Comme la plupart des fleuves qui traverfent une
étendue de pays fableux, la Plaça entraîne jufqu’à
l ’Océan une quantité eonfidérable de fable, dont
elle comble ion embouchure , en ne laiflant de
libre qu’ un canal dont le courant n’ eft pas fans
dangers-pour la navigation ; car les bancs de fables
qu’elle dépofe font fi considérables, que celui qui
eût placé près de la paffe fréquentée par les navigateurs
a , dit-on, plus de huit lieues de long fur
deux de large. Avec- le temps, les attédffemèns
que formera le fleuve pourront mettre à fec le
port de Monte-Ifidiù-&c celui de la Magdaleina.
Nature des terrains que traverfent les cours d’eau
qui forment la Plaça, — Le Paraguay & la Parana
coulent au milieu de terrains qui appartiennent à
la formation primitive, les fecondatres paroiffent
y être rares » cependant on connoît quelques
roches appartenant à cette formation dans la vallée
de la Parana ; celles de la formation intermédiaire
y font d’ailleurs très-abondantes. Sur les rives de
la Paranaïba, & dans les lits des fleuves & des
torrens qui fe jettent, ainfî que c e lle -c i, dans la
Parada, on trouve des dépôts d’alluvions qui contiennent
beaucoup de diamarts..
L’or elt très-abondant dans les alluviorrs que
traverfent la Parana, le Paraguay'& plufieurs de
lenrs afftuens. C e t or eft quelquefois- tellement
allié avec le fer & le platine, qu’ il en perd fa
couleur jaune pour prendre une teinte grifatre &
même noirâtre. Cependant on a trouvé, des pépites
d’or très confidérables > il y a quelques années
, on en ramâlTa une qui pefoit feize livres. La
récolte de ce précieux .métal ne fe fait dans cette
contrée qu,’après le la.vage naturel opéré par les
eaux pluviales.
A Villa-Rica, fur lé Rio-Juîbay, & fur plufieürs
points du baflin de la Parana, on trouve la roche
quartzeufe, comme fous le nom de grès flexible.
Sur cette roche , ou fur celles qui en forment la
continuité , & qui contiennent en abondance du
fer oligifte, repbfe une efpèce de mica (chiffe ou
talc terreux renfermant des topazes. Aux environs
du Rio-Juibay, en îcmoiltaht fon cours juiqu’au-
de/Tuifclu Riv-Tinto, on. trouve des filons mecalli
ques très riches. Les principaux métaux, qu’ils
renfermant,, font : le fer , le plomb ,-le raanga-
nafe, ite même le mercure. ( J. H. )
P LA TE AU . On donne ce nom aux terrains
élevés qui terminent les chaînes de montagnes,
& q u i y-forment fouverit des plaines5 cependant
on ne doit pas cOnfo-ndre-tette dernière dénomination
avec celle de .plaiteau; -: la différence qni
fert à les diftiligue* co nfilie1 principu 1 fcment en ce
que les plaines occupent le îomrner. des> montagnes
ou le fond des grandes vallees, candis que.
les plateaux font toujours fur le fammet):dàme;
chaîne j d’aiileurts., le s 1' pbteaux occupent :une.
étendue beaucoup plus .eonfidérable que la plupart
des plaines élevées; fauven* même ils font.
en quelque forte compofés de plufieurs plaines,
dont le niveau varie.
Les plateaux, par cela même qu’ ils appartiennent
â des groupes de montagnes plus ou
moins élevé es , font d’une grande importance en
géographie phyfique. C e font eux qui fourniffent
les eaux qui coulent-dans les baflins finies au-
deffous d’eux. « L’étude de ces maffes. fail-
.» lantes de notre G lo be, dit Lamouroux, eft in-
n difpenfable au géographe chargé de tracer les
»• limites des Empires, au géologue qui veut péné-
n trerl.es mÿftères des anciennes révolutions du
»•Globe, au minéralogiftequi cherche à connoître
» la compofition des montagnes par les débris
*» que les eaux entraînent, enfin, à l’ingénieur qui
» doit diriger de grands travaux hydrauliques. »
Les plateaux étant les parties les plus élevées
des grandes chaînes, ils forment, pour ainfi
dire, autant, de points de centre pour chaque
fyftème. de montagnes, d’ où partent d’autres
chaînes plus ou moins importantes , mais toujours
moins éleyéçs que celles auxquelles appartient le
plateau central, Si l ’on conlidère attentivement
une mappemonde, on pourra facilement faire
l’application de ce que nous avançons. Ainfi, par
exemple, on ne trouvera de véritables plateaux
que dans deux continens, l’ Afie & l ’Amérique.
