
différentes nuances fe compofe l'enfemble des.
peuples de l'Allti*.agne.
La population de là Prufle, fans y comprendre
fes provinces rhénanes, eft de 8,021 ,coo habitans.
Celle de l'Allemagne en général eft de 2 y millions.
Le climat de la Prufle eft généralement froid &
humide. La Siléfie eft bien cultivée & productive j
le Brandebourg eft la partie de la Prufle la moins
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fertile i les provinces polonaises jouiflent d'une
affez belle végétation.
Saxons. Ils font bons cultivateurs i ils tirent un
grand parti de la fertilité de leur fol. Leur population
s'élève à environ 1,300,000 habitans.
Hanovriens. Leur population ne peut être évaluée
à plus de 900,000 habitans.
Hejfois. Leur nombre s'élève à 800,000habitans.
Bavarois , à 2,000,000 d'habitans.
Wurtembergcois. Ces peuples font induftrieux,
éclairés & proteftans. Leur population eft de
700,000 habitans.
Polonais. Ces hommes, qui habitent le bafïin
de 1a Viftule , ont le teint brun & font bien proportionnés
dans leur taille. Honnêtes 8c hofpi-
! taliers envers les étrangers j ils font endurcis à la
fatigue, courageux 8« intrépides à la guerre.
La nation, partagée en deux grandes claffes,
celle des nobles & celle des ferfs > la fuperftition
& les préjugés de naiffance, qui caraêtérifent la
première & qui nuifent à fon inftruCtionj l’a-
brutiffement & l'ignorance de la fécondé, tou t,
chez les Polonais, oppofe de grands obftacles au
développement & aux progrès des connoilTançes
humaines. Cependant la tolérance religieufe,
qualité rare chez un peuple ignorant, prouve,
chez ce peuple , une difpofition naturelle à profiter
des lumières de la civilifation.
Leur langue eft un diaîe&e flavon.
Les Rufnidkes forment, dans la partie de la Pologne
appelée Gallicie, une population particulière',
dont tous les caractères rappellent les
Slaves, de qui ils defcendent. Leur vie frugale &
agricole, leur amour pour le travail, leur civilifation
moins avancée.encore que dans le réfte de
la Pologne, les font diftinguer aifément.
La Gallicie offre, comme beaucoup d’autres
contrées, un exemple de l’influence du fol fur ie
caractère des peuples On y remarque , ' difent
les voyageurs, un mélange de d^yerfes nations
dans les plaines, tandis que dans les montagnes
la population n’ offre aucune trace *de mélange,
ni dans le fan g ni dans les moeurs. Ainfï les vallées
de la Gallicie font habitées par un peuple que
l'on regarde comme defcendant des Slaves, &
dont la taille plus fvelte que celle des aufres
Polonais, le nez plus alongé, les lèvres plus
minces, les yeux plus petits & plus v ifs , les joues
plus faillantes, indiquent en effet leur origine.
Le voyageur Schultes a remarqué qu'i(s font plus
vifs , plus robuftes, plus agiles que les Slaves des
plaines. .
La population de la Pologne, depuis les derniers
traités, s'élève à 3,870,000 individus.
Zigeunes ou Bohémiens. Ces peuples errans qui
parcourent toute la terre , & dont l’ origine incertaine
femble fe perdre dans la nuit des temps
hiftoriques, forment une population plus ou moins
importante dans les diverfes parties du Monde,
& jufqu’en Amérique, où ils ont faitplufieurs émi-
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grations; mais la Bohême éft le pays où ils habitent
en affez. grand nombre.
Leur vie vagabonde paroiflant être l'effet d une
caufe politique qui les a difperfes jadis, nous
n’en parlerons ici que pour ne point pafler ious
filence un peuple fi extraordinaire. M. Beudant ,
qui les a obfervés en Hongrie, dit que les Zigeunes
ou les Zingares, comme il les appelle,
& comme les défignent les Italiens, font laies,
parefleux & enclins à tous les vices. Ils campent
au milieu des bois ou près des habitations, dans
de miférables cabanes qu’ ils conftruifent a la
hâte , & qu’ ils abandonnent enfuite pour fe tranf-
porter en d’aùtres lieux.
En 1783, ajoute M. Beudant, leur nombre s’e-
levoit en Hongrie à plus*de 40,0003 mais ils pa-
roiflent y être moins nombreux maintenant-
Hongrois. Les peuples qui habitent le verfant
méridional des monts Krapacks, jufqu’ au confluent
de laTheifs & du Danube, fe compofent, fous la
dénomination politique de Hongrois, de la réunion
de différens peuples qui portent le nom de Magyares
, de Slowakes, de Strviens, de Rifniakts, de
Croates, d'ÏLlyriens , de Carnioliens , de Valgiques ,
de Bulgares, &c. , réunis en corps de nati m &
formant une population de 10,370,000 individus.