L’Afie porte le plateau.de la Tartarie, auquel fe
rattachent d’une manière plus ou moins dire été,
plus on moins immédiate , les différentes chaînes
qui parcourent l’Afie & l’Europe, & l ’on pourroit
même dire l’Afrique, dont les montagnes fepten •
trionaies comirumiqueroient avec celles de I’El-
pagne fi elles n’eu et oient fé parées par le détroit
de Gibraltar. Le nouveau continent, ou l’Amé-
. ri que, renferme plufienrs plateaux ; l’un eft celui
du Mexique, auquel fe rattachent aulTi les differens
fyftème s de montagnes de la partie, de ce continent
fituée au nord du golfe mexicain p ie ; fécond
’ eft celui du Pithinca , placé fou-s lequateur, ^
le troifième eft celui d-u Paraguay, fitué fous le
15e, degré de latitude. On croit généralement
qu’il en exifte un au contre de l’Auftralie ou de
1 a N o u ve li e - H o il an d e. • .
L’étude de ces plateaux pourroit fournir quel-
ques*éclairciffemens fur l’hiftoire de la zoologie
en général, & fur celle de l’homme en particulier.
On conçoit, en- effet-, qu’à l’-époque où les premiers
continens durent foutir du fein des mers y
chique baflin circonfcrit par uns chaînede montagnes
dut former une Cafpienne-, dont les premiers
points habitables furent les fommités de ces
mêmes montagnes ; mars à la même époque , les
granisiplateaux durent, par fuite de leur élévation
, être les premiers mis à -fec & les premiers
ipèupléso .
, Dans les fiècles écoulés , où tout ce qui avoir
l'apparence de la fcience étoit appliqué aux quef-
. lions >de la théologie, ou aux croyances reli-
fgïèufes, ce fut un point de contcoverfe&: de difeuflion
bien important, que celui de fixer 1 cm- |
placement du Paradis terreftre. On ne s ’occupe !
plus de recherches relatives à cette queftion; m us |
fi ceux qui s’en font d’ abord occupés avoent eu
quelques notions pofitives des grandes queftions
dont la géologie s ’eil occupée depuis ; fi les faits
qui ont.été confiâtes avoient été connus alors,
on aurait plutôt eftayé de place* les premiers produits
de la création fur le plateau de. la grande
Tartarie, qui eft le point le plus élevé du G lo be,
que dans les contrées où on a cherché à en retrouver
les traces. Nous n’avons.pbint à nous occuper
ici de la queftion relative aux pays les plus 1
anciennement habités par l’homme; mais fila géologie
nous apprend qu’une foule de baflins ont
été long-temps occupe- s par des mers cafpiennes,
au-deflu$ defquelles vivoient fur des cimes couvertes
d'une belle végétation , une foule d’animaux
aujourd’hui détruits, & dont les dépouilles
fe retrouvent au milieu de ces baflins defféchés
par la retraite des eaux , qui à divevfes repriles ont
brilé les chaînes qui les circonicrivoient, pour
former l’Océan aètuel eft vraifetnblable aufli
que les plateaux dont.ndirè parlons furent longtemps
habités avant les autres points qui furent
depuis habitables, & que lorfque 1/époque mar-
quéep.our la nailfance de 1 homme arriva , c e f t fur
ces mêmes plateaux qu’ il dut naître & trouver fa
fubfiftânce. On pourroit donc, diaprés ces idées
générales,-rechercher les deux plus ancien« centres
de l’habitation des premiers hommes, l’un
aperçu, quelle influence les plateaux peuvent
avoir fur les' débo.rdemens des fleuves, le v °hir[]e
de leurs eaux , & la rapidité de leur cours. Celle
qu’exerce fur eux l’état de l’ atmofphère fe tau
néceffairement relfentir fur les eaux qui coulent
de leurs flancs ; elle eft d’une telle importance ,
lorfqu’il s’agit de connoître les reffources pnvr
fiques d’ une contrée, que M. de Hum.boldt a du
avec râifon quon ne fauroit fe former une idée pre
cife de la richeffe territoriale d’ un Etat, fans .connoître
fur le grand plateau de t’A fie , l’autre fur le grand
plateau du Mexique.
C ’éft de ces plateaux ou maflifs que defeenderîr
les princïpaux cours d’eau qui parcourent les bal-
fins fitués aurdeflbus. Plus cea plateaux fontéîeves,
plus les cours d’eau qu’ils fourniffent font im-
portans. Dans l'ancien continent; les plus grands
fleuves defeendent du grand plateau de l'A fie;
dans le nouveau, la même remarque peut être
faite relativement au plateau du Mexique & au
grand plateau équatorial.
Les plateaux fecondairesfoiirniflent dans chaque
contrée les principaux cours d’éau. Ainfi, en Europ
e, nous pourrions en citer un grand nombre :
en France, nous avons%celui de Langr.es, qui
donne nailfance à la Meule, à laM o fe lle , à la
Marne, à la, Saône & à la Seine ; celui de l ’Auvergne
fournit l’Allier, la Loire, la Charente &
la Dordogne ; celui .des Alpes donne nailfance au
Rhin, au Rhône, au Pô, au Danube. En Efpagne,
celui des Pyrénées fournit l’Ebre , le Douero ;
celui d' Alba.racin fournit le Tage ; celui de la
Sierra Morena donne la Guadiana & le Gua-
dalquivit ; celui des monts Grapacks donne naif-
fance au Dniefter, à la Viftu le , à l’Od e r , & c . ;
celui des monts Ourals fournir la Petchora , TÜu-
ral, &c. . .
Il feroit très-facile de pouffer plus^ loin cette
énumération, mais il elt aifé de v o ir , par cet
la charpente des montagnes , la hauteur a laquelle
s’élèvent les grands plateaux de L’ intérieur, G* -
la umièrature qui eft propre a ces régions , dans
Icfquelies les climats fe fuccèdent comme par etages les
uns au-deffus des autres. .
L’ étude que ce favant a Dite du territoire de la
partie centrale deT Amérique , nous engage à con-
ftilter fes.écrits pour donner une idée du principal
plateau de ces contrées. « A peine exifte-il un
» point fur ie Globe dont les montagnes prefen-
» tent, d it- il, une conftruaion aufli extraordi-
>» naire que celles de la Nouvelle-Efpagne. En Eu-
99 rope, la Suiffe, la Savoie & leT y ro l font regar-
99 dés comme des pays élevés ï mais çette opinion
9. n’ eft fondée que fur l’ afped qu’offre l’agrou;ve-
» ment d’un grand nombre de cimes perpétuelle-
» ment couvertes de neiges, & dîfpofees dans
»9 des chaînes fouvent parallèles à la chaîne cen-
99 traie. Les cimes des Alpes s’ élèvent à 3900,
9, même à 47GO mètres de hauteur ; tandis que
» les plaines voifines., dans le canton de B,erne ,
94 n’en ont que 400 à 6co. Gette première éleva-
>9 tion très-médiocre' peut etr.e iconfidérée comme
; 99 .celle de la plupart des'plateaux d’une étendue
[9, eonfidérable, en Souabe, en Bavière, & dans
9» la nouvelle Siléfie, près des Tources de Ja
99 Warta & de la Pifiza. En Efpagne, le fol des
*9 deux CaftiUes a un peu plus de 480 métrés
99 d’élévation. En France , le plateau le plus haut
9, eft celui de l ’Auvergne,.fur lequel repolent le
9« mont d’O r , le Cantal & le Puy -d e -D om e ;
>9 l'élévation d e.ee plateau, d’après les obfer-
9* vations de M. de Buch, eft.de 72.0 mètres.
‘99 Ces exemples prouvent qu en général , en pf-
» pagne, les terrains élevés qui préfentenc l’af-
99 peét de plaines , n’ont guère plus de 400 à 8co
„ mètres de hauteur au-deffus du niveau de l’O-
>9 céan. 99 fE jfa i fur la Nouvelk-Efpagne , tom. I,
pag. 25U):. - ’ / r i - '
Nous ne connoiffons point encore allez 1 intérieur
de l’Afrique , pour êq:e certains de 1 importance
du plateau qui doit fournir les four ces du
Nil j ceux des autres contrées de l'ancien continent
ne nous font même connus qu’ approximativement,
Les parties du plateau de Thibet qui ont
été mefurées , ont offert plus de 4600 métrés
d’élévation; celui fur lequel elt place le grand dé-
fert de Cobi ne dépaffe guère 1400 mètres. Depuis
le Cap de Bonne-Efpérance jufqu’au 2.1 “. degré
de -latitude auftrale, l’Afrique en offre qui ont à
G g 2