Nous ne parlerons ic i que des deux premiers,
comme étant les plus importans \ les autres trouveront
leur place ailleurs.
Slowakes. C e peuple forme la plus grande partie
de la population de la Hongrie. Il defcend des
Efclivons. Il fe compofe d’hommes généralement
d’ une belle taille, aCtifs, & induürieux. Us fdnt
plus laborieux & plus intejligens que les Hongrois'.
Gais , légers, adroits, ils ont cependant une
grande aptitude pour les mathématiques, 1a mécanique
& l’agriculture. | ^
Leur population préfumée s'élève a près de
3,006,000 d'individus. ■
Magyares. Ils occupent principalement les plaignes
du centre de la Hongrie. « Les Magyares,
.» dit M. Beudant ( Voyage minéralogique & geolo-
» gique en Hongrie , tom e l, p. 67 ) , m'ont paru
» avoir encore confervé , dans les plaines de la
» Hongrie, des caractères particuliers qui les dii-
» tinguent des autres peuples. Je les ai trouvés,
» en général, d’une taille moyenne , mais vigou-
» reufement conftitués.Leurs épaules font larges,
39 leurs membres très-lnufculeux & raccourcis.
» Une figure carrée, des traits prononcés, don-
» nent à leur phyfionomie un air de fierté & une
» expreflion particulière qui indiquent ce fenti-
»> ment dé foi-même, fi convenable dans 1 homme
»3 lorfqu'il eft joint aux'qualités du coeur. Ils font
» généralement v ifs , même emportés, & francs
39 jufqu’ à la rudeffe s mais ils font très-accueulans
» & toujours prêts à rendre fervice. L'enjoue-
» ment, joint à la vivacité, à,une certaine in-
» confiance, à l’étourderie même, fi j ofe le
» dire, donne au caractère de ce peuple la plus
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» grande analogie avec le caraCtère français. «
Leur induftrie eft peu avancée, mais elle s'étend
fur une grande variété d’ objets.
Les Magyares parlent une langue particulière,
harmonieufe &r riche, & qui ne tient ni du flave
ni de l'allemand,, mais qui renferme beaucoup de
mots arabes, turcs, perfan s & finnois.
Leur population en Hongrie & en Tranfylvame
eft évaluée à 3,700,000 individus.
Hollandais. La Hollande eft un pays humide &
bas, qui s’étend depuis les pentes du plateau des
Ardennes jufqu’à la mer du Nord. Sa ficuarion
phyfique & la nature de fon fol ont une grande
influence fur le caractère de fes hibitans. Ces
peuples font généralement férteux & flegmatiques
».laborieux, perfévérans dans leurs entre-
prifes, & remplis de courage , furtout fur la mer,
où ils fe diftinguent par leur ardeur & leur habileté;
Ils font d'une petite taille, & chez eux il
n’eft pas rare de rencontrer des femmes plus
grandes que les hommes.
Leur courage à défendre leurs droits &■ a fe-
couer le joug de l’Efpagne au feizième fiècle;
leur empveflement à abjurer le catholicilme & a
embraffer une croyance plus en rapport avec l'é- r
tabliflement d’un gouvernement fage & libre ,
font autant de preuves du prix qu'ils attachent
aux lumières &r à la civilifation , pour lesquelles
ils ont prouvé leur aptitude par leurs fuccès dans
les arts & la littérature , & furtout dans les
fciences. . . * .
Leur population s'élève à 2,200,000 habitans.
Belges. Quoique ce peuple fe rapproche beaucoup
Hes Français, cependant ii offre quelques
différences phyfiques Sr quelques nuances
dans le carattère, qu'il eft bon de déterminer.
Des cheveux blonds & une peau très-blanche
font chez eux plus, communs que chez les Français
Gais , frivoles & courageux comme ceux-ci,
ils font fobres, dociles 8c laborieux.
Le langage du peuple eft un français corrompu.
Leur population s'élève à 5,000,000 d individus.
Anglais. Les hommes de cette nation font généralement
bien faits i leurs traits font réguliers,
& leur teint, brillant de fraîcheur, annonce la
fanté. L'Anglais .éft naturellement froid , férieux
& réfléchi : orgueilleux des lumières & de l'indépendance
dont jouit fa nation , il fe croit fupé-
rieur en tout aux autres peuples de fa terre. Le
fait eft que l'Angleterre eft le pays où il y .a le
plus d'elprit national, le plus de corruption , &
peut-être auffi le plus d'oitentaùon de vertus.
Ecojfais. Les habitans de l’Ecoffe on t, comme
tous les montagnards, un caractère parcicu
qui les diftingue des peuples des plaines. Ils font
maigres, •.giles 6c infatigables. Ils ont i'elprit
aétif & entreprenant. Les Ecoffais, non moii s
amis de leur patrie que les Anglais, fe tout